Costus lucanusianus (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Légume | |
Médicinal | |
Ornemental | |
Sécurité alimentaire |
Costus lucanusianus J.Braun & K.Schum.
- Protologue: Mitt. Deutsch. Schutzgeb. 2: 151 (1889).
- Famille: Costaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 18, 27
Noms vernaculaires
- Canne d’eau (Fr).
- Spiral ginger (En).
Origine et répartition géographique
Costus lucanusianus est présent dans la zone de forêts qui s’étend depuis la Guinée jusqu’à l’ouest de l’Ethiopie et vers le sud jusqu’à la R.D. du Congo. Il a été introduit comme plante ornementale, principalement aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. En Afrique centrale, il est souvent planté dans les jardins familiaux à des fins médicinales.
Usages
Costus lucanusianus est couramment utilisé comme plante médicinale en Afrique tropicale. L’infusion d’inflorescence sert à traiter la tachycardie et les maux d’estomac. La décoction de tige, le jus de tige chauffé ou les fruits pilés sont des remèdes dans le traitement de la toux, de la bronchite et du mal de gorge ; la tige, écrasée ou mâchée, sert aussi à traiter la toux. Le jus des feuilles est acide et s’emploie en collyre pour traiter les problèmes oculaires et les maux de tête accompagnés de vertiges ; en friction, on l’utilise pour traiter l’œdème et la fièvre. On l’utilise aussi en gouttes nasales et on frictionne la tête avec de la pulpe de feuille pour calmer l’aliénation mentale. Le jus de la tige s’emploie dans le traitement de l’incontinence urinaire, des maladies vénériennes et de la jaunisse, et sert à prévenir les fausses couches. Rubéfiant, ce jus provoque une sensation de brûlure sur les plaies ouvertes, mais il est aussi analgésique et cicatrisant, et on l’emploie pour les oreillons et la rougeole. La pulpe de rhizome s’applique sur les abcès et les ulcères pour les faire mûrir, et on la prend dans de l’eau comme antidiarrhéique. La décoction de tige se prend couramment pour traiter les rhumatismes. Les tiges réduites en pâte et prises avec de l’eau sont fortement diurétiques. Au Gabon, le jus de tige sert de collyre pour lutter contre la filariose.
Au Gabon, on cuit les jeunes pousses que l’on consomme à la place de celles d’Hibiscus sabdariffa L. ; elles ont un goût légèrement acide. Le jus de la tige sert à coaguler le latex. Costus lucanusianus est couramment utilisé dans les cérémonies et à des fins religieuses. Il se vend dans les pays occidentaux comme plante ornementale en pot.
Propriétés
Les rhizomes de Costus lucanusianus produisent 0,7% de sapogénines stéroïdiques totales et 0,6% de diosgénine. Le jus des tiges fraîches de Costus lucanusianus a montré un relâchement significatif lié à la dose du duodénum et de l’utérus chez les rats in vitro.
Divers extraits des feuilles n’ont pas montré d’activité antibactérienne ou antifongique, et les essais réalisés à partir de divers extraits du rhizome se sont avérés négatifs dans la recherche d’une activité antitrypanosomale et antiplasmodique.
Falsifications et succédanés
Les rhizomes de Costus lucanusianus contiennent une proportion plus élevée de diosgénine que ceux de Costus speciosus (Fenzl) K.Schum., qui est l’espèce dont on isole la diosgénine pour l’industrie pharmaceutique.
Description
- Plante herbacée vivace, rhizomateuse, atteignant 3 m de haut.
- Feuilles disposées en spirale, simples et entières ; gaine tubulaire, fermée, verte maculée de taches violettes ; ligule de 1,5–3 mm de long, coriace, à crête surélevée, à longs poils ; pétiole de 5–9 mm de long ; limbe elliptique, de 21–24 cm × 4,5–6 cm, base arrondie à subcordée, apex acuminé, bord légèrement poilu, glabre en dessus, brièvement poilu en dessous.
- Inflorescence : épi terminal très compact et globuleux de 3,5–7,5 cm de long, sessile ; bractées oblongues, convexes, d’environ 2,5 cm de long, densément imbriquées, celles du haut souvent plus petites, apex tronqué à arrondi, vertes marquées de violet, sous-tendant chacune 1 fleur ; bractéoles carénées, jusqu’à 2 cm de long, carène épaisse et côtelée, vert pâle marquée de rose et à bord rose, mince et papyracé.
- Fleurs bisexuées, zygomorphes, 3-mères ; tube du calice de 2–3 cm de long, dents de 5–6 mm de long, triangulaires, recourbées, bord brièvement poilu ; tube de la corolle d’environ 2 cm de long, poilu à l’intérieur, enfermé dans la bractée, lobes oblongs, d’environ 2,5 cm de long, cucullés à l’apex, aigus, semi-transparents à blancs, labelle (lèvre) largement triangulaire, en entonnoir, d’environ 3 cm × 3 cm, opposé à l’étamine, rouge sombre vers le bord, parcouru d’une ligne jaune centrale qui ne s’étend pas jusque dans le tube de la corolle ; étamine 1, libre, pétaloïde, étroitement triangulaire, d’environ 2,5 cm × 1 cm, entière, blanche, teintée de rouge à l’apex, anthère de 8–10 mm de long, rattachée par le milieu au filet ; ovaire infère, 3-loculaire, style 1, filiforme.
- Fruit : capsule ellipsoïde d’environ 1–1,5 cm de long, loculicide, contenant de nombreuses graines.
- Graines noires, à arille blanc.
Autres données botaniques
Le genre Costus, pantropical, comprend environ 70 espèces, dont 40 environ se trouvent en Amérique tropicale, 25 en Afrique tropicale et près de 5 en Asie du Sud-Est. Il y a un grand besoin de révision des espèces africaines de Costus, en particulier les grandes espèces forestières, qui sont difficiles à récolter en herbier. Costus lucanusianus et Costus afer Ker Gawl. sont des espèces étroitement apparentées, qui diffèrent surtout par la forme de l’inflorescence, le nombre de fleurs enfermées par les bractées et la couleur des fleurs. Chez Costus lucanusianus, l’inflorescence est globuleuse, chaque bractée recouvre 1 fleur et la corolle est blanche avec une lèvre rouge et une gorge jaune, tandis que chez Costus afer l’inflorescence a une forme de cône, chaque bractée recouvre 2 fleurs et la corolle est blanche avec une gorge jaune. Dans le sud du Nigeria, Costus afer et Costus lucanusianus donnent des hybrides.
Plusieurs autres espèces de Costus ont des usages médicinaux dans la zone de forêts d’Afrique centrale. En R.D. du Congo, le jus des tiges broyées de Costus dewevrei De Wild. & T.Durand est utilisé en lavement ou en boisson pour traiter les douleurs abdominales. Le jus, frais ou en infusion, est ingéré aussi ou appliqué en externe pour traiter la toux, la fièvre, les maladies vénériennes et les rhumatismes. Les Masangos au Gabon boivent le jus filtré des tiges et des feuilles broyées de Costus ligularis Baker comme remède contre la toux. Costus phyllocephalus K.Schum. a de l’importance comme légume pour ses pousses comestibles, mais le jus de ses feuilles est aussi utilisé en R.D. du Congo comme remède dans le traitement des maladies oculaires, des plaies et des ulcères, et il s’emploie en lavement pour traiter les hémorroïdes post-partum. La décoction de racine se prend pour traiter l’épilepsie et les troubles mentaux.
Croissance et développement
Costus lucanusianus est une plante à croissance vigoureuse. Elle fleurit et fructifie toute l’année, mais cela dépend de l’humidité du sol.
Ecologie
Costus lucanusianus est présent dans les endroits en forêt où l’humidité est permanente ou saisonnière, jusqu’à 1200 m d’altitude. En culture, il préfère un sol riche en humus et un endroit partiellement ombragé.
Multiplication et plantation
Costus lucanusianus peut être multiplié par graines, et également par boutures de tige ou de rhizome. Ces tiges et rhizomes sont coupés en tronçons de 2,5 cm de long et plantés dans un mélange de sable et de sphaignes. Les graines perdent leur viabilité rapidement et il faut semer des graines fraîches dans un sol riche et humide, bien ombragé. Costus lucanusianus se reproduit aussi de façon asexuée grâce à des mini-plants qui se forment sur l’inflorescence (viviparité), une caractéristique qui fait défaut chez Costus afer. On a réussi à obtenir des cultures de pousses multiples in vitro de Costus lucanusianus ; au bout d’une année de conservation dans de la paraffine liquide, on a observé des taux de survie élevés (70–100%).
Gestion
Cultivé en pot, Costus lucanusianus demande à être fréquemment rempoté pour pouvoir en maîtriser la taille.
Récolte
Les tiges et les rhizomes de Costus lucanusianus sont récoltés au fur et à mesure des besoins dans la nature ou sur les plantes cultivées dans les jardins familiaux.
Ressources génétiques
Costus lucanusianus est une espèce commune de la zone des forêts en Afrique tropicale et elle n’est pas menacée d’érosion génétique.
Perspectives
Costus lucanusianus est largement utilisé pour ses vertus médicinales en Afrique tropicale mais on sait peu de choses sur ses composants et leur activité pharmacologique. Cela mérite un approfondissement des recherches. La teneur en diosgénine du rhizome, très élevée, paraît concurrentielle sur le plan économique, comparée aux espèces qui produisent cette substance à l’échelle commerciale.
Références principales
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- Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
- Edeoga, H.O. & Okoli, B.E., 1996. Apomictic behaviour in Costus afer - C. lucanusianus (Costaceae) complex in Nigeria. Feddes Repertorium 107(1–2): 75–82.
- Edeoga, H.O. & Okoli, B.E., 1997. Anatomy and systematics in the Costus afer - C. lucanusianus complex (Costaceae). Acta Phytotaxonomica et Geobotanica 48(2): 151–158.
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Autres références
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- Atindehou, K.K., Schmid, C., Brun, R., Koné, M.W. & Traoré, D., 2004. Antitrypanosomal and antiplasmodial activity of medicinal plants from Côte d’Ivoire. Journal of Ethnopharmacology 90(2): 221–227.
- Burkill, H.M., 2000. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 5, Families S–Z, Addenda. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 686 pp.
- Foungbe, S., Sawadogo, D. & Declume, C., 1987. Etude experimentale de l’activité utero-relaxante de Alstonia boonei (Apocynacées) et Costus lucanusianus (Zingiberacées) utilisés traditionnellement comme anti-abortifs en Côte d'Ivoire. Annales Pharmaceutiques Françaises 45(5): 373–377.
- Gassita, J.N., Nze Ekekang, L., De Vecchy, H., Louis, A.M., Koudogbo, B. & Ekomié, R. (Editors), 1982. Les plantes médicinales du Gabon. CENAREST, IPHAMETRA, mission ethnobotanique de l’ACCT au Gabon, 10–31 juillet 1982. 26 pp.
- Hepper, F.N., 1968. Zingiberaceae. In: Hepper, F.N. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 3, part 1. 2nd Edition. Crown Agents for Overseas Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 69–79.
- Lambert, N., Baccou, J.C. & Sauvaire, Y., 1988. Screening for diosgenin in rhizomes from 3 Costus species (C. deistellii, C. igneus, C. lucanusianus). Planta Medica 54(4): 366–367.
- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
- Raponda-Walker, A. & Sillans, R., 1961. Les plantes utiles du Gabon. Paul Lechevalier, Paris, France. 614 pp.
Sources de l'illustration
- Lock, J.M., 1985. Zingiberaceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 40 pp.
Auteur(s)
- G. Aweke, P.O. Box 4278, Addis Ababa, Ethiopia
Citation correcte de cet article
Aweke, G., 2007. Costus lucanusianus J.Braun & K.Schum. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands.
Consulté le 16 décembre 2024.