Hyoscyamus (Rolland, Flore populaire)
Sommaire
[Tome VIII, 92]
Hyoscyamus
- Nom accepté : Hyoscyamus, Hyoscyamus albus, Hyoscyamus niger
- hyoscyamus, apollinaris, apollinaris minor, lat. de Pline. — altercum, lat. de Pline ; lat de Scribonius Largus, 1er siècle apr. J.-C. ; lat. du IVe s. apr. J.-C., Oder. [Pline assure que c'est un mot arabe.] — faba lupina, l. de Dioscoride. — eosciamum, osciamum, l. du IVe s., Oder. — insana, dentaria, fabulonia, caliclaria, lat. de Dioscoride publ. par Stadler. — apollinaria, alterculum, baccina, l. du Ve s., Apuleius. — hyusquianum, jusquiamus, apollonaris, polonaris, altercus, atercus, laterculus, calicularis, colicularia, caligolia, caligulata, caliclata, caniculata, caniorleta, gali coralem, calcicarca, symphoniaca, gingiralis, accina, dircion, herba finitia, chachaton, baana, miliimindri, l. du m. â., Goetz. — hoscuamus, jusquianus, jusqnamum, jusquiarium, jusquilanus, jusquinamus, herba camelarum, herba canicula, herba canicularis,
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- coniculata, cerniculata, caniclada, symphonica, symphonia, sinfroniaca, palladia, cassilago, cassiloga, cassila, casseligo, catilago, catilogo, dens caballinus, agrimonia, herba camelarum, lupina, miganus, bilisa, milimindrum, milindrum, l. du m. â., Dief. — simphonita, dens equi, dens equinus, sulfurata, sulfuraca, sulfurica, muscus de capo, l. du m. â., Mowat. — gallinaris, capsilago, dentalis, l. du VIIe s., Plinius Valerianus cité par Meyer, Gesch. d. Bot. — corniculata, simphoniaca, symphoniata, cassilla, fistula, sulfurica equina, l. du m. â., Renzi. — millimidrum, millindrum, binula, l. du m. â., Steinmeyer. — jusquianus, jusquinus, jusquiaminus, jusquaminus, demonaria, asanius, attricus, l. du m. â., Rostaf. — visquiamus, l. du m. â., Du C. — caullicaria, l. du XIIIe s., Matth. Silvat. — belenum, lat. du moy. âge en Espagne (Voyez sur ce mot A. Thomas, Roger Bacon et les Étudiants espagn. (dans Bulletin hispanique, 1904, pp. 18-28). — demoniarea, domomarea, canicularis, dens cabalinus, milimandrum, l. du m. â., Simon Januensis, 1486. — cephoreos, gagatemos, radiatum, quenalea, latrecula, simphoriaca, verrutaria, l. du m. â., Nicolaus, 1510. — milicium, l. du m. â., Germania, 1881, p. 408. — hurciularius, hurcialarius, l. du IXe s., Miller, 1880. — marsilium, l. du m. â., Guy De Chauliac, Œuvres, éd. Nicaise, 1890, p. 680. — dyoscyamos (Jovis faba), faba suilla, fabulum, mania, symphoniaca, remedia, herba pinula, altercangenum, anc. nomencl., Dodoens, 1557. — dicea, cacularis, l. du m. â., Syn., 1623. — herba latronum, l. du m. â. — bilinountia, bellinuntia, gaulois, Dioscoride, IV, 69 ; Apulée, De herb., 4.
- hyosquiame, m., hyoscyame, m., jusquiame, m., jusquian, m., jusquiane, f., jusquiaine, f., anc. franç. [Aujourd'hui le mot jusquiame est féminin.] — jusquiam, anc. prov. — juskiama, f., juskiano, f., juskian, m., justiame, f., justiano, f., justiane, f., jusclano, f., juscano, f., juskëmë m., en divers patois. — jusclia, f., Moyen Dauphiné, Moutier. — justinë, f., Palaiseau (S.-et-O.), r. p. — janscane, f., env. de Châteauroux (Indre), r. p. — janscarime, f., anc. fr., Jehan de Brie, Le bon berger, édit. Lacroix, 1879, p. 40. — jussiame, f., Septenil [Septeuil ?] (S.-et-O.), r. p. ; Chenay (Marne), c. p. M. E. Maussenet. — judepiame, m., Saint-Georges des Groseill. (Orne), r. p. — jamë, f., Archiac (Char.Inf.) — afmane, f., Saint-Clémentin (Deux-Sèvres), r. p. — jugecâsson, m., Ponts-de-Cé (M.-et-L.), r. p.
- hhiaspata, m. pl., jargon de Razey près Xertigny (Vosges), r. p.
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- canelhada, anc. provenç., Raynouard. (Sur ce mot, voyez A. Thomas, Nouv. Ess. de philol. franç., 1905, p. 199). — quanelle, f., canele, f., quenele, f., chenille, f., quenillie, f., chenilie, f., chenelie, f., chenellé, f., chenillée, f., cheinlée, f., anc. franç. — érbo del caniss, cagnis (au plur. cagnissés), m., Tarn-et-G., Lagr.
- herbe au mal de dents, herbe aux dents, en divers endroits. — graine de dents, Allier. — grano de dé cày'ssal (= graine de dent molaire), grano dé cày'chal, èrbo dé còy'ssal, erbo dé kéy'ssaou, èrbo dé cachaou, en div. pat. du Midi. — èrbo dé nèy'rouns (= herbe des noirons, c.-à-d. des petits vers noirs), Briançonnais. [On l'emploie en fumigations pour les maux de dents. Les graines qui tombent sont prises par les paysan pour des petits vers]. — din dè tzivô (= dent de cheval), din dè tsavô, Suisse rom.
- herbe aux chevaux, graine des chevaux, Bourbonn., Berry, H.-Bret., Champagne.
- mort aux oyes, anc. fr., Junius, 1577. — mort aux oisons, anc. franç., God. ; Manche, Jor. — poison aux poules, m., Belgique, c. p. M. J. Feller. — mort aux poules, Haute-Marne. — hanebane, f., hanibane, f., hennebanne, f., hennebonne, f., anc. fr. — hanebane, halebane, hanebône, f., Normandie,
- herbe à la tigne, herbe aux tignes, graine de tignes, anc. fr. de l’Ouest. — herbe à la teigne, Saintonge, Anjou. — teignée, f., M.-et-L., Batard. — tyigna, f., Veynes (H.-Alpes), c. p. M. Ed. Edmont.
- febve de porc, fr., Huloet, 1572. — graine de porc, fr., J. Victor, 1609.
- éndourmidouy'ro, f., Gard, Aveyr. — endormie, f., fr., Huloet, 1572. — herbe au somme, H.-Bret.
- pavot d'empoisonneur, H.-Savoie. — èrbo dés brigàns, languedocien.
- èrbo d'éskilhous, éskilhous, m. pl., éskilous, m. pl., languedocien. — plànta d’ càyroum, f., niçois, Colla. — caréyada, f., Montpellier, Magnol, 1686 ; Lodève, Aub. — cariada[1], f., cadéyada, f., Montpellier, Loret. — caréyado, f., Gard, Hérault. — couriado, f., Nîmes. — carîala, f., Les Matelles (Hérault), c. p. M. Ed. Edmont. (Quand les fruits sont mûrs ils sonnent dans la capsule, comme des grelots.)
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- ↑ « Chez les muletiers d'Auvergne on appelle cayrade une énorme clochette faite de cuivre battu, bataillée d'un gros os perforé, portée par le principal mulet, celui qui sert de guide à ses compagnons. » Velay et Auvergne, 1903, p. 262.
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- èscudélètos, f., pl., éscudélotos, f. pl., Haute-Loire.
- herbe aux engelures, Marne, c. p. M. E. Maussenet. — yèbe d'èdjalare (= herbe d'engelure), Verviers (Belg.), c. p. M. J. Feller. — yèbe du mouèrt, wallon, c. p. M. J. Feller.
- dédaou, m., provençal, Réguis. — dé, m., Aube, Des Et. [La capsule de la j. ressemble à un dé à coudre ou à un petit pot.]
- potée, f., Aube, Des Et. — pottelée, f., fr., Bastiment des receptes, 1544, fet 53, v° ; etc., etc. ; Aube, Des Et. — poteleuse, f., franç., Saint-Germain, 1784. — pokleûse, f., Margut (Ardennes), r. p.
- pisse de chien, f., Aisne, c. p. M. L.-B. Riomet.
- sàyèro (= salière), f., provenç., Réguis.
- simphonie, f., anc. fr., Mowat.
- saouprignaco, f., prov., Garidel, 1716 ; Amic ; Col. — saoupignaco, f., prov., Achard, 1785. [Sur ce mot voyez A. Thomas, Nouv. Ess. de philol. franç., 1905, p. 330.] — saoupignago, f., Gard. — saouprignastro, f., prov., Achard, 1785. — sooupinargo, f., Var, Hanry ; Patout.
- poupinoto, f., Provence, Réguis.
- tabatière de chat, Valenciennes, Héc.
- bâyële, f., Ineuil (Cher), r. p.
- tume, f., anc. fr., Jehan De Brie, Le Bon Berger, édit. Lacroix, 1879, p.40.
- proudagne, f., prudagne, f., Landes, Gironde.
- fàyo, f., toulousain, Visner.
- sinagré, m., Valenciennes, Aisne, Mons (Belg.) — sinagrin, m., Aube. — sèn'grin, m., Cher.
- fëchi, m., clavelée, f., Aube, Des Et.
- sabounéto, f., T.-et-G., Lagr. — marsile, anc. fr., Guy De Chauliac, édit. Nic., 1890, p. 680. — lugan, m., lougan, m., lhugan, m., Canton de Vaud (Suisse). — érbo dé loubétt, Aveyron. — érba dé mouér, Allos (B.-Alpes), Honn. [Cette plante est fréquente dans les cimetières.] — plantes des morts, wallon, Lejeune ; Forir. — xuclamel, erba de la hera, Pyrénées-Orient. = herbe aux engelures, porcelet, franç., Bastien, 1809. — erbo dé Sànt-Ignaço, Provence. — herbe Sainte-Apolline, Bretagne française. (Sainte-Apolline est préposée aux maux de dents.)
- louzaouenn ar c'housked (= herbe au sommeil), louzaouenn Santez Apollina, maill-c'heot, breton.
- erabelarra, basque.
- pilingella, anc. italien, De Toni.
- jusquiamo, jòsciamu, cassilagine, dente cavallino (le fruit qui con-
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- tient la semence ressemble à une dent de cheval), dormia, disturbio, occhio di gatto, erba de santa Polonia, erba da piaghe, erba grassudda, lébur, erba dale scudèle, erba soradonne, soverdone, erba camula, erba del dente, planta d’ cairon, sinprineigua, tabacuni, cannecchiara, cannicchara, simenza d'auricci, erba grassudda, dial. ital. — ladroï (= les voleurs), ladin. — bolandaritsa, roumain.
- veleño, susquiam, capseta, erba de santa Maria, erba caixalera, caramellera, xucla-mel, catal. — veleño, beleño, milmandro, espagn. — meimendro, portug.
- bilisa, pilisa, pilie, bille, billene, bilre, bissie, bysse, malkraut, anc. h. all. — bilsenkraut, bilsamen, tolle bilse, dollkraut, tolle dille, schlafkraut, zahnkraut, zankkraut, zigeunerkraut, prophetenkraut, hexenkraut, zank-teufel, teufelsauge, rindskraut, saukraut, saubohne, rasewurz, hühnertod, hühnergift, dial. allem.
- doodbloem, bilzenkruid, henneblôm, dial. flamands-hollandais. [A. de C.]
- belonae, beolone, hennebal, haennebelle, henbane, hennebone, hennedwole (= diable des poules), säubone, seüphe, clufthunge, tynthare, glofwyrt (?), anglo-saxon. — hennequalt , angl., Gmelin, Historia venenorum (dans Ephemerides nat. curios., 1778, Appendix. ) — brosewort, anc. angl., Halliwell, I, 213. — english tobacco, angl., Cotgr., 1650.
- gafain, benn mer, keogh na geark, irlandais.
- gahen, anc. cornique, Zeuss, Gramm. celt., 1871, p. 1076.
- belind, belénd, bolonditò, magyar.
- pazia, langue inconnue du XIIe s. dans la région de Wiesbade, Descem.
- albengi, sicrân, arabe. — « Albengi signifie chanvre ; on a donné ce nom à la jusquiame, parce qu'elle enivre comme le chanvre ; sicrân signifie boisson enivrante. » D'Herbelot, Biblioth. orient., 1776.) — bendj, mouzeys, arabe syrien, Berggren. — gingat, arabe marocain, Dombay.
- gingan, punique, Apuleius (vers le Ve s., ap. J.-C.).
« Zauberei, um Regen zu bekommen, cum herba jusquiamo, quae teutonice bilisa vocatur. » Anc. texte allem., Schmeller.
« On emploie les graines de jusquiame pour calmer le mal aux dents. Pour cela on projette les graines sur une pelle rougie et on aspire la vapeur produite. Les prétendus vers qu'on voit dans la salive rejetée sur les charbons ne sont autre chose que
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l'embryon de la graine roulée en spirale. Le vulgaire croit que des vers rongent les dents et sont expulsés par les fumées narcotiques. » En divers endroits. — « Pour la douleur des denz prenez la racine de quanelle, si la cuisez bien en la brese et puis la resez du coutel et metez sur les dents tant qu'il soit froiz. » XIVe s., Romania, 1889, p. 573.
« Si le 1er vendredi de la lune on mêle à l'avoine d'un cheval autant de graines de jusquiame que le cheval a d'années, on ne pourra plus le tenir tant il aura d'ardeur. » Vieille recette citée par Jaubert, Gloss. du Centre, p. 340.
« On m'a raconté l'usage que les maquignons font des jusquiames. La veille d'une foire ou d'un marché, ils donnent aux bêtes de peu de prix qu'ils veulent vendre une certaine quantité de graines de jusquiame mêlées à du son. Ce qui, paraît-il, donne à l'animal un certain embonpoint et une vivacité factice de nature à tromper l'acheteur. Souvent même ils vont jusqu'à introduire dans l'anus de la bête un gros fragment de racine de ces plantes ; ceci pour lui faire relever la queue et lui donner l'apparence de la jeunesse. Inutile d'ajouter que le lendemain, l'excitation finie, le cheval est plus rosse que jamais. » Réguis, Mat. méd., p. 43.
« Certaines nourrices font, avec la racine de jusquiame coupée par morceaux, un chapelet qu'elles attachent au cou des petits enfants pour calmer leurs coliques. » Loiret, r. p.
« Les ménagères mélangent les graines de la j. à la nourriture des volailles afin de déterminer chez ces animaux un état de torpeur qui favorise l'engraissement. » Mém. de l'Académie de Caen, 1862, p. 129.
« Cette plante, cueillie la veille de la Saint-Jean et placée, sans qu'on le sache, dans une étable, guérit le claveau des moutons. » XVIe siècle, Jehan de Brie, éd. Lacroix, 1879, p. 40. — « Contre le clavel il faut cueillir la veille de la Saint Jehan de la hennebane qu'on met tres secretement dans l'étable. » Grand kalendrier et compost des bergers, s. d. (vers 1500).
« Mêlez du suc de jusquiame avec le sang d'un jeune lièvre ; mettez le tout dans sa peau et l'enfouissez. Là où il sera enfouy s'assembleront tous les lièvres du pays. » Thresor de santé, 1607, p. 180.
« On appelle un hanebane ou un hennebenne un mauvais sujet, un vaurien. » anc. franç., God.
« Si une femme réussit du premier coup à faire claquer la fleur sur
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- le front, c'est signe que son mari lui fait des infidélités. » env. de Valence (Drôme), r. p.
Langage des fleurs. « La j. symbolise un méhin, c.-à-d. un défaut. » Belg. wall., Wallonia, 1899, p. 22. — « La j. symbolise les défauts du cœur. » Leneveux, 1837.
Hyoscyamus albus
- Nom accepté : Hyoscyamus albus
- nyeitropia, noitropia, l. du m. â., Rostaf.