Fusain (Cazin 1868)

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Fumeterre
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Galéga


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Nom accepté : Euonymus europaeus


FUSAIN. Evonymus europæus. L.

Evonymus vulgaris granis rubentibus. C. Bauh. — Evonymus multis, aliis Terragonia. J. Bauh. — Evonymus vulgaris. Scop.

Fusain d'Europe, — bonnet de prêtre, — bonnet carré.

CALASTRINÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.


Le fusain est un arbrisseau très-commun, qui habite les bois, les haies. Il orne nos bosquets par ses fruits d'un rouge éclatant.

Description. — Tiges à rameaux opposés. — Feuilles ovales lancéolées, glabres, pétiolées, finement denticulées, un peu pendantes. — Fleurs blanchâtres, disposées comme en corymbe au sommet de pédoncules axillaires (mai-juin). — Calice à quatre ou cinq divisions, muni d'un disque. — Corolle formée de quatre pétales oblongs. — Quatre étamines insérées sur un disque épigyne. — Un style terminé par un stigmate simple. - Fruit : capsule à trois ou cinq loges et à trois ou cinq angles, dont la forme est un bonnet carré, d'un rouge vif à la maturité, qui a lieu en août-septembre.

Parties usitées. — Les feuilles, les jeunes tiges, les capsules et les fruits.

[Culture. — Il existe un très-grand nombre de variétés et d'espèces de fusains qui sont cultivées comme plantes d'ornement ; ils viennent dans tout terrain et dans toute exposition ; on les multiplie de rejetons ou de semis aussitôt après la maturité des graines, qui lèvent au printemps ou l'année suivante.

Récolte. — Les capsules se récoltent bien mûres.

Propriétés physiques et chimiques. — Toutes les parties du fusain répandent une odeur nauséeuse. Les fruits ont une saveur âcre qui excite la salivation. La semence contient, d'après Saint-Martin[1], du sucre, de l'albumine, une huile volatile âcre, un principe amer, de l'huile grasse, une matière colorante, du ligneux.

Cardeur a adressé, en 1858, à la Société impériale d'agriculture, un échantillon d'huile fixe extraite des graines de fusain. Il résulte d'un travail de Lepage, inséré dans le précis analytique des travaux de l'Académie de Rouen (1862), que la proportion de cette substance est de 41 pour 100. Cette huile est d'une couleur jaune-brun, d'une odeur sui generis et d'une saveur laissant un arrière-goût, qui rappelle celle du bois de fusain. Elle donne avec la soude caustique un savon dur, d'une couleur jaune, qui pourrait être utilisé. Le même auteur a extrait des arilles 25 pour 100 d'une matière grasse fluide, d'une belle couleur rouge, présentant en hiver une consistance comme gélatineuse.

La matière amère possède une saveur amère et nauséeuse très-désagréable. (On l'a décrite comme cristallisable, insoluble dans l'eau, sous le nom d ’évonymine. Mais l'existence de ce principe à l'état de pureté est loin d'être établie.)

Le bois de fusain, mis dans un petit canon de fer bien bouché et exposé au feu, donne un charbon tendre qui sert aux dessinateurs. On fait aussi avec ce même bois du charbon pour la poudre à canon.

Les auteurs sont loin d'être d'accord sur les effets malfaisants de ce végétal. Clusius dit avoir appris, pendant son séjour en Pannonie, que les chèvres broutent ses feuilles avec plaisir. Linné et Wellich affirment qu'en général les bestiaux en mangent volontiers les feuilles et les jeunes pousses. Théophraste, Matthiole, Builliard, Gmelin, Duhamel, prétendent qu'elles sont un poison pour ces animaux.

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  1. Bulletin de thérapeutique, t. XXIII, p. 177.


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Le principe âcre qui existe dans l'écorce, les feuilles et les fruits du fusain produit sur le tube digestif une vive irritation qui peut amener les symptômes les plus graves et même la mort. Si les médecins ont différé d'opinion sur les effets de cette plante, c'est parce que son énergie est plus ou moins prononcée suivant la saison où elle est recueillie. Au printemps, il n'en faut qu'une petite dose pour provoquer le vomissement, tandis que dans d'autres saisons elle est moins active ; les jeunes pousses surtout sont drastiques à un tel degré qu'on ne les emploie presque jamais à l'intérieur : elles sont mortelles pour les moutons, les chèvres et même les vaches, quand elles produisent une vive irritation sans évacuations, ou qu'elles superpurgent jusqu'à déterminer une violente inflammation du tube digestif.

Les fruits, en quelque temps qu'on les emploie, sont fortement émétiques et purgatifs. Dodoens, et, après lui, une foule d'auteurs leur ont reconnu cette propriété. Les paysans anglais, au rapport de Wilmet, se purgent en prenant trois ou quatre de ces fruits.

(Lepage, cité plus haut, a administré l'huile de fusain à plusieurs chiens, à la dose de 10 à 15 gr., et cette dose a paru produire un léger effet purgatif.)

J'ai vu des paysans robustes les prendre à cette dose sans inconvénient, en buvant abondamment du bouillon de veau, de la tisane de mauve ou de graine de lin. Martin, ancien chirurgien-major de l'hôpital de Dunkerque, m'a dit avoir vu, en 1808, un cultivateur des environs de Bergues, âgé de trente-cinq ans, se débarrasser du tænia après avoir inutilement mis en usage tous les moyens jusqu'alors connus, en prenant pendant six jours une graine de fusain dans 3 onces d'huile d'œillette, et en se purgeant le septième jour avec cinq semences de la même plante, lesquelles firent rendre la dernière partie de cet entozoaire après dix selles accompagnées de violentes coliques, de vomissements et d'une syncope. Ce traitement n'a été suivi d'aucun accident ; l'usage du lait a suffi pour rétablir complètement le malade dans l'espace de quelques jours.

La décoction aqueuse de jeunes tiges et de feuilles de fusain est un détersif très-énergique dans les ulcères invétérés, sordides, atoniques, œdémateux, scorbutiques ou gangreneux. Une partie de cette décoction et deux parties de décoction de feuilles de noyer, mêlées et employées en lotion et en application, au moyen de la charpie, sur un ulcère scrofuleux, blafard et engorgé, situé au-dessous de l'angle de la mâchoire inférieure, l'a avantageusement modifié en quelques jours.

La décoction des fruits et des capsules de fusain (15 à 30 gr. par kilogramme d'eau), à laquelle on ajoute un peu de vinaigre, est d'un usage populaire contre la gale. Les vétérinaires emploient la décoction des feuilles, de l'écorce, des capsules et des graines dans le vinaigre, en lavage contre la gale des chevaux et celle des chiens et autres animaux domestiques. On en fait aussi une pommade (8 gr. de poudre sur 30 gr. d'axonge). Répandue sur la tête, comme celle de staphisaigre, la poudre de semence de fusain fait mourir les poux.