Polygala butyracea (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Céréale / légume sec | |
Oléagineux | |
Médicinal | |
Fibre | |
Sécurité alimentaire |
Polygala butyracea Heckel
- Protologue: Bull. Geogr. 13: 222 (1889).
- Famille: Polygalaceae
Origine et répartition géographique
Polygala butyracea est seulement connu comme plante cultivée et naturalisée. Il a une aire de répartition relativement importante mais disjointe qui peut être le résultat d’une plus grande zone de répartition de cultures anciennes qui ont disparues depuis. Il y avait autrefois 3 centres de culture : le premier de la Guinée-Bissau à la Côte d’Ivoire occidentale ; le second dans le nord du Togo et du Bénin, et le troisième dans le nord du Cameroun et dans les régions voisines du Nigeria et de Centrafrique. Les mentions pour le Ghana sont étayées par des spécimens d’herbier, et pour le Gabon il est signalé dans une seule source mais aucun herbier ne le confirme. L’introduction de l’arachide (Arachis hypogaea L.), du sésame (Sesamum indicum L.) et du sésame noir (Hyptis spicigera Lam.) en Afrique est probablement responsable de la disparition graduelle de Polygala butyracea comme plante cultivée.
Usages
Au Cameroun, au Nigeria, en Centrafrique et au Gabon, Polygala butyracea est surtout cultivé pour sa fibre d’écorce. Au Nigeria, on fabrique du fil avec la fibre pour le tissage de sacs et de tissu et pour produire des lignes et des filets de pêche. Au Gabon, la fibre est utilisée pour confectionner des cordages, alors que les graines sont utilisées comme expectorant. Du Bénin vers l’ouest, Polygala butyracea est principalement cultivé pour l’huile ou la matière grasse des graines qui sert en cuisine. La matière grasse est connue sous le nom de “cheyi fat”, “beurre de malukang” et “beurre d’ankalaki”. Les graines sont chauffées ou frites et broyées et la farine sèche et jaune obtenue est ajoutée à des aliments tels que les soupes et les plats de viande.
Propriétés
La fibre de Polygala butyracea est similaire à celle de la crotalaire (Crotalaria juncea L.). La graine mûre et séchée contient jusqu’à 59% d’huile et 10% de protéines. L’huile est jaune pâle et a un goût de noisette. La composition en acides gras de l’huile est la suivante : acide palmitique 62%, acide oléique 32% et acide myristique 6%. L’huile contient également des phospholipides (1,5%).
Botanique
- Plante herbacée annuelle (ou vivace) de 200–270 cm de haut, à tige unique ou légèrement ramifiée, tiges à poils doux.
- Feuilles alternes, entières ; limbe linéaire, aigu à l’apex, de 8–16 cm × 0,5–1 cm, nervure médiane prononcée.
- Inflorescence : longue grappe terminale, soutenue par une bractée persistante, de 3–5 mm de long, bractéoles 2, de 1–2 mm de long.
- Fleurs bisexuées, zygomorphes, blanches, ivoire à rosées ; pédicelle de 2,5–3 cm de long ; sépales 5, libres, persistants, inégaux, les 2 intérieurs plus grands, pétaloïdes, d’environ 10 mm × 6 mm, glabres à l’extérieur ; pétales 3, les 2 supérieurs soudés à la base au tube staminal, l’inférieur caréné, pourvu d’un onglet ; étamines 8, monadelphes, anthères basifixes, s’ouvrant par un pore terminal ; ovaire comprimé latéralement, 2-loculaire, chaque loge à 1 ovule.
- Fruit : capsule elliptique d’environ 8 mm de long, comprimée, étroitement ailée, s’ouvrant par une déchirure sur le côté.
- Graines d’environ 6 mm de long, foncées, glabres avec des poils au sommet et à la base, et un petit caroncule sur le coté du micropile.
- Plantule à germination épigée ; cotylédons ovales, arrondis ; première paire de feuilles ovale à elliptique, vert rougeâtre.
Polygala est un genre cosmopolite comprenant environ 750 espèces, avec un peu plus de 200 espèces en Afrique tropicale. Dans une récente révision des espèces africaines de Polygala, le genre est divisé en sous-genres, sections et sous-sections. Polygala butyracea se situe au sein de la sous-section Sativae, qui comprend 30 espèces. Toutes les espèces de Polygala dont l’utilisation de la fibre est documentée sont situées dans cette sous-section. Il a été suggéré que Polygala cristata P.Taylor et Polygala baikiei Chodat sont d’éventuels ancêtres de Polygala butyracea. Polygala cristata diffère de par ses graines poilues considérablement plus petites, et il est seulement connu en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et en Côte d’Ivoire. Le nom de Polygala gomesiana a été appliqué à tort à Polygala exelliana Troupin dont les fibres d’écorce sont utilisées dans le sud-ouest de la Tanzanie pour faire de la ficelle et des cordes. En R.D. du Congo, les racines sont cuites et consommées. Il est également présent en Zambie et au Malawi, et l’infusion de racines est utilisée comme remède contre la toux. Polygala macrostigma Chodat est une plante herbacée annuelle de plus de 1 m de haut, originaire de la R.D. du Congo, d’Ouganda, de Tanzanie et d’Angola. En R.D. du Congo, les fibres d’écorce servent à lier et fabriquer des cordages, alors que les feuilles et les graines sont consommées. Au Malawi, les racines sont mastiquées pour soigner la toux. Les fibres d’écorce de Polygala nambalensis Gürke, Polygala sparsiflora Oliv. (synonyme : Polygala ukirensis Gürke) et Polygala usafuensis Gürke sont utilisées en R.D. du Congo pour confectionner des cordages.
Ecologie
Polygala butyracea se limite aux champs cultivés jusqu’à 600 m d’altitude, et on le trouve parfois à l’état subspontané. Il pousse relativement bien sur sols pauvres.
Gestion
En Sierra Leone, Polygala butyracea a été cultivé comme une culture de saison sèche dans les rizières. Au Nigeria, il est cultivé dans des systèmes de culture mixte avec l’igname. Lorsqu’il apparaît comme une adventice dans des cultures annuelles, il est épargné jusqu’à ce que les graines soient mûres et puissent être récoltées. La floraison de Polygala butyracea débute à la fin de la saison des pluies et continue pendant plusieurs mois. Tant que la plante reste verte, les graines ne sont pas disséminées. La maturation irrégulière des graines est un inconvénient pour une culture commerciale pour l’huile.
Ressources génétiques
Comme Polygala butyracea est limité aux champs cultivés (avec une naturalisation occasionnelle) et que sa culture diminue, il est probable qu’il soit menacé d’érosion génétique. Des collections de ressources génétiques et une évaluation de Polygala butyracea, de ses ancêtres présumés et des autres espèces apparentées se font attendre depuis longtemps.
Perspectives
Il peut être intéressant d’étudier les perspectives d’amélioration génétique par la sélection et l’amélioration des modes de culture.
Références principales
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Autres références
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Auteur(s)
- C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Bosch, C.H., 2011. Polygala butyracea Heckel. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 23 décembre 2024.
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