Polygala (Cazin 1868)

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Pois
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Polypode
PLANCHE XXXI : 1. Pied d'alouette. 2. Pigamon. 3. Piloselle. 4. Polygala. 5. Polypode.


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Polygala

Nom accepté : Polygala vulgaris


POLYGALA VULGAIRE. Polygala vulgaris. L.

Polygala minor sive vulgaris. C. Bauh., Tourn. — Polygalon multis. J. Bauh.

Laitier, — herbe au lait, — polygalon.

POLYGALACÉES. Fam. nat. — DIADELPHIE OCTANDRIE. L.


Cette jolie plante vivace (Pl. XXXI) croît dans presque toute la France. On la trouve dans les prairies sèches, le long des lisières des bois, sur les pelouses des collines.


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Description. — Racines dures, petites, un peu traçantes, filamenteuses, ligneuses et jaunâtres. — Tiges herbacées grêles, droites ou rampantes, longues d'environ 25 à 30 centimètres. — Feuilles sessiles, alternes, glabres, étroites, lancéolées, d'un vert pâle. — Fleurs le plus souvent bleues, quelquefois roses ou violettes, disposées en grappes terminales (mai-juin-juillet). — Calice à cinq divisions, dont deux très-grandes en forme d'ailes, de la même couleur que la corolle, et formant la partie la plus apparente de la fleur. — Corolle irrégulière, composée de cinq pétales, dont deux sont latéraux et les trois autres forment une espèce de tube qui s'ouvre en deux lèvres. — Huit étamines diadelphes. — Un ovaire supérieur. — Un style simple à stigmate épais, presque bifide. — Fruit : capsule un peu échancrée au sommet, comprimée, cordiforme, biloculaire. — Semences ovales.

Polygala amer

Nom accepté : Polygala amarella ou Polygala amara ?


POLYGALA AMER (Polygala amara, L.). — Il croît dans les mêmes lieux, est plus petit, vivace, et paraît n'être qu'une variété du polygala vulgaire. Il est plus rare que ce dernier.

Description. — Racine rameuse, blanchâtre. — Tiges nombreuses, plus étalées, glabres. — Feuilles radicales arrondies, les caulinaires lancéolées, linéaires, alternes. — Fleurs bleues, rarement blanches, en grappes terminales (juin-juillet). — Capsules cordiformes, comprimées, s'ouvrant en deux valves.

Parties usitées. — Toute la plante du polygala vulgaire. La racine seulement du polygala amer.

Récolte. — Le polygala vulgaire fleurit un mois plus tard que le polygala amer ; on le récolte pendant la floraison. L'autre se récolte en hiver ou au printemps. On vend ordinairement ces deux espèces l'une pour l'autre : on les mélange même au polygala Senega ou de Virginie. Ces racines se sèchent facilement et conservent leurs formes.

[Culture. — Le polygala vulgaire suffit pour les besoins de la médecine. On peut le multiplier par boutures, par marcottes ou par semis.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'odeur du polygala vulgaire est presque nulle ; sa saveur est légèrement amère et comme sucrée dans les racines et les fleurs. D'après Pfaff, la racine contient une résine jaune, une matière douce, de la gomme, du tannin modifié, de la fibre ligneuse.

Toutes les parties du polygala amer, la racine surtout, sont d'une amertume très-prononcée. C'est surtout dans l'écorce de sa racine que paraît résider son principe actif.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion (polygala vulgaire, toute la plante), 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Décoction de la racine (polygala amer), 30 gr. par kilogramme d'eau.

Poudre, 30 centigr. à 2 gr., comme purgatif.
On prescrit l'une et l'autre espèce en sirop, teinture, vin,, extrait aqueux, extrait alcoolique.


Le polygala vulgaire est tonique, expectorant, sudorifique. A dose élevée, il est un peu émétique. On l'a fréquemment employé dans les diverses affections de poitrine. On l'a préconisé dans la dernière période des catarrhes pulmonaires aigus, dans les bronchites chroniques, l'hydrothorax, le croup, les affections rhumatismales, etc. Van Swieten lui a attribué les propriétés du polygala de Virginie contre les phlegmasies de la poitrine. Coste et Wilmet disent l'avoir donné avec succès dans la phthisie. Gmelin[1] dit qu'on s'en sert en Sibérie contre la syphilis. « Nous ne voyons pas pourquoi, disent Mérat et Delens, on ne l'essaierait pas dans la tendance à la phthisie commençante. » Les anciens lui attribuaient la propriété d'augmenter le lait des bestiaux.

Le polygala vulgaire ayant été souvent employé pour le polygala amer, dont les propriétés sont plus actives, on a souvent attribué à celui-là des résultats dus à celui-ci. « C'est, dit Gauthier[2] de cette confusion entre les

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  1. Flora Siberica, t. IV, p. 64.
  2. Manuel des plantes médicinales, p. 849.


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deux variétés que vient la difficulté d'accorder les auteurs qui ont parlé du polygala. »

On a proposé le polygala amer comme succédané du polygala de Virginie (polygala senega, L.). On le donne dans le catarrhe bronchique et pour prévenir la phthisie, surtout celle des glandes bronchiques et la phthisie laryngée[1]. On le prescrit aussi en décoction dans le traitement de ces maladies comme sudorifique.

Stoll et Colin[2] ont retiré le plus grand avantage, dans les affections pulmonaires où il y a atonie et abondante sécrétion de mucosités, de l'emploi du polygala amer. Ils le donnaient ainsi préparé : racine de polygala 90 gr. ; faites bouillir dans 1 litre 1/2 d'eau réduit à moitié ; ajoutez, après avoir passé, 30 gr. de sirop d'hyssope et autant de sirop de pavot blanc. On donne cette préparation à la dose de 120 gr., que l'on renouvelle trois fois par jour.

Coste cite, avec toute la candeur qui le caractérise, douze poitrinaires de vingt-cinq à trente ans, du nombre desquels étaient quatre jeunes filles, qui ont fait usage du polygala amer ; l'auteur croit devoir lui attribuer le salut de dix d'entre eux. L'autopsie démontra l'incurabilité antérieure de plusieurs mois à l'usage de ce remède, chez ceux qui succombèrent. C'est-à-dire que, pour tout médecin observateur, les dix malades guéris seraient probablement aujourd'hui, grâce aux moyens explorateurs que nous possédons, tout simplement considérés comme atteints de catarrhes pulmonaires chroniques.

Burtin a employé le polygala vulgaire et le polygala amer avec autant de succès que Coste et Wilmet contre les affections chroniques des voies respiratoires.

Les médecins de Vienne administrent le polygala de la manière suivante : polygala pulvérisé et sucre royal de chaque, 1 gr. 20 centigr. Après cette dose, qu'on administre tous les matins, on donne une tasse de la décoction suivante : faites bouillir, dans 1 livre 1/2 d'eau, 8 gr. de racine de polygala amer, coupée menu ; après avoir passé, ajoutez partie égale de lait récent. On prend plusieurs tasses de ce mélange dans le courant de la journée.

Gessner a reconnu au polygala amer, qu'il appelle amarella, une propriété purgative ; l'infusion d'une poignée de ses parties herbacées, faites pendant une nuit dans un verre de vin, le purgea, dit-il, sans aucune espèce d'accident.

Je considère la racine de polygala amer comme un tonique fort utile et dont l'action se porte principalement sur les organes respiratoires. Je l'ai fréquemment employée dans les catarrhes chroniques accompagnés d'expectoration plus ou moins abondante, dans l'asthme humide, dans l'hydrothorax ; mais je dois avouer qu'elle n'a jamais produit un bon effet quand la toux était sèche et que l'irritation fébrile existait. C'est presque toujours coupée avec le lait que je donne la décoction de polygala. J'ai guéri, par le seul usage de ce mélange, un jeune homme du village de Carly, qui, arrivé à une extrême maigreur, éprouvait une toux avec expectoration abondante, d'apparence mucoso-purulente, jaunâtre, épaisse. Le rétablissement de ce malade était complet après six semaines de l'emploi journalier de la décoction de polygala.

J'ai souvent associé au polygala, selon l'état des malades, le lichen pulmonaire ou d'Islande, les sommités d'hyssope, de lierre terrestre ou d'hypéricum, et, plus souvent encore, pour en modérer l'activité, la racine de guimauve, les fleurs de bouillon blanc ou celles de tussilage.

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  1. Ancien Journal de médecine, t. LXXIV, p. 63.
  2. Obs. circa morb., etc., t. II, p. 198.