Lycopode (Cazin 1868)
Sommaire
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Lycopode
Nom accepté : Lycopodium clavatum
Muscus terrestris clavatus. C. Bauh. — Muscus clavatus sive lycopodium. Ger., Park., Black. — Muscus terrestris repens a Trago pictus. J. Bauh. — Muscus squammosus vulgaris repens, seu clavatus. Tourn. — Lycopodium officinale. Neck.
Lycopode en massue, — mousse terrestre, — griffe-de-loup, — patte-de-lonp, — pied-de-loup, - soufre végétal, — herbe à la teigne, — herbe à la plique.
LYCOPODIACÉES (mousses). Fam. nat. — CRYPTOGAMIE. L.
Cette jolie plante (Pl. XXIV) habite les coteaux boisés, les bruyères, les lieux pierreux et couverts des bois. Son nom lui vient de la prétendue ressemblance des griffes de sa racine avec la patte du loup.
Description. — Tiges dures, rameuses, rampantes, de 6 à 12 centimètres, couvertes de petites feuilles nombreuses, courtes, presque imbriquées, étroites, toujours vertes, terminées par un poil blanc très-fin. A l'extrémité de chaque rameau, un pédoncule long, écailleux, terminé par deux ou trois épis droits, cylindriques, d'un blanc jaunâtre, couverts de petites écailles imbriquées renfermant dans leurs aisselles des capsules sessiles (organes de la fructification) qui, à la maturité, s'ouvrent en deux ou trois valves et laissent échapper une poussière jaunâtre inflammable, très-abondante.
Parties usitées. — La poussière des capsules et la plante.
Récolte. — On récolte la poussière des urnes quand elle est mûre. Cette récolte se fait particulièrement en Suisse et en Allemagne.
[Culture. — Le lycopode se propage par boutures ou par division des rameaux.]
Propriétés physiques et chimiques. — L'analyse de la poudre de lycopode, connue sous le nom de soufre végétal, faite par Cadet de Gassicourt, y a fait reconnaître une huile grasse, du mucilage, de la cire, du sucre, une matière colorante extractive, de l'alumine, du fer. Il est à remarquer qu'elle ne contient ni chaux ni potasse, et que la torréfaction y donne naissance à l'acide gallique. — L'alcool en dissout le huitième de son poids.
En pharmacie on se sert de la poudre de lycopode pour y rouler les pilules et les bols afin de s'opposer à leur adhérence. On falsifie quelquefois cette poudre avec le
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pollen du pin, la sciure de bois, la fécule, la dextrine, la poudre de talc, etc. On reconnaît ces falsifications en ce que le lycopode surnage, et que les autres poudres se pénètrent d'eau, que le talc va au fond, etc.
Westring[1] dit que la plante entière est propre à teindre en bleu la laine, si après l'avoir trempée dans sa décoction, on la met ensuite dans un bain de bois du Brésil,
La poudre de lycopode est principalement employée à l'extérieur pour sécher les excoriations auxquelles les personnes grasses et les enfants sont sujets. Chez ces derniers, elle est préférable à tous les autres moyens pour prévenir ou combattre l'érythème des fesses, des aines et des cuisses qui accompagne la diarrhée. Elle atteint parfaitement le but pour lequel on l'emploie. L'eau glisse sur la peau qui en est recouverte sans la détremper comme elle ferait sur une toile gommée ; elle prévient en outre les adhérences dans les excoriations. L'amidon, qu'on emploie aussi en pareil cas ne réussit pas aussi bien, à cause de sa viscosité, résultat de sa solution dans les liquides. Le blanc de céruse, préparation de plomb, que les commères mettent si souvent en usage, peut, par son absorption, causer des accidents très-graves et même la mort. La poudre de lycopode convient dans tous les genres d'érythème, l'eczéma des bourses et des seins, l'érysipèle, et, en général, dans les affections cutanées qui ne supportent ni les liquides, ni les graisses. On se préserve de la sueur des mains, quand on veut travailler à des ouvrages que cette sueur peut tacher ou altérer, eu se les frottant souvent avec un peu de poudre de lycopode. Ce moyen ne nuit en aucune manière à la santé.
Helwich (in Murray) a étendu l'usage de cette substance aux ulcères serpigineux. Hufeland recommande contre les ulcérations des paupières, et pour sécher quelques plaies superficielles, un cérat composé de : cérat de blanc de baleine, 30 gr. ; de lycopode et d'oxyde de zinc sublimé et lavé, de chaque 2 gr., pour une pommade à conserver dans un lieu frais. Forester[2] dit avoir guéri, au moyen de la poudre de lycopode, un grand nombre d'ulcères qui siégeaient aux pieds, et deux cancers cutanés. On saupoudre deux ou trois fois par jour la plaie avec cette poudre ; on panse avec l'onguent rosat, et l'on recouvre le tout d'un cataplasme émollient. En Pologne, on jette sur les cheveux pliqués la poudre de lycopode ; de là le nom de plicaria ou herbe à la plique donné à cette plante.
(Sous le nom de moxa chinois, Larrey employait comme révulsif le mélange suivant : lycopode, 100 gr. ; azotate de potasse, 50 gr. ; alcool à 36°, Q. S. Mêlez ; faites une pâte ; façonnez-la en petits cônes, et faites-la sécher pour l'usage.)
A l'intérieur, on a donné le lycopode en décoction contre le rhumatisme, la rétention d'urine, la néphrite, l'épilepsie ; il a été regardé comme anti-spasmodique. On l'a cru utile dans les maladies du poumon, d'où les noms de pulmonaria et de permonaria. Dans la petite Russie, on le conseille contre la rage, ainsi qu'en Hongrie, en Gallicie, d'après Martius[3]. Dans toute strangurie, suivant Hufeland, le lycopode est un moyen fort efficace donné à la dose de 4 gr., en émulsion avec du mucilage de gomme arabique et du sirop d'orgeat. Behrend[4] affirme avoir obtenu les résultats les plus avantageux de l'administration de cette poudre dans le traitement de la dysenterie et de la diarrhée, avec fièvre. Il la donne à la dose de 8gr. dans 125 gr. d'eau de fenouil, et suffisante quantité de gomme arabique et de sirop de sucre. La même substance, à la dose de quatre cuillerées à café, triturée avec deux jaunes d'œufs, et suffisante quantité de sirop de sucre et d'eau
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- ↑ Bulletin des sciences, n° 89, thermidor an XII, p. 224.
- ↑ Abeille médicale, juillet 1845.
- ↑ Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. XXI, p. 430.
- ↑ Abeille médicale, décembre 1845.
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pour faire une émulsion, est employée dans les mêmes affections par les habitants de la Silésie. Hufeland recommande ce médicament, non-seulement dans la strangurie, comme nous l'avons dit plus haut, mais aussi dans la diarrhée douloureuse, chez les enfants.
L'herbe entière en décoction agit, dit-on, comme émétique. On a prétendu que dans les montagnes alpines on s'en servait à la dose de 1 gr. 50 centigr. en poudre pour provoquer le vomissement. Suivant Mérat et Delens, de nouvelles expériences sont nécessaires sur ce point. Radius indique la formule suivante contre la rétention d'urine : herbe de lycopode, 90 gr. ; eau, 2 litres ; faites réduire des trois quarts par la cuisson : en prendre une tasse toutes les dix minutes. Une telle dose, administrée comme diurétique, laisse tout au moins du doute sur la propriété vomitive de l'herbe de lycopode.
Sélagine
Nom accepté : Huperzia selago
LYCOPODE SBLAGE ou SELAGINE (Lycopodium selago, L.). — Ce lycopode croît dans les lieux ombragés des montagnes, surtout dans celles du nord, dans les bois et dans les fentes des rochers. On l'observe parmi les mousses dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Lejeune l'a trouvé dans la province de Liège ; Kickx, sur les collines buissonneuses des environs de Louvain ; Westendop et Wallays, près d'Ypres (Dubois, de Tournai).
Description. — Tiges droites, hautes de 6 à 12 centimètres, divisées en rameaux dichotomes, couvertes de feuilles lancéolées, pointues, lisses, un peu rudes, très-serrées et comme imbriquées. — Urnes ou capsules axillaires et éparses.
Propriétés physiques. — Saveur légèrement astringente, amère, déterminant un sentiment d'astriction assez prononcé.
À petite dose, cette plante est éméto-drastique ; à plus grande dose, elle agit, d'après Bischoff (1)[1], comme poison narcotique. Winkler (in Mérat et Delens) rapporte que plusieurs paysans eurent des vomissements, chancelèrent, éprouvèrent une sorte d'ivresse pour avoir mangé des haricots qu'on avait fait cuire dans de l'eau où ce lycopode avait macéré ; le vinaigre calma ces accidents. Zingler fut très-malade et tomba en syncope au bout de quatre minutes pour avoir mâché une petite quantité de cette plante ; le vinaigre étendu d'eau le guérit, mais la mémoire ne revint qu'au bout de quelque temps. Haller dit qu'on en emploie la décoction en Ingrie, et que les Smolandais font usage de son infusion à titre de violent purgatif. Breyn le signale comme un violent vomitif, et assure que les filles de mauvaise vie y ont quelquefois eu recours pour se faire avorter. Linné dit qu'on l'emploie en Suède sous forme de lotion pour détruire la vermine des bestiaux, d'où lui est venu le nom vulgaire d’herbe aux porcs.
Le selago est regardé plutôt comme poison (narcotico-âcre) que comme médicament. C'est une plante à étudier sous le double rapport de ses effets toxiques et thérapeutiques.
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- ↑ Bulletin des sciences médicales. Férussac, t. XXI, p. 430.