Dupuya madagascariensis (PROTA)
Introduction |
Dupuya madagascariensis (R.Vig.) J.H.Kirkbr.
- Protologue: Novon 15(2) : 310 (2005).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Synonymes
- Cordyla madagascariensis R.Vig. (1949).
Origine et répartition géographique
Dupuya madagascariensis est endémique de Madagascar où il est répandu du nord au sud-ouest.
Usages
Le bois, connu et vendu localement sous le nom d’ “anakaraka”, est recherché pour sa durabilité pour la confection de solives, de poteaux, d’huisseries et de madriers dans la construction d’habitations, en parqueterie, en menuiserie, pour la construction navale et les bardeaux, et la construction nautique. Il convient pour les étais de mines, la charronnerie, les articles de sport, les instruments agricoles, les traverses de chemin de fer et le tournage. Dupuya madagascariensis sert traditionnellement de poison de pêche.
Production et commerce international
Le bois de Dupuya madagascariensis n’est probablement pas vendu sur le marché international des bois d’œuvre.
Propriétés
Le bois de cœur, brun jaunâtre à brun foncé, se distingue nettement de l’aubier jaune-blanc, et est de 6 cm d’épaisseur. Le fil est généralement droit, le grain plutôt grossier. Le bois est légèrement huileux au toucher.
C’est un bois lourd, avec une densité de 870–1050 kg/m³ à 12% d’humidité, et dur. Il sèche à l’air assez bien, mais lentement. Les taux de retrait sont modérés, de l’état vert à anhydre ils sont de 2,7–4,7% dans le sens radial et de 4,1–6,5% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est stable à modérément stable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 140–208 N/mm², le module d’élasticité de 10 700–19 800 N/mm², la compression axiale de 65–85 N/mm² et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 8–12,5. Le bois est fissile et ne résiste guère aux chocs.
Le bois se scie et se travaille bien, cependant il émousse énormément les dents de scie car il peut arriver qu’il contienne de la silice. On peut obtenir un surfaçage lisse mais mat. Des avant-trous sont nécessaires pour le clouage, mais la tenue des clous comme des vis est bonne. Le bois se polit bien. Il est durable, car il résiste aux champignons, aux termites et moyennement aux insectes xylophages, dont les térébrants marins. Il est rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation.
Description
- Arbre de taille moyenne atteignant 20(–25) m de haut, caducifolié ; fût généralement droit et cylindrique, atteignant 60(–90) cm de diamètre ; surface de l’écorce fissurée et écailleuse avec des écailles allongées, brun grisâtre à gris foncé ; cime arrondie, de grande taille, dense ; rameaux glabres.
- Feuilles disposées en spirale, composées imparipennées à 15–43 folioles ; stipules arquées, atteignant 4 mm de long, caduques ; pétiole et rachis mesurant ensemble 18,5 cm de long, avec 2 côtes étroites ; pétiolules jusqu’à 1 mm de long ; folioles normalement alternes, étroitement obovales à étroitement elliptiques ou oblongues, de (1–)1,5–4 cm × 0,5–1(–1,5) cm, obliques à la base, arrondies à émarginées à l’apex, bords entiers à légèrement crénelés, presque glabres, ponctuées de points et de bandes translucides, pennatinervées.
- Inflorescence : grappe terminale atteignant 18 cm de long, à pubescence clairsemée ; bractées de petite taille.
- Fleurs bisexuées, régulières ; pédicelle d’environ 0,5 cm de long ; hypanthium en coupe, d’environ 2 mm de long, verdâtre ; calice initialement entier mais se fendant en 2(–4) lobes ; pétales absents ; étamines nombreuses, insérées au bord de l’hypanthium, de 1–1,5 cm de long, blanches, avec une rangée intérieure d’étamines rudimentaires atteignant 2,5 mm de long ; ovaire supère, ellipsoïde, 1-loculaire, sur un stipe long, style court.
- Fruit : gousse en forme de baie, ellipsoïde à cylindrique, indéhiscente, de 3,5–6,5(–10) cm × 2–3,5 cm, brun rougeâtre à brun foncé, à stipe atteignant 3,5 cm de long, contenant 1–3 graines enveloppées dans une pulpe blanchâtre.
- Graines oblongues-ellipsoïdes, de 1,5–2 cm de long, à tégument brun rougeâtre et à albumen épais.
- Plantule à germination hypogée.
Autres données botaniques
Dupuya madagascariensis est subdivisé en deux sous-espèces ; subsp. madagascariensis qui est répandu, et subsp. tamarindoides (Capuron) J.H.Kirkbr., qui compte de nombreuses folioles et qui se cantonne au nord de Madagascar.
Le genre Dupuya comprend 2 espèces et est endémique de Madagascar. On l’a récemment séparé de Cordyla au vu de la présence de staminodes et de différences morphologiques des graines, mais une étude conduite sur la répartition des penta-hétérosides de flavonols présents dans les feuilles de Cordyla, de Dupuya et du genre très proche Mildbraediodendron n’a pas corroboré ce fait. Traditionnellement, ces genres ont été placés dans les Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae), alors que la chimie, la cytologie, la palynologie et l’anatomie du bois étayent leur inclusion dans les Papilionaceae (Leguminosae - Papilionoideae), ce que les études moléculaires confirment également.
Dupuya haraka
Dupuya haraka (Capuron) J.H.Kirkbr. (synonyme : Cordyla haraka Capuron) est un arbre de taille moyenne à plutôt grande atteignant 35 m de haut, au fût jusqu’à 80(–100) cm de diamètre, présent dans la forêt pluviale sempervirente du nord et de l’est de Madagascar, où il est considéré comme vulnérable. Il diffère de Dupuya madagascariensis par ses feuilles à 6–13 folioles obovales à elliptiques. Son bois brun rougeâtre sert pour la construction d’habitations et de bateaux.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : (1 : limites de cernes distinctes) ; (2 : limites de cernes indistinctes ou absentes).
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées.
- Parenchyme axial : 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 82 : parenchyme axial aliforme ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale.
- Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
Croissance et développement
Les semis préfèrent le plein soleil, et Dupuya madagascariensis a la réputation d’être une espèce pionnière. La croissance annuelle moyenne est d’environ 40 cm. Les arbres fleurissent en septembre–novembre. Les fruits mûrissent 6–8 mois plus tard, en mai–juin. Ce sont des lémuriens, les sifakas (Propithecus), qui les mangent et qui en disséminent probablement les graines.
Ecologie
Dupuya madagascariensis se rencontre dans la forêt sèche jusqu’à 600(–900) m d’altitude, souvent associé à Commiphora spp. La pluviométrie annuelle moyenne enregistrée dans son aire de répartition est de 500–1200 mm, avec 5–7 mois secs. La température annuelle moyenne est de 24°C. On trouve Dupuya madagascariensis sur des sols sableux, sableux-limoneux ou calcaires bien drainés. Près de Morondava, il est fréquent sur des sols moyennement fertiles à infertiles.
Multiplication et plantation
On peut ramasser les fruits mûrs, caractérisés par une paroi dure et brune, sur l’arbre ou à même le sol, mais il est recommandé de les récolter sur l’arbre afin d’éviter les attaques d’insectes. On les met dans un sac sur lequel on frappe pour en extraire les graines, lesquelles sont ensuite mises à sécher au soleil pendant 1–2 jours. Le poids de 1000 graines est de 1200–1300 g. Des graines sèches conservées à l’abri de la chaleur et de l’humidité ont encore un assez bon taux de germination au bout de 1,5–2 ans, qui peut atteindre 84%. Cependant, des graines conservées pendant seulement 6 mois ont montré un taux de germination de seulement 30–40%, ce qui peut être la conséquence d’une dormance partielle des graines. Les graines sont immergées dans l’eau pendant 24–48 heures pour stimuler leur germination. On les sème dans une planche de semis en pépinière à une distance de 10 cm × 10 cm à l’ombre, puis on les recouvre de 2–3 cm de terre. La germination démarre 9 jours après le semis et peut se prolonger pendant plus de 50 jours. Les semis sont repiqués dans des planches de pépinière avec le même espacement. Ils peuvent être plantés au champ au bout de 12 mois, lorsqu’ils ont atteint environ 50 cm de haut et 1 cm de diamètre de tige. Toutefois, on peut également pratiquer le semis direct au champ. Il faut protéger les semis des rongeurs et des sangliers. La multiplication par bouturage et par drageon est possible.
Ressources génétiques
Dupuya madagascariensis est répandu et commun, mais il pousse dans des régions dont la végétation indigène est très fragmentée. Bien que plusieurs zones protégées correspondent à son aire de répartition, on trouve l’espèce sur la Liste rouge de l’UICN, classée comme à faible risque / quasi menacée. Dupuya haraka est classée comme vulnérable. Le bois de l’une comme de l’autre espèce est très prisé et l’abattage sélectif exerce une pression de plus en plus forte sur leurs peuplements.
Perspectives
Dupuya madagascariensis et Dupuya haraka font tous deux l’objet d’une exploitation plus ou moins incontrôlée. Il faudrait disposer de davantage d’informations sur la densité d’arbres sur pied, sur les taux de croissance, sur la multiplication et sur des méthodes de conduite judicieuses qui permettraient d’élaborer des recommandations en faveur d’une exploitation durable.
Références principales
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- CFPF (Centre de Formation Professionelle Forestière), 2008. Fiches techniques: version francaise. Centre de Formation Professionelle Forestière, Morondova, Madagascar. 14 pp.
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- du Puy, D.J., Labat, J.N., Rabevohitra, R., Villiers, J.-F., Bosser, J. & Moat, J., 2002. The Leguminosae of Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 750 pp.
- Guéneau, P., Bedel, J. & Thiel, J., 1970–1975. Bois et essences malgaches. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 150 pp.
- Kirkbride, J.H., 2005. Dupuya, a new genus of Malagasy Legumes (Fabaceae). Novon 15(2): 305–314.
- Parant, B., Chichignoud, M. & Rakotovao, G., 1985. Présentation graphique des caractères des principaux bois tropicaux. Tome 5. Bois de Madagascar. CIRAD, Montpellier, France. 161 pp.
- Takahashi, A., 1978. Compilation of data on the mechanical properties of foreign woods (part 3) Africa. Shimane University, Matsue, Japan. 248 pp.
Autres références
- Bezzola, D., Schroff, Y. & Michaud, J., 1985. La germination de l’Anakaraka (Cordyla madagascariensis). Fiche technique No 10. Centre de Formation professionnelle forestière ‘Fofampiala’, Morondava, Madagascar. 26 pp.
- Boiteau, P., Boiteau, M. & Allorge-Boiteau, L., 1999. Dictionnaire des noms malgaches de végétaux. 4 Volumes + Index des noms scientifiques avec leurs équivalents malgaches. Editions Alzieu, Grenoble, France.
- Guéneau, P. & Guéneau, D., 1969. Propriétés physiques et mécaniques des bois malgaches. Cahiers scientifiques No 2, Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 51 pp.
- Schatz, G.E., 2001. Generic tree flora of Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 477 pp.
- Veitch, N.C., Kite, G.C. & Lewis, G.P., 2008. Flavonol pentaglycosides of Cordyla (Leguminosae: Papilionoideae: Swartzieae): Distribution and taxonomic implications. Phytochemistry 69(12): 2329–2335.
Sources de l'illustration
- du Puy, D.J., Labat, J.N., Rabevohitra, R., Villiers, J.-F., Bosser, J. & Moat, J., 2002. The Leguminosae of Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 750 pp.
Auteur(s)
- S. Rakotonandrasana, Centre National d’Application des Recherches Pharmaceutiques, B.P. 702, 101 Antananarivo, Madagascar
Citation correcte de cet article
Rakotonandrasana, S., 2011. Dupuya madagascariensis (R.Vig.) J.H.Kirkbr. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas.
Consulté le 31 mars 2025.
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