Cressa cretica (PROTA)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Prota logo vert.gif
Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Médicinal Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Cressa cretica L.


répartition en Afrique (sauvage)
Protologue : Sp. pl. 1: 223 (1753).
Famille : Convolvulaceae
Nombre de chromosomes : 2n = 28

Noms vernaculaires

  • Cresse de Crète, cresse à feuilles d’herniaire (Fr).
  • Alkali weed, rosin weed, cressa (En).
  • Erva molhada (Po).

Origine et répartition géographique

Cressa cretica se rencontre en Afrique tropicale et depuis la région méditerranéenne jusqu’à l’Inde. En Afrique occidentale et orientale, il est présent dans les zones salines et côtières au Cap-Vert, en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée-Bissau, en Angola, et depuis la Somalie vers le sud jusqu’au Mozambique. Il se rencontre aussi à Madagascar.

Usages

Au Sénégal, la macération de la plante entière, mélangée aux écorces de Vitex cuneata Thonn. et de Faidherbia albida (Delile) A.Chev., se boit contre la bronchite. Au Soudan, la macération des parties aériennes est absorbée en boisson comme tonique. La décoction de la tige, en combinaison avec les feuilles de Vitex doniana Sweet, s’applique localement contre les éruptions cutanées comme dans la variole. Au Soudan, les feuilles sèches écrasées se prennent avec du sucre comme émétique.

En médecine traditionnelle indienne, Cressa cretica est connu sous les noms de “Rudanti” ou de “Rudravanti”. Il s’utilise pour traiter une large gamme de maladies dont le diabète, l’asthme, la constipation, les douleurs articulaires, l’inflammation, la dyspepsie, les vers intestinaux, la flatulence, les coliques, les affections de la peau, la lèpre, l’incontinence urinaire, et il se prend comme expectorant, stomachique, tonique, aphrodisiaque, antibilieux et altératif. A Bahreïn également, la plante sert traditionnellement d’agent expectorant et antibilieux.

La plante serait transformée à Madagascar en dentifrice. Elle a un goût acide et déplaisant. En Mauritanie, seuls les chameaux la pâturent de temps en temps. En Irak et en Arabie Saoudite, on dit qu’elle donne un bon fourrage pour les moutons et les chèvres. Elle est effective pour fixer le sol dans les zones côtières.

Production et commerce international

La plante n’est vendue que localement et on ne dispose pas de données sur les quantités commercialisées.

Propriétés

La crésoside, un hétéroside de coumarano-chromone, a été isolée de l’extrait à l’éthanol des fruits. Dans les parties aériennes, on a trouvé 8 composés terpéniques acycliques : les cressanyl esters A–G, ainsi que l’acide cressatriterpénique. Les parties aériennes contiennent également des flavonoïdes : la quercétine, le quercétine-3-O-glucoside, le kaempférol-3-O-glucoside, le kaempférol-3-O-rhamnoglucoside, et le rutine syringarésinol-β-D-glucoside, ainsi que des acides dicafféoylquiniques. En outre, elles contiennent l’acide triacontanoïque, le 24-hydroxy-4-octacosanone, la 24-nor-12-ursène, la β-amyrine, le stigmastérol, l’acide ursolique et le stigmastérol 3-O-β-D-glucoside. Les graines contiennent 22–25% d’huile comestible. Les acides gras de l’huile sont principalement l’acide oléique et l’acide palmitique. Parmi les autres constituants, on a des stérols, des hydrocarbones et du tocophérol.

Dans des essais en Inde, les extraits des tiges et des feuilles ont montré une forte activité antifongique in vitro contre Penicillium citrinum et, dans une moindre mesure, contre Candida albicans. Dans un autre essai, les extraits au chloroforme et à l’eau se sont avérés actifs in vitro contre les champignons dermatophytes Aspergillus niger, Aspergillus flavus, Paecilomyces varioti, Microsporum gypseum et Trichophyton rubrum. Dans le criblage in vitro d’extraits aqueux et alcoolisés de plantes indiennes visant à découvrir une activité antibactérienne contre les pathogènes Enterobacter aerogenes, Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Proteus mirabilis, Proteus vulgaris et Salmonella typhimurium, l’extrait de Cressa cretica (plante entière) n’a montré qu’une faible activité contre Klebsiella. Dans un essai similaire, l’extrait de la plante entière a présenté une action faible contre Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis et Staphylococcus subflava.

Les propriétés antitussives et son action de soulagement de l’asthme ont été étudiées dans un essai sur le cobaye et la souris. L’extrait à l’éthanol de la plante entière a donné une réduction dose-dépendante de la toux induite par l’exposition à des aérosols d’acide citrique (le cobaye) ou de gaz dioxyde de soufre (la souris), comparable à l’effet du sulfate de codéine. Pour étudier les propriétés antifertilité de Cressa cretica, les rats mâles ayant reçu une dose quotidienne de l’extrait au méthanol de Cressa cretica ont montré de nettes réductions dans le poids du testicule, de l’épididyme, de la vésicule séminale et de la prostate ventrale, en détériorant complètement leur fertilité.

Description

Plante herbacée ou petit sous-arbuste, vivace mais à courte vie, très ramifié, atteignant 25 cm de haut ; tiges poilues, très feuillées. Feuilles alternes, simples et entières, sessiles ; stipules absentes ; limbe lancéolé à ovale, de 2–9 mm × 1–6 mm, base cordée à cunéiforme, apex aigu, à pubescence apprimée. Inflorescence : bouquet terminal, pourvu de bractées, à l’extrémité des branches latérales. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, sessiles ; sépales légèrement inégaux, obovales, de 3–4 mm de long, imbriqués, aigus à obtus, à poils soyeux ; corolle campanulée, de 5–6 mm de long, rose blanchâtre, lobes imbriqués, obtus ; étamines longuement exsertes, jusqu’à 3,5 mm de long ; ovaire supère, 2-loculaire, styles 2, exserts, stigmates capités. Fruit : capsule ovoïde, de 3–4 mm de long, enveloppée au moins à la base par le calice, à 2–4 valves, en général à 1 graine. Graines ovoïdes, d’environ 3 mm de long, glabres, brillantes, brun foncé.

Autres données botaniques

La variation au sein du genre Cressa a été traitée d’un extrême à l’autre : tout réunir dans l’espèce unique Cressa cretica, ou séparer les types morphologiques en 19 espèces. De nos jours, la majorité des auteurs distinguent 4 espèces : Cressa cretica en Afrique et depuis le sud de l’Europe jusqu’à l’Inde, Cressa australis R.Br. en Australie et à Timor, et Cressa truxillensis Humb., Bonpl. & Kunth et Cressa nudicaulis Griseb. aux Amériques.

Croissance et développement

On peut trouver Cressa cretica en fleurs principalement pendant la saison des pluies.

Ecologie

Cressa cretica est une halophyte qui se rencontre dans les marais salants, sur les dunes ou près de la mer, souvent du côté terrestre de boues et de sables périodiquement inondés des marais salants maritimes ou de l’intérieur des terres. Il est aussi présent dans les rizières près du fleuve Sénégal ; son abondance est une indication de la salinité de l’eau.

Multiplication et plantation

Cressa cretica se multiplie par graines. La scarification à l’acide améliore la germination.

Gestion

Des essais dans lesquels les plantes ont été soumises à différentes concentrations de salinité ont démontré une meilleure croissance aux teneurs basses, mais la concentration la plus élevée (850 mM) n’a pas eu un effet négatif significatif sur la croissance. La croissance et la reproduction de plantes de Cressa cretica ont été inhibées fortement par la carence en potassium (K).

Ressources génétiques

Cressa cretica est répandu et localement commun ou même dominant ; il n’est pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

L’importance de Cressa cretica en médecine traditionnelle, notamment en Inde, justifie davantage de recherches sur sa valeur pharmacologique ; ceci pourrait mener à un usage plus général en Afrique.

Références principales

  • Austin, D., 2000. A revision of Cressa L. (Convolvulaceae). Botanical Journal of the Linnean Society 133(1): 27–39.
  • Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
  • Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
  • Priyashree, S., Jha, S. & Pattanayak, S.P., 2012. Bronchodilatory and mast cell stabilising activity of Cressa cretica L.: Evaluation through in vivo and in vitro experimental models. Asian Pacific Journal of Tropical Medicine 5(3): 180–186.
  • Verdcourt, B., 1963. Convolvulaceae. In: Hubbard, C.E. & Milne-Redhead, E. (Editors). Flora of Tropical East Africa. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. 161 pp.

Autres références

  • Chaudhary, S., Khosa, R.L., Priyank & Rani, S., 2012. A report on pharmacognostical and quality control parameters of stem and root of Cressa cretica Linn., Convolvulaceae. Journal of Pharmacy Research 5(1): 616–621.
  • Gonçalves, M.L., 1987. Convolvulaceae. In: Launert, E. (Editor). Flora Zambesiaca. Volume 8, part 1. Flora Zambesiaca Managing Committee, London, United Kingdom. pp. 9–129.
  • Hussain, S., Ahmed, E., Malik, A., Jabbar, A. & Arshad, M., 2005. Phytochemical Studies on Cressa cretica. Journal of the Cbemical Society of Pakistan 27(3): 296–298.
  • Kerharo, J. & Adam, J.G., 1974. La pharmacopée sénégalaise traditionnelle. Plantes médicinales et toxiques. Vigot & Frères, Paris, France. 1011 pp.
  • Parekh, J. & Chanda, S.V., 2008. Antibacterial activity of aqueous and alcoholic extracts of 34 Indian medicinal plants against some Staphylococcus species. Turkish Journal of Biology 32: 63–71.
  • Pirzada, A. J., Shaikh, W., Ghani, K.U. & Laghari, K.A., 2009. Study of antifungal activity and some basic elements of medicinal plant Cressa cretica Linn against fungi causing skin diseases. Sindh University Research Journal 41(2): 15–20.
  • Priyashree, S., Jha, S. & Pattanayak, S.P., 2010. A review on Cressa cretica Linn.: a halophytic plant. Plant Review 4(8): 161–166.
  • Rani, S., Chaudhary, S., Singh, P., Mishra, G., Jha, K.K. & Khosa, R.L., 2011. Cressa cretica Linn: an important medicinal plant - A review on its traditional uses, phytochemical and pharmacological properties. Journal of Natural Product and Plant Resources 1(1): 91–100.
  • Sunita, P. & Jha, S., 2012. Constituents of cressa cretica L., a halophytic plant. Asian Journal of Chemistry 24(6): 2730–2732.
  • Sunita, P., Jha, S. & Pattanayak, S.P., 2009. In-vivo antitussive activity of Cressa cretica Linn. using cough model in rodents. Pharmacognosy Research 1(3): 157–161.

Auteur(s)

  • N.S. Alvarez Cruz, Unidad de Medio Ambiente, Delegación del CITMA, Cor. Legón 268 / Henry Reeves y Carlos Roloff, Sancti Spiritus C.P. 60100, Cuba

Citation correcte de cet article

Alvarez Cruz, N.S., 2013. Cressa cretica L. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editeurs). Prota 11(2): Medicinal plants/Plantes médicinales 2. PROTA, Wageningen, Pays Bas. Consulté le 17 décembre 2024.


  • Voir cette page sur la base de données Prota4U