Peupliers (Cazin 1868)

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Peucédan
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Phellandre


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PEUPLIERS. Populi.
SALICACÉES. Fam. nat. — DIŒCIE OCTANDRIE. L.


Baumier

Nom accepté : Populus balsamifera


PEUPLIER BAUMIER, Baumier. — Populus balsamifera, L. — Populus nigra, folio maximo, gemmis balsamum odoratissimum fundentibus, Catesb. — Originaire de l'Amérique septentrionale et de la Sibérie, où il s'élève à une grande hauteur.

Description. — Tronc peu élevé, droit, recouvert d'une écorce grisâtre, se divisant en branches courtes, épaisses, un peu resserrées en tête. — Rameaux lisses, jaunâtres, souvent bruns ou presque noirs, luisants. — Feuilles se développant dès la fin de février, pétiolées, coriaces, ovales-lancéolées, arrondies à leur base, rétrécies à leur sommet, inégalement dentées en leurs bords, d'un vert foncé en dessus, blanchâtres et veinées en réseau à leur face inférieure ; pétioles courts, raides, très-peu comprimés latéralement. — Chatons mâles ressemblant à ceux du peuplier noir. — Dix-huit à vingt-deux étamines et plus. - Chatons femelles ayant des fleurs assez rapprochées, pédicellées, auxquels succèdent des capsules ovales, entourées à leur base d'un petit tube urcéolé, persistant.

Culture. — Le peuplier baumier est cultivé dans nos jardins depuis 1731. Mais il ne s'y élève guère qu'à la hauteur d'un arbrisseau. Chaque métairie des départements du Nord a son baumier connu sous le nom de copahu ou cupahu. On le multiplie de marcotte et de bouture dans un terrain humide, à une exposition chaude.


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Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Les bourgeons de ce peuplier, fort gros, sont remplis d'un suc résineux balsamique qu'on respire avec l'air frais du printemps. Ce suc résineux est si abondant que 125 gr. de bourgeons en donnent jusqu'à 8 gr. par la simple pression. Pallas le compare au baume de la Mecque. Les Russes des bords de l'Inkutz font infuser ces bourgeons dans de l'alcool qu'ils distillent, et dont ils obtiennent une liqueur qui leur paraît agréable au goût.

D'après le témoignage de Gilibert, la matière résineuse du peuplier baumier a toutes les vertus que l'expérience a démontrées dans les baumes les plus recherchés. Les bourgeons de cet arbrisseau sont excitants, toniques. Ils ont été conseillés comme sudorifiques dans la goutte, le rhumatisme chronique, les diarrhées et dysenteries anciennes. On les a administrés comme diurétiques et emménagogues, dans la néphrite et l'aménorrhée. Pour l'usage externe, on les emploie comme maturatifs, comme détersifs, dans les ulcères atoniques, les brûlures, les gerçures, etc.

Les Russes (Gmelin) emploient la liqueur alcoolique des bourgeons du peuplier, dont nous avons parlé plus haut, dans le scorbut, la dysurie résultant des rétrécissements de l'urètre... (?), etc. Dans l'Union, on attribue au baumier des propriétés antigoutteuses et antirhumatismales.

Le peuplier baumier est regardé par les campagnards comme le vulnéraire par excellence. On applique ses feuilles entières ou froissées sur les coupures, les plaies avec perte de substance et les ulcères, sans trop distinguer les cas où il peut nuire de ceux où il est réellement utile. Le malade guérit plus ou moins promptement à la faveur du baumier, ou malgré son application, et l'admiration qu'il inspire passe de père en fils dans les familles.

Le peuplier baumier a, sur les membranes muqueuses, l'action de toutes les substances résineuses, mais à un moindre degré. Le nom de copahu que lui ont donné les paysans semble en indiquer les propriétés. La décoction des bourgeons de cet arbre m'a été très-utile dans les affections catarrhales pulmonaires chroniques, vers la fin du catarrhe de la vessie et dans la leucorrhée. J'ai guéri de cette dernière maladie une jeune fille qui en était atteinte depuis deux mois, à la suite d'une transition subite du chaud au froid. Il y avait bien évidemment catarrhe urétro-vaginal, avec écoulement muqueux abondant. Trois verres par jour de décoction de bourgeons pendant quinze jours suffirent pour tarir tout à fait l'écoulement. Il n'y eut aucune récidive.

Ce peuplier, qu'on pourrait cultiver plus généralement, aux bords des pièces d'eau, des étangs, des rivières, rendrait de grands services à la thérapeutique des campagnes.


Peuplier blanc

Nom accepté : Populus alba


PEUPLIER BLANC, PRÉAU, BLANC-BOIS, BLANC DE HOLLANDE. Populus alba. L. — Populus alba majoribus foliis, C. Bauh. — Ce grand arbre, connu de tout le monde, habite nos bois et nos campagnes, où on le reconnaît à ses feuilles toutes blanches en dessous.

Propriétés physiques et chimiques. — L'écorce du peuplier blanc a une saveur amère et astringente très-prononcée ; elle contient de la salicine, d'après Braconnot. L'écorce de la racine contient, d'après les expériences de Dubois, de Tournai, une grande quantité de tannin et d'acide gallique.

Cottereau et Verdé de Lisle ont annoncé à la Société de médecine pratique, en 1833, qu'ils avaient employé les feuilles de peuplier blanc dans les fièvres intermittentes. Ces médecins en font bouillir une poignée dans un verre d'eau et administrent la décoction deux heures avant l'accès. Gallot, de Provins, avait déjà employé un grand nombre de fois l'écorce du peuplier blanc, et la regardait comme la substance qui se rapprochait le plus du quinquina par ses propriétés fébrifuges. L'écorce de la racine est


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plus active. Administrée en décoction, elle a réussi entre les mains de Dubois, de Tournai, dans deux cas d'affections périodiques.

J'ai employé les feuilles de ce peuplier et celles du peuplier tremble, qui sont plus amères et contiennent aussi de la salicine. Je n'ai que trois cas de fièvre tierce à citer où cet amer ait réussi ; mais je ne puis savoir jusqu'à quel point il a pu contribuer à la guérison, qui n'a point été instantanée.

Les semences du peuplier blanc et celles du peuplier du Canada (vulgairement peuplier carré), sont entourées d'une sorte de coton qui peut remplacer le coton cardé dans le traitement de la brûlure ou comme hémostatique.


Peuplier noir

Nom accepté : Populus nigra


PEUPLIER NOIR, PEUPLIER FRANC, PEUPLIER COMMUN. Populus nigra. L. - Populus nigra, C. Bauh., Tourn. — Populus vulgaris, Lonic. — Populus secunda, Ang. — Le peuplier noir est indigène de la France et d'une grande partie de l'Europe. On le trouve dans les bois humides, le long des ruisseaux, dans les lieux marécageux. Il est trop généralement connu pour nécessiter une description.

Parties usitées. — Les bourgeons récents.

Récolte. — Les bourgeons doivent être récoltés avant leur épanouissement. La dessiccation leur fait perdre leur odeur et l'enduit gommeux de leurs écailles, qui deviennent sèches et luisantes.

[Culture. — Ce bel arbre préfère les terres légères, les lieux humides, le bord des rivières et des ruisseaux. On le propage par boutures, faites à l'automne ou au printemps ; il vient dans presque tous les terrains.]

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - Pèlerin[1], pharmacien à Paris, a trouvé dans les bourgeons de ce peuplier une huile essentielle odorante, une matière résineuse, de l'eau de végétation, un extrait gommeux, de l'acide gallique, de l'acide malique, une matière grasse particulière, de l'albumine, des sels, entre autres du phosphate de chaux, etc. (Elle contient aussi de la toluine.)

Les bourgeons du peuplier noir sont enduits au printemps d'un suc visqueux, résineux, d'une odeur balsamique assez agréable et d'une saveur amère. On obtient, par l'évaporation de l'alcool où on le fait dissoudre, une résine analogue au styrax. C'est avec les bourgeons de ce peuplier que les anciens préparaient l'huile œgirine (oleum œgirinum) très-estimée dans leur médecine. On les recueille avant le développement des feuilles.

Le bois du peuplier noir et des autres espèces (excepté le peuplier baumier indigène), trop léger pour des constructions solides et durables, sert pour des boiseries communes, pour soutenir des pièces de marqueterie. On en fait des caisses, des boîtes, des malles. Ses feuilles desséchées sont employées à la nourriture des chèvres et des moutons. D'après les expériences de J.-C. Schoeffer, de Ratisbonne, et de Brayset, de Lyon, le duvet ou coton des aigrettes des semences de peuplier peut fournir, sans aucun mélange de chiffons, un très-bon et très-beau papier. On est même parvenu, dit-on (Pallas), à en fabriquer des étoffes fines.

D'après les essais de Dambournay, le bois de la plupart des peupliers peut servir pour la teinture. I1 donne des couleurs jaunâtres plus ou moins belles. (Les bourgeons, outre les corps désignés plus haut, renferment une matière colorante, nouvellement étudiée par Picard[2], l'acide chrysinique C22 H8 O6). L'écorce de ces arbres est employée en Russie pour l'apprêt des maroquins.

Les bourgeons de ce peuplier ont été donnés, tantôt comme sudorifiques dans les maladies de la peau et les rhumatismes, tantôt comme diurétiques dans certaines affections des reins et de la vessie, tantôt comme balsamiques dans la phthisie pulmonaire, les catarrhes, etc. La dose est de 8 à 15 gr. et plus en infusion dans 1/2 litre d'eau bouillante, ou en macération dans une égale quantité de vin généreux. On en prépare aussi une teinture alcoolique

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  1. Journal de pharmacie, 1822, t. VIII, p. 425.
  2. Union pharmaceutique, 1865, p 386.


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qui s'administre à la dose de 2 à 4 gr. et plus, en potion ou dans une tisane appropriée. A l'extérieur, on emploie les bourgeons de peuplier noir en les faisant macérer dans des corps gras ou alcooliques pour en extraire les principes. On en frictionne les parties affectées de névralgies, de rhumatismes ou de certaines éruptions cutanées. Ces mêmes bourgeons entrent dans l'onguent populeum, employé en onctions sur les hémorrhoïdes douloureuses, les gerçures du mamelon, les brûlures, les fissures et crevasses aux lèvres, aux mains, à l'anus, etc. Mais c'est aux autres ingrédients qui composent cet onguent qu'il faut attribuer l'effet calmant qu'on en obtient.


Tremble

Nom accepté : Populus tremula


PEUPLIER TREMBLE, Tremble. Populus tremula. L., C. Bauh., Tourn. - Populus lybica, Dod., Ger., Park, — Cet arbre croît dans les bois humides et au bord des eaux. Il est remarquable par le tremblement de ses feuilles au moindre zéphyr. On emploie l'écorce.

Cette écorce est très-amère. Braconnot y a rencontré de la salicine[1], de la populine, de la corticine, de l'acide benzoïque, une matière gommeuse, de l'acide pectique, des tartrates et du ligneux. — La populine, découverte par Braconnot, est en masse très-légère, d'un blanc éblouissant, d'une saveur sucrée, analogue à celle de la réglisse. Elle est peu soluble dans l'eau, même bouillante, plus soluble dans l'alcool, se fond au feu, brûle ensuite en répandant une odeur aromatique.

Le peuplier noir ne contient pas de populine.

L'écorce du tremble est tonique et fébrifuge. Cette propriété résulte de la salicine qu'elle contient en assez grande quantité. Pallas dit qu'en Sibérie on emploie la lessive de ses cendres, qui sont très-alcalines, dans la syphilis et les affections scorbutiques.

(CHARBON VÉGÉTAL. — En calcinant dans des vases clos en fonte des pousses de peuplier de trois ou quatre ans, on obtient un charbon qui, bouilli dans l'eau chargée de 1/32e d'acide chlorhydrique, lavé, séché, puis calciné fortement et porphyrisé, forme le charbon médicinal. I1 faut l'enfermer à l'abri de l'air pour éviter l'absorption de l'humidité et des gaz atmosphériques.

En effet, ce corps possède des propriétés absorbantes remarquables auxquelles sont dues ses propriétés désinfectantes. Stenhouse[2] a établi que le charbon détruisait les miasmes organiques ; il purifie certains liquides et décolore un certain nombre de substances ; c'est en vertu de cette double attribution que les eaux putréfiées perdent leur odeur et deviennent potables après avoir traversé un filtre de charbon ; que la viande faisandée perd son mauvais goût, lorsqu'on l'a fait bouillir avec une certaine quantité de charbon.

En médecine, sous le nom de magnésie noire, on l'emploie à l'intérieur, sous forme de poudre, rendue humide avec un peu d'eau fraîche bien pure, de pastilles (carbonides de Malapert, de Poitiers), etc., dans les affections nerveuses et chroniques de l'estomac. Belloc[3] a décrit ses indications et ses effets thérapeutiques et physiologiques. Ces derniers consistent en une saveur agréable après son ingestion, une augmentation de la sécrétion salivaire, une sensation agréable se produisant dans l'estomac, l'accélération de la digestion et l'augmentation de l'appétit.

Nous pensons qu'il réussit surtout à détruire la fétidité de l'haleine, tenant soit à une affection de la bouche, soit à une lésion organique de l'estomac. Dans la gangrène du poumon, l'action est bien plus douteuse.

C'est surtout à l'extérieur que l'on a eu recours aux propriétés désinfectantes du charbon. C'est un excellent dentifrice ; soit seul, soit mêlé à des

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  1. Annales de chimie et de physique, 1830, t. XLIV, p. 306.
  2. Journal de pharmacie, 1854, t. XXVI, p. 49.
  3. Bulletin de l'Académie de médecine. Paris, 1849, t. XV, p. 230.


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substances aromatiques ou astringentes, il est appliqué sur les plaies dont la suppuration tend à devenir fétide. En suspension dans l'eau, on en fait des injections dans les leucorrhées de mauvaise nature. Dans les cancers de l'utérus, répandant souvent une odeur insupportable, des sachets de charbon végétal sont introduits jusque sur le point malade.

L'inconvénient inhérent à l'emploi de ce désinfectant est, sans contredit, la saleté des plaies et la difficulté des soins, après son application.

N'oublions pas de dire que l'on fabrique des papiers et de la charpie carbonifères, facilitant les pansements et amenant à peu près le même résultat que le charbon en poudre.)