Solanum erianthum (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Fruit | |
Médicinal | |
Ornemental | |
Auxiliaire | |
Sécurité alimentaire | |
Solanum erianthum D.Don
- Protologue: Prodr. fl. nepal. : 96 (1825).
- Famille: Solanaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 24
Synonymes
- Solanum verbascifolium auct. non L.
Noms vernaculaires
- Amourette marron (Fr).
- Potato tree, tobacco tree, tropillo (En).
- Maria mole amarga (Po).
Origine et répartition géographique
Solanum erianthum est originaire des Antilles, d’Amérique centrale et du Mexique, mais c’est aujourd’hui une adventice répandue dans les régions tropicales, bien qu’il n’ait pratiquement pas pénétré l’Amérique du Sud. Il a probablement été introduit des Caraïbes en Afrique de l’Ouest à l’époque du commerce des esclaves et c’est aux Espagnols que l’on devrait son introduction au XVIe siècle aux Philippines, d’où il s’est répandu dans tout l’archipel de l’Asie du Sud-Est, le continent asiatique et l’Australie comme adventice.
Usages
En Afrique de l’Ouest, la décoction de feuilles de Solanum erianthum se prend pour son action diurétique et purgative pour soigner le paludisme, la lèpre et les maladies vénériennes ; on la prend aussi pour stimuler les fonctions hépatiques.
En Asie tropicale, les feuilles passent pour être un puissant dépuratif urinaire, utile en particulier pour traiter la leucorrhée ; on leur prête aussi des vertus abortives. On applique les feuilles broyées en cataplasme pour traiter les hémorroïdes et la scrofule. Les feuilles chauffées s’appliquent sur le front contre les maux de tête. La décoction de feuilles se boit pour traiter le vertige. La décoction de racines s’emploit pour traiter les violentes douleurs corporelles ou soulager les troubles digestifs ; elle s’administre aussi pour traiter la dysenterie, la diarrhée et la fièvre. L’écorce de racine est utilisée comme antiphlogistique et pour traiter l’arthrose. Les fruits sont un ingrédient de poison de flèche.
Bien que les fruits passent pour être toxiques, provoquant nausées, maux de tête et crampes, en Asie du Sud-Est ils se consomment parfois cuits. Dans le sud de l’Inde, on en fait un curry. Aux Philippines, les feuilles veloutées servent à dégraisser les assiettes. Solanum erianthum est considéré comme une plante d’ombrage convenant à la culture du café, sauf au Ghana, où elle est jugée indésirable. Aux Caraïbes, Solanum erianthum est planté comme ornementale.
Propriétés
Solanum erianthum contient des saponines stéroïdiques et des génines libres ainsi que des alcaloïdes stéroïdiques du groupe de la spirosolane, dont la structure ressemble à celle des saponines du type diosgénine. Parmi les alcaloïdes spirosolanes importants figurent la solasodine et la tomatidine, que l’on trouve toutes les deux chez Solanum erianthum. La teneur totale en alcaloïdes des feuilles et des fruits séchés à l’air est d’environ 0,4%. La teneur en solasodine constatée sur des fruits provenant d’échantillons indiens était de 0,01–0,70%. Des échantillons de feuilles provenant du Vietnam contenaient 0,26% de solasodine et 0,05% de tomatidine.
Les alcaloïdes stéroïdiques tels que la tomatine, la solanine et la chaconine inhibent la croissance et le développement d’un grand nombre de champignons. Un extrait de feuilles riche en flavonoïdes de Solanum erianthum possède une activité antibactérienne et antifongique contre des bactéries gram-positives et les champignons Aspergillus flavus et Candida albicans. Les alcaloïdes stéroïdiques de Solanum erianthum sont utiles dans l’industrie comme précurseurs de stéroïdes. La solasodine est un analogue azoté de la diosgénine, composé souvent utilisé comme matière première dans la production de stéroïdes médicinaux. Les stéroïdes synthétiques ont trois applications principales en médecine : ils servent de corticostéroïdes anti-inflammatoires, de stéroïdes contraceptifs et de stéroïdes anabolisants. Un extrait aqueux des feuilles administré par voie orale à des souris a prouvé son efficacité à titre prophylactique contre la malaria ; mais 5 jours après l’infection, il a échoué à éliminer les parasites de la malaria.
Les composés actifs peuvent être produits in vitro, quoique seulement en faibles quantités. De la diosgénine et de la solasodine ont été isolées sur des cals de 6 mois établis à partir de graines stérilisées et cultivés dans un milieu modifié de Murashige et Skoog. On a constaté que la lumière bleue stimulait la synthèse de la solasodine et la lumière verte la synthèse de la diosgénine.
Falsifications et succédanés
On trouve également des alcaloïdes stéroïdiques (diosgénine et tigogénine par ex.) chez des espèces de Dioscorea et de Smilax ; on les utilise aussi comme matériau de départ dans l’hémisynthèse des hormones stéroïdes.
Description
Arbuste atteignant 4(–10) m de haut ; tige atteignant 20 cm de diamètre, inerme, à poils denses, étoilés, laineux et doux. Feuilles alternes, simples ; stipules absentes ; pétiole de 2–3(–4) cm de long ; limbe elliptique-ovale, de 10–20(–30) cm × 3,5–15 cm, base arrondie à cunéiforme, apex aigu à acuminé, bord entier ou légèrement ondulé, densément couvert de poils laineux. Inflorescence : cyme composée terminale ou axillaire, à 15–25 fleurs. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères ; calice campanulé, d’environ 5 mm de long, lobes ovales ; corolle étoilée, d’environ 1,5 cm de diamètre, blanche ; étamines alternes avec les lobes de la corolle, filets de 1,5 mm de long, glabres, anthères oblongues, d’environ 4 mm de long, s’ouvrant par des pores apicaux ; ovaire supère, presque glabre, style glabre. Fruit : baie globuleuse de 8–12 mm de diamètre, à poils courts, jaune terne à orange à maturité, contenant de nombreuses graines. Graines ovoïdes, comprimées, de 1–2 mm de diamètre. Plantule à germination épigée ; cotylédons fins, foliacés.
Autres données botaniques
Le genre Solanum comprend environ 1000 espèces et a une répartition cosmopolite, sauf dans les milieux boréaux, alpins et aquatiques. On en trouve environ 110 espèces en Afrique tropicale. Le principal centre de diversité est situé en Amérique du Sud et en Amérique centrale, avec des centres secondaires en Afrique et en Australie. Solanum a été subdivisé en 7 sous-genres et de nombreuses sections et séries. Solanum erianthum appartient au sous-genre Brevantherum, qui comporte une autre espèce introduite, présente à l’état d’adventice et d’ornementale en Afrique tropicale : Solanum mauritianum Scop.
Ecologie
Solanum erianthum est présent dans les endroits ensoleillés, dans la brousse et au bord des routes, sur les terrains vagues et en lisière de champs et de forêts. C’est également une adventice des jardins et des champs à faible et à moyenne altitude, qui préfère les sols bien drainés. Au Ghana, on le rencontre souvent comme l’une des espèces pionnières établies sur les sites miniers à l’abandon.
Multiplication et plantation
Solanum erianthum se reproduit facilement par graines et peut aussi se multiplier par boutures de pousses et éclats de pousses enracinées.
Maladies et ravageurs
De nombreux Solanum spp., y compris Solanum erianthum, sont les hôtes de maladies et ravageurs qui attaquent les Solanaceae d’importance économique.
Rendement
Chez de nombreuses espèces de Solanum, la teneur en alcaloïdes stéroïdiques et en sapogénines décline au fur et à mesure que le fruit mûrit. La teneur en alcaloïdes et en sapogénines des feuilles chute également avec l’âge. En Inde, une méthode a été mise au point pour évaluer la teneur en solasodine dans les feuilles 3 mois après le semis, grâce à une estimation de leur teneur en azote. A ce stade, une fumure de surface ou des épandages foliaires pourront être appliqués pour augmenter le rendement en solasodine. Chez les espèces voisines, un rendement de 45–50 kg de solasodine à l’ha est jugé correct.
Traitement après récolte
Les feuilles et les racines peuvent s’utiliser fraîches ou séchées et conservées dans des récipients hermétiques en vue d’un usage ultérieur.
Ressources génétiques
Sur son aire d’origine en Amérique centrale, Solanum erianthum est soumis par endroits à une grave pression. Mais étant donné sa nature adventice et sa vaste répartition dans les régions tropicales, le risque d’érosion génétique semble relativement limité.
Sélection
La grande variabilité de la teneur en alcaloïdes constatée chez Solanum erianthum offre des perspectives à une sélection. Cependant, cette teneur en alcaloïdes varie aussi énormément en fonction des conditions écologiques, du séchage et du stockage.
Perspectives
Solanum erianthum a un potentiel dans la réhabilitation des sites dégradés, et il a une valeur médicinale et ornementale. Sa culture en vue d’une extraction de ses saponines stéroïdiques nécessite un approfondissement des recherches. Toutefois, son introduction dans des zones d’où il est absent est à déconseiller, car il peut devenir une adventice nuisible.
Références principales
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Autres références
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- Roe, K.E., 1968. Solanum verbascifolium L., misidentification and misapplication. Taxon 17(2): 176–179.
Sources de l'illustration
- Blomqvist, M.M. & Nguyen Tien Ban, 1999. Solanum L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 453–460.
Auteur(s)
- D.M. Modise, University of South Africa, P.O. Box 392, Pretoria 0003, South Africa
- K.K. Mogotsi, Botswana College of Agriculture, Private Bag 0027, Gaborone, Botswana
Citation correcte de cet article
Modise, D.M. & Mogotsi, K.K., 2008. Solanum erianthum D.Don. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 1 avril 2025.
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