Heliotropium indicum (PROTA)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Prota logo vert.gif
Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Médicinal Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Heliotropium indicum L.


Protologue: Sp. pl. 1 : 130 (1753).
Famille: Boraginaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 22, 24

Noms vernaculaires

  • Herbe papillon, monte au ciel, herbe à verrues (Fr).
  • Indian heliotrope, turnsole (En).
  • Heliotrópio-indiano, borragem brava, fedegoso (Po).

Origine et répartition géographique

Heliotropium indicum est réparti dans tous les tropiques, mais il est probablement originaire d’Amérique tropicale. Il est répandu et commun dans toute l’Afrique.

Usages

Heliotropium indicum est utilisé depuis des siècles contre les verrues, et pour traiter les inflammations et les tumeurs. Dans toute l’Afrique tropicale, on l’emploie comme analgésique (rhumatismes), comme diurétique, et pour traiter de nombreuses affections de la peau (par ex. : pian, urticaire, gale, ulcères, eczéma, impétigo). Il y a de grandes variations dans les parties de la plante utilisées, ainsi que dans les modes de préparation et d’administration. Au Nigeria, on utilise une infusion de la plante comme lotion pour les yeux et pour nettoyer les ulcères. Au Gabon, on utilise les feuilles réduites en poudre pour traiter les gencives infectées. Les Ngonis de Tanzanie boivent un extrait des racines pour traiter le pian. A Madagascar, une infusion de la plante fournit un puissant diurétique. Aux Seychelles, on applique les feuilles comme analgésique pour traiter les maux d’estomac chez les patients adultes après une opération. A Maurice, on prend une infusion de feuilles contre les infections des reins et comme diurétique. On applique un cataplasme préparé avec les feuilles sur les rhumatismes des membres, les blessures et les piqûres d’insectes. Une décoction de fleurs fournit un emménagogue à faibles doses, et un abortif à fortes doses. Les infections de la prostate sont traitées avec une décoction faite d’un mélange avec d’autres plantes.

En Gambie on enterre la plante entière, et une fois que les tissus charnus ont pourri, les fibres qui restent servent à faire des cheveux postiches pour les femmes.

Propriétés

Les alcaloïdes du groupe des pyrrolizidines sont des composants communs de divers genres appartenant aux familles des Boraginaceae et des Asteraceae, ainsi que du genre Crotalaria parmi les Papilionaceae. Ils présentent des effets toxiques prononcés sur le foie et les poumons mais des effets cytotoxiques et autres actions mutagènes et carcinogènes ont également été rapportés.

On a isolé d’Heliotropium indicum les pyrrolizidines suivantes : indicine, indicine-N-oxyde, acétyl-indicine, indicinine, héleurine, héliotrine, supinine, supinidine et lindélofidine, toutes ayant une action hépatotoxique. On a isolé également des alcaloïdes : trachélanthamidine et rétronécine, et des amines précurseurs de pyrrolizidines (dans les feuilles et les inflorescences) : putrescine, spermidine et spermine. Les graines contiennent 12% d’huile et 1,8% d’azote. La fraction de lipides contenant de l’azote comprend des acides C16 et C18 estérifiés avec du 1-cyano- 2-hydroxyméthylprop-1-én-3-ol.

Chez des plantes de Heliotropium indicum cultivées sous serre, c’est au début de la période de floraison que la plus haute teneur en alcaloïdes a été atteinte. Les jeunes feuilles, les semis et les inflorescences ont montré des niveaux élevés en alcaloïdes, mais dans les feuilles âgées la teneur en alcaloïdes était divisée par 20. On a trouvé les teneurs les plus élevées en alcaloïdes dans les racines et les inflorescences, qui avaient également les quantités relatives les plus élevées en oxyde d’azote, de l’ordre de 60–90% de la teneur totale en alcaloïdes. On n’a trouvé aucune différence significative en fonction de l’âge pour les oxydes d’azote.

On a montré que des extraits d’Heliotropium indicum avaient une forte action antibactérienne et antitumorale, mais pas d’action antifongique. En outre, ils ont montré une action de guérison des blessures chez les rats. On a constaté que le principe actif était l’indicine-N-oxyde, qui a été synthétisé de façon efficace. L’indicine-N-oxyde a atteint la Phase I d’essais cliniques sur des patients atteints de cancer avancé.

Des extraits aqueux de feuilles d’Heliotropium indicum ont un effet allélopathique sur des semis de riz ; des composés phénoliques peuvent en être tenus pour responsables.

L’ingestion d’Heliotropium est dangereuse. On a enregistré des accidents mortels d’empoisonnement chez des humains à la suite de l’absorption de tisane, de la consommation de grain contaminé par des graines d’Heliotropium, ou d’usage médicinal de la plante. En outre, des pyrrolizidines sont excrétées dans le lait, et l’usage de la plante par les mères allaitantes présente un risque de toxicité pour les nourrissons. La plante est considérée comme toxique pour le bétail, et on a enregistré plusieurs cas d’empoisonnement mortel.

Falsifications et succédanés

De nombreuses autres espèces du genre Heliotropium contiennent des alcaloïdes du groupe des pyrrolizidines et sont souvent utilisées comme succédanés d’Heliotropium indicum.

Description

  • Plante herbacée annuelle ou pérenne, atteignant 1,5 m de hauteur, ligneuse à la base, généralement très ramifiée.
  • Feuilles alternes ou opposées, simples ; stipules absentes ; pétiole de 1–7 cm de long ; limbe ovale à elliptique, de (1,5–)3–16 cm × (0,5–)1,5–10 cm ; base tronquée mais étroitement décurrente ; apex aigu ou acuminé ; bord irrégulièrement ondulé, à poils raides.
  • Inflorescence : cyme scorpioïde, simple, à nombreuses fleurs, de 2,5–45 cm de long.
  • Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères ; calice à lobes presque libres, inégaux, à poils blancs raides ; corolle en trompette, tube de 3–4,5 mm de long, lobes arrondis, d’environ 1 mm de long, violet pâle, bleue ou blanche ; étamines incluses dans le tube de la corolle, à filets très courts ; ovaire supère, 4-loculaire.
  • Fruit de 2–3 mm de long, se fendant en 4 nucules.
  • Plantule à germination épigée ; cotylédons foliacés, arrondis.

Autres données botaniques

Le genre Heliotropium comprend quelque 250 espèces réparties dans les zones tropicales, subtropicales et tempérées chaudes de tous les continents. Leur classification souffre de l’absence de révision taxinomique récente couvrant les espèces de l’Ancien Monde et du Nouveau Monde. Le genre Heliotropium est d’un intérêt particulier pour l’est et le nord de l’Afrique orientale, étant associé aux aires d’essaimage initial des criquets pèlerins (Locusta migratoria). De même, certains papillons sont souvent associés à Heliotropium, ayant besoin de certains pyrrolizidines comme précurseur pour leurs phéromones.

Heliotropium amplexicaule

Heliotropium amplexicaule Vahl est indigène d’Amérique du Sud, mais on le trouve maintenant dans tous les tropiques. Dans les pâturages, il peut causer des empoisonnements mortels du bétail. A Maurice, où c’est localement une mauvaise herbe dans les plantations de canne à sucre, on boit une décoction de la plante pour soigner la toux et la fièvre.

Heliotropium curassavicum

Heliotropium curassavicum L. est une autre espèce indigène du Nouveau Monde qui a été introduite dans les tropiques de l’Ancien Monde. Il est moins répandu en Afrique tropicale qu’Heliotropium indicum, et on n’en a observé aucun usage médicinal en Afrique. Aux Amériques, au contraire, on a observé des usages semblables à ceux d’Heliotropium indicum. A Madagascar, Heliotropium curassavicum est brûlé dans les champs, qu’il enrichit par ses cendres. Ses noms anglais, “alkali heath”, “salt heliotrope” et “seaside heliotrope” ou en français “verveine bord-de-mer”, se rapportent à ses habitats préférés : les berges de lacs salés et les rivages marins.

Croissance et développement

Heliotropium indicum peut fleurir tout au long de l’année. La saison de floraison est très longue, et de nouvelles fleurs se développent au sommet de la cyme alors qu’il y a déjà des nucules mûres à la base de l’inflorescence.

Ecologie

Heliotropium indicum se rencontre dans des lieux ensoleillés, sur des terrains vagues, dans des mares et des fossés périodiquement asséchés et dans des milieux anthropisés, en général au-dessous de 800 m d’altitude. Il est généralement considéré comme une mauvaise herbe dans les champs et les pâturages.

Gestion

Pour ses usages médicinaux, Heliotropium indicum est exclusivement récolté dans la nature.

Traitement après récolte

Les plantes sont généralement récoltées lorsqu’elles sont pleinement développées, et peuvent s’utiliser fraîches ou sèches.

Ressources génétiques

Heliotropium indicum est répandu tant dans l’Ancien Monde que dans le Nouveau Monde, et il n’est pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

Les alcaloïdes d’Heliotropium sont considérés comme des agents potentiels en chimiothérapie, et des essais cliniques ont été entrepris. Toutefois, les applications en cancérologie sont limitées par les effets toxiques des pyrrolizidines, en particulier sur le foie. L’application externe pour favoriser la guérison des blessures et combattre les infections semble moins hasardeuse, mais nécessite davantage de recherche.

Références principales

  • Adjanohoun, E.J., Abel, A., Aké Assi, L., Brown, D., Chetty, K.S., Chong-Seng, L., Eymé, J., Friedman, F., Gassita, J.N., Goudoté, E.N., Govinden, P., Keita, A., Koudogbo, B., Lai-Lam, G., Landreau, D., Lionnet, G. & Soopramanien, A., 1983. Médecine traditionelle et pharmacopée - Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques aux Seychelles. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 170 pp.
  • Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
  • Catalfamo, J.L., Martin Jr, W.B. & Birecka, H., 1982. Accumulation of alkaloids and their necines in Heliotropium curassavicum, Heliotropium spathulatum and Heliotropium indicum. Phytochemistry 21(11): 2669–2675.
  • Iwu, M.M., 1993. Handbook of African medicinal plants. CRC Press, Boca Raton, Florida, United States. 464 pp.
  • Jelager, L., Gurib-Fakim, A. & Adsersen, A., 1998. Antibacterial and antifungal activity of medicinal plants of Mauritius. Pharmaceutical Biology 36(3): 153–161.
  • Kugelman, K., Liu, W.C., Axelrod, M., McBride, T.J. & Rao, K.V., 1976. Indicine-N-oxide: the antitumor principle of Heliotropium indicum. Lloydia 39(2–3): 125–128.
  • Misawa, M., Hayashi, M. & Takayama, S., 1983. Production of antineoplastic agents by plant tissue cultures: 1. Induction of callus tissues and detection of the agents in cultured cells. Planta Medica 49(2): 115–119.
  • Rajangam, M., 1997. Allelopathic effects of Heliotropium indicum on paddy var. IR-20 and Ponmani. Journal of Ecotoxicology and Environmental Monitoring 7(3): 207–209.
  • Verdcourt, B., 1991. Boraginaceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 125 pp.
  • Wongsatit Chuakul, Noppamas Soonthornchareonnon & Promjit Saralamp, 1999. Heliotropium L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 292–296.

Autres références

  • Ahmad, I., Ansari, A.A. & Osman, S.M., 1978. Cyanolipids of Boraginaceae seed oils. Chemistry and Industry 16: 626–627.
  • Bernardo, G.Q. & Oliver, N., 2000. Antiseptic and healing properties of indigenous plants from the Philippines. PCARRD Highlights ’99: 62.
  • Birecka, H., DiNolfo, T.E., Martin, W.B. & Frohlich, M.W., 1984. Polyamines and leaf senescence in pyrrolizidine alkaloid-bearing Heliotropium plants. Phytochemistry 23(5): 991–998.
  • Carballo, M., Mudry, M.D., Larripa, I.B., Villamil, E. & d’Aquino, M., 1992. Gentoxic action of an aqueous extract of Heliotropium curassavicum var. argentinum. Mutation Research 279: 245–253.
  • Davicino, J.G., Pestchanker, M.J. & Giordano, O.S., 1988. Pyrrolizidine alkaloids from Heliotropium curassavicum. Phytochemistry 27(3): 960–962.
  • Decary, R., 1946. Plantes et animaux utiles de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 54e année, 6e série, 4e volume, 1er et dernier fascicule. 234 pp.
  • Fernandez, T.J., Ceniza, E.E. & Amihan, D.N., 1994. Utilization of a weed for infectious Coryza in chicken. In: Pest Management Council of the Philippines. Integrated pest management; learning from experience: 58.
  • Gurib-Fakim, A., Sewraj, M., Guého, J. & Dulloo, E., 1993. Medical ethnobotany of some weeds of Mauritius and Rodrigues. Journal of Ethnopharmacology 39(3): 177–185.
  • Gurib-Fakim, A., Guého, J. & Bissoondoyal, M.D., 1995. Plantes médicinales de Maurice, tome 1. Editions de l’Océan Indien, Rose-Hill, Mauritius. 495 pp.
  • Hartmann, T., 1999. Chemical ecology of pyrrolizidine alkaloids. Planta 207(4): 483–495.
  • Kokwaro, J.O., 1993. Medicinal plants of East Africa. 2nd Edition. Kenya Literature Bureau, Nairobi, Kenya. 401 pp.
  • Le Gall, P., Djihou, Z., Tchenga, G. & Lomer, C.J., 2003. Diet of Zonocerus variegatus (Linné, 1758) (Orth., Acrididae) in cassava fields in Bénin. Journal of Applied Entomology 127(7): 435–440.
  • Martins, E.S. & Brummitt, R.K., 1990. Boraginaceae. In: Launert, E. & Pope, G.V. (Editors). Flora Zambesiaca. Volume 7, part 4. Flora Zambesiaca Managing Committee, London, United Kingdom. pp. 59–110.
  • Ogawa, T., Niwa, H. & Yamada, K., 1993. An efficient enantioselective synthesis of indicine N-oxide, an anti-tumor pyrrolizidine alkaloid. Tetrahedron 49(8): 1571–1578.
  • Ohnuma, T., Sridkar, K.S., Ratner, L.H. & Holland, J.F., 1982. Phase I study of indicine N-oxide in patients with advanced cancer. Cancer Treatment and Report 66(7): 1509–1515.
  • Raponda-Walker, A. & Sillans, R., 1961. Les plantes utiles du Gabon. Paul Lechevalier, Paris, France. 614 pp.
  • Reddy, J.S., Rao, P.R. &, Reddy, M.S., 2002. Wound healing effects of Heliotropium indicum, Plumbago zeylanica and Acalypha indica in rats. Journal of Ethnopharmacology 79(2): 249–251.
  • Srinivas, K., Rao, M.E.B. & Rao, S.S., 2000. Anti-inflammatory activity of Heliotropium indicum Linn. and Leucas aspera Spreng. Indian Journal of Pharmacology 32(1): 37–38.
  • van Weeren, P.R., Morales, J.A., Rodriguez, L.L., Cedeno, H., Villalobos, J. & Poveda, L.J., 1999. Mortality supposedly due to intoxication by pyrrolizidine alkaloids from Heliotropium indicum in a horse population in Costa Rica: a case report. Veterinary Quarterly 21(2): 59–62.

Sources de l'illustration

  • Wongsatit Chuakul, Noppamas Soonthornchareonnon & Promjit Saralamp, 1999. Heliotropium L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 292–296.

Auteur(s)

  • A. Gurib-Fakim, Faculty of Science, University of Mauritius, Réduit, Mauritius

Citation correcte de cet article

Gurib-Fakim, A., 2006. Heliotropium indicum L. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 15 décembre 2024.


  • Voir cette page sur la base de données Prota4U.