Premier Mémoire sur le Baobab (1763)

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  • Adanson, Michel, 1763. Sur un arbre d'un nouveau genre, Qui croît au Sénégal. Histoire de l'Académie Royale des Sciences, année 1761, Paris. 77-85. Gallica (87-95 du pdf)


Sur un arbre d'un nouveau genre, Qui croît au Sénégal.


Par M. ADANSON.



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On dit communément que la Nature a des bornes & des limites, desquelles elle ne s'écarte pas dans ses productions (V. les Mém. p. 218) ; mais ne se presse-t-on pas trop quelquefois de poser ces bornes & d'assigner ces limites : on regarderoit, par exemple, comme une chose dénuée de vrai-semblance, la description d'un arbre qui forme seul un bois considérable, dont le tronc a communément deux fois autant de diamètre qu'il a de hauteur, & qui met peut-être un grand nombre de siècles à parvenir à cette énorme grosseur.

Cependant cette description, si éloignée de tout ce que nous connoissons, n'est que la peinture fidèle d'un arbre que M. Adanson a observé au Sénégal, & duquel il avoit communiqué à l'Académie la description dont nous avons à rendre compte dès l'année 1756, près de trois ans avant qu'il y fût admis.

Le véritable nom de cet arbre est baobab ; les Oualofs, naturels du pays, le nomment goui, & son fruit boui ; les François le connoissent sous le nom de Calebassier, & appellent son fruit pain-de-singe.


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Le baobab ne peut croître que dans les pays très-chauds ; il se plaît dans un terrein sablonneux & humide, sur-tout si ce terrein est exempt de pierres qui puissent blesser ses racines ; car la moindre écorchure qu'elles reçoivent, est bien-tôt suivie d'une carie qui se communique au tronc de l'arbre, & le fait infailliblement périr.

Le tronc de ce singulier arbre n'est pas fort haut ; M. Adanson n'en a guère vû qui excédaient 12 à 15 pieds depuis les racines jusqu'aux branches ; mais il en a vû plusieurs qui avoient 75 ou 78 pieds de tour, c'esy-à-dire 25 à 27 pieds de diamètre. Les premières branches s'étendent presque horizontalement ; & comme elles sont très-grosses & qu'elles ont environ 60 pieds de longueur, leur propre poids en fait plier l'extrémité jusqu'à terre, en sorte que la tête de l'arbre, d'ailleurs assez réguiièrement arrondie, cache absolument son tronc, & paroît une masse hémisphérique de verdure d'environ 120 ou 130 pieds de diamètre.

L'écorce du tronc est grisâtre, lisse, & comme onctueuse au toucher ; si on l'enlève, le dedans est d'un verd picoté de rouge ; elle peut avoir 8 à 9 lignes d'épaisseur ; celle des jeunes branches de l'année est verte & parsemée de poils fort rares : le bois de l'arbre est très-tendre & assez blanc.

Les feuilles sont longues d'environ 5 pouces sur 2 pouces de large, & pointues aux deux extrémités, médiocrement épaisses, d'un verd gai en dessus & pâle en dessous, & attachées trois, cinq ou sept, mais plus communément sept, en manière d'éventail, sur un pédicule commun, à peu près comme celles du marronier ; elles ne naissent que sur les jeunes branches sur lesquelles les pédicules de ces feuilles sont alternativement placés.

Les racines du baobab répondent à sa groneur & à celles de les branches ; celle du milieu forme un pivot qui s'enfonce bien avant en terre ; mais les autres rampent près de la superficie du terrein. M. Adanson en a vu une qu'un courant d'eau avoit découverte dans l'espace de plus de 110 pieds, & il étoit aisé de juger par la grosseur qu'elle avoit, que ce qui restoit caché sous terre, avoit encore au moins 40 ou 50 pieds de long,


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& cependant l'arbre qui fit le sujet de cette observation, n'étoit relativement aux autres que de médiocre grosseur.

Les fleurs sont proportionnées à la grosseur de l'arbre ; elles ne le cèdent point en grandeur aux plus grandes que nous connoissions ; elles forment, lorsqu'elles sont encore en bouton, un globe d'environ 3 pouces de diamètre ; & lorsqu'elles sont épanouies, elles ont 4 pouces de longueur sur 6 de largeur ; il en sort ordinairement trois de chaque branche, à laquelle elles sont attachées par un pédicule long d'un pied, & épais de 5 lignes ; le calice est d'une seule pièce, & entièrement couvert de poils blancheâtres & luisans en dedans, & de poils verds en dehors ; ce calice tombe dès que le fruit est noué.

Les pétales ou feuilles de la fleur sont au nombre de cinq ; ils sont égaux entr'eux & à la longueur du calice, ronds, recourbés en dehors en demi-cercle, blancs, épais, parsemés de quelques poils, relevés par environ vingt-cinq nervures parallèles à leur longueur, & terminés en bas par un onglet qui les attache autour du centre du calice.

Du milieu du calice part le pistile, dont la longueur excède un peu celle des pétales ; l'ovaire en forme la partie la plus basse ; il est de la figure d'un œuf qui n'auroit que quelques lignes de diamètre, & des poils épais, couchés de bas en haut, le revêtissent entièrement : c'est cet ovaire qui doit devenir par la suite le fruit de l'arbre ; la partie supérieure est surmontée d'un stile assez long, qui porte à son extrémité plusieurs stigmates.

Tout ce pistile est renfermé, jusqu'à quelques lignes de son extrémité supérieure, dans une espèce de cone tronqué, creux, charnu, blancheâtre & très-épais, attaché en partie aux pétales & en partie au calice par son extrémité inférieure. La supérieure est ouverte & donne passage à l'extrémité du stile qui porte les stigmates ; ce cone est couronné d'environ sept cents étamines qui se rabattent sur lui comme une houpe, & chacun de ces filets porte à son extrémité un sommet en forme de rein, qui en s'ouvrant laisse échapper la poussière fécondante qu'il contenoit, & qui est reçûe par les stigmates du pistile.

Après la chûte des pétales & des étamines, l'ovaire en


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mûrissant devient un fruit oblong, pointu dans ses deux extrémités, ayant 15 à 18 pouces de long sur 5 à 6 de large, recouvert d'une espèce de duvet verdâtre, sous lequel on trouve une écorce ligneuse, dure, presque noire, & marquée de douze ou quatorze sillons qui la partagent comme en côtes suivant sa longueur ; ce fruit tient à l'arbre par un pédicule d'environ deux pieds de long.

Ce fruit renferme une espèce de pulpe ou substance blancheâtre, spongieuse & remplie d'une eau aigrelette ; cette pulpe ne paroît faire qu'une seule masse quand le fruit est frais ; mais en se desséchant elle se retire & se partage d'elle-même en un grand nombre de polièdres ou corps à plusieurs facettes qui renferment chacun une semence brune, luisante, de la figure à peu près d'une fève de haricot, de 5 lignes de longueur & de 3 de largeur, & la pulpe qui les enveloppe, se réduit facilement en une poudre qu'on apporte ici du Levant, & que l'on connoît depuis longtemps sous le nom très-impropre de terre sigillée de Lemnos, parce qu'effectivement les Mandingues la portent aux Arabes, qui la distribuent ensuite en Egypte & dans toute la partie orientale de la Méditerranée : Prosper Alpin savoit que cette poudre étoit végétale ; mais on ne se seroit certainement pas avisé de chercher au Sénégal l'origine d'une drogue que l'on tiroit de l'Archipel.

A la description que nous venons de faire des fleurs du baobab, il n'est pas difficile de reconnoître qu'il appartient à la famille des malvacées, c'est-à-dire de ces plantes qui ont un rapport très-prochain avec cette qu'on nomme mauve, comme elles il a des pétales qui semblent unis par dedans, quoiqu'ils soient séparés par la partie extérieure qui touche au calice ; comme elles il a une espèce de fourreau qui enveloppe le pistile, & qui porte les étamines ; comme elles il porte un fruit dans lequel les semences sont rangées autour de l'axe ; comme elles il a des semences recourbées en forme de rein ou de fève de haricot ; comme elles il porte des fleurs qu'on pourroit appeler belles de jour, parce qu'elles ne s'ouvrent que le matin, & se ferment à l'approche de la nuit ; comme elles il a un bois blanc & fort tendre comme elles il perd ses feuilles en automne, même au Sénégal où presque tous les


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arbres conservent les leurs ; comme elles enfin il fait une exception à la règle générale de tous les arbres & arbustes dont les feuilles sortent d'abord de la plante en bouton, c'est-à-dire enveloppées de petites écailles & de stipules ; celles du baobab, de même que celles de tous les autres arbustes de cette classe, sortent sans être enveloppées, leurs stipules n'étant pas assez grandes pour les recouvrir.

Le baobab se trouve donc rangé tout naturellement dans cette famille de plantes, &. M. Adanson croit qu'on doit le placer dans la section des malvacées qui n'ont qu'un calice. Revenons maintenant à l'histoire de cet arbre.

Nous avons dit au commencement de cet article, que le baobab se plaisoit dans les terres sablonneuses & très-humides ; on ne peut le transplanter, ni lorsqu'il commence à lever, ni lorsqu'il a atteint l'âge de dix ans ; sa racine périroit presqu'infailliblement : le meilleur plant est celui qui a depuis six mois jusqu'à deux ans ; ses branches prennent quelquesois de bouture, mais plus souvent encore elles manquent, & le progrès même de celles qui reprennent, est toujours plus lent que celui du plant venu de graine.

Outre la carie qui attaque, comme nous avons dit, le tronc de cet arbre, lorsque ses racines sont entamées, il est sujet encore à une autre maladie, plus rare à la vérité, mais qui n'est pas moins mortelle pour lui : c'est une espèce de moisissure qui se répand dans tout le corps ligneux, & qui, sans changer la texture de ses fibres, l'amollit au point de n'avoir pas plus de consistance que la moëlle ordinaire des arbres ; alors il devient incapable de résister aux coups de vent, & ce tronc monstrueux est cassé par le moindre orage. M. Adanson en a vû un dans cet état ; il étoit habité par un grand nombre de vers de scarabées & de capricornes : ces animaux ne paroissoient pas avoir contribué à la maladie de l'arbre, mais leurs œufs pouvoient très-bien avoir été introduits dans ce bois ramolli, de la même manière qu'une infinité d'insectes introduisent les leurs dans le saule, lorsqu'il éprouve un état de mollesse à peu près semblable, quoiqu'ils ne l'attaquent pas lorsqu'il est sain.


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La véritable patrie du baobab est l'Afrique, & sur-tout la côte occidentale de cette partie du monde qui s'étend depuis le Niger jusqu'au royaume de Benin ; on ne le trouve ni dans les catalogues des plantes d'Asie, ni dans ceux des plantes d'Amérique : ce n'est pas cependant qu'il ne puisse y en avoir actuellement quelques-uns dans les climats de ces deux parties du monde, qui ressemblent à la partie d'Afrique qui le produit ; mais ils n'y sont pas venus d'eux-mêmes ; les Nègres esclaves, qu'on transporte tous les ans d'Afrique dans nos colonies, ne manquent guère d'emporter avec eux un petit sachet de graines qu'ils présument leur devoir être utiles, dans le nombre desquelles est toûjours celle du baobab : c'est probablement à ce transport que sont ou seront dûs ceux qu'on y trouvera, tels que celui que M. de Chanvallon, Correspondant de l'Académie, a dit avoir vû à la Martinique, & qui en effet étoit assez jeune : ils s'y naturaliseront peut-être ; mais ce ne sera pas leur première origine, & on n'y en verra de long-temps qui égalent en grosseur ceux de la côte d'Afrique.

Nous disons qu'on n'y en verra de long-temps d'aussi gros qu'en Afrique ; car ces arbres, quoique d'un bois fort tendre, sont très-long-temps à parvenir à cette énorme grosseur. M. Adanson a rassembié soigneusement tous les faits qu'il a cru lui pouvoir procurer quelques connoissances sur cet article ; il a vû deux de ces arbres dans l'une des isles de la Magdeieine, sur l'écorce desquels étoient gravés des noms Européens, & des dates, dont les unes étoient postérieures à 1600, d'autres remontoient à 1550 & avoient été probablement l'ouvrage de ceux qui accompagnoient Thévet dans son voyage aux Terres australes ; car il dit lui même avoir vû des baobab dans cet endroit ; d'autres enfin paroissoient antérieures à 1500 : mais celles-ci pourroient être équivoques ; les caractères de ces noms avoient environ six pouces de haut, & les noms occupoient deux pieds en longueur, c'est-à-dire moins de la huitième partie de la circonférence de l'arbre. En supposant même que ces caractères eussent été gravés dans la première jeunesse de l'arbre, il en résulteroit que si en deux cents ans


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il a pu croître de 6 pieds en diamètre, il saudroit plus de huit siècles pour qu'il pût arriver à 2 pieds de diamètre, en supposant qu'il crût toujours également mais il s'en faut bien que cette supposition puisse être regardée comme vraie ; car M. Adanson a observé que les accroissemens de cet arbre, très-rapides dans les premières années qui suivent la naissance, diminuent ensuite assez considérablement ; & quoique la proportion, dans laquelle se fait cette diminution, ne soit pas bien connue, il croit cependant pouvoir soupçonner que les derniers accroissemens du baobab se font avec une extrême lenteur, & que ceux de ces arbres qui sont parvenus à la grosseur dont nous avons parlé, peuvent être sortis de terre dans des temps peu éloignés du déluge universel ; mais ce qui est bien à remarquer, c'est que ceux qu'on élève ici dans des serres tenues soigneusement à la température de leur climat, n'y prennent tout au plus que la cinquième partie de l'accroissement qu'ils reçoivent au Sénégal dans un temps semblable ; observation qui prouveroit bien, s'il étoit possible d'en douter, que la chaleur artificielle ne peut tenir que très-imparfaitement lieu aux plantes étrangères, de celle qu'elles éprouvent dans leur climat naturel.

Le baobab, comme toutes les autres plantes de la samille des malvacées, a une vertu émolliente, capable d'entretenir dans le corps une transpiration abondante, & de s'opposer à la trop grande ardeur du sang. Les Nègres sont sécher ses feuilles à l'ombre, & les réduisent en une poudre qu'ils nomment lalo, qu'ils mêlent avec leurs alimens, non pour leur donner du goût, car le lalo n'en a presqu'aucun, mais pour en obtenir l'effet dont nous venons de parler. M. Adanson lui-même en a éprouvé la vertu ; & la tisane faite avec ces mêmes feuilles l'a préservé lui & un seul des Officiers françois qui voulut s'astreindre à ce régime, des ardeurs d'urine & des fièvres ardentes qui attaquent ordinairement les Étrangers au Sénégal pendant le mois de Septembre, & qui régnèrent encore plus furieusement en 1751 qu'elles ne l'avoient fait depuis plusieurs années.

Le fruit récent de cet arbre n'est pas moins utile que ses seuilles ; on en mange la chair, qui est aigrelette et assez agréable ;


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on fait, en mêlant ie jus de cette chair avec de l'eau & un peu de sucre, une boisson très-propre dans toutes ies affections chaudes & dans les fièvres putrides ou pestilencielles ; enfin, lorsque ce fruit est gâté, les Nègres en font un excellent savon en le brûlant & mêlant ses cendres avec de l'huile de palmier qui commence à rancir.

Les Nègres font encore un usage bien singulier de ce monstrueux arbre : nous avons dit qu'il étoit sujet à la carie, qui creuse souvent son tronc ; ils agrandissent ces cavités & en font des espèces de chambres où ils pendent les cadavres de ceux auxquels ils ne veulent pas accorder les honneurs de la sepulture ; ces cadavres s'y dessèchent parsaitement, & y deviennent de véritables momies, sans aucune autre préparation. Le plus grand nombre de ces cadavres ainsi desséchés est de ceux des Guiriots : ces gens peuvent être comparés aux anciens Jongleurs, si fameux chez nos aïeux ; ils sont Poëtes-Musiciens, ont une espèce d'inspection sur les fêtes & sur les danses, & sont toûjours en assez bon nombre à la Cour des rois Nègres, qu'ils divertissent & qu'ils flattent à outrance dans leurs poësies. Cette espèce de supériorité de talens les rend redoutables aux Nègres pendant leur vie ; ils l'attribuent à quelque chose de surnaturel : mais au lieu de faire, comme les anciens Grecs, leurs Poëtes enfans des Dieux, ils les regardent au contraire comme des sorciers & des ministres du Diable, & croient qu'en cette qualité ils attireroient la malédiction sur la terre, ou même sur les eaux qui auroient reçu leurs corps ; c'est pourquoi ils les cachent & les dessèchent, comme nous venons de le dire, dans les troncs creux de baobab.

Quelques recherches qu'ait pû faire M. Adanson il n'a trouvé aucun auteur qui ait parlé du baobab avant Thévet, qui vivoit vers 1555, & qui, dans son livre sur les singularités de la France antarctique, en donne une description assez exacte, si on en excepte les feuilles, que Thévet fait semblables à celles du figuier, quoiqu'elles ressemblent beaucoup plus à celles du marronier.

L'Ecluse, plus connu sous le nom de Clusius, en donne


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auui une description assez exacte : il dépeint les feuilles telles quelles sont réellement mais au lieu de faire tenir les semences à leur placenta commun par un seul pédicule, ainsi qu'elles y tiennent effectivement, il les y attache par plusieurs filets.

Prosper Alpin & Ju!es-César Scaliger n'ont vû que le fruit du baobab ; encore ne l'ont-ils vû que sec & en mauvais état : aussi n'y a-t-il pas grand fond à saire sur les descriptions qu'ils en ont données. Le célèbre Gaspard Bauhin n'en avoit pas vu davantage, si ce n'est que le fruit de baobab qu'il avoit reçu, étoit en moins mauvais état.

Celui de tous qui paroît avoir décrit le plus exactement le fruit du baobab, est M. Lippi, qui vivoit dans le sièc!e dernier, & qui périt dans un voyage en Abyssinie, qu'il avoit entrepris par l'ordre du feu roi Louis XIV. M. Adanson n'hésite point à dire que si cet auteur avoit été à portée de voir, comme lui, l'arbre même chargé de ses fleurs & de ses fruits, le Mémoire dont nous rendons compte auroit été absolument inutile ; aveu qui marque également sa modestie & le cas qu'il fait de l'ouvrage de M. Lippi, dont M. de Jussieu lui a communiqué le manuscrit.

II est aisé de juger par tout ce que nous venons de dire, qu'on n'avoit jusqu'ici connu que le fruit, & tout au plus les feuilles du baobab ; mais que personne n'avoit encore décrit ni l'arbre même ni ses fleurs, qui sont, comme on sait, la partie essentielle aux Botanistes, pour décider quelle place doit occuper dans le règne végétal un arbre dont la monstrueuse grosseur offre un fait des plus singuliers de l'Histoire naturelle & de la Botanique. Homère (Hom. Odyss. l. XXIII.) raconte qu'Ulysse s'étoit fait à Ithaque un bois de lit complet d'un tronc d'olivier tenant à ses racines, autour duquel il fit ensuite bâtir une chambre. Si ce Prince avoit eu, dans l'enceinte de son palais un arbre de baobab, il auroit pû pousser la singularité plus loin, & se procurer la chambre & tous les meubles taillés dans la même pièce de bois.