Scrofulaire (Cazin 1868)
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Scrofulaire aquatique
Nom accepté : Scrophularia oblongifolia
Scrophularia aquatica major. C. Bauh., Tourn. — Betonica aquatica. Dod.
Bétoine d'eau, — herbe du siège.
PERSONÉES. — SCROFULARIÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE ANGIOSPERMIE. L.
La scrofulaire aquatique (Pl. XXXVIII), plante vivace, se trouve partout, dans les lieux humides, les fossés remplis d'eau, les bois, etc.
Description. — Racines fibreuses, touffues, presque fasciculées. — Tiges dressées, glabres, quadrangulaires, hautes d'environ 1 mètre. — Feuilles opposées, pétiolées, ovales-oblongues, presque cordiformes, crénelées, un peu obtuses à leur sommet. — Fleurs d'un rouge tirant sur le brun, disposées en une petite grappe terminale garnie de petites bractées opposées, lancéolées (juin-août). — Calice persistant, à cinq lobes suborbiculaires. — Corolle presque globuleuse à cinq lobes, presque à deux lèvres, tube court et renflé ; la lèvre supérieure orbiculaire et bilobée, l'inférieure à trois lobes, celui du milieu réfléchi. — Quatre étamines didynames inclinées sur la lèvre inférieure. — Un style. — Fruit : capsule bivalve et biloculaire ; les valves séparées par une double cloison et contenant des semences petites et nombreuses.
Parties usitées. — La racine et les feuilles.
Récolte. — On récolte l'herbe avant la floraison, et les racines à l'automne ou au printemps.
[Culture. — En général, les scrofulaires croissent dans les lieux humides et marécageux, On les propage très-facilement par éclats de pied.]
Propriétés physiques et chimiques. — La scrofulaire aquatique exhale, lorsqu'on la froisse, une odeur fétide très-reponssante. Sa saveur est amère, âcre et très-nauséeuse. On en a retiré à peu près en égales proportions un extrait aqueux amer et un extrait alcoolique d'une amertume plus grande encore.
La scrofulaire est excitante, tonique, purgative, vermifuge, résolutive. Si les succès qu'on attribue à la scrofulaire, et qui semblent lui avoir fait donner le nom qu'elle porte, sont réels, c'est évidemment à l'excitation qu'elle exerce sur les organes qu'ils sont dus. On a observé, en effet, qu'à haute dose cette plante provoque la purgation et môme le vomissement : c'est une propriété que j'ai constatée. Je ne conseillerai pas cependant de l'employer comme vomitif ou comme purgatif, à cause de l'inconstance et de l'irrégularité de ses effets sur la contractibilité du tube digestif.
La décoction de racine de scrofulaire, à la dose de 30 gr. dans 300 gr. d'eau, aromatisée avec un peu de semence d'angélique et administrée à un enfant de dix ans, très-sujet aux affections vermineuses, a provoqué deux vomissements et déterminé quatre selles abondantes avec expulsion de quatre ascarides lombricoïdes. Comme je n'ai que ce seul fait à citer sur les propriétés purgatives et anthelminthiques de la scrofulaire, je me propose de me livrer à de nouveaux essais sur l'emploi de cette plante, et je les ferai avec d'autant plus d'intérêt que peu de médecins s'en sont occupés, et qu'elle est tombée dans une sorte d'oubli que je ne crois pas mérité.
Tragus recommande -la graine de cette plante contre les vers, à la dose de 4 gr.
On faisait usage autrefois de la racine de scrofulaire en décoction, ou en poudre à la dose de 2 à 4 gr., contre les scrofules, les hémorrhoïdes, la gale, les dartres et autres maladies de la peau. Divers auteurs ont employé la décoction de scrofulaire en cataplasme, en fomentation, dans les mêmes affections et sur les ulcères atoniques ou gangreneux. On a même prétendu qu'elle était extrêmement utile pour favoriser la cicatrisation des plaies. On raconte, en effet, que les chirurgiens, pendant le long siège de La Rochelle, sous Louis XIII, en faisaient un grand usage pour guérir toutes sortes de blessures, ce qui lui fit alors donner le nom d’herbe du siège. Mais si l'on réfléchit un instant que les plaies guérissent parfaitement et beaucoup plus
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promptement par l'usage de l'eau simple que par tout autre moyen, on réduira à sa juste valeur la décoction de racine de scrofulaire considérée comme vulnéraire. Disons cependant que l'action stimulante de cette plante a pu modifier des plaies de mauvais caractère, tonifier les chairs, prévenir ou combattre la tendance à la pourriture d'hôpital.
D'après le botaniste Marchand[1], j'ai employé les feuilles de scrofulaire pour corriger la saveur désagréable du séné, en faisant infuser parties égales des deux plantes. Le mauvais goût de ce dernier a été, en effet en grande partie enlevé sans en altérer en rien la vertu purgative. Ce fait est d'autant plus difficile à expliquer, que la scrofulaire a elle-même une odeur fétide et nauséabonde, qui se trouve considérablement diminuée par cette association.
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- ↑ Mémoire de l'Académie des sciences, 1701.
Scrofulaire noueuse
Nom accepté : Scrophularia nodosa
SCROFULAIRE NOUEUSE, SCROFULAIRE DES BOIS, GRANDE SCROFULAIBE, HERBE AUX HÉMORRHOÏDES, AUX ÉCROUELLES, Scrophularia nodosa. L, Scrophularia nodosa fœtida. C. Bauh., Tourn. — Cette espèce se trouve dans les lieux champêtres et frais, dans les bois humides, les fossés, etc.
Description. — Racines noueuses, rampantes. — Tige à angles obtus de 60 à 90 centimètres, rameuse en haut. — Feuilles dentées ; les inférieures cordiformes, opposées, aiguës ; les supérieures oblongues, lancéolées, un peu moins grandes que celles de l'espèce précédente, souvent alternes.
La scrofulaire noueuse a les mêmes propriétés que la scrofulaire aquatique, seulement elle paraît être plus active. On l'a vantée contre les scrofules, en décoction (15 à 20 gr. par kilogr. d'eau), et contre les hémorrhoïdes, sans doute à cause, pour celle dernière maladie, d'une sorte de signature fondée sur la forme des tubercules de ses racines. Pour ce qui concerne ses propriétés contre les scrofules, nous ne pensons pas que ses principes amers et âcres puissent la rendre utile dans ces affections. Cependant Sère, de Muret[1], a recueilli une observation, dont l'heureux résultat, semblant justifier le nom de la scrofulaire, est de nature à engager les praticiens à employer cette plante dans les affections strumeuses.
On dit que la scrofulaire en décoction guérit la gale, si on en lave les pustules pendant plusieurs jours. Tragus mêlait son suc dans un onguent contre cette dermatose, et recommandait son eau distillée contre les rousseurs du visage.
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- ↑ Revue thérapeutique du Midi, t. VI, p. 62.