Mansoa alliacea (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Mansoa alliacea (Lam.) A. Gentry
Synonymies
- Bignonia alliacea Lam. ;
- Pseudocalymma alliaceum (Lam.) Sandw.
Noms vernaculaires
- Créole : liane ail [yann-lay].
- Wayãpi : ka’alẽ.
- Palikur : ilay kamwi.
- Portugais : cipó-d’alho.
- Aluku : ayõtetey.
Écologie, morphologie
Grosse liane assez commune de la forêt primaire.
Collections de référence
Grenand 2096 ; Jacquemin 1708 ; Prévost 1787, 3842 ; Prévost et Grenand, 1976.
Emplois
Les différentes ethnies qui peuplent la Guyane et les pays voisins attribuent des propriétés médicinales et magiques à diverses lianes de la famille des Bignoniacées dont la particularité est de dégager une forte odeur d’ail [1].
Nous avons fréquemment senti cette odeur en forêt, en particulier après une averse. En Guyane, deux espèces sont réunies sous un même nom vernaculaire. Seuls les Wayãpi font exception en donnant un nom différent à chacune d’entre elles... tout en les confondant très souvent sur le terrain.
Les Créoles préparent une décoction des fragments de tige, utilisée en lavage externe contre la fatigue et les courbatures [2]. La liane ail a également la réputation de chasser les chauves-souris des habitations. L’espèce a aussi de nombreux usages magiques ; mais les informations recueillies sur ce point sont incomplètes. Chez les Wayãpi, les tiges et les feuilles sont préparées en décoction utilisée en bain contre la fièvre.
Les Palikur préparent en macération des bains protecteurs contre les esprits auxquels on ajoute, selon BERTON (1997), des feuilles de tabac et de Petiveria alliacea (Phytolaccacée).
Étymologie
Tous les noms vernaculaires font référence à la très forte odeur d’ail, les Wayãpi étant les seuls, pour cause d’isolement, à la nommer plus simplement « plante puante ».
Chimie et pharmacologie
Un essai préliminaire sur les écorces de tige a donné 0,35 % d’alcaloïdes totaux ; l’examen chromatographique montre que ces alcaloïdes sont instables et sont probablement des artefacts. L’odeur d’ail est généralement due à la présence de dérivés soufrés. Des acides soufrés, du type diallyl sulfure, ont été isolés dans le genre voisin Adenocalymna comparables à ceux trouvés dans le genre Allium (APPARAO et al., 1981). Des naphtoquinones cytotoxiques dérivées du lapachone ont aussi été isolées de M. alliacea (DUKE et VASQUEZ, 1994).
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
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- ↑ Au Brésil, la viande des bovins ayant consommé accidentellement les feuilles de ces lianes, est réputée immangeable (CID, 1978).
- ↑ Au Pérou un usage identique est signalé chez les Conibo (TOURNON et al., 1986a). Les Tacana de Bolivie utilisent également les feuilles pour soigner les douleurs rhumatismales (BOURDY et al., 2000). Les Aluku se servent de cette liane comme les Créoles mais aussi pour soigner la fièvre, les coupures et pour tuer les poux de tête (FLEURY, 1991).