Fenu grec (Candolle, 1882)

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Nom accepté : Trigonella foenum-graecum L.

Gesse Ochrus
Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées, 1882
Serradelle

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Fenu grec. — Trigonella Fœnum-græcum, Linné.

La culture de cette Légumineuse annuelle était fréquente chez les anciens, en Grèce et en Italie 8, comme fourrage de printemps ou comme donnant des graines officinales. Abandonnée presque partout en Europe, notamment en Grèce 9, elle continue en Orient et dans l'Inde 10, où probablement elle remonte à une époque très ancienne, et dans toute la région du Nil 11.

L'espèce est spontanée dans le Punjab et le Cachemir 12, dans les déserts de la Mésopotamie et de la Perse 13, et dans l'Asie Mineure 14, où cependant les localités indiquées ne paraissent pas assez distinctes des terrains cultivés. On l'indique aussi 15 dans plusieurs endroits de l'Europe méridionale, comme le mont Hymette et autres localités de Grèce, les collines au-dessus de Bologne et de Gênes, quelques lieux incultes en Espagne ; mais

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8. Theophrastes, Hist. plant., 8, c. 8 ; Columella, De re rust., 2, c. 10 ; Pline, Hist., 18, c. 16.

9. Fraas, Syn. fl. class., p. 63 ; Lenz, Bot. d. Alterth., p. 719.

10. Baker, dans Hooker, Fl. brit. Ind., II, p. 57.

11. Schweinfurth, Beitr. z. Fl. Æthiop. p. 258.

12. Baker, l. c.

13. Boissier, Fl. orient. II, p. 70.

14. Boissier, ibid.

13. Sibthorp, Fl. græca, t. 766 ; Lenz, l. c ; Bertoloni, Fl. ital., 8, p. 250 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 390.


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plus on avance vers l'ouest, plus les stations mentionnées sont les champs, les terrains cultivés, etc. ; aussi les auteurs attentifs ont-ils soin de noter que l'espèce est probablement sortie des cultures 1. Je ne crains pas de dire qu'une plante de cette sorte si elle était originaire de l'Europe méridionale, y serait beaucoup plus commune et ne manquerait pas, par exemple, aux flores insulaires, comme celles de Sicile, d'Ischia et des Baléares 2.

L'ancienneté de l'espèce et de son emploi dans l'Inde est appuyée par l'existence de plusieurs noms différents, selon les peuples, et surtout d'un nom sanscrit et hindou moderne, Methi 3. Il existe un nom persan, Schemlit, et un nom arabe, Helbeh 4, très connu en Egypte ; mais on ne cite aucun nom hébreu 5. L'un des noms de la plante en grec ancien, Tailis (Τηλις), sera peut-être pour les philologues un dérivé du nom sanscrit 6, ce dont je ne suis pas juge. L'espèce pourrait avoir été introduite par les Aryens et le nom primitif n'avoir laissé aucune trace dans les langues du nord, parce qu'elle ne peut vivre que dans le midi de l'Europe.

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1. Caruel, Fl. tosc., p. 256 ; Willkomm et Lange, l. c.

2. Les plantes qui se répandent d'un pays à l'autre arrivent plus difficilement dans les îles, selon les observations que j'ai publiées autrefois (Géogr. bot. raisonnée, p. 706).

3. Piddington, Index.

4. Ainslie, Mat. med. ind., I, p. 130.

5. Rosenmüller, Bibl. Alterkunde.

6. Comme d'ordinaire le dictionnaire classique de Fick, des langues indo-européennes, ne mentionne pas le nom de cette plante, que les Anglais disent être sanscrit.