Philenoptera laxiflora (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Fruit
Légume
Épice / condiment
Colorant / tanin
Médicinal
Bois d'œuvre
Bois de feu
Ornemental
Fourrage
Sécurité alimentaire

répartition en Afrique (sauvage)

1, branche feuillée ; 2, inflorescence ; 3, fruit. Redessiné et adapté par Achmad Satiri Nurhaman

détail d’un arbre (USGS/EROS International Programs)

Philenoptera laxiflora (Guill. & Perr.) Roberty

Protologue: Bull. Inst. Franç. Afr. Noire, Sér. A., 16(2) : 354 (1954).

Famille: Papilionaceae (Leguminosae - Papilionoideae, Fabaceae)

Nombre de chromosomes: 2n = 22

Synonymes

• Lonchocarpus laxiflorus Guill. & Perr. (1832),
• Philenoptera schimperi Hochst. ex A.Rich. (1847).

Noms vernaculaires

• Savonnette (Fr).
• Gambian indigo (En).

Origine et répartition géographique

Philenoptera laxiflora est largement réparti en Afrique tropicale depuis le Cap Vert et le Sénégal jusqu’à l’Erythrée et à la R.D. du Congo.

Usages

En Afrique de l'Ouest, en particulier au Sénégal, en Gambie et dans le nord du Nigeria, mais aussi dans la province du Kordofan dans l’ouest du Soudan et dans la région du Kasango dans l'est de la R.D. du Congo, les feuilles étaient et sont probablement toujours utilisées comme source d’une teinture indigo de la même manière que celles de gara (Philenoptera cyanescens (Schumach. & Thonn.) Roberty), et on peut obtenir la même gamme de couleurs bleues qu’avec le gara et l’indigo du Natal (Indigofera arrecta Hochst. ex A.Rich.). En Gambie, cette teinture était très utilisée pour faire les fameux tissus “bara siti”, sur lesquels on obtient des motifs décoratifs en froissant et liant le tissu durant le processus de teinture. Cette technique a pour origine les Soninkés du Sénégal. Au Sénégal et en Guinée, les Tendas utilisent l’écorce comme ingrédient d'un condiment composé. En République centrafricaine, les jeunes feuilles sont consommées comme légume cuit, et les Gbayas mangent les fleurs et les jeunes fruits frais. Le fruit est également consommé cuit avec des herbes potagères et de la pâte de sésame. Une fois bouillis, les fruits peuvent être séchés et conservés pour les consommer plus tard. Les feuilles sont broutées ou données comme fourrage aux chèvres. En beaucoup d’endroits, l’arbre est utilisé pour faire des perches et comme bois de feu et charbon de bois. Au Ghana, au Sénégal et au Soudan les racines et l’écorce sont utilisées comme tonique et comme médicament contre la jaunisse. En République centrafricaine, on prend une décoction de jeunes feuilles contre les troubles hépatiques. En Ethiopie, la racine est utilisée en application externe contre les maux d’estomac. Au Nigeria et au Soudan, on utilise les feuilles comme cataplasme contre les ulcères, et une décoction d’écorce est employée contre les troubles intestinaux des chevaux. Au Nigeria, les feuilles et l’écorce sont utilisées comme insecticide et comme antiparasitaire externe contre la teigne et la gale. Avec ses fleurs bleues ou roses délicatement parfumées, groupées en panicules réparties sur toute la cime, Philenoptera laxiflora peut être utilisé comme arbre ornemental.

Production et commerce international

Les teinturiers de Gambie récoltent les feuilles sur des arbres sauvages mais importent également des boules de feuilles de Philenoptera laxiflora en provenance de la Sierra Leone et du Nigeria. On ne dispose pas de statistiques de production et de commerce.

Propriétés

Au Soudan (Kordofan), la teinture fournie par Philenoptera laxiflora est considérée comme étant de qualité inférieure à celle provenant de Philenoptera cyanescens. Le bois est jaune pâle, dur et lourd. L’étude de la composition chimique de Philenoptera laxiflora reste à faire, notamment en ce qui concerne la présence supposée de précurseurs de l’indigo dans les feuilles. On a isolé de l’écorce des racines des isoflavanes, le lonchocarpane et le laxiflorane, ainsi que des ptérocarpanes, le philoptérane et son dérivé 9- O-méthyle.

Description

• Petit arbre à feuilles caduques atteignant 12 m de hauteur ; écorce fibreuse, grise ou brunâtre à l’extérieur, devenant rugueuse et écailleuse, tranche blanc-jaune exsudant une résine rouge.
• Feuilles alternes, jusqu’à 45 cm de long, composées imparipennées avec 2–3 paires de folioles opposées ; rachis des feuilles matures se prolongeant de 3–6 cm au-delà de la dernière paire de folioles ; stipules et stipelles linéaires, jusqu’à 2 mm de long, caduques ; folioles elliptiques, de 5–18 cm × 2–6 cm, foliole terminale plus grande, légèrement coriaces, face inférieure finement poilue, pennatinervées.
• Inflorescence : panicule terminale ou axillaire jusqu’à 60 cm de long, d’abord érigée mais ensuite pendante, fortement mais courtement ramifiée.
• Fleurs bisexuées, papilionacées, jusqu’à 1,5 cm de long ; calice campanulé, portant de courtes dents ; corolle de couleur mauve rosé à lilas foncé, avec une tache médiane blanche ou jaune à l’intérieur de l’étendard ; étamines 10, soudées en un tube ; ovaire supère, courtement stipité, 1-loculaire, style courbe, stigmate très petit.
• Fruit : gousse étroitement elliptique à linéaire-oblongue, aplatie, de 6–14 cm × 1–2 cm, rétrécie aux deux extrémités, légèrement sinueuse entre les graines qui sont au nombre de 1–4, papyracée, courtement poilue, de couleur vert roussâtre, devenant glabre et brun pâle à maturité.
• Graines oblongues à réniformes.

Autres données botaniques

Le genre Philenoptera appartient à la tribu des Millettieae, et comprend 12 espèces confinées à l’Afrique et à Madagascar. Ces espèces étaient autrefois rattachées au genre Lonchocarpus, aujourd’hui considéré comme confiné à l’Amérique tropicale. Lorsqu’il ne porte ni fleurs ni fruits, Philenoptera laxiflora peut être aisément confondu avec Stereospermum kunthianum Cham. (Bignoniaceae), chez lequel cependant le rachis de la feuille ne se prolonge pas au-delà de la dernière paire de folioles.

Croissance et développement

La floraison précède l’apparition de nouvelles feuilles, ou se produit en même temps au début de la saison des pluies.

Ecologie

Philenoptera laxiflora se rencontre dans la savane et dans la forêt claire décidue, du niveau de la mer jusqu’à environ 2100 m d’altitude.

Récolte

Les feuilles peuvent être récoltées à tout moment durant la saison des pluies.

Traitement après récolte

Les feuilles sont écrasées pour former une pâte que l’on presse en boules de 10–12 cm de diamètre. Ces boules sont séchées au soleil et vendues sur les marchés. Pour teindre du tissu en différentes nuances de bleu, on prépare un bain de teinture en trempant les boules broyées dans de l’eau chaude, leur nombre dépendant de l’intensité désirée de couleur bleue. L’alcalinité nécessaire est obtenue en ajoutant une lessive de cendre de bois. On laisse la solution à fermenter pendant 6–8 jours en général, après quoi le bain est prêt pour y tremper le tissu. Dans la région du Kasongo en R.D. du Congo, on ajoute au bain de teinture de feuilles de Philenoptera laxiflora des jeunes feuilles de Morinda lucida Benth., et la teinture qui en résulte, tirant sur le vert, est employée pour teindre des nattes.

Ressources génétiques

Philenoptera laxiflora est répandu, et n’est pas menacé d’érosion génétique. Dans les régions où il est très utilisé sans être cultivé, il peut devenir rare.

Perspectives

En tant que l’une des sources de teintures naturelles pour l’important artisanat des tissus “bara siti” en Gambie, et source d’indigo dans divers autres pays, Philenoptera laxiflora n’est susceptible de conserver quelque importance que dans des régions où il n’existe pas de meilleure source d’indigo d’origine végétale. Il est recommandé d’étudier les meilleures méthodes de culture pour la production de teinture et pour les plantations ornementales.

Références principales

• Arbonnier, M., 2004. Trees, shrubs and lianas of West African dry zones. CIRAD, Margraf Publishers Gmbh, MNHN, Paris, France. 573 pp.

• Burkill, H.M., 1995. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 3, Families J–L. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 857 pp.

• Cardon, D., 2003. Le monde des teintures naturelles. Belin, Paris, France. 586 pp.

• Gillett, J.B., Polhill, R.M., Verdcourt, B., Schubert, B.G., Milne-Redhead, E., & Brummitt, R.K., 1971. Leguminosae (Parts 3–4), subfamily Papilionoideae (1–2). In: Milne-Redhead, E. & Polhill, R.M. (Editors). Flora of Tropical East Africa. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. 1108 pp.

• Nacro, M. & Millogo-Rasolodimbi, J., 1993. Plantes tinctoriales et plantes à tanins du Burkina Faso. Editions ScientifikA, Amiens, France. 152 pp.

• Schrire, B.D., 2000. A synopsis of the genus Philenoptera (Leguminosae - Millettieae) from Africa and Madagascar. Kew Bulletin 55: 81–94.

Autres références

• Baumer, M.C., 1975. Catalogue des plantes utiles du Kordofan (République du Soudan) particulièrement du point de vue pastoral. Journal d’Agriculture Tropicale et de Botanique Appliquée 22: 105.

• Berhaut, J., 1976. Flore illustrée du Sénégal. Dicotylédones. Volume 5. Légumineuses Papilionacées. Gouvernement du Sénégal, Ministère du Développement Rural et de l’Hydraulique, Direction des Eaux et Forêts, Dakar, Senegal. 658 pp.

• Hepper, F.N., 1958. Papilionaceae. In: Keay, R.W.J. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 1, part 2. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 505–587.

• Irvine, F.R., 1961. Woody plants of Ghana, with special reference to their uses. Oxford University Press, London, United Kingdom. 868 pp.

• Pelter, A. & Amenechi, P.I., 1969. Isoflavonoid and pterocarpinoid extractives of Lonchocarpus laxiflorus. Journal of the Chemical Society 6: 887–896.

• Staner, P., 1936. Plantes congolaises à propriétés tinctoriales. In: Ceuterick, F. (Editor). Agricultura. Louvain, Belgium. 39 pp.

• Vergiat, A.M., 1970. Plantes magiques et médicinales des féticheurs de l’Oubangui (Région de Bangui). Journal d’Agriculture Tropicale et de Botanique Appliquée 17: 295–339.

Sources de l'illustration

• Thulin, M., 1989. Fabaceae (Leguminosae). In: Hedberg, I. & Edwards, S. (Editors). Flora of Ethiopia. Volume 3. Pittosporaceae to Araliaceae. The National Herbarium, Addis Ababa University, Addis Ababa, Ethiopia and Department of Systematic Botany, Uppsala University, Uppsala, Sweden. pp. 49–251.

Auteur(s)

• D. Cardon, CNRS, CIHAM-UMR 5648, 18, quai Claude-Bernard, 69365 Lyon, Cedex 07, France

• P.C.M. Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Cardon, D. & Jansen, P.C.M., 2005. Philenoptera laxiflora (Guill. & Perr.) Roberty. In: Jansen, P.C.M. & Cardon, D. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 18 décembre 2024.

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