Mangle (Arveiller)
Arveiller, Raymond, 1963. Contribution à l'étude des termes de voyage en français (1505-1722). Paris, d'Artrey. 571 p.
Diverses espèces. Voir Palétuvier.
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Non relevé par le dictionnaire de Bloch-von Wartburg, le mot est daté de 1555 (Poleur) par M. Dauzat. Il s'agit d'une adaptation de l'histoire des Indes d'Oviedo [1]. M. König signale que le mot se retrouve ensuite chez De Laet (1640), Froger (1698) et, au début du XVIIIe siècle, en 1701 et 1705 (Dampier), 1722 (Coreal), 1724 (Labat).
Nous signalerons quelques attestations anciennes :
1575 « puis y est [chez les « Indiens » d'Haïti] le Manglé qui naist és lieux marescageux, et le long de la mer, et des ruisseaux, et riuieres, ayans la feille (sic] comme nos Poiriers. » Belleforest, Cosmographie, II, col. 2111.
Traduction du texte d'Oviedo [2], que Belleforest lit dans sa version italienne [3].
1605 : « F. Ouiede liu. 9 chap. 6 de son histoire des Indes faict une description d'une sorte d'arbre par luy nommée Manglé croissant aux Indes... Voyez Jacques Daleschampt. » Duret, Histoire admirable, p. 124.
Premier passage du mot espagnol dans le français des savants par l'intermédiaire du texte latin de Daléchamps.
1615 : « Il semble que l'arbre qui est descrit par Ouiedo au liure neufiesme de son Histoire ait quelque affinité auec le precedent. Man-
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- ↑ Le mot espagnol est d"origine caraïbe ou arouak. Voir la discussion dans Corominas, Dic., s. v. Mangle. L'indication « tiré du malais » (Dauzat) est erronée.
- ↑ Cité d'ailleurs dans la colonne même.
- ↑ Voir l'article Albatros, note 5 et fin de l'article.
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glé, dit-il, est un des principaux arbres qui croissent communcment [sic] en l'Indie Occidentale, tant pour bastir, que pour faire des meubles et autres utensiles de maison. Il croist és lieux marescageux, au riuage de la mer, et le long des riuieres et torrens qui entrent en la mer. Ses fueilles sont semblables aux grandes fueilles de Poirier : toutefois elles sont un peu plus espaisses, et un peu plus longues... » Des Moulins, traducteur du lat. de Daléchamps, Hist. gén. des Plantes, II, p. 636.
Ouvrage important, très souvent cité aux XVIIe-XVIIIe siècles. C'est évidemment à cette version française de l'ouvrage que le continuateur de Furetière (1727) a emprunté tout le début de son développement :
« C'est un des principaux arbres qui naissent communément dans les Indes Occidentales. Il croît dans des lieux marecageux, sur le rivage de la mer, et le long des rivieres et des torrens qui entrent en la mer. Ses feuilles sont semblables aux grandes feuilles du poirier, elles sont un peu plus épaisses et plus longues... [1]. »
Le terme de mangle paraît donc parvenu au dictionnaire de Furetière par le cheminement suivant : un texte espagnol (Oviedo) a été traduit en latin par Daléchamps ; Des Moulins a ensuite traduit en français le texte latin du grand botaniste (1615).
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- ↑ Le Dic. de Furetière (1727) connaît encore les formes mangue, qu'il a pu trouver chez Lémery, Traité, s. v., dont il s'inspire souvent, et manglier. Il cite également Rochefort, Du Tertre et Labat.