Soja (Candolle, 1882)
Nom accepté : Glycine max (L.) Merr.
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Soja. — Dolichos Soja, Linné. — Glycine Soja, Bentham.
La culture de cette Légumineuse annuelle remonte, en Chine et au Japon, à une antiquité reculée. On pouvait le présumer d'après la multitude des emplois de la graine et le nombre immense des variétés. Mais, en outre, on estime que c'est un des farineux nommés Shu dans les ouvrages chinois contemporains de Confucius, quoique le nom moderne de la plante soit Ta-tou 3. Les graines sont à la fois nutritives et fortement oléagineuses, ce qui permet d'en tirer des préparations analogues au beurre, à l'huile et au fromage dans la cuisine japonaise et chinoise 4. Le Soja est cultivé aussi dans l'archipel indien, mais à la fin du XVIIe siècle il était encore rare à Amboine 5, et Forster ne l'avait pas vu dans les îles de la mer Pacifique, lors du voyage de Cook. Dans l'Inde, il doit être d'une introduction moderne, car Roxburgh n'avait vu la plante qu'au jardin botanique de Calcutta, où elle provenait des Moluques 6. On ne connaît pas de noms vulgaires indiens 7. D'ailleurs si la culture était ancienne
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3. Bretschneider, ibid., p. 9.
4. Voir Pailleux, dans le Bulletin de la Société d'acclimatation, sept, et oct. 1880.
5. Rumphius, Amb., vol. 5, p. 388.
6. Roxburgh, Flora indica, 3, p. 314.
7. Piddington, Index.
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dans l'Inde, elle se serait propagée vers l'ouest, en Syrie et en Egypte, ce qui n'est pas arrivé.
Kæmpfer 1 avait publié jadis une excellente figure du Soja, et on le semait depuis un siècle dans les jardins botaniques d'Europe, lorsque des renseignements plus nombreux sur la Chine et le Japon suscitèrent, il y a une dizaine d'années, un zèle extraordinaire pour l'introduire dans nos pays. C'est surtout dans l'Autriche-Hongrie et en France que des essais ont été faits en grand et qu'on les a résumés dans des ouvrages très dignes d'être consultés 2. Faisons des vœux pour que le succès réponde à ces efforts, mais nous ne devons pas nous écarter du but de nos recherches. Occupons-nons donc ici de l'origine probable de l'espèce.
Linné a dit dans son Species : « Habitat in India; » après quoi il renvoie à Kæmpfer, qui a parlé des plantes du Japon, et à sa propre flore de Ceylan, où l'on voit que la plante était cultivée dans cette île. La flore moderne de Ceylan, par Thwaites, n'en fait aucune mention. Evidemment il faut avancer vers l'Asie orientale pour trouver l'origine à la fois de la culture et de l'espèce. Loureiro dit qu'elle habite en Cochinchine et qu'on la cultive souvent en Chine 3. Je ne vois pas de preuve qu'on l'ait trouvée sauvage dans ce dernier pays, mais on l'y découvrira peut-être, vu l'ancienneté de la culture. Les botanistes russes 4 ne l'ont rencontrée dans le nord de la Chine et vers le fleuve Amour qu'à l'état de plante cultivée. Elle est certainement spontanée au Japon 5. Enfin, Junghuhn 6 l'a récoltée à Java sur le mont Gunung-Gamping, et l'on rapporte à la même espèce une plante envoyée aussi de Java par Zollinger, sans qu'on sache si elle était vraiment spontanée 7. Un nom malais, Kadelee 8, tout à fait différent des noms vulgaires japonais et chinois, appuie l'indigénat à Java.
En résumé, d'après les faits connus et les probabilités historiques et linguistiques, le Soja était spontané de la Cochinchine au Japon méridional et à Java lorsque d'anciens habitants, à une époque très reculée, se sont mis à le cultiver, à l'employer de différentes manières pour leur nourriture, et en ont obtenu des variétés, dont le nombre est remarquable, surtout au Japon.
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1. Kaempfer, Amœn. exot., p. 837, pl. 838.
2. Haberlandt, Die Sojabohne, in-8°, Vienne, 1878, extrait en français par M. Pailleux, l. c.
3. Loureiro, Fl. coch., 2. p. 538.
4. Bunge, Enum. plant. Chin., n° 118 ; Maximowicz, Primitiæ fl. Amur., p. 87.
5. Miquel, Prolusio, dans Ann. Mus. Lugd.-Bat., 3, p. 52 ; Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., 1, p. 108.
6. Junghuhn, Plantæ Jungh., p. 255.
7. Le Soja angustifolia, Miquel ; voir Hooker, Fl. brit. Ind., 2, p. 184.
8. Rumphius, l. c.