Mélilot (Cazin 1868)

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Mauve
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Mélisse
PLANCHE XXV : 1. Mélilot. 2. Mélisse. 3. Menthe aquatique. 4. Menthe poivrée. 5. Menthe Pouliot.


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Mélilot officinal

Nom accepté : Melilotus officinalis


MÉLILOT. Trifolium melilotus officinalis. L.

Melilotus officinarum Germaniæ. C. Bauh., Tourn. — Melilotus vulgaris. Park. — Trifolium odoratum sive melilotus vulgaris flore luteo. J. Bauh.

Trèfle de cheval, — mirlirot.

LÉGUMINEUSES. Fam. nat. — DIADELPHIE DÉCANDRIE. L.


Cette plante annuelle (Pl. XXV), que l'on rencontre dans les prés et le long des chemins et des haies, est très-commune dans toute l'Europe. Le nom de trèfle de cheval vient de ce qu'elle plaît singulièrement aux chevaux, les anciens la cultivaient comme plante fourragère.

Description. — Racine à fibres menues et courtes. —- Tige droite, herbacée, rameuse, creuse, atteignant quelquefois 1 mètre 50 centimètres de hauteur. — Feuilîes alternes, pétiolées, glabres, d'un vert foncé, dentées, lancéolées, munies de deux stipules à la base du pétiole. — Fleurs petites, jaunes, quelquefois blanches, papilionacées, disposées en une grappe allongée, axillaires (juin-juillet). — Calice à cinq divisions. - Dix étamines diadelphes. — Fruits : gousses pendantes, glabres, noirâtres, renfermant une ou deux semences jaunâtres un peu arrondies.

Parties usitées. — Sommités fleuries.

Récolte.— On la recueille au mois de juin ou de juillet. On la porte au séchoir en petits paquets ou en guirlandes. Les fleurs conservent facilement leur couleur et deviennent plus odorantes par la dessiccation.

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - Le mélilot est d'une odeur suave et analogue à celle du miel et à la fève de Tonka, d'une saveur herbacée et mucilagineuse, devenant amère, un peu âcre et légèrement styptique quand on le mâche. Vogel avait cru y reconnaître l'existence de l'acide benzoïque ;


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mais Guillemette a ensuite constaté[1] que la matière cristalline de cette plante est un principe immédiat neutre, jouissant de toutes les propriétés de la coumarine (principe auquel la fève de Tonka, semence du coumarouna odorata, doit son arôme), et qui, par conséquent, devra prendre ce nom. L'eau distillée de mélilot lui doit son odeur et ses propriétés. Elle est, en effet, fortement chargée de l'odeur caractéristique de ce principe. Zwenger et Bodenbender ont établi[2] que ce corps n'existe dans le mélilot qu'à l'état de combinaison cristallisable en tables rhomboïdales ou en aiguilles soyeuses très-solubles dans l'alcool et l'éther, soluble dans l'eau plus à chaud qu'à froid, combinaison avec un acide nouveau, l'acide mélilotique. Ce dernier, d'une saveur astringente, cristallise en prismes petits, incolores, transparents, solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther, d'une odeur faiblement aromatique. Il fond à 82 degrés, se volatilise sans résidu en se décomposant en eau et en huile à odeur de cannelle, qui régénère l'acide mélilotique par un contact prolongé avec l'eau. Cet acide forme des sels presque tous solubles et cristallisables.

On pourrait se servir des fleurs de mélilot comme de la fève Tonka pour aromatiser le tabac. En Moldavie, on place du mélilot parmi les pelleteries pour en éloigner les teignes. En Alsace[3] on s'en sert aux mêmes usages, et l'on en met un fascicule dans les vêtements pour les préserver de ces insectes destructeurs.

Le mélilot passe pour émollient, béchique, résolutif, anodin, carminatif. Haller regardait cette plante comme étant de nature suspecte, et Bulliard dit qu'en séchant elle prend de l'âcreté. Cependant aucun fait bien observé n'a justifié les craintes que sa prétendue propriété vénéneuse avait fait concevoir. Ses propriétés médicales ne sont pas mieux constatées.

Les vertus contradictoires dont on a décoré le mélilot prouvent seulement que des médecins crédules ou peu attentifs lui ont attribué gratuitement des succès dus aux efforts salutaires de cette bonne et puissante nature qui, dans beaucoup de cas, guérit sans et même malgré les secours de l'art.

Aujourd'hui, on ne se sert plus de cette plante qu'à l'extérieur. Ettmuller et Simon Pauli la recommandaient en fomentation sur le ventre, et en lavement contre les douleurs et l'inflammation de l'utérus et des viscères de l'abdomen. Chomel dit que ces fomentations lui ont souvent réussi dans la colique venteuse, dans la tympanite et dans la tension douloureuse du bas-ventre. En Allemagne[4], il est d'un usage populaire d'ajouter le mélilot aux bains, dans les cas de rhumatisme, de goutte, de rétention d'urine. Les lavements d'infusion de mélilot passent pour émollients, anodins, carminatifs. Les campagnards font, pour ces lavements, une décoction des sommités de cette plante dans du bouillon de tripes ; ils les rendent ainsi beaucoup plus émollients. Comme légèrement résolutive, on emploie la décoction du mélilot sur les tumeurs inflammatoires, et son eau distillée en collyre seule ou associée à d'autres ingrédients. Roques employait l'infusion des sommités fleuries avec un peu de miel et passée à travers un linge, vers la fin des ophthalmies inflammatoires. On fait aussi usage d'une huile de mélilot (1 partie de fleurs sèches sur 8 d'huile d'olive en digestion au bain-marie pendant deux heures) comme anodine à l'extérieur, et d'un emplâtre qui porte le nom de cette plante, comme résolutif.

A l'exemple du judicieux Murray, nous conclurons de tout ce que l'on a dit des vertus du mélilot, que des expériences bien faites sont nécessaires pour constater les véritables propriétés médicales de cette plante, dont l'action, du reste, paraît assez peu marquée.


Le MÉLILOT BLANC (Melilotus alba) et le MÉLILOT ÉLEVÉ (Melilotus altissima),

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  1. Journal de pharmacie, 1835, t. XXI, p. 172.
  2. Union pharmaceutique, 1865, p. 91.
  3. Gazette de Strasbourg, 1856, p. 80.
  4. Gazette médicale de Strasbourg, 1856, p. 80.


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qu'on trouve dans les terrains incultes, peuvent remplacer le mélilot officinal.


Mélilot à fleurs bleues

Nom accepté : Trigonella caerulea


Le MÉLILOT A FLEURS BLEUES, TRÈFLE MUSQUÉ, LOTIER OBORANT, BAUMIER (Melilotus cærulea), espèce originaire de Bohême, qu'on cultive dans les jardins, a un arôme très-fort et très-expansif, surtout dans l'état de dessiccation. Ce mélilot remplace en Allemagne le mélilot ordinaire. En Silésie, on le prend en guise de thé ; cette plante est plus parfumée et plus facile à se procurer, car une fois dans les jardins, on a de la peine à les en débarrasser. Les Suisses en aromatisent leur fromage appelé chapsigre, schabzieger des Allemands. Suivant Matthiole, on en prépare des eaux de senteur en Italie, et les parfumeurs en mettent dans leurs parfums. Le suc versé dans les yeux, ajoute cet auteur, guérit les nuées et les éblouissements qu'on y éprouve.