Chamaesyce hirta (TRAMIL)

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Catharanthus roseus
TRAMIL, Pharmacopée végétale caribéenne, 2014
Chamissoa altissima
Chamaesyce hirta dessin TRAMIL.jpg
Chamaesyce hirta tige TRAMIL.jpg
Chamaesyce hirta fleurs TRAMIL.jpg


Chamaesyce hirta (L.)Millsp. = Euphorbia hirta L.
= Euphorbia pilulifera L.
EUPHORBIACEAE



Noms vernaculaires significatifs TRAMIL

  • Cuba : tapón
  • Martinique et Haïti : malomé, malomin, malnommée
  • autres noms créoles : zèb malonmé, herbe malnommée

Distribution géographique

Largement distribuée dans les régions tropicales et subtropicales.

Description botanique

Herbacée annuelle, tiges de 30 cm de haut, tomenteuse et avec d’abondants poils jaunâtres. Feuilles opposées à court pétiole, limbes ovales à lancéolées, souvent rhombique de 1-3 cm de long, base arrondie, apex aigu, bords dentelées, souvent avec des taches rouges ou pourpres. Inflorescences terminales et axillaires, pédonculées, avec de petites glandes pourpres. Capsules de 1 à 1,2 mm de long, pubescentes-strigueuses.

Vouchers :

  • Longuefosse&Nossin,104,HAVPM
  • Soberats,90-07,CIFMT

Emplois traditionnels significatifs TRAMIL

  • « absé dlé » (affection ganglionnaire inguinale) : parties aériennes, aplication1
  • diarrhée : parties aériennes, décoction, voie orale2
  • lawoujol (rougeole) : parties aériennes, décoction, voie orale3

Recommandations

Selon l’information disponible :

L’utilisation contre l’« absé dlé » (affection ganglionnaire inguinale), la diarrhée et la rougeole sont classés REC sur la base de l’emploi significatif traditionnel documenté dans les enquêtes TRAMIL et l’information scientifique publiée.

Toute application topique doit respecter les mesures d’hygiène rigoureuses afin d’éviter la contamination ou une infection surajoutée.

L’utilisation de cette ressource en cas de diarrhée doit être considérée comme un complément à la thérapie par réhydratation orale.

L’utilisation de cette ressource dans le cas de la rougeole, doit être considérée comme complémentaire pour ses propriétés antipyrétique, immunostimulante, antiinflammatoire et anti-histaminique.

En cas de détérioration du patient ou que l’« absé dlé » (affection du ganglion inguinal) persiste plus de 8 jours ou la diarrhée plus de 3 jours chez l’adulte, 2 jours chez l’enfant de plus de 3 ans, consulter un médecin.

Ne pas administrer pendant la grossesse, l’allaitement ni à des enfants de moins de 3 ans.

Chimie

La plante entière contient de la friedeline4, quercitrine5-6, xantoramnine7 et de l’acide tannique8.

La feuille contient de l’acide néo-chlorogénique9, euphorbine A, B9, C10 et E11, geraniine, β-D-(1-2-3-4-6-penta- O-galloyl)glucose et autres dérivés glucosiques, terchebine9, myricitrine, quercitrine9, quercétine, rutine12, acide forbique13, acide 3-4-di-O-galoylquinique9, β-sitostérol12. La tige contient de la β-amyrine, friedeline, taraxerol14, acide élagique9, acide galique9, quercitrine, isoquercitrine9, β-sitostérol14 et la fleur contient de l’acide élagique14.

Les parties aériennes contiennent de la β-amyrine, cycloarténol, 24-méthylènecycloarténol, hexacosanoate d’euforbol15-16, alcool cérylique, n-triacontane17, hexacosan-1-ol15-16, triacétate d’ingénol, 12-désoxy-4-β-hydroxy-13-phénylacétate-20-acétate de phorbol et autres dérivés de phorbol, tinyatoxine15-16, kaempférol, leucocyanidine, quercitrine18, quercétine17-18, acide shikimique19 et β-sitosterol15-16.

Activités biologiques

L’extrait méthanolique de la plante entière séchée, (2 mg/ mL) in vitro a été actif contre Pseudomonas aeruginosa, Streptobacillus sp., Streptococcus sp. et inactif contre Corynebacterium diphtheriae, Neisseria sp., Salmonella sp. et Staphylococcus aureus20.

L’extrait méthanolique de la plante entière séchée, (0,1 g/ mL) in vitro a été faiblement actif contre Bacillus subtilis, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Aspergillus terreus mais l’extrait chloroformique a été inactif. Les deux extraits ont été faiblement actifs contre Candida albicans et inactifs contre Aspergillus flavus21.

L’extrait aqueux des parties aériennes, (à concentration variable) in vitro a montré une forte activité antiprotozoaire contre Entomaeba histolytica22.

L’extrait hydroalcoolique (50%) de la plante entière, (125 mg/mL) in vitro a montré une activité antiprotozoaire contre Entomaeba histolytica. Le même extrait, in vitro (concentration non déclarée) sur iléon isolé de cobaye, a été actif contre les spasmes induits par histamine et acétylcholine23.

Le surnageant aqueux de décoction de feuille, in vitro (12,5 mg/mL) a été actif contre plusieurs bactéries gram - et à une concentration de 6,25 mg/mL contre plusieurs gram +24.

L’extrait aqueux (50%) de feuille fraîche, in vitro, a été faiblement fongicide contre Fusarium oxysporum f. sp. lentis25.

Les extraits butanolique, éthanolique (95%) et aqueux des parties aériennes, in vitro (concentration non déclarée) sur iléon isolé de cobaye, ont induit une stimulation du muscle lisse19,26.

L’extrait éthanolique (95%), à une concentration de 3,3 mL/L, sur iléon isolé de cobaye, a été actif comme spasmolytique et à la concentration de 0,33 mL/L, modèle train postérieur isolé de rat, a induit une vasodilatation27. L’extrait aqueux (infusion) des parties aériennes sèches, (100 mg/mL) in vitro chez le rat, a inhibé l’agrégation plaquettaire et la synthèse des prostaglandines. Le même extrait (330 mg/kg) par voie orale au rat, modèle de l’oedème de la patte provoqué par la carragénine, a été actif comme antiinflammatoire28.

L’extrait aqueux lyophilisé de plante entière séchée (20 mg/kg) par voie intrapéritonéale à la souris, a montré un effet analgésique (ED50 = 141 mg/kg) et chez le rat un effet antipyrétique. La dose de 100 mg/kg a été active chez la souris contre l’oedème induit par la carragénine, mais pas à dose de 400 mg/kg29.

L’extrait aqueux (décoction) de plante entière séchée (0,35 g/kg) par voie orale chez la souris, a été actif contre la diarrhée induite par l’acide arachidonique, l’huile de ricin, PgE2, mais inactive contre celle induite par le MgSO4 6.

L’extrait fluide de parties aériennes (dose non déclarée) par voie orale au cobaye (modèle «vs lethal egg-white shock») a été actif comme antihistaminique26.

Toxicité

La plante entière administrée sous forme de rations (5% de l’alimentation) au rat n’a montré aucun effet toxique. L’extrait fluide des parties aériennes, par voie intraveineuse à la souris, a montré une DL50 de 7,4 mL/ kg26.

L’extrait hydro-alcoolique (50%) de plante entière, par voie orale à la souris, a montré une dose toxique maximale tolérée de 1 g/kg23.

L’extrait acétonique de plante entière, par voie topique à la souris, n’a montré aucune irritation auriculaire30. L’extrait aqueux de la plante entière séchée, par voie orale et intrapéritonéale (6 g/kg) à la souris des deux sexes, n’a montré aucun effet toxique31.

L’extrait hydroalcoolique (50%) de plante entière séchée (10 g/kg) par voie orale et sous-cutanée à la souris, n’a montré aucune toxicité générale32.

On ne dispose pas d’information garantissant l’innocuité de son emploi médicinal sur les enfants ni sur les femmes enceintes ou allaitantes.

Préparation et dosage

Contre l’“absé dlé” (affection ganglionnaire inguinale) :

Laver à l’eau bouillie 50 grammes de feuilles et les écraser. Mettre une quantité suffisante pour couvrir la zone affectée préalablement lavée avec de l’eau bouillie et du savon. Couvrir avec un pansement ou torchon propre et renouveller toutes les 8 heures.

Contre la diarrhée :

Préparer une décoction avec 40 grammes de parties aériennes fraîches dans 6 tasses (1½ litre) d’eau, faire bouillir dans un récipient ouvert et réduire de moitié. Laisser refroidir, filtrer et boire 1 tasse 3 fois par jour pendant 3 jours33.

Contre la rougeole :

Préparer une décoction avec 30 grammes de parties aériennes fraîches dans 6 tasses (1½ litre) d’eau, faire bouillir dans un récipient ouvert et réduire à 1 litre. Laisser refroidir, filtrer et boire 1 tasse 3 fois par jour pendant 2 ou 3 jours33.

Toute préparation médicinale doit être conservée au froid et utilisée dans les 24 heures.

Références

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