Pamplemousse et pomélo (Chauvet)

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Pamplemousse et pomélo :
un cas exemplaire de conflit entre usage et norme


par Michel Chauvet*


*Ingénieur Agronome, Chef du Secteur « Légumes » au Centre Français du Commerce Extérieur.


Journ. d'Agric. Trad. et de Bota. Appl., 27:(1), 1980, pp. 55-81.


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Qu'on le déguste au dessert ou en début de repas, le pamplemousse est bien connu du consommateur français. Lorsqu'il en achète, il demande des pamplemousses, et on le sert sans problème. Mais peut-être est-il surpris de lire sur les ardoises du marchand tantôt pamplemousse tantôt pomélo. S'il se renseigne, on lui répondra que le pomélo est différent du « vrai pamplemousse », et qu'il ne faut pas les confondre ; ce qu'il n'aura pas de mal à faire, vu que, sur les marchés, on ne trouve qu'un seul produit.

Étudions d'abord le problème sous l'angle botanique et horticole.

Mise au point taxonomique

Les auteurs des deux grands systèmes de classification des agrumes, Swingle (27, 28) et Tanaka (29) s'accordent pour reconnaître deux espèces dans le groupe que nous considérons :

Citrus maxima ( Burman) Merrill 1917

syn.

  • Limo decumanus Burman in Rumphius 1741
  • Citrus aurantium var. grandis L. 1753
  • Aurantium maximum Burman in Rumphius 1755
  • Citrus grandis (L.) Osbeck 1757
  • Citrus aurantium var. decumana L. 1763
  • Citrus decumana L. 1767
  • Aurantium decumana Miller 1768
  • Citrus pompelmos Risso 1818
  • Citrus pamplemos Risso 1826


[56]

Swingle (28) et Tanaka (29) retiennent C. grandis (L.) Osb., et à leur suite de nombreux auteurs, dont Purseglove (21) et la plupart des manuels d'agrumiculture.

Par contre, Engler (6), Mansfeld (16) et Hodgson (11, 534) retiennent C. maxima (Burm.) Merr. Le Comité de Stabilisation des noms de plantes (Punt, 20) est du même avis, et rejette C. grandis.

J'ignore les raisons du choix de Swingle et Tanaka. Mais dans ce cas, l'article 55 du Code de Nomenclature (5) est formel : « Lorsqu'on transfère, sans en changer le rang, une espèce d'un genre à un autre ou lorsque le genre dont dépend cette espèce change de nom, l'épithète spécifique, si elle est légitime, doit être maintenue ou rétablie. » Or l'épithète spécifique maxima est antérieure de deux ans à grandis (1757). Elle a donc priorité, et le premier auteur à l'avoir utilisée en combinaison avec le nom de genre Citrus est Merrill en 1917. Rappelons aussi qu'une épithète n'a pas priorité en dehors de son rang, et que la publication de grandis par Linné au rang de variété ne peut être prise en compte. Enfin le fait que Aurantium soit un nom illégitime (c'est un synonyme postérieur de Citrus L.) ne permet pas de rejeter l'épithète maxima, car «une épithète spécifique n'est pas illégitime du seul fait qu'elle a été publiée à l'origine en combinaison avec un nom illégitime ; en matière de priorité, elle est prise en considération» (article 68 du Code).

Citrus paradisi Macfadyen 1830

syn.

  • Citrus pompelmos racemosus Risso et Poit. 1820
  • Citrus decumana var. racemosa Roem. 1846
  • Citrus decumana var. patoniana Riccob. 1908
  • Citrus maxima var. uvacarpa Merr. et Lee 1924
  • Citrus racemosa Marcovitch ex Tanaka 1927.

Si l'on fait de C. paradisi une variété de C. maxima, le nom correct est alors : C. maxima (Burm.) Merr. var. racemosa (Risso) X...

La génétique des Citrus et son influence sur la taxonomie

La taxonomie botanique des Citrus est rendue particulièrement complexe du fait de leur biologie. En effet, les cultivars de Citrus sont presque toujours des clones, les arbres étant reproduits par greffage. De plus, la reproduction par graines donne lieu à un phénomène assez particulier : la polyembryonie. A côté de l'embryon zygotique, obtenu normalement par fécondation de l'ovule par le pollen étranger, se développent un ou plusieurs embryons nucellaires. Ces embryons se développent à partir de cellules du nucelle, tissu voisin de l'ovule à 2n chromosomes. Ces embryons, obtenus donc sans réduction méïotique, reproduisent identiquement la plante-mère.

Ce processus se retrouve à divers degrés chez tous les agrumes, sauf précisément chez Citrus maxima, qui ne donne qu'un embryon normal, zygotique.


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La compétition entre embryons au cours du développement de la graine peut entraîner l'élimination de l'embryon zygotique. La multiplication par graines donne donc une certaine proportion d'hybrides et le reste de plantes appartenant au même clone que la mère; mais ces plantes sont parfois régénérées au point de présenter un phénotype sensiblement différent (en particulier des fruits de taille, de forme et de goût différents).

Enfin, il faut savoir que les conditions du milieu peuvent faire varier le phénotype d'un clone donné, rendant son identification plus malaisée.

Les clones dérivent les uns des autres soit par mutation, soit par hybridation. Mais si l'on connaît la parenté des clones contemporains, il n'en est pas de même pour les clones traditionnels. Comme les agrumes s'hybrident très largement, il est difficile de reconnaître les espèces de base de leurs hybrides, et la notion même d'espèce est sujette à caution. Parmi les 157 espèces dénommées par Tanaka, il est certain qu'un grand nombre se réduit à un seul clone. A l'inverse, Swingle ne reconnaît que 16 espèces, ce qui n'est pas toujours très pratique. Il est d'ailleurs curieux de constater que Swingle distingue deux espèces dans le groupe pamplemousses/chadecs, alors qu'il réunit toutes les mandarines dans la seule espèce de base C. reticulata Blanco et ses hybrides. Hodgson (10) a critiqué le système de Swingle, et réintroduit comme valides 20 espèces de Tanaka, dont 6 de mandarines.

Tous les auteurs s'accordent pour reconnaître que C. paradisi a comme ancêtre C. maxima. Pour Swingle lui-même (28), « le mieux semble être de retenir le grapefruit, au moins pour le moment, comme une espèce indépendante mais satellite, suivant immédiatement C. grandis, avec lequel il a des relations si étroites que beaucoup de taxonomistes le considèrent comme une variété de cette espèce ».

Aucune des deux hypothèses sur l'origine de C. paradisi n'a encore été confirmée, à savoir :

- soit mutation chez C. maxima dans les Caraïbes

- soit hybridation de C. maxima avec C. sinensis (orange douce).

En fait, le statut de C. paradisi a pu être influencé par des raisons étrangères à la taxonomie. Autour de C. maxima gravitent de nombreux cultivars hybrides. La seule chose qui distingue vraiment d'eux le C. paradisi, c'est son importance économique, et qui plus est, aux États-Unis. Ce que Swingle a pu faire inconsciemment, Tanaka l'a exprimé clairement (29) : « Les qualités de la pulpe ... sont l'objet réel de l'intérêt qu'a l'homme à consommer le fruit. Le public s'y connaît davantage sur une telle distinction spécifique que quelques techniciens, parce qu'il en consomme plus. On ne fera pas croire aux Japonais, qui mangent 500 000 t de satsumas par an, qu'il s'agit là d'une simple variété de la mandarine Ponkan (C. reticulata) ou Kunenbo (C. nobilis), de même que les Américains n'admettront pas que le grapefruit soit une variété de pummelo (shaddock). C'est une conviction humaine, et la science devrait la faire sienne ».

Cette conception de Tanaka est irrecevable, la taxonomie botanique n'ayant pas pour objet de calquer les taxonomies populaires. Mais peut-on affirmer que si


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Swingle avait été japonais, il n'aurait pas distingué plusieurs espèces de mandarines et une seule de pamplemousses ?

En conclusion, il y a certes des arguments botaniques pour distinguer C. paradisi de C. maxima. Mais la distinction est aussi utile dans un souci de stabilisation de la nomenclature, et de commodité pour ses utilisateurs.

Aperçu pomologique

L'histoire des cultivars de pamplemousses dans le Bassin Méditerranéen et les Antilles serait très difficile à reconstituer, car les descriptions historiques sont trop sommaires. Par contre, l'inventaire des cultivars actuels en Asie et dans l'archipel indonésien reste à faire. Nous nous contenterons ici de donner une idée des fruits et de leur variabilité.

Dressons tout d'abord un tableau des caractères distinctifs des fruits de C. maxima et C.paradisi, d'après Webber (in Hodgson 11) et Chapot (4).

Chadec - C. maxima Pamplemousse - C. paradisi
pépin monoembryonné pépin polyembryonné
quartiers généralement ouverts vers le centre du fruit quartiers toujours fermés
axe central légèrement creux à creux axe central plein à légèrement creux
écorce épaisse à très épaisse écorce mince à moyennement épaisse
fruit gros à très gros (20 cm) fruit moyen à gros
fruit sphérique, ovoïde ou pyriforme fruit aplati à sphérique
poils de la pulpe aisément séparables, parfois libres, dans la cavité de l'axe poils de la pulpe serrés, non séparables
pulpe ferme, souvent peu juteuse pulpe tendre, très juteuse
membranes carpellaires pouvant être ôtées sans déchirer les quartiers membranes carpellaires adhérentes aux quartiers
pour être consommé, le fruit doit être pelé, les quartiers séparés et débarrassés de leur membrane fruit le plus souvent mangé en creusant à la petite cuillère, les moitiés coupées à l'équateur


Fruits du Citrus paradisi

Premières mentions en 1750 aux Barbades (Hugues), et en 1756 à la Jamaïque (Browne). L'espèce est originaire des Antilles, et a été introduite en Floride au début du XIXe siècle. Sa culture commerciale a commencé en Floride vers 1885 (Hodgson 11, 540), puis quelques décennies plus tard en Californie, en Arizona et au Texas. Le pamplemousse est devenu un des principaux agrumes consommés aux États-Unis au début du XXe siècle. D'après Hubert (12, 173) en 1912 « il est couramment servi à bord des paquebots faisant la traversée de l'Atlantique, entre New-York et l'Europe ». Mais il faut attendre le lendemain


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Photo 1. -Un (petit) chadec martiniquais (C. maxima) et un pamplemousse israélien (C. paradisi). (Photo Michel Chauvet).

de la seconde guerre mondiale pour le voir adopté par les consommateurs d'Europe Occidentale. La Floride et la Californie restent de loin les principaux producteurs mondiaux, mais Israël a acquis une bonne part du marché européen. Dans les autres pays, la production de pamplemousses est moyenne (Afrique du Sud, Argentine) ou presque nulle (Espagne, Italie).

Du fait de leur origine récente, on constate peu de variabilité dans le Citrus paradisi, et un nombre de cultivars réduit.

On distingue les pamplemousses jaunes et roses. Les jaunes sont aussi qualifiés de communs, et en anglais de « white grapefruits » (pamplemousses blancs). Les principaux cultivars sont Duncan et Marsh.

Le premier cultivar de pamplemousse rose, Foster, a été obtenu en 1907. Thompson et Redblush (= Ruby) ont suivi. La part de marché de ces pamplemousses roses ne cesse de s'accroître, car ils ont une saveur plus douce que les jaunes, et sont mieux acceptés par nombre de consommateurs.

Cette nuance mise à part, les pamplemousses se caractérisent tous par leur amertume, et leur chair fondante.

Fruits du Citrus maxima

Pour Webber (31, 13) « on peut considérer avec sécurité qu'il est indigène dans les archipels malais et indonésien, et qu'il s'est diffusé de là vers la Chine et


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l'Inde, puis vers la Perse, la Palestine et l'Europe ». Sa présence en Europe semble attestée dès le XIIe siècle. Quant à son introduction dans les Antilles, elle est antérieure à 1696, où il est attesté par Plukenet (19) et Sloane (25).

Les fruits du Citrus maxima ont une forme très variable. La plupart des cultivars sont acides et à chair jaune, et contiennent souvent de nombreuses graines. On peut citer Banpeiyu et Mato cultivés au Japon et à Taïwan, Hirado au Japon, Kao Pan et Kao Phuang en Thaïlande. Enfin, le cultivar Tahitian a des fruits qui ressemblent tellement à ceux du Citrus paradisi qu'il est appelé en anglais « Tahitian grapefruit ». C'est à ses graines monoembryonnées et à ses pousses pubescentes que l'on reconnaît qu'il est un Citrus maxima.

Les cultivars acides et roses ou rouges (sanguins) forment un second groupe. On y trouve Pandan Bener et Pandan Wangi de Java, Ogami du Japon et Siamese Pink.

Il existe enfm un groupe de cultivars à chair douce, dont fait partie le Mikado du Japon (= var. dulcis Tanaka 1948).

Hodgson (11) est conscient qu'il ne décrit qu'une faible partie des cultivars asiatiques. Mais peu d'auteurs ont donné des descriptions utilisables, et le travail reste à faire.

Fruits ressemblant aux pamplemousses

Il s'agit d'un ensemble de clones dont l'origine hybride est connue ou supposée.

Hybrides C. paradisi x C. reticulata (mandarine)

Leur nom commun conventionnel est tangelo. La plupart se rapprochent des mandarines. Mais quelques cultivars comme K-Early, Sampson, Sunshine et Pina ressemblent à des pamplemousses de couleur plus ou moins orange.

Wekiwa, à chair rose, est un tangelolo, c'est-à-dire un hybride tangelo x C. paradisi.

Hybrides présumés C. maxima x C. reticulata

  • Hassaku, cultivé au Japon, et dont Tanaka fait une espèce (Citrus hassaku Tan.).
  • Natsudaidai, cultivé au Japon où il est le deuxième agrume en importance. C'est le Citrus natsudaidai Tan.
  • Kinkôji (= C. obovoidea Takahashi).
  • Poorman, appelé Poorman orange en Australie et grapefruit en Nouvelle-Zélande où il constitue les trois quarts des superficies comptabilisées comme « grapefruit ».
  • Smooth Seville, vieil agrume australien.

Hybrides C. paradisi x C. sinensis (orange douce)

Leur nom conventionnel est orangelo.


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Chironja agrume de Porto-Rico, dont le nom (china = orange ; toronja = pamplemousse) a la même signification que orangelo.

Hybrides de C. maxima dont le second parent est inconnu

  • Wheeny est un clone monoembryonné, cultivé en Nouvelle-Zélande où il constitue un quart des superficies de « grapefruit ».
  • Attani (= C. rugulosa Tan.), cultivé en Inde.

Autres hybrides cultivés au Japon :

  • Banôkan (= C. grandis var. banokan Tan.)
  • Hyûganatsu (= C. tamurana Tan.)
  • Kinukawa (= C. glaberrima Tan.)
  • Asahikan (= C. asahikan Tan.)

Hybrides C. maxima x C. limon (citron) ou C. maxima x C. medica (cédrat)

Ce groupe compose les lumies, qui sont des clones méditerranéens qui n'ont plus qu'un intérêt historique. D'après Chapot (4) « elles sont caractérisées par de gros fruits, généralement pyriformes, à chair verte et acide sans amertume marquée ». On y trouve la Poire du Commandeur et le Citron de Bornéo.

La Pomme d'Adam est citée par de nombreux textes historiques. Pour Chapot, c'est une lumie, mais l'historien des agrumes Tolkowsky (30) la considère comme un simple cultivar de C. maxima. Il faudrait bien sûr savoir si ce nom ne s'est pas appliqué dans l'histoire à plusieurs cultivars.

Le « Lemon Shaddock » ou « Cuban Shaddock » est considéré localement comme un chadec, mais présente beaucoup de caractères du cédrat ou du citron. Il s'agit probablement aussi d'une lumie.

A la fin de cet aperçu sur l'ensemble des fruits similaires aux pamplemousses, l'option de Swingle apparaît dans tout son arbitraire botanique. S'il a élevé le C. paradisi au rang d'espèce et lui seul parmi les innombrables clones existants, c'est essentiellement à cause de son importance économique aux États-Unis.

Les noms des pamplemousses dans les principales langues européennes

Nous sommes maintenant mieux à même d'aborder les choses sous l'angle linguistique.

Quand les dictionnaires historiques me le permettaient, j'ai donné les premières attestations connues pour le C. maxima. Mais mon but est de clarifier quel est l'usage actuel dans les principales langues européennes pour désigner les fruits de C. paradisi et de C. maxima.


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Noms anglais

  • 1673 - In the province of Quantung grows a sort of fruit, which by the Chineses is call'd Venku, by the Portuguese, Jamboa ; and by the Hollanders, Pompel-Moes. Nieuhof (Johan) - An Embassy from the East India Company of the United Provinces - London, 229.
  • 1677 - ... pompone. J. Phillips tr. Tavernier's Voy. India III, XXIII, 199.
  • 1696 - The Shaddock tree ... pumpelmus dicto. Sloane (25), 212.
  • 1696 - Belgis orientalibus Pompelmus, Virginiensibus nostratibus (ab Inventoris nomine qui ex Ind. orient. ad oras Americanas primo transtulit) Shaddocks audiunt. Plukenet (19), 239.
  • 1699 - The Pumple-nose. Dampier Voy, II : I, 7, 125.
  • 1704 - The apples call'd pompions by the Dutch. tr. Jan Nieuhof's East Indies in Churchill's Voy, II, 326.
  • 1750 - Forbidden fruit. Hughes (13).
  • 1756 - Forbidden fruit or smaller Shaddock. Browne (3).
  • 1770 - Pumplemoeses, which in the West Indies are called shaddocks. Cook's Voy. Dec. in Hawkesworth's Voy. III, 734.
  • 1773 - Chaddock ... at Ceylon ... they conmonly are called pumple or pimplenoses. E. Ives Voy. India, 468.
  • 1813 - The pamplemousse or shaddock. Maria Graham, Journal India 96.
  • 1814 - The shaddock was originally regarded by Linneus as only a variety of the orange ... There is a variety known by the name of grape-fruit, on account of its resemblance in flavour to the grape ; this fruit is not near so large as the shaddock. J. Lunan. Hortus Jamaicensis II, 171.
  • 1837 - Shaddocks ... when they arrive at their greatest size they are called Pompoleons, or pomplemousses. Penny Cycl. VII, 215/2.
  • 1846 - Shaddock, Pompelmoose, Forbidden fruit and Citron, Indian fruits. Lindley, Veg. Kingd, 458.
  • 1848 - Pompoleons or shaddocks, jamboos ... D.W. Hoffmeister, Trav. Ceylon, 99.
  • 1853 - The shaddock- C. decumana
Forbidden fruit - C. paradisi. Archer (Thomas) - Popular economic botany, 38.
  • 1858 - Pomelloes, a name under which forbidden fruit is sometimes sold in this country by fruiterers. Simmonds, Dict. Trade.
  • 1859 - The Amoy pomelo ... All Year Round, no 1, 17.
  • 1904 - The grapefruit, which is gradually growing in popularity in England. Daily chron. 4 May 10/5.
  • 1905 - I gather that now the name pummelow has been partially adopted in the West Indies, and has come thence to England; but ... 45 or 50 years ago, this name was special to China; the Amoy pummelow, with a pink rose flesh, was specially noted. Sir J.K. Laughton in Let. 19 March.
  • 1888-1939 - Pomelo. Also pomello, pum(m)elo, pomolo, pommelo.
a) In the East Indies, a synonym of the Pompelmoose or Shaddock (Citrus decumana).


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b) In America, applied to the variety or sub-species of Citrus, also called grapefruit and (in the English market) forbidden fruit. OED (18).
  • 1922 - Pomelo. A name sometimes used in the East Indies for pummelo and in the United States for the grapefruit... The use of pomelo (a mere variant of pummelo) for the grapefruit is likely to lead to confusion, especially as growers, shippers, dealers, and consumers, all continue to use the name grapefruit.
Pummelo... In view of this confusing perplexity of similar names, it seems unadvisable to attempt to distinguish by the name pomelo the grapefruit of America from the pummelo of the East Indies.
Shaddock. A name used in the West Indies and Florida for the forms of the pummelo, Citrus grandis. Walter Swingle in Bailey (26 ); II, 27 51, 2857, 3159.
  • 1967 - Pummelo (Citrus maxima (Burm) Merrill.) ... The name, shaddock, has persisted ever since in the West Indies and the United States. Pummelo is the preferred name, however ...
Grapefruit (Citrus paradisi Macfadyen) ... Early in the present century, the name pomelo was proposed and for a time was used by American horticulturists. It was not accepted by the industry, however, and has now virtually disappeared. Hodgson (11).
  • 1974 - Grapefruit. The grapefruit is descended from the pomelo or shaddock.
Pomelos. The pomelo (pummelo) ... is the ancestor of the grapefruit. The fruit is sometimes called a shaddock ... Friedlander (Barbara) - The secrets of the seed. New-York 112, 146.


Après avoir été appelé forbidden fruit ou smaller shaddock, le fruit du C. paradisi est devenu depuis 1814 le grapefruit. Quand sa culture commerciale a vraiment débuté au début du XXe siècle, des Sociétés d'horticulture ont essayé aux États-Unis d'imposer le nom de pomelo, mais c'est l'usage des agriculteurs et des commerçants qui a prévalu, et grapefruit a éliminé ses concurrents dans tous les pays de langue anglaise.

Quant au C. maxima, sa faible importance commerciale et horticole a permis le maintien de deux noms anglais : shaddock en Amérique (Antilles et États-Unis), pummelo en Asie. Les formes du type pompelmoose semblent avoir disparu.

Noms français

  • 1665 - Les fruits... de Jamboa, qui sont limons nommés des Chinois Yeuçu, des Hollandais Pompelmones et autres...
Et entr'autres la Province de Quantung en produit un vrayement rare, et particulier, que les Chinois nomment Yenchu, les Portugais Jamboa, les Arabes Tupha... et les Hollandais Pompelmoes... La chair est rougeâtre, et aigre-douce, et a le goust d'un raisin qui n'est pas tout à fait meur... Ce fruit se peut garder un an tout entier estant pendu, et les Chinois en


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mangent ordinairement à l'entrée de table, et par fois entre deux repas. Nieuhof (Johan), L'ambassade de la Compagnie Orientale des Provinces-Unies-Leyde, J. de Meurs, I, 65 ; II, 88. (Attestation trouvée par Arveiller (Raymond), Contribution à l'étude des termes de voyage en français. Paris, 1963. 389).
  • 1666 - Outre tous ces fruits, il y en a une sorte que les Chinois nomment Yeuçu, les Portugais Jamboa, et les Hollandais Pompelmoes... Nieuhof (Johan), Ambassade des Hollandais in Thévenot. Relation de divers voyages curieux, III, 4, 165.
  • 1666 - Pompelmous, espèce de grosse orange, originaire des Tropiques, FEW.
  • 1676 - Pompone. Tavernier, Voyage aux Indes, Paris.
  • 1688 - Pampelmouse FEW.
  • 1697 - Pampelimouse FEW.
  • 1705 - Pumple-nose FEW.
  • 1705 - Pamplemousse FEW.
  • 1775 - Limon de Valence, Pomme d'Adam. Limonia fructu maxima, rotundo, crassiori cortice dulci.
Pompoleum. Aurantia ... fructo maxima, sub-globoso, crassa cortice.
Chadec ou Shaddeck. Aurantia fructu maximo, subconico-truncato, crassa cortice - Cet arbre, qu'on regarde comme une variété du Pompoleum...
Pompelmous ou Pompelmoës. Aurantia fructu omnium maximo, subrotundo, crassa cortice. Cet arbre que quelques-uns confondent avec le Chadec et le Pompoleum, est, dit-on, originaire de Surinam. Le Berryais, Traité des jardins, I, 227, 230, 1-2.
  • 1779 - Citrus pompoleum ; la Pompadour.
Citrus chadec seu max., la Tête d'enfant. Buisson (J.) Classes et noms de plantes, Paris, 102.
  • 1797 - Oranger pampelmouse. Citrus decumana. Vulg. Chadock ou Schaddeck ; pampelmouse ; tête d'enfant... Il présente plusieurs variétés, dont les principales sont désignées sous le nom de pampelmouse. Poiret, Oranger. Citrus, in Lamarck, Encycl. méth. bot., 4 : 575-82.
  • 1811 - 1) Citrus aurantium Indicum fructu maximo, citrato, vulgo Pomum Adami.
Lumie d'Espagne : Pomme d'Adam : à Paris Pompoléon. La plupart des botanistes ont confondu la pomme d'Adam avec le pompolmoes ou pampelmous, et les ont réunis tous les deux sous le nom de Citrus decumanum... La pomme d'Adam est une des hybrides le plus anciennement connues : nous en trouvons la description dans l'Histoire de Jérusalem, de Jacques de Vitry, et dans la plupart des ouvrages des auteurs arabes, qui la connaissaient sous le nom de laysamou ou zambau. Elle a été connue... par l'Espagnol Herrera, sous le nom de toronjo ou samboas.
2) Citrus aurantium decumanum fructu omnium maximo, medulla dulci.
Oranger Pompelmous.
J'ignore si cet arbre est cultivé en Europe : j'ai été plusieurs fois visiter


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exprès des jardins, soit en Italie, soit en Espagne, dans lesquels on prétendait le posséder, mais j'ai toujours reconnu que ce n'étoit que la pomme d'Adam. Gallesio (8).
  • 1819 - Citrus Limonium Pomum Adami - Limonier Pomme d'Adam. Ses caractères extérieurs pourraient le faire présumer être un pompelmous, mais son écorce ponctuée, épaisse, sèche, très adhérente à la chair, le placent naturellement parmi les Limoniers.
Citrus Limonium ollulaeforme - Limon à forme de Jarre. Pompelmous Potiron.
[le nom] de pompelmous qu'il porte à la Guyane-Française ...
Citrus decumana - Citronier Pampelmouse. vulg. Pompelmouse, Chaddock ou Schaddeck. Loiseleur-Deslongchamps (t. 15 : 88, 89 et 107).
  • 1818-22 - Nous employons le mot pompelmouse, déjà connu, comme une sorte de nom générique, pour désigner la petite tribu qui nous occupe, et nous laisserons à chacune des espèces ou variétés qui la composent, l'épithète par laquelle on a coutume de la distinguer.
    • Pompelmouse pompoléon.
    • Pompoléon ordinaire/Pompoleone ordinario.
    • Pompoléon à feuilles crépues/Pompoleone a foglia crispata.
    • Pompelmouse chadec/Citrus pompelmos chadock/Pompoleone detto chadec.
Le Berriays est le premier auteur, à notre connaissance, qui ait décrit à part le pompelmouse, le pompoléon et le chadec.
  • Pompelmouse petit chadec/Pompelmos chadec minor/Pompoleone piccolo chadec.
Le chevalier de Tussac, auteur de la Flore des Antilles, a observé à la Jamaïque un petit pompelmouse que les Anglais appellent forbidden fruit or smaller shaddoc... il est d'un goût si exquis que les habitans de la Jamaïque lui ont donné le nom pompeux de fruit défendu.
  • Pompelmouse à grappe/Citrus pompelmos racemosus/Pompoleone a grappo.
L'auteur de la Flore des Antilles a également observé ce pompelmouse cultivé à la Jamaïque où les habitans l'appellent Grape-fruit, fruit en grappe. Risso et Poiteau, 127-131 (23).
  • 1824 - Citrus decumana.
L'espèce de citronnier que les Français, dans les Antilles, nomment chadec, ou panpelmouse, et les Anglais de la Jamaïque schaddocc... J'ai eu l'occasion d'observer à la Jamaïque... , une espèce de chadec dont les fruits, qui n'excèdent pas en grosseur une belle orange, sont disposés en grappes ; les Anglais de la Jamaïque donnent à ce fruit le nom de forbidden fruit, fruit défendu, ou smaller schaddocc, petit chadec... On fait avec les écorces de chadecs de très bonnes confitures sèches, qu'on envoie en Europe. Tussac (Fr. Richard de), Flore des Antilles, Paris, t. III : 73-4.
  • 1827 - Citrus decumanus - chadeck. Thouin (André), Cours de culture, Paris, t. I: 73.


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  • 1871 - Le pompoléon ou chadec, nommé aussi pamplemousse et pompelmouse (C. decumana). Decaisne & Naudin, Manuel de l'amateur des jardins, Paris, IV, 580.
  • 1912 - Pamplemoussier - Citrus decumana.
Les pamplemousses sont d'introduction récente dans les pays tempérés ; ce n'est que depuis quelques années que nous en possédons des races comestibles. Les Anglais connaissent les pamplemousses sous le nom de shaddock, pumelo, pompelmos. On dit encore pompoléon, chadok, grape fruit, pomelo. Lumie du commandeur, orange de la Barbade.
Voici quelques hybrides : Pomelo ou grape-fruit. Le fruit est devenu très à la mode aux États-Unis. Il est couramment servi à bord des paquebots faisant la traversée de l'Atlantique, entre New York et l'Europe. Hubert, 173-176 (12).
  • 1917 - Citrus decumana Murray. Pamplemoussier.
Les pamplemousses consommés par les populations civilisées des contrées chaudes et qui arrivent jusque sur les marchés d'Europe sont des hybrides rentrant dans le groupe des Pomelos.
Pomelos (C. decumana x C. aurantium).
C'est semble-t-il, le C. paradisi de Macfadyen et ses deux variétés pyriformis et maliformis... ; on les confond très souvent avec les vrais pamplemoussiers. [Ils sont cultivés] principalement en Floride et en Californie où on les désigne souvent sous le nom de Grape fruit à cause de leurs inflorescences. Guillaumin, 25-27, 47-48 (9).
  • 1924 - Pamplemoussier ou pompoléon. Citrus decumana. Le pamplemoussier ou chadeck est un bel arbrisseau ... Ses fruits, non directement comestibles, sont consommés après différentes préparations de confiserie. Rivière (Ch.) et Lecq, Cultures du midi, ed. 3, Paris, I, 281. (Pas d'entrée à pomelo).
  • 1927 - Le C. decumana Murray ou Pamplemoussier, dont le fruit est connu sous le nom de pamplemousse, pompoléon, pomélo, est probablement originaire de l'Insulinde, d'où il se serait répandu en Asie et en Océanie.
Les Pamplemousses que l'on consomme aujourd'hui dans un grand nombre de pays chauds, et qui arrivent sur nos marchés d'Europe, sont très probablement des hybrides. On les appelle Grape-fruit (C. paradisi Macferlane [sic])... Dans le type de l'espèce, le fruit : pompoléon ou shaddock, énorme, est à peine comestible. Bois (Désiré), Les plantes alimentaires, Paris, I, 77-78.
  • 1929 - Pamplemousse, Pompoléon, Pommier d'Adam, Chadec (C. decumana DC). Les fruits sont de pure curiosité ou de fantaisie. On les remarque fréquemment sur les marchés de Nice pendant l'hiver. Sauvaigo, Les cultures sur le littoral de la Méditerranée, Paris, 410 (Pas d'entrée à pomelo).
  • 1939 - Citrus decumana. C'est le pamplemoussier, ou encore le pompoléon ou shaddock. Ses fruits globuleux atteignent la grosseur d'un melon. On en confit l'écorce comme celle des cédrats. Depuis une vingtaine d'années toutefois les Américains, par les semis et la culture, ont obtenu


[67]

des variétés améliorées, qu'on appelle plus spécialement pomelus [sic] ou grape-fruits. Jumelle (Henri), Cultures coloniales, III, Légumes et fruits, 101.
  • 1945 - Grapefruits (pomélos). De tous les agrumes, ce sont les grapefruits qui ont été le plus multipliés entre 1919 et 1939... L'aire de culture du pomélo demeura longtemps limitée au continent américain. Robert (Paul), L'évolution de la production des agrumes in Fruits d'Outre-Mer, vol. 1, (3) : 80.
  • 1946 - « Pamplemousse » ou « Pomelo » ? Deux noms indifféremment donnés par le public des consommateurs, à deux fruits... confondus sous le seul vocable de « Pamplemousse »... Or, et peut-être parce que le nom de « Pamplemousse » est d'usage plus ancien et de consonance plus française, ou peut-être encore à cause d'une vague ressemblance entre les deux attributaires, c'est lui qui prévaut et sert aux consommateurs à désigner les deux fruits, créant ainsi une confusion regrettable au préjudice du « Pomelo » qui est une de nos plus belles acquisitions fruitières de ce siècle... Une récente promenade sur les marchés parisiens nous a permis en effet de constater que la même équivoque regrettable, que nous avons signalée il y a dix ans dans la presse agricole spéciale, persiste encore aujourd'hui dans le commerce et la consommation du « Pomelo ». Brichet, 297-300 (2).
  • 1950 - Parmi les consommateurs français, il en est peu qui fassent une différence entre le Pamplemousse et le Pomelo ou Grape-fruit... Les Agrumes consommés en France sous le nom de Pamplemousse sont en réalité des Pomelos ou Grape-fruits. Il est même peu probable que le marché français ait jamais reçu une quantité marquée de Pamplemousses.
Le Pamplemousse (Citrus grandis Osbeck) est le nom le plus employé en français ... Le Pamplemousse est connu également sous le nom de Chadèque, dérivé de l'anglais Shaddock.
Le Grape-fruit (Citrus paradisi Macfadyen) est connu sous ce nom tant en France que dans les pays anglo-saxons. C'est notamment la dénomination adoptée d'abord en Californie et au Texas. Par contre, en Floride, puis maintenant dans le reste des États-Unis, le nom de Pomelo est utilisé, à tort puisque cette appellation n'est qu'une des nombreuses dérivations du mot Pummelo (pumelow, pumelo) ; quant à l'Afrique du Nord (Maroc et Algérie notamment), seul le mot Pomelo est utilisé, en particulier dans les pépinières et sur les étiquettes des caisses d'exportation. Il n'est malheureusement pas possible de réformer cet usage. Il semble donc que soient définitivement adoptées les dénominations françaises suivantes : C. grandis Osb. = pamplemousse ; C. paradisi Macf. = pomelo (au lieu de grape-fruit). Chapot, 62-63 (4).
  • 1964 - Citrus. Citrus grandis Osbeck. Pamplemoussier.
Citrus paradisi Macf. Grapefruit, Pomelo, appelé souvent à tort « Pamplemousse ».
Grapefruit ou Pomelo. C. paradisi Macf. Fruits vendus sur les marchés


[68]

européens, notamment en France, sous le nom de « Pamplemousses ». Le Bon Jardinier, éd. 152 : 1077-1232.
  • 1964 - Dans la francophonie en général, on nomme « pamplemousse » le fruit qui devrait normalement s'appeler pomelo ou « grapefruit ». En effet, le fruit qu'on trouve dans le commerce est le Citrus paradisi dont le vrai nom est pomelo ; le véritable pamplemousse est le Citrus grandis. Cependant, étant donné que l'on utilise ce mot, en France comme ici, depuis de très nombreuses années, l'OLF propose de conserver pamplemousse, d'autant plus que le vrai pamplemousse ne se trouve pas dans le commerce international. Office de la Langue Française, Lexique anglais-français des fruits et légumes, Montréal, 61, note 19.
  • 1973 - Pamplemousse vrai/Pummelo, Shaddock/Citrus grandis (L.) Osbeck. Pomélo/Grapefruit/Citrus paradisi Macfadyen. AFNOR, Norme V 00-200, oct. 1973, Fruits. Nomenclature.
  • 1974 - Pamplemousse (Pomelo, Shaddock, Grapefruit). Gros agrume juteux, habituellement jaune pâle. Originaire de Chine, puis introduit aux Antilles par un certain capitaine Shaddock, d'où son nom, il est maintenant cultivé en plusieurs variétés dans la plupart des pays chauds, à travers le monde. Les variétés colorées sont connues sous le nom de « pomelos » et sont plus sucrées. Goode (John), Les Fruits, Montréal, 155-6.


  • Nomenclature utilisée par les Douanes des pays francophones (en 1978):
- France : deux rubriques :
Pamplemousses Pomélos
TOTAL importé (en t.) 84 893 25 547
dont
États-Unis 32 472 6 610
Israël 39 843 3 665
Espagne 36 3 878
Afrique du Sud 4 482 2 808
Argentine 2 705 3 694


- Belgique 0802-700 Pamplemousses (français)/Pompelmoezen (néerlandais)
- Canada 71-15 Grapefruit (anglais)/Pamplemousses (français)
- Suisse 0802-30 Grapefruit und andere (allemand)/Grape-fruits et autres (français).


  • Nomenclature utilisée par d'autres organismes :
- INSEE: Prix moyens au détail : - pamplemousses jaunes ; - pamplemousses roses.
- Service de la Répression des Fraudes (chargé d'appliquer la normalisation des fruits et légumes) : pomélos.
- SEMMARIS (Marché de Rungis) : Note de conjoncture no 18.1979 : « Pamplemousses. La France importe chaque année environ 100 000 t de pomelos, improprement appelés pamplemousses ». L'auteur de l'article n'emploie ensuite que pomelo. On remarquera que bien qu'il soit « impropre », c'est bien pamplemousse qu'il a choisi comme titre.


[69]

- POMONA (la plus grosse société de distribution de fruits et légumes en France) utilise pomelo.
- Publicité de Jaffa (Israël) : grapefruit (anglais)/Grapefruit (allemand)/ pamplemousse (français) in Eurofruit no 5, mai 1979 (revue trilingue du commerce des fruits et légumes).


Risso a pris le mot pamplemousse pour désigner l'ensemble des cultivars de C. maxima, mais ce mot n'a jamais vraiment éliminé ses concurrents; Pompoléon a continué à désigner des cultivars ornementaux sur le littoral méditerranéen jusqu'à l'époque moderne. Chadec est le terme actuellement employé aux Antilles françaises.

Quant aux fruits du C. paradisi, l'opinion des auteurs modernes cités peut se traduire ainsi : il faut dire pomélo, même si tout le monde dit pamplemousse. En fait, au début du siècle, le C. paradisi était généralement considéré comme une forme du C. maxima, tout au plus comme un de ses hybrides. Il rentrait donc dans la catégorie des pamplemousses. Puis au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l'Afrique du Nord s'est mise à en produire ; les uns parlaient alors de grapefruits, mais ce mot à consonances anglaises a été rejeté par les « spécialistes » au profit d'un autre mot anglais, pomélo. Depuis lors, agronomes et fonctionnaires ont choisi pomélo.

Mais l'évidence saute aux yeux même de ses partisans : l'usage de pamplemousse est général en français contemporain, en dehors du cercle des spécialistes. Il en a d'ailleurs été ainsi depuis l'apparition des fruits du C. paradisi sur le marché français. C'est le mot retenu par les dictionnaires de langues et par tous les livres de cuisine. Mais la confusion engendrée par cette double dénomination a eu un effet curieux : les Douanes françaises ont créé deux rubriques pour un seul produit, et le résultat est intéressant : alors que les Services officiels préconisent de dire pomélo, plus des trois quarts des importations (84 893 t sur 110 440 t) sont déclarées comme pamplemousses, ce qui veut dire qu'importateurs et douaniers sont d'accord pour les appeler pamplemousses. Seules l'Espagne et l'Argentine, où le nom espagnol officiel est précisément pomelo, réalisent le gros de leurs envois sous ce nom.

Autre constatation : le jus n'est commercialisé que sous le nom de jus de pamplemousse. Personne n'a apparemment songé à faire du « jus de pomélo ».

Noms néerlandais

  • [1665 - (un fruit) que les Chinois nomment Yenchu ... et les Hollandais Pompelmoes. Nieuhof (Johan). L'ambassade de la Compagnie Orientale des Pays-Bas-Leyde. J. de Meurs. II, 88 (trad. française du suivant).]
  • 1670 - Byna nergens, als in't landtschap Quantung, komt ook een zekre vrucht voort, die van de Sinezen Venku, van de Portugezen Jamboa, en van de Hollanders Pompel-moes genoemt wort. Nieuhof (Johan), Het Gezantschap der Neêrlandtsche Oostindische Compagnie, Amsterdam, J. van Meurs. II, 144.


[70]

  • 1682 - De vruchten of appelen, pompelmoesen by d'onzen, by de Portugesen Jamboa, by de Malayers en by de Sinezen Thoe genoemt, groeien byna nergens in gantsch Indiën, als op groot Java, en binnen en buiten Batavia, in verscheide hoven. Nieuhof (Johan), Gedenkwaerdige zee- en lantreize... , Amsterdam, J. de Meurs. II, 235.
  • 1741 - Limo Decumanus, Pompelmoes. In't Latyn Limo Decumanus, in't Maleyts, Lemon Cassomba, dat is, roode Limoen van de vleesige coleur, zommige noemenze in't Maleyts Jamboa, na't Portugeeze Samboa, het welk eigentlyk de Pomp-Sires, of Adams Appelen in Spangien beduit ... ; op't Javaans Djurru of Djerru Matsjang, dat is Limo tigrinus... ; in't Duits Pompelmoes. Rumphius II, 34,96-97 (24).
  • 1971 - Pompelmoes (Grapefruit). C. paradisi L. Hyass (Else). Nuttige planten in Kleur - Amsterdam. 172.
  • 1976 - Grapefruit. (C. paradisi) grapefruit.
Pompelmoes. (C. paradisi) grapefruit ; (C. grandis) shaddock. Huitenga (T.), Nederlands-Engels woordenboek voor landbouw-wetenschappen. 154, 359.
  • 1978 - Pompelmoes (C. grandis). De pompelmoes heeft zeer grote, zurige vruchten met dikke gele schil.
Grapefruit (C. paradisi). De grote bleekgele of groenige, kogelronde vruchten doen denken aan die de Pompelmoes. Høst (Ole), Tropische en subtropische vruchten en groenten - Zutphen. 55-7.


  • Nomenclatures douanières :
Pays-Bas : 0802-700 Pompelmoezen en Pomelo's.
Belgique : 0802-700 Pamplemousses (fr.)/Pompelmoezen (n.).


La langue commerciale a adopté grapefruit pour les fruits du C. paradisi. Seule une enquête directe permettrait de dire dans quelles couches de la population et dans quelles régions le mot pompelmoes subsiste dans ce sens. J'ai tout lieu de penser que c'est le cas en Flandre.

Par contre, du fait de l'implantation d'une forte colonie indonésienne aux Pays-Bas, et de l'influence de leur cuisine, on y trouve parfois sur les marchés des fruits de C. maxima, appelés djeroek Bali.

Noms allemands

  • 1710 - Vom Baum Limon oder Matzschan, Tieger-Limonen, von denen Hollandern Pumpelmus genannt. Diese Frucht ... wachsen in grosser Menge ausser Batavia, theils in der J avaner ihren gehegten Feldern, als der Hollander ihren Baum- und Lust-Garten. Meister (Georg), Der orientalisch indianische Kunst- und Lustgartner, Dresden, C. Hekel.
  • 1955- Pampelmusen. An Pampelmusen (Grapefruits) wurden 1950/5160000 t nach Westeuropa ... eingeführt. Bàade (Frist), Obst und Gemüse in Westeuropa, Hiltrup bei Münster. 139.


[71]

  • 1957 - Doch scheidet die Handelssprache kaum zwischen der grossfrüchtigen, sehr dickschalligen, fast pappigen und eher birnenformigen Pampelmuse, die heute kaum noch den Handel kommt, und zwischen der kleineren, weniger dickschaligen, festen und runden Grapefruit, die allein den Handel interessiert, und gebraucht beide Bezeichnungen zumeist gleichbedeutend. Dassler (Ernst), Warenkunde für den Fruchthandel, Berlin. 63.
  • 1967 - Die Grapefruit wird bei uns zuweilen falschlich als Pampelmuse bezeichnet. Conert (Hans J.), Nutzpflanzen in Farben, Ravensburg.
  • 1975 - Die Pampelmuse ist durch die Grapefruit fast vollig verdrangt worden. Sie ist erheblich grosser ais die Grapefruit und kann ein Gewicht bis zu 6 kg erreichen.
Neuerdings werden Pampelmusen unter den Namen Pomelo von Thaïland angeboten. Hofman (Holger), Exotische Früchte und Gemüse. ed 2. 76.
  • 1977 - Pampelmuse. Die Pampelmuse, auch Adamsapfel oder Shaddok genannt...
Grapefrucht. Etwa 90% der Weltproduktion dieser wertvollen Früchte, die oft falschlich als Pampelmusen deklariert werden, stammen aus den U.S.A. Franke (Gunther) et al., Früchte der Erde, Berlin. 156.


  • Nomenclature utilisée par les Douanes des pays germanophones :
- R.F.A. 0802-700 Pampelmusen und Grapefruits
- Autriche : 0802-40 Grapefruit
- Suisse : 0802-30 Grapefruit und andere / Grape-fruits et autres


  • Publicité de Jaffa (Israël) : Grapefruit in Eurofruit no 5, mai 1979.


Les deux noms Pampelmuse et Grapefruit continuent à se côtoyer en allemand moderne pour désigner les fruits du C. paradisi.

Mais la langue commerciale n'emploie que Grapefruit, et ce nom semble en passe d'éliminer son concurrent auprès des consommateurs. La forme Grapefrucht utilisée par Franke ne représente qu'une initiative individuelle pour germaniser le mot.

Enfin, Pomelo serait employé pour désigner des fruits de C. maxima en provenance de Thaïlande.

Noms italiens

  • 1818-22 - Pompoleone = pompelmouse ou pompoléon d'après Risso (23, 127- 131).
  • 1970 - C. paradisi Pompelmo o Grapefruit.
C. grandis - Pommelo o Testa di Turco o Shaddock. Russo (Francesco), Botanica degli agrumi in Istituto di Tecnica e Propaganda Agraria, Tutto sugli agrumi. 40.
  • 1972 - All'inizio del 1800, il pompelmo è già presente nell'isola di Jamaica dove


[72]

ha assunto la denominazione di Smaller Shaddock (che significa più piccolo dello Shaddock, dove per quest'ultimo deve intendersi il pomelo). Crescimanno (Francesco), Calabrese (Francesco), Il pompelmo, Roma, 9.
  • 1973 - Il pompelmo o pomelo (C. grandis o... C. maxima). In effetti, il pompelmo cosí indicato sarebbe una forma adatta solo a scopo ornamentale e quella che veramente fornisce frutti eduli sarebbe la varietà uva carpa.
Il pompelmo, il grapefruit degli americani, è attualmente in una fase di grande espansione. Bianchini (Francesco) & Corbetta (Francesco), I frutti della terra, Milano. 182-4.
  • 1977 - C. paradisi. Pompelmo o Grapefruit.
C. grandis. Pomelo o pummelo. Questa specie, chiamata anche Testa del Turco o Shaddock, non si deve confondere con il pompelmo come comunemente accade. Uta-Federconsorzi-Agrumicoltura, Roma. 14-33.


  • Nomenclature douanière italienne : 0802-700 Pompelmi et pomeli.


En italien contemporain, pompelmo désigne le C. paradisi, sans ambiguïté. Le recours à pomelo, pommelo ou pummelo pour C. maxima semble être un décalque de l'anglais. Il serait intéressant de savoir à quoi s'appliquait le mot pompelmo avant l'introduction du C. paradisi, vu que pompoleone et pomo d'Adamo étaient également employés pour des cultivars de C. maxima.

Noms espagnols

  • 1957 - Cidra. Citrus medica L. La fruta es grande, de cáscara gruesa y algo parecida al grapefruit. Se usa para sonservas. Sin : Toronjas.
Toronja. Citrus grandis (L.) Osbeck. Conocido corrientemente como Grape Fruit. Pittier (Henri), Ensayo sobre plantas usuales de Costa-Rica, San José. 89, 207.
  • 1959 - C. paradisi Macf. Pomelo, Grape-fruit.
C. grandis (L.) Osbeck, llamado pummelo en América del Norte, practicamente no se cultiva en el país. Parodi (Lorenzo), Enciclopedia argentina de Agricultura y jardinería I, 525.
  • 1960 - Grapefruit. C. paradisi Macf.
Toronja. C. grandis (L.) Osbeck. Schnee (Ludwig), Plantas comunes de Venezuela, Maracay. 298, 587.
  • 1965 - Toronja. El toronjo (C. paradisi) es probable que se originara en las Antillas como una variación espontanea del pomelo o quizá como un híbrido de este ultimo y el naranjo dulce. El pomelo (C. grandis) es indigena de Malaya y de Polinesia ... El fruto se parece a la toronja, pero es mucho mayor ... Esta especie fue introducida en las Antillas por el capitan Shaddock. El pomelo ha dado origen al toronjo. Hill (Albert), Botanica econ6mica. Barcelona, 463-6 (traduit de l'anglais).
  • 1965 - D - Los Grapefruits. C. paradisi Macf.
E - Los Pummelos (o Shaddocks). C.grandis (L.) Osbeck.


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Creemos que la llamada Toronja (no el Grapefruit) sea un limón dulce. Serpa (D.), Nomenclatura y clasificación de las cítricas en Venezuela. Maracay in Rev. Fac. Agron. 3 (4) : 7.
  • 1967- Pomelo. Corresponde a los frutos de la variedad « C. paradisis » Macf. Existe cierta confusión sobre el nombre vulgar de los frutos de esta especie, que unos designan con el nombre de pomelo y otros con el de toronja. Espagne ; Min. Agric. - Anuario est. de la prod. agric., 548.
  • 1967 - Mexican terms used for citrus fruits :
toronja (Federal District and Veracruz), grapefruit.
pomelo (Nuevo León and Tamaulipas ), grapefruit.
  • Chilean words for citrus varieties :
pomelo, grapefruit.
  • Peruvian citrus :
toronja, grapefruit. Burke (Henry), The commercial Citrus regions of the World in Reuther 59, 164, 167 (22).
  • 1970 - Azamboa (del ar. az-zambu'a, la toronja) f. Fruto del azamboero, variedad de cidra muy arrugada.
Pomelo m. En algunas partes, toronja.
Toronja (del ar. turunja, cidra) f. Cidra de forma globosa como lanaranja.
Zamboa (del ar. zambu'a, cidra) f. Especie de toronja, azamboa. Real Academia, Diccionario de la lengua española. ed. 19.
  • 1972 - Toronja - Produce frutas muy parecidas a la naranja pero mas grandes y rugosas. Sus gruesas cáscaras cocidas en miel son un dulce de primera calidad, y de su pulpa se hacen exquisitas conservas. La toronja es verde y esférica y no debe confundirse con la cidra que es oblonga y casi amarilla. Valle (Alfonso). Diccionario del habla nicaragüense ed. 2. Managua. 288.
  • 1974 - Pomela (C. grandis Osb.) f. Especie de toronja o naranja grande, recientemente introducida como fruta de mesa, cuyo jugo amargoso se tiene por digestivo y aun medicinal. Dícese también pomelo... Es el conocido grape fruit de los norteamericanos (La Academia llama pomelo a la toronja, y toronja a la cidra, luego este fruto es el pomelo. Aquí se usa mas como femenino, particularmente en Veracruz, y no se dice de toda ni de cualquier clase de toronja.
Pomelo m. Pomela, toronja de mesa.
Toronja f. La toronja típica que no es la cidra de que habla el Diccionario, ha sido identificada propiamente en esta descripción del Prof. D. Alfonso Valle... Santamaría (Francisco), Diccionario de mejicanismos, ed. 2 Méjico. 877, 1076.
  • 1978 - Toronja. C. grandis.
Pomelo. C. paradisi. Palacios (Jorge), Citricultura maderna, Buenos-Aires.


  • Nomenclatures douanières :
Mexique (1976) 0802.A.04. toronja.
Marché commun Centre-Américain (1972) 051.01.00.52 toronjas.


[74]

Honduras (1977) 051.01.00.52 toronjas.
Vénézuéla (1975) 0802.0004 pomelos (toronjas).
Colombie (1977) 0802.0004 pomelos (toronjas).
Pérou (1977) 0802.00.04.00 pomelos ( toronjas).
Uruguay (1977) pomelos.
Argentine (1974) 0802.02.02 pomelos.
Espagne (1978) 0802.210 pomelos.


Toronja, pomelo et grapefruit (prononcé [grɛpfrut]) coexistent en espagnol pour désigner les fruits du C. paradisi Macf. (mis à part le pomela de Santamaría). Dans les pays où le C. paradisi est connu depuis longtemps (Caraïbes, Amérique Centrale, Mexique), le nom du C. maxima (toronja) s'est appliqué au C. paradisi. Par contre, pomelo s'est introduit partiellement au Mexique, probablement sous l'influence des États-Unis. Et les pays du Cône Sud (Argentine, Uruguay, Chili) ainsi que l'Espagne ont introduit l'arbre sous le nom de pomelo, qui a pour lui de paraître espagnol, bien qu'il soit d'origine anglaise. Il faut cependant préciser qu'en Espagne, le fruit est encore peu connu des consommateurs. L'usage espagnol peut avoir été favorisé par le choix de pomelo dans les ouvrages français.

Enfin dans certains pays comme l'Amérique Centrale, le Vénézuéla... toronja risque d'être submergé par grapefruit. Ce dernier mot est souvent le seul connu du consommateur dans ces régions proches des États-Unis.

Quant au C. maxima, il est connu depuis longtemps en Espagne sous les noms de toronja et zamboa (ou azamboa), tous les deux d'origine arabe. Le mot toronja subit un sort curieux dans les dictionnaires espagnols : pour la Real Academia, c'est un « cédrat de forme globuleuse comme l'orange », pour d'autres une « espèce de cédrat ». Seule une étude historique fine permettrait de conclure à quels cultivars de cédrats, lumies ou pamplemousses a été appliqué ce mot en Espagne. Nous savons par Tolkowsky (30) que trunj ou turunj désigne divers agrumes en arabe (la bigarade en Syrie et au nord de la Palestine, le cédrat au sud de la Palestine). Qui plus est, taronja (pl. taronges) désigne l'orange douce en catalan, donc dans la région d'Espagne qui en produit le plus (Valence), et c'est naronja ou aranja qui serait l'équivalent catalan du castillan toronja (Labernia 14, Masclans 17), auquel cas on aurait une inversion pure et simple du sens de ces termes entre les deux langues.

Noms portugais

  • 1949-59- Toranja. Fruto de toranjeira, o mesmo que toronja e turíngia.
Toranjeira. Nome vulgar da C. maxima (Burm.). Merr. (Morais Silva, Grande dic. da ling. port., Lisboa).
  • 1961-67- Pomelo. Árvore da família Rutaceas (C. racemosa)
Toranja. O mesmo que toronja.
Toranja. Árvore da família Rutaceas (C. decumana).


[75]

Zamboa. Especie de cidra. Nascentes (Antenor). Diccionario da lingua portuguêsa. Rio de Janeiro.
  • 1977- Toranjas. Pamplemousses. Produção 1265 t. Instit. Nac. de Estatís. - Estatísticas Agrícolas.


  • Nomenclature douanière brésilienne : 0802.0400 Pomelos.


Actuellement au Portugal, les fruits du C. paradisi sont peu connus, mais sont appelés toranja. Par contre, le Brésil semble préférer pomelo.

Histoire des mots pamplemousse et pomélo

Littré faisait venir pamplemousse du tamoul bambolmas. En fait, le mot tamoul comme le français viennent du néerlandais pompelmoes. Boulan (1, 148) l'interprète comme étant une contraction de pompel-limoes, d'un adjectif pompel, « gros, épais ». Mais je n'ai pas trouvé trace de cet adjectif. L'O.E.D. propose pompoen-limoes, de pompoen, «courge, citrouille». En faveur de pompoen plaide la forme pompone attestée en français (Tavernier 16 7 6) et les formes pompone, pompion, pumpion attestées en anglais. Quant à limoes, de nombreux auteurs le font venir du portugais limão (pl. limões), qui désigne actuellement le citron, mais a servi jadis à désigner toutes sortes d'agrumes. En fait, ce mot se retrouve aussi en arabe (limun) et en malais (limau). Il est donc difficile de préciser de quelle langue il a été emprunté pour créer pompelmoes. La plupart des noms indiens du pamplemousse viennent du néerlandais, et en malais, les noms modernes font référence à sa taille : limau besar (gros), ou à sa provenance : limau Betawi (batave = hollandais), djeruk bali (de Bali). Les Hollandais ont largement diffusé ce fruit en Asie comme en Europe. Les marins devaient beaucoup l'apprécier ; comme dit Rumphius (24, 96) « c'est un fruit excellent pour les voyages en mer, car on peut le conserver longtemps sans qu'il pourrisse ».

L'origine du mot pomelo est controversée. Certains y voient un dérivé latin (savant ?), de pomum-melo. D'autres se limitent à dire que son origine est incertaine. Certains enfin le rapprochent de pamplemousse. Les innombrables formes anglaises données par l'O.E.D. me semblent corroborer cette opinion. Pomelo est plus usité en anglais sous la forme pummelo, avec les variantes pomello, pommelo, pumelo, pomolo, pummelow, mais aussi pummelion, pommelion, pummelnose, où l'on constate la chute d'un p par rapport à leurs doublets pompoleon et pumplenose, pumblenose ou pompelmoose.

Pomélo n'est donc qu'un des avatars anglo-américains du mot pamplemousse, ceci dit au risque de chagriner les partisans de pomélo, qui voient en lui « le vrai nom du C. paradisi »).


[76]

Discussion

Nous avons tenté d'éclaircir la situation dans quelques langues européennes. Il en ressort qu'elle est souvent confuse, mais surtout parce qu'il y conflit entre plusieurs usages. En français, le problème est différent. Nous avons affaire à une norme qui s'oppose à un usage. Tout au plus pourrait-on dire que la norme est l'usage des spécialistes. Mais même parmi eux, elles ne se maintient que par un effort conscient d'auto-censure dans leurs publications. Nous allons donc essayer de battre en brèche les différents arguments sur lesquels ils s'appuient.

Nous avons vu que les botanistes modernes distinguent deux espèces, C. maxima et C. paradisi. Certains auteurs décident en conséquence de faire de pamplemousse un équivalent français de C. maxima, et de pomelo un équivalent de C. paradisi. C'est là faire preuve d'une totale méconnaissance entre taxonomie scientifique et taxonomie populaire. Il n'y a aucune raison pour que le concept de pamplemousse ait les mêmes limites que celles de l'espèce botanique C. maxima. Ceci est bien illustré par le mot orange, qui comprend les fruits du C. sinensis, mais aussi ceux du C. aurantium, c'est-à-dire les oranges amères.

Qui plus est, C. paradisi n'a pas le même statut que C. maxima ; c'est une espèce affine de ce dernier, et son importance économique n'est peut-être pas pour rien dans la décision des botanistes de l'élever au rang d'espèce.

Un autre type d'objections est bien représenté par l'article de Brichet (2). Pour lui, « le fait de laisser le public confondre sous un même nom « pamplemousse » et « pomelo », qui peut apparaître à certains comme un détail sans intérêt, revêt au contraire une importance considérable par ses répercussions sur le développement agricole d'un pays ». La persistance de cette équivoque paralyse (en 1946) « indirectement mais non moins sûrement le développement de la production de ce précieux agrume sur nos terres Nord-Africaines ». Brichet accorde, on le voit, un rôle magique au choix d'un nom. Le pamplemousse est loin d'être la seule plante cultivée où coexistent des cultivars de valeur alimentaire très inégale. Et si « on tolère encore aujourd'hui la vente de vrais Pomelos mélangés dans un même panier, dans un même casier d'étalage, avec de vrais Pamplemousses » c'est là un problème de répression des fraudes, et non de langue.

Quant à la confusion elle-même, elle était peut-être possible en 1946, mais nous importons maintenant 110 000 t d'un produit que tout le monde continue à appeler pamplemousse sur les marchés, et qui est le seul à s'y trouver. En fait, le problème est inversé dans la pratique. Il m'est arrivé de trouver en 1979 des fruits de C. maxima sur le marché de la rue Mouffetard, sous le nom de chadec, et en provenance de Guadeloupe. A mes questions, je me suis entendu répondre : «Non, le chadec n'est pas le vrai pamplemousse. Il a une peau épaisse qu'on peut confire ou manger en salade. C'est un pamplemousse spécial. »

Enfin, qui plus est, Israël a commencé à exporter sur la France au début de 1980 des fruits de C. maxima, au reste très savoureux. Le nom commercial utilisé est pomelo, en anglais, mais aussi en allemand et en français. Le produit


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Photo 2. - Chadec martiniquais. Coupe transversale montrant l'épaisseur de l'écorce. (Photo Michel Chauvet).

Photo 3.- Chadecs israéliens (appelés pomélos Jaffa) sur le marché d'Aligre (Paris), en février 1980. (Photo Michel Chauvet).


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est actuellement connu parmi les négociants de Rungis et sur le marché d'Aligre (où je l'ai trouvé) sous le nom de pomélo Jaffa (cf. photo). D'après le Citrus Marketing Board of Israel, ce fruit est connu depuis longtemps en Israël, et les exportations ont débuté il y a cinq ans sur l'Allemagne Fédérale et la Grande-Bretagne. Il a servi d'abord de support pour piquer des amuse-gueule, mais commence à être connu, le C.M.B.I. prévoyant d'exporter en Europe 50 000 colis, soit environ 750 t pour la campagne 1979/80.

Sur le choix du pomélo lui-même, je porte les objections suivantes :

- Loin d'être le « vrai nom » du C. paradisi, pomélo n'est qu'une des nombreuses formes prises par le mot pamplemousse en anglais.

- En tant que tel, il est parfois utilisé en anglais pour désigner le C. maxima, à côté de la forme plus fréquente pummelo. Dans le même sens, on le retrouve aussi sporadiquement en italien et en allemand.

- Pomélo a bien été proposé aux États-Unis au début du siècle comme nom du C. paradisi. Mais l'usage a consacré grapefruit en anglais. En voulant éviter l'usage en français de grapefruit, perçu comme un anglicisme, on tombe en fait sur pomelo, anglicisme lui aussi, mais malchanceux.

Chapot (4, 63) était bien conscient de ces inconvénients, mais s'incline devant l'usage de pomelo dans le secteur agrumicole d'Afrique du Nord.

Sur la base de tous ces arguments, je propose donc d'entériner au niveau de la normalisation l'usage général en français du mot pamplemousse pour désigner les fruits du C. paradisi. C'est la solution déjà proposée depuis 1964 au Québec par l'Office de la Langue Française, qui fait un travail remarquable en matière de terminologie.

Je ne vois personnellement pas d'inconvénient à ce que pamplemousse désigne aussi les fruits du C. maxima. Si l'on tient à les distinguer, on pourrait dire pamplemousse chadec, ou tout simplement chadec, puisque tel est l'usage aux Antilles françaises.

Dans le tableau suivant, j'ai essayé de résumer l'usage actuel des principales langues européennes :

C. paradisi C. maxima
fr. pamplemousse, pomelo pamplemousse, chadec, pompoléon ?
ang. grapefruit pummelo, shaddock
all. Grapefruit, Pampelmuse Pampelmuse, Pomelo
néer. Grapefruit, pompelmoes pompelmoes, djeroek bali
it. pompelmo pomelo, pompelmo
esp. pomelo, toronja, grapefruit toronja


Conclusion

La normalisation des vocabulaires techniques peut comporter une part d'arbitraire, quand les mots ou les codes utilisés restent confinés dans le cercle des spécialistes.


[79]

Mais quand on a affaire à des mots employés à la fois dans le langage courant et par les spécialistes, il en va tout autrement. La normalisation est certes nécessaire dans le monde moderne, son absence entraînant une perte d'information dans les relations tant scientifiques et techniques que purement commerciales. Mais le normalisateur doit s'astreindre à quelques contraintes, pour asseoir son entreprise sur des bases solides, et en garantir ainsi l'efficacité. Il doit être conscient qu'un mot est avant tout un fait de langue, et relève donc d'une approche linguistique. Il lui faut donc :

- étudier l'usage qui en est fait et quel est son statut dans la taxonomie populaire ;

- suivre sa répartition géographique (synchronie) et son évolution historique (diachronie).

Lorsqu'il s'agit de plantes cultivées, il devra en même temps établir l'histoire et la géographie de leurs cultivars, ou tout au moins des types commerciaux qui ont reçu des noms, et clarifier leur taxonomie botanique ainsi que leurs relations génétiques.

Tout cela peut paraître ambitieux, mais s'avère indispensable si l'on ne veut pas que les normes restent lettre morte. La langue évolue suivant sa logique propre, en ignorant le normalisateur, et celui-ci ne fera qu'augmenter la confusion qu'il dit combattre, s'il ne se plie pas à elle.

C'est ce que j'ai tenté de démontrer à propos du pamplemousse.

Abstract

In French, the name « pamplemousse » is usually given to the grapefruit, whereas the standardized name is « pomélo ». The author tries to clarify the taxonomical and genetical relationships of Citrus maxima (Burm.) Merr. and C. paradisi Macf., and lists the cultivars related to them. Then he reviews the history of common names for grapefruit and pummelo/shaddock in English, French, Dutch, German, Italian, Spanish and Portuguese. On the basis of biological and linguistical arguments, the author retains the name « pamplemousse » for the grapefruit, and asks the workers in standardization who have to choose a standardized name for a crop to make previously a thorough ethnobotanical review of it.


Novembre 1979

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