Poirier (Cazin 1868)

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Poireau
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Pois


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Nom accepté : Pyrus communis


POIRIER. Pyrus communis. L.
ROSACÉES. — POMACÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.


(Cet arbre croît spontanément dans nos bois où il porte des épines qu'il perd par la culture. Ce n'est pas ici le lieu de décrire les mille variétés que l'horticulture en a obtenues. Au point de vue hygiénique et médical, il y a deux espèces distinctes : les poires à couteau, qu'on mange crues, les poires à cuire. Il faut aussi différencier les poires à manger des poires à cidre.)

Parties usitées. — Les fruits, les feuilles, l'écorce.

Culture et récolte. — La culture du poirier, la récolte de ses produits sont du domaine de l'arboriculture.

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Les fleurs contiennent de la propylamine en de très-minimes proportions. Les poires sauvages sont âpres, acerbes ; les poires cultivées sont douces, fondantes ; elles contiennent de l'acide malique en assez notable quantité, du sucre à l'état de maturité, de l'amidon à l'état vert.

Les concrétions pierreuses contenues quelquefois dans le parenchyme du fruit sont constituées par une matière à laquelle Erdmann a donné le nom de glycodrupose et la formule C48 H36 O32. La composition en est analogue avec celle de la substance qui forme


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le noyau des drupacées, à laquelle il affecte la formule C24 H20 O16, et qu'il dénomme drupose[1].

Non-seulement on mange les poires fraîches, soit crues, soit en compote, mais encore on les prépare de façon à les conserver pendant plusieurs mois. Le mode de préparation le plus usité pour cet objet est celui par lequel on obtient ce qu'on appelle les poires tapées. On en prépare aussi des confitures de différentes sortes.

Quant aux poires à cidre, elles servent à la fabrication d'une boisson fermentée qui a reçu le nom de poiré. Le poiré, très-agréable à boire, limpide, peu coloré, est très-capiteux, et se conserve moins longtemps que le cidre. Par la distillation, il donne une eau-de-vie de bonne qualité, et la fermentation acide le transforme en bon vinaigre, qu'on substitue fréquemment à celui de vin blanc.

Le bois de poirier, très-dur, sert à imiter l'ébène en le teignant en noir ; il est employé à la gravure sur bois.)

L'économie domestique a plus à demander au poirier que la matière médicale. Cependant on peut utiliser ses fruits, comme calmants, tempérants, légèrement laxatifs ; à l'extérieur la pulpe de poire crue ou cuite est un réfrigérant précieux quand on ne peut que difficilement se procurer d'autres agents médicamenteux.

Le poiré est une boisson excellente, diurétique, qu'on a prescrite aux personnes menacées d'hydropisie. Dans un cas de choléra, en pleine campagne, j'ai pu diminuer l'intensité des vomissements, en faisant administrer au malade des cuillerées à potage de quart d'heure en quart d'heure de poiré mousseux en guise de vin de Champagne.

L'écorce de poirier a été vantée contre les fièvres intermittentes. On fait avec sa décoction des lotions astringentes, etc., etc.

Toutes les parties du poirier ont été recommandées contre les empoisonnements par les champignons. Les anciens conseillaient les cendres de poirier sauvage mêlées à l'oxycrat, ou ils conseillaient de faire cuire les champignons avec des feuilles de poirier, conseil reproduit par Picco[2]. A. Paré[3] dit aussi que le moyen d'empêcher ces empoisonnements, c'est de faire cuire le champignon avec des poires sauvages, avec les feuilles et l'écorce, et, à leur défaut, les plus âpres des poires cultivées.

Toutes ces recommandations, qui doivent être peu appréciées des gastronomes, trouvent dans les recherches modernes une certaine explication. C'est par l'acide que contiennent les diverses parties du poirier, surtout les plus âpres, qu'ils pouvaient jusqu'à un certain point neutraliser l'effet délétère du poison.)

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  1. Journal de pharmacie et de chimie, cité par le Journal de médecine, chirurgie et pharmacologie de Bruxelles, juillet 1866.
  2. Journal général de médecine, t. XXIV, p. 218.
  3. Lib. XXI, cap. XLIII, p. 590.