Combretum imberbe (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Épice / condiment | |
Médicinal | |
Bois d'œuvre | |
Bois de feu | |
Ornemental | |
Fourrage | |
Combretum imberbe Wawra
- Protologue: Kaiserl. Akad. Wiss. Wien, Math.-Naturwiss. Kl., Anz. 38: 556 (1860).
- Famille: Combretaceae
- Nombre de chromosomes :
Noms vernaculaires
- Leadwood (En).
Origine et répartition géographique
Combretum imberbe se rencontre depuis le sud de la Tanzanie jusqu’au nord de la Namibie, au Botswana, au Zimbabwe, au Mozambique et au nord de l’Afrique du Sud.
Usages
Le bois sert à la fabrication de piquets de clôture, d’étais de mine, de traverses de chemin de fer, de mortiers, de cannes, de jouets, au travail de marqueterie et au tournage. En raison de sa durabilité, il est couramment employé pour réaliser les piquets de soutènement des cases. Il est prisé en sculpture et pour les travaux réalisés au tour, mais sert également à confectionner des meubles lourds extrêmement résistants. Il est apprécié comme bois de feu et pour la production de charbon de bois ; il brûle lentement en dégageant une forte chaleur. Les cendres, dont la teneur en chaux est élevée, servent parfois de dentifrice et remplacent le badigeon pour chauler les murs des maisons.
Diverses parties de la plante sont utilisées en médecine traditionnelle. La poudre de racine ou de feuille ainsi que la décoction de racine et de feuille permettent de traiter la diarrhée. Mais parallèlement, la décoction de feuille est prescrite en lavement contre la constipation. L’infusion de racine est prescrite contre la schistosomose. On applique la poudre d’écorce en externe pour venir à bout de la lèpre. L’infusion de racine ou de feuille se boit en cas de toux et de rhume, et on inhale la fumée de feuilles brûlées contre ces mêmes troubles. On boit la décoction de feuille pour soulager les douleurs thoraciques et la macération de racine contre les maux d’estomac. Les racines permettent de soigner la stérilité féminine. L’arbre produit une gomme comestible. L’écorce sert au tannage du cuir. Son feuillage est brouté par le bétail, même s’il ne contient, semble-t-il, que 4% de protéines. On prétend que l’arbre aurait des vertus protectrices et plusieurs parties sont utilisées lors de cérémonies rituelles. Combretum imberbe est efficace comme arbre d’ombrage ornemental.
Production et commerce international
En Afrique australe, Combretum imberbe a la faveur de l’industrie de la sculpture sur bois, au même titre que Berchemia spp., Olea europaea L. subsp. cuspidata (Wall. ex G.Don) Cif. et Spirostachys africana Sond. Au Mozambique, il est classé comme bois de première qualité pour la sculpture. En Tanzanie, il a remplacé le bois de Bobgunnia madagascariensis (Desv.) J.H.Kirkbr. & Wiersema. En 2003, la récolte officielle s’élevait à 3900 m³ de grumes, mais depuis l’exploitation est interdite dans tout le pays.
Propriétés
Le bois de cœur, brun foncé, se distingue nettement de l’aubier, mince et jaune- brun. Le fil est droit, le grain est fin. C’est un bois très lourd, avec une densité d’environ 1200 kg/m³ à 12% d’humidité. Il est difficile à travailler, émousse rapidement les lames de coupe, mais prend un très beau brillant au polissage. Les caractéristiques de tournage sont excellentes. C’est un bois très durable, même lorsqu’il est en contact avec le sol.
Des extraits à l’acétone et à l’acétate d’éthyle des feuilles de Combretum imberbe ont montré une nette activité anti-inflammatoire dans l’essai biologique de la cyclooxygénase-1, tandis qu’un extrait à l’eau a mis en évidence une activité contre Schistosoma haematobium. L’acide imberbique, un triterpénoïde pentacyclique, a été isolé des feuilles ; ce composé a révélé une puissante activité antibactérienne contre Mycobacterium fortuitum et Staphylococcus aureus. Un autre triterpène pentacyclique isolé des feuilles, le 1α,23-dihydroxy-12-oléanén-29-oïque acide-3β-O-2,4-di-acétyl-L-rhamnopyranoside, a mis en évidence une puissante activité antibactérienne contre Staphylococcus aureus et Escherichia coli, une forte inhibition de la déshydrogénase 3α-hydroxystéroïde et une action cytotoxique modérée contre plusieurs lignées de cellules cancéreuses chez l’homme. Lors d’essais, la cendre du bois s’est avérée efficace pour lutter contre la bruche du niébé présente dans les greniers où sont entreposées les graines.
Falsifications et succédanés
En Afrique du Sud, le bois de Combretum imberbe sert fréquemment en complément de celui de Colophospermum mopane (Benth.) J.Léonard comme matériau principal des palissades.
Description
- Arbuste ou arbre de taille petite à moyenne atteignant 20(–30) m de haut, caducifolié ; fût fréquemment tortueux, jusqu’à 100 cm de diamètre ; surface de l’écorce blanchâtre à gris pâle ou gris foncé, à profonds sillons longitudinaux et à crevasses transversales irrégulières ; cime étalée, arrondie et relativement ouverte ; rameaux glabres, souvent épineux aux extrémités.
- Feuilles opposées, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole jusqu’à 1 cm de long ; limbe elliptique à oblong-elliptique ou elliptique-obovale, de 2,5–8,5 cm × 1–3 cm, cunéiforme à arrondi à la base, arrondi à obtus à l’apex, souvent à pointe courte, papyracé à légèrement coriace, portant des écailles denses et argentées, pennatinervé à 3–7 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : épi axillaire ou terminal jusqu’à 5(–10) cm de long ; axe principal écailleux.
- Fleurs bisexuées, régulières, 4-mères, jaunâtres, à écailles denses, parfumées, sessiles ; réceptacle constitué de 2 parties, la partie inférieure d’environ 2,5 mm de long, la partie supérieure indistincte, presque plate ; sépales ovales-triangulaires, d’environ 1,5 mm de long ; pétales libres, obovales à spatulés, d’environ 1 mm de long, glabres ; étamines 8, libres, d’environ 2 mm de long ; ovaire infère, 1-loculaire, style d’environ 2 mm de long, densément glanduleux à la base.
- Fruit : nucule à 4 ailes, à contour largement ovoïde à presque orbiculaire, de 1,5–2 cm de long, à stipe de 2–3 mm de long et aux ailes d’environ 7 mm de large, vert jaunâtre pâle, à écailles argentées, indéhiscente, renfermant 1 seule graine.
- Plantule à germination hypogée, à cotylédons stipités, presque orbiculaires.
Autres données botaniques
Combretum est un genre très vaste qui comprend près de 250 espèces et qui a une répartition cosmopolite dans les régions tropicales et subtropicales. On en dénombre près de 140 en Afrique tropicale.
Anatomie
- Cernes de croissance : (1 : limites de cernes distinctes) ; (2 : limites de cernes indistinctes ou absentes).
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (7 : vaisseaux en lignes, ou plages, obliques et/ou radiales) ; (9 : vaisseaux exclusivement solitaires (à 90% ou plus)) ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; (23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale) ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; (45 : vaisseaux de deux classes de diamètre distinctes, bois sans zones poreuses) ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
- Trachéides et fibres : 60 : présence de trachéides vasculaires ou juxtavasculaires ; 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : (76 : parenchyme axial en cellules isolées) ; (79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon)) ; 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 81 : parenchyme axial en losange ; (89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales) ; (92 : quatre (3–4) cellules par file verticale) ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale.
- Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 109 : rayons composés de cellules couchées, carrées et dressées en mélange ; 115 : 4–12 rayons par mm ; (116 : ≥ 12 rayons par mm).
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 137 : cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons ; (138 : cristaux prismatiques dans les cellules couchées des rayons) ; (141 : cristaux prismatiques dans les cellules non cloisonnées du parenchyme axial).
Croissance et développement
La croissance de Combretum imberbe est très lente. En conditions naturelles, on a enregistré des taux d’accroissement annuels moyens en diamètre de 0,3 mm à 2 mm seulement, alors qu’avec des conditions optimales de culture les jeunes arbres peuvent atteindre 6 m de haut en 15 ans. Combretum imberbe fleurit de novembre à mars, ses fruits mûrissant de février à août. Les fruits sont dispersés par le vent, sur une distance allant jusqu’à 50 m de l’arbre-mère.
Combretum imberbe peut vivre très longtemps. La datation au carbone 14 a permis de montrer que certains spécimens avaient plus de 1000 ans. Une fois morts, les arbres peuvent rester debout pendant encore 80 ans.
Ecologie
Combretum imberbe se rencontre en forêt claire et en savane arborée, sur une large gamme de sols qui vont des terrains sableux aux affleurements calcaires, aux sols alluviaux et aux vertisols, mais rarement aux lourds sols argileux, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1000 m d’altitude. Il est très commun en bordure de rivière. Du point de vue écologique, Combretum imberbe a une grande valeur pour les espèces animales, car il sert par ex. de fourrage aux éléphants du désert en Namibie et de lieu de nidification aux perroquets de Rüppell et aux calaos.
Multiplication et plantation
On compte environ 11 500 fruits par kg, les graines représentant près de 45% du poids des fruits. Les graines doivent être semées tant qu’elles sont encore fraîches. Il faut les tremper dans l’eau pendant quelques heures avant de les semer dans des bacs de semis remplis de sable de rivière. Une fois recouvertes d’une fine couche de sable, elles doivent rester bien humides. Elles germent en 1–2 semaines, mais on a signalé de très faibles taux de germination (3–5%), ainsi qu’une forte mortalité parmi les semis. Les semis peuvent être transplantés dans des sachets de plastique une fois que la deuxième feuille est apparue.
Gestion
Les arbres peuvent être traités par recépage. Le nombre de pousses qui se développent sur les tiges coupées est en corrélation négative avec la hauteur de coupe des arbres, mais plus l’arbre est coupé court plus les pousses seront courtes. Une hauteur de coupe de 1 m semble être la mieux adaptée. En Afrique du Sud, la majorité (près de 80%) des arbres de Combretum imberbe ont des diamètres de fût inférieurs à 20 cm. En Tanzanie, le diamètre minimal d’abattage a été fixé à 24 cm.
Maladies et ravageurs
Les graines semblent sujettes aux attaques d’insectes et de rongeurs. Quant aux semis, il n’est pas rare qu’ils soient détruits par de grands herbivores tels que les antilopes et les éléphants.
Récolte
Il faut disposer d’un bon équipement composé de lames de coupes trempées et bien affûtées non seulement pour abattre les arbres mais aussi pour scier et travailler le bois.
Ressources génétiques
Combretum imberbe est répandu et commun, en tout cas localement. Il n’est donc pas facilement sujet à l’érosion génétique. Néanmoins, des études menées au Malawi ont montré que le bois subit une forte pression pour la production de charbon de bois, ce qui entraîne l’abattage de nombreux spécimens. En Afrique du Sud, les sujets de Combretum imberbe ayant un diamètre de fût supérieur à 20 cm font l’objet d’un abattage sélectif sur une grande échelle pour leur bois d’œuvre, tandis que les individus plus petits sont coupés pour le bois de feu. L’évolution de l’exploitation ne semble guère durable dans nombre de régions étant donné la forte pression démographique dans l’aire naturelle de l’espèce.
Perspectives
On manque cruellement d’informations sur la régénération naturelle de Combretum imberbe et sur les menaces qui pèsent sur les jeunes spécimens ; en outre, on comprend mal comment réagit Combretum imberbe face à la pression de l’exploitation dans des conditions environnementales différentes et sous diverses influences d’anthropisation. Il faut effectuer des travaux sur ces sujets et mettre au point des modèles d’exploitation durable. Il devient urgent de protéger cet arbre à croissance lente, mais le jeu en vaut certainement la chandelle si l’on considère les nombreux services qu’il rend tant à l’homme qu’à l’animal.
Références principales
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Autres références
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- Williamson, J., 1955. Useful plants of Nyasaland. The Government Printer, Zomba, Nyasaland. 168 pp.
Sources de l'illustration
- Coates Palgrave, K., 1983. Trees of southern Africa. 2nd Edition. Struik Publishers, Cape Town, South Africa. 959 pp.
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- van Wyk, P., 1972–1974. Trees of the Kruger National Park. 2 volumes. Purnell, Cape Town, South Africa. 597 pp.
Auteur(s)
- R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 18 décembre 2024.
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