Scolopendre (Cazin 1868)

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Scille
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Scorzonère
PLANCHE XXXVII : 1. Saxifrage. 2. Scabieuse. 3. Sceau de Salomon. 4. Scille. 5. Scolopendre.


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Nom accepté : Asplenium scolopendrium


SCOLOPENDRE. Asplenium scolopendrium. L.

Lingua cervina officinarum. C. Bauh. — Scolopendrium officinarum. Weld.

Scolopendre officinale, — langue de cerf ou de bœuf, — herbe à la rate.

FOUGÈRES. — POLYPODÉES. Fam. nat. — CRYPTOGAMIE. L.


Cette plante vivace (Pl. XXXVII) croît dans les fentes des rochers humides, les puits, les citernes, au bord des sources, etc.

Description. — Racines petites, brunes et fibreuses, donnant naissance à plusieurs expansions membraneuses, ibliiformes, disposées en touffes, simples, longues de 3 à 4 décimètres, larges d'environ 5 à 6 centimètres, vertes, un peu coriaces, aiguës, échancrées en cœur à leur base, portées sur des pétioles assez longs, très-souvent chargées de poils ou d'écailles roussâtres. — La fructification est placée sur le dos des expansions foliiformes, disposée par paquets nombreux, parallèles entre eux, linéaires et presque perpendiculaires à la nervure du milieu. Ces paquets se composent de capsules uniloculaires, très-petites, laissant échapper une poussière très-fine que l'on considère comme les-semences.

[Parties usitées. — Les expansions membraneuses, nommées improprement feuilles.]

Récolte. — On emploie cette plante verte ou sèche. On la récolte au commence-


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ment de l'automne pour la conserver. Il suffit pour la sécher d'en étendre les expansions membraneuses ou de les suspendre pendant quelques jours. Elles jaunissent un peu, mais sans perdre leurs propriétés médicinales.

[Culture. — La scolopendre est cultivée dans les jardins botaniques ou d'agrément. On la propage facilement d'éclats de pieds faits au printemps, en terre de bruyère. On la plante sur les rochers humides et ombragés, dans les grottes, etc.]

Propriétés physiques et chimiques. — La plante fraîche a une odeur herbacée et une saveur styptique. A l'état de dessiccation, elle exhale une odeur aromatique agréable, mais faible. Elle contient du mucilage uni à un principe un peu astringent, qui noircit par le sulfate de fer.

On a considéré la scolopendre comme astringente, diurétique, béchique, vulnéraire, résolutive, etc. Suivant Dioscoride, cette plante détruit les obstructions du foie et de la rate, dissipe la jaunisse, etc. Galien vante son efficacité dans la diarrhée et la dysenterie. Chomel, Lieutaud et beaucoup d'autres auteurs l'ont placée parmi les plantes essentiellement hépatiques, spléniques, apéritives et fondantes. Elle a été employée contre le catarrhe pulmonaire, la toux, l'hémoptysie, la gravelle, etc. On l'admettait dans toutes les tisanes diurétiques (30 à 60 gr. par kilogr. d'eau), dans les bouillons médicamenteux ; mais on y joignait le pissenlit, le cerfeuil, la chicorée, etc. Elle entre dans les vulnéraires suisses.

La scolopendre, aujourd'hui presque inusitée, ne mérite pas les éloges qui lui ont été prodigués. Nous devons dire néanmoins qu'elle n'est pas tout à fait inerte. Des essais récents m'ont démontré qu'elle se rapprochait du cétérach, comme diurétique et un peu astringente. On peut en tirer parti dans les cas où l'état des organes réclame une médication graduellement active.