Cyclame (Cazin 1868)
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Nom accepté : Cyclamen purpurascens
Cyclamen. C. Bauh. — Cyclamen orbiculato folio. Tourn. — Arthanita vel panis porcinus, vel rapum terræ. Off.
Pain de pourceau,— cyclame d'Europe, — cyclamine d'Europe.
PRIMULACÉES. — PRIMULÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.
Le cyclame (Pl. XVI) se trouve dans les lieux ombragés, les haies, les fossés, les bois frais. Je l'ai rencontré dans nos bois humides du Bas-Boulonnais ; il est assez abondant à Compiègne, à Villers-Cotterets. Il est cultivé dans nos jardins pour la beauté et la variété de ses fleurs.
Description. — Racine (rhizome) : souche charnue, épaisse, très-volumineuse (quelquefois grosse comme le poing), ronde, aplatie, ou irrégulière, noirâtre en dehors, blanche intérieurement, garnie de fibres fines et ramifiées ; — point de tiges. — feuilles portées sur de longs pétioles sortant immédiatement des racines, épaisses, ovales-arrondies, cordées à la base, dentées, entières, tachées de blanc en dessus, rougeâtres en dessous, glabres. — Fleurs odorantes, blanches ou légèrement purpurines, solitaires et penchées sur de longs pédoncules radicaux de 10 à 12 centimètres de long, ayant leur disque tourné vers la terre, et les divisions du limbe repliées et redressées vers le ciel (septembre), [s'enroulant en spirale après la fécondation], cinq divisions allongées, rabattues sur le calice. — Cinq étamines. — Anthères rapprochées, cuspidées. — Ovaire supérieur, globuleux, uniloculaire. — Style allongé. — Stigmate aigu. — Fruit: capsule globuleuse, un peu charnue, uniloculaire, s'ouvrant longitudinalement en cinq valves, qui se renversent après la déhiscence, renfermant plusieurs semences attachées à un placenta libre et central.
Parties usitées. — La racine ou rhizome.
[Culture. — Le cyclamen exige de la terre de bruyère sablonneuse et un sol bien drainé ; l'hiver, on le recouvre de litière ou de feuilles sèches pour le garantir de l'humidité du sol, qui résulte des pluies ou des dégels ; on le multiplie de semis, que l'on fait en juin, sous châssis et dans de la terre de bruyère ; on fait hiverner le jeune plant sous châssis froid, et on le repique l'année suivante en godets, que l'on rempote en pots plus grands au fur et à mesure de l'accroissement du rhizome.]
Récolte. — Cette racine se récolte en automne. Pour la faire sécher on la coupe par tranches, et on l'expose ensuite au soleil ou à l'étuve. On la trouve chez les herboristes sous forme de tubercules durs, raboteux, brunâtres, ressemblant à des figues desséchées. Elle est plus active à l'état frais ; le principe âcre se dissipe en partie par la dessiccation.
Propriétés physiques et chimiques. — Cette racine est inodore, d'une saveur âcre, brûlante et amère. La torréfaction lui enlève toutes ses propriétés. L'eau s'empare de ses principes actifs.
[De Luca a trouvé que les rhizomes de cyclamen contiennent 80 pour 100 d'eau par l'incinération, et laissent 1/2 pour l00 de cendres ; il y a constaté une matière sucrée fermentescible, de l'amidon, des substances âcres, irritantes et toxiques, dont une, parfaitement définie, a reçu le nom de cyclamine.
La cyclamine, appelée aussi arthanitine, est une substance amorphe, blanchâtre, incolore, opaque, friable, pouvant absorber jusqu'à 45 pour 100 d'eau à l'air, se gonflant dans l'eau et devenant transparente, soluble dans l'alcool ; par évaporation de cette solution, il reste une masse amorphe qui brunit au contact de la lumière, qui se dissout dans l'eau en produisant une mousse abondante par l'agitation, et qui possède la singulière propriété de se coaguler par la chaleur, comme le ferait l'albumine ; cette coagulation se fait de 60 à 75 degrés, et par le refroidissement et le repos le coagulum se redissout dans l'eau, et peut se coaguler de nouveau par la chaleur ; elle n'est pas azotée ; sous l'influence de la sinaptase elle se dédouble en produisant de la glycose ; elle appartient par conséquent au groupe des glycosides. L'acide sulfurique concentré colore la cyclamine en rouge violet, qui disparait par l'addition de l'eau.]
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A L'INTÉRIEUR. — Racine fraîche en décoction, 4 à 12 gr. dans 500 gr. d'eau. |
plus, suivant le degré de dessiccation et l'effet qu'on veut produire. |
La racine du cyclame, plus ou moins dangereuse pour l'homme, est, dit-on, mangée sans inconvénient par les cochons, qui en sont très-friands. (On dit qu'autrefois on se servait de son suc pour empoisonner les flèches. Dans le royaume des Deux-Siciles on en fait usage pour empoisonner le poisson. En effet, tandis que le jus du rhizome de cette plante est inoffensif pour un lapin qui peut en recevoir 2 gr. dans l'estomac sans effet toxique, 1 centimètre cube mêlé dans 3 centimètres cubes d'eau entraîne la mort des petits poissons) (de Luca).
Les propriétés de cette racine varient suivant qu'elle est verte ou sèche. Verte, elle est purgative, vermifuge, emménagogue, résolutive. « Sa racine fraîche, à la dose de 2 gros en décoction dans un demi-septier d'eau, peut purger violemment par haut et par bas un homme d'une constitution robuste. Dans les provinces septentrionales de la France, où cette plante est commune, on l'emploie assez fréquemment pour se purger ; mais souvent, à de grands vomissements, on voit succéder des sueurs froides accompagnées de tintement d'oreilles, de tournoiements et de mouvements convulsifs; souvent aussi le malade rend le sang par le vomissement et par les selles ; et quelquefois à tous ces accidents succède encore une superpurgation qui réduit le malade au tombeau. (Bulliard.)
Dioscoride a signalé la redoutable propriété qu'elle possède de provoquer l'avortement. Geoffroy, Murray, et d'autres auteurs, rapportent qu'elle a souvent produit des inflammations de la gorge, de l'estomac et de l'intestin. La plupart des médecins modernes s'abstiennent de l'usage de ce médicament, qu'ils regardent comme dangereux, bien qu'on l'ait préconisé contre les obstructions atoniques des viscères, dans l'engorgement des glandes mésentériques et dans les affections scrofuleuses des enfants. Gilibert, au contraire, lui assigne une place distinguée dans la matière médicale. « C'est, dit-il, un de ces médicaments précieux que la pratique des médecins anodins a chassés des boutiques, qui offre cependant de grandes ressources dans les maladies chroniques. Cette racine, suivant Bodart, gardée un an dans un lieu sec, et pulvérisée à la dose de 50 centigr., triturée avec de la gomme, purge très-bien et sans tranchées. On peut aller jusqu'à 1 gr. et même plus, suivant l'effet que l'on veut produire. On en donne aux enfants 25 ou 30 centigr. ; mais on doit, dans tous les cas, surveiller son administration. Je ne puis fournir aucune observation concluante sur l'emploi à l'intérieur de la racine de cyclame. Ses effets plus ou moins prononcés, selon le degré de dessiccation, m'ont éloigné de tout essai. Il faut, autant que possible, en thérapeutique, une action sur laquelle on puisse compter.
La pulpe de cette racine appliquée sur le ventre agit comme purgatif, plus ou moins énergiquement, suivant la dose. L'onguent d’arthanita, composition aujourd'hui inusitée, dont le suc de cyclame fait la base et dans laquelle entrent celui de concombre sauvage ou mormodique, la coloquinte, le turbith, la scammonée, l'aloès, l'euphorbe, le fiel de bœuf, la myrrhe, le gingembre, etc., était employé autrefois en frictions sur le bas-ventre des enfants comme purgatif et vermifuge. Ces frictions provoquent des vomissements, purgent, expulsent les vers, excitent même, dit-on, la sécrétion des urines, selon qu'elles sont faites à l'épigastre, à la région ombilicale, à l'hypogastre, ou à la région des reins. Riolan l'employait en frictions sur le ventre pour faire évacuer les eaux des hydropiques : « Quo si lineatur hypogastrium subducet alvum et aquas educet[1]. » Je regrette que l'on ait abandonné
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- ↑ Ars med. Paris, 1651, p. 140.
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l'usage de l'onguent d'arthanita. Je l'ai employé en frictions sur l'abdomen des enfants, comme purgatif et vermifuge : il m'a presque toujours réussi. C'est un vieux pharmacien, type des apothicaires d'autrefois, qui me le fournissait. I1 l'employait fréquemment, non-seulement dans les cas précités, mais aussi, à dose modérée, pour combattre la constipation.
La racine de cyclame réduite en pulpe est un bon résolutif. On l'applique sur les tumeurs scrofuleuses, les engorgements indolents, l'œdème, etc. (Tissot en recommande la décoction en topique contre les engelures ; il lui reproche pourtant de jaunir les endroits lotionnés.)
(La cyclamine est très-âcre et extrêmement vénéneuse ; dissoute dans l'eau, elle produit sur les animaux le même effet que le jus de cyclamen. (Les expériences de de Luca, confirmées par celles de Claude Bernard, tendent à faire admettre entre le principe actif du cyclamen et le curare une certaine analogie d'action ; ainsi, de 1 à 4 gr. de jus du rhizome a produit, injecté dans le tissu cellulaire des lapins, des oiseaux, des grenouilles, des phénomènes presque semblables à ceux déterminés par le curare, mais bien moins énergiquement. On a cru remarquer en outre qu'elle agissait fortement sur la peau.)