Pergularia tomentosa (PROTA)

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Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Pergularia tomentosa L.


répartition en Afrique (sauvage)

Protologue : Mant. pl. 1: 53 (1767).

Famille : Asclepiadaceae (APG: Apocynaceae)

Nombre de chromosomes : 2n = 22

Noms vernaculaires

  • Pergulaire (Fr).
  • Pergularia (En).

Origine et répartition géographique

Pergularia tomentosa est largement réparti dans le désert du Sahara jusqu’aux déserts du sud et de l’est de l’Iran, à l’Afghanistan et au Pakistan, en passant par la Corne de l’Afrique, le Sinaï (Egypte), le sud d’Israël, la Jordanie et la péninsule Arabique.

Usages

Au Sahara central, une décoction de pâte de racine avec de la viande de chèvre se prend pour traiter la bronchite et la tuberculose. Un morceau de racine fraîche s’applique dans le rectum pour traiter les hémorrhoïdes. On laisse le malade se tordre jusqu’à ce qu’on voit du sang. En Côte d’Ivoire, la plante broyée, parfois avec l’ajout de piments, se boit ou se donne en lavement contre la dysenterie et comme vermifuge. Le jus de feuille, appliqué en collyre, est considéré comme un remède excellent contre les maux de tête, alors qu’au Niger on administre la pâte de l’écorce de racine réduite en poudre dans le nez à cet effet. Au Niger et dans le nord du Nigeria, l’infection par le ver de Guinée se traite par l’application de quelques gouttes de latex dans des incisions sur la cloque. Au Niger, la racine fait partie d’un médicament contre la fatigue généralisée, la plante est un ingrédient d’un poison de flèche à base de Strophanthus, et elle aurait également des propriétés magico-médicinales. En Afrique du Nord, la plante sert à provoquer l’avortement.

Dans le nord du Nigeria, dans les monts du Hoggar (Sud algérien) et en Egypte, la plante réduite en pâte ou sa décoction est frottée sur les peaux à apprêter. La pâte est laissée pendant une nuit après quoi les poils peuvent être ôtés de la peau. On utilise le latex de la même façon. Les peaux peuvent aussi être trempées dans une décoction de la plante ou dans un bain de cendres de bois, dans lequel la plante a pu fermenter pendant quelques jours, afin d’améliorer l’absorption des tanins. Au Maroc et dans d’autres pays, le latex s’utilise comme dépilatoire cosmétique.

Au Soudan oriental, les bergers Fula frottent le latex sur la mamelle des vaches pour augmenter la production laitière.

Dans les régions semi-désertiques, un peu de lait, dans lequel des tiges ont été trempées, est ajouté au lait pour le faire cailler dans la production de fromage.

Bien qu’un grand nombre de sources indiquent que la plante est toxique, on répertorie également qu’elle est donnée aux chèvres comme fourrage. Les tiges seraient utilisées de temps en temps comme aliment de famine (comme certaines parties de Pergularia daemia (Forsk.) Chiov.), mais on n’a pas pu obtenir de confirmations de cet usage.

Production et commerce international

Des produits issus de Pergularia tomentosa sont vendus sur les marchés de l’Afrique du Nord, souvent en tant que dépilatoire.

Propriétés

Le latex de Pergularia tomentosa est corrosif et peut sérieusement endommager la peau. Toutes les parties de la plante sont des sources riches en hétérosides cardénolides, avec l’uzariénine, la coroglaucigénine et la pergularine comme aglycones, et le glucose et le digitoxose comme sucres. Les racines contiennent des hétérosides (le ghalakinoside, la calactine) et des dérivés ; les feuilles et le latex contiennent du ghalakinoside, de la pergularine, de la 16 α-acétoxycalotropine, de la calactine et de la coroglaucigénine. En dehors des cardénolides, la plante contient également des alcaloïdes, des polyphénols, des terpénoïdes, des flavonoïdes, des coumarines, des anthraquinones et des tanins.

Plusieurs des cardénolides sont caractérisés par le double lien entre la fraction sucre et l’aglycone, ce qui leur donne une structure dioxanoïde. Les hétérosides sont très cardiotoxiques lorsque administrés par voie intraveineuse. Ils sont peu absorbés lorsque ingérés par voie buccale, ce qui pourrait expliquer l’information contradictoire concernant l’utilisation de la plante comme fourrage. Certains de ces cardénolides issus de la racine et des parties aériennes ont montré une activité cytotoxique contre plusieurs lignées de cellules cancéreuses humaines in vitro. Dans un essai sur souris, des extraits aqueux et à l’éthanol se sont avérés être très toxiques. Ils ont tout d’abord causé la paralyse des membres, puis l’asphyxie. A des doses plus élevées, les extraits ont causé une activité augmentée dans le tissu musculaire isolé, probablement par stimulation directe, mais dans le cœur isolé de crapaud ils ont causé une contraction musculaire réduite. Un hétéroside du type pergularine a eu un effet similaire sur le tissu musculaire, mais a augmenté la contraction cardiaque.

Les extraits aqueux et à plusieurs solvants organiques des feuilles, des tiges et des racines ont montré une activité antifongique contre une série de champignons pathogènes, tout comme une activité protectrice des organes chez le crapaud Bufo regularis infecté par Aspergillus niger. Des effets bactéricides et molluscicides ont également été répertoriés. Les extraits méthanoliques des parties aériennes, de même que les isolats de coroglaucigénine, de 16 α-acétoxycalotropine et de calactine, ont eu une activité de dissuasif alimentaire sur la légionnaire Spodoptera littoralis. Toutes les parties de la plante contiennent 52–59% de glucides et 16–22,5% de fibres brutes. Les teneurs en lipides (environ 6%), en cendres (16–17%) et en protéines brutes (environ 6%) étaient les plus élevées dans les feuilles.

Description

Petit arbuste grimpant à partir d’un rhizome ligneux, les jeunes tiges se tortillant autour des tiges plus âgées, contenant du latex blanc ; tiges et inflorescences densément et courtement pubescentes à poils raides. Feuilles opposées, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 0,5–1,5(–3) cm de long ; limbe légèrement charnu, largement ovale à presque orbiculaire, de 1–3(–4,5) cm × 1–3(–4,5) cm, base profondément cordée, apex obtus à aigu, à poils courts denses sur les deux faces, gris argenté. Inflorescence : grappe extra-axillaire, ombelliforme lorsque jeune ; pédoncule de 1–3 cm de long. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, parfumées ; pédicelle de 1,5–2 cm de long, courtement poilu ; sépales ovales à oblongs, de 2–3,5 mm de long, apex aigu, à poils courts denses ; corolle vert jaunâtre ou violet brunâtre, tube cylindrique, de 2–4 mm de long, lobes ovales à elliptiques, de 4–(5–6(–8) mm × (2–)3–3,5(–4) mm, apex quasi aigu ou aigu, glabre à pubescente à poils courts épars à l’extérieur, glabre à l’intérieur sauf la base et les bords qui portent de longs poils ; couronne externe membraneuse à lobes ciliés, lobes de la couronne interne minces à trapus, de 3,5–5(–6) mm de long, la projection apicale s’étendant légèrement ou davantage au-delà du sommet de la colonne staminale, les queues basales légèrement étalées ; ovaire supère, 2-loculaire. Fruit : habituellement une paire de follicules, réfléchis le long du pédicelle, lancéolés, de 4–5,5 cm × 1–1,5(–2) cm, courbés en un bec atténué court ou long, lisses ou couverts de protubérances à poils courts et doux. Graines ovoïdes, aplaties, de 7–9 mm × environ 6 mm, bords pâles, à poils courts denses, munies d’une touffe de poils à une extrémité, d’environ 3 cm de long.

Autres données botaniques

Le genre Pergularia, tout comme Asclepias, Calotropis et Gomphocarpus, appartient à la subtribu des Asclepiadinae. Le genre comprend 2 espèces polymorphes ; l’autre espèce, Pergularia daemia, qui a un port plus petit, se rencontre dans les déserts et les régions sèches de l’Afrique australe jusqu’en Somalie, et jusqu’en Asie du Sud en passant par la péninsule Arabique. Des formes intermédiaires entre les 2 espèces sont présentes à Socotra (Yémen) et elles viennent d’être incluses dans Pergularia tomentosa.

Croissance et développement

Au Sahara, Pergularia tomentosa fleurit toute l’année, mais vers les lisières nord et est, il fleurit au printemps.

Ecologie

Pergularia tomentosa pousse bien dans les déserts où les précipitations ne dépassent souvent pas les 100 mm par an, dans le lit des oueds et sur les plateaux, sur des sols argileux à sablonneux, graveleux et pierreux. Il est présent depuis le niveau de la mer jusqu’à 1000 m d’altitude. Le long de la mer Rouge, on le trouve à la fois avec Aerva lanata (L.) Juss. ex Schult., Capparis decidua (Forssk.) Edgew. et Salsola spinescens Moq. au sein des communautés de plantes qui dominent les plaines sablonneuses.

Multiplication et plantation

Pergularia tomentosa se multiplie par graines. Le poids moyen de 1000 graines est de 16 g.

Gestion

Il n’y aucune indication de culture ornementale pour Pergularia tomentosa, comme c’est le cas de Pergularia daemia.

Ressources génétiques

Bien que Pergularia tomentosa se rencontre dans un milieu vulnérable, il est répandu et présent dans plusieurs aires protégées, et il n’est pas considéré comme menacé par l’érosion génétique.

Perspectives

Pergularia tomentosa peut garder son rôle de dépilatoire en cosmétique et dans le tannage des peaux. Il gardera une place en médecine traditionnelle, mais rien n’indique qu’il deviendra une source importante de matériel pharmaceutique.

Références principales

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Auteur(s)

  • L.P.A. Oyen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands


Citation correcte de cet article

Oyen, L.P.A., 2013. Pergularia tomentosa L. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editeurs). Prota 11(2): Medicinal plants/Plantes médicinales 2. PROTA, Wageningen, Pays Bas. Consulté le 31 mars 2025.


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