Chrysophyllum giganteum (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Bois d'œuvre

diverses parties de l'arbre (The Virtual Field Herbarium)

coupe transversale du bois

coupe tangentielle du bois

coupe radiale du bois

Chrysophyllum giganteum A.Chev.

Protologue: Bull. Soc. Bot. France 61, Mém. 8: 267 (1917).

Famille: Sapotaceae

Nombre de chromosomes: 2n = 26

Synonymes

• Gambeya gigantea (A.Chev.) Aubrév. & Pellegr. (1960),
• Gambeyobotrys gigantea (A.Chev.) Aubrév. (1972).

Noms vernaculaires

• Koanandio, abam géant (Fr).

Origine et répartition géographique

Chrysophyllum giganteum se rencontre depuis la Sierra Leone jusqu’au Cameroun, au Gabon et au Congo.

Usages

Le bois de Chrysophyllum giganteum est comparable à celui de Pouteria spp., et peut être employé de la même façon, par ex. pour la construction intérieure, la menuiserie et les meubles. Les fruits sont comestibles, et ils sont vendus sur les marchés villageois au Ghana.

Production et commerce international

Le bois de Chrysophyllum giganteum est commercialisé avec celui de Pouteria spp. sous le nom d’ “aningré”, “aniégré” ou “aninguéri”. En 1972, 1973 et 1983, la Côte d’Ivoire a exporté environ 135 000 m³ de grumes d’ “aniégré” par an, principalement vers l’Italie, l’Espagne et la Grèce.

Propriétés

Le bois de cœur est blanc jaunâtre, fonçant en rose crème, et il est peu distinct de l’aubier. Le fil est droit, parfois contrefil, le grain est fin à moyennement fin.

Le bois est mi-lourd, avec une densité de 540–570 kg/m³ à 12% d’humidité. Les taux de retrait sont modérés : 3,2–4,9% dans le sens radial et 6,8–8,0% dans le sens tangentiel de l’état vert à anhydre. Avec un peu de soin, le bois sèche bien à l’air avec peu de dégradation. Une fois sec, il est stable en service.

A 12% d’humidité, le module de rupture est de 114–123 N/mm², le module d’élasticité de 9 410–10 100 N/mm², la compression axiale de 44–47 N/mm², le cisaillement de 5,5–7,0 N/mm², le fendage de 13–14 N/mm, et la dureté Chalais-Meudon de 2, 3–2,6.

Le bois se scie aisément, se travaille bien avec les outils à main et les machines, et il se rabote en donnant un excellent fini. Il n’émousse pas les dents de scie comme le bois de Pouteria, parce qu’il contient très peu de silice. Il ne se fend pas aisément au clouage, et présente une bonne tenue des clous et des vis. Il a de bonnes caractéristiques de collage et de peinture, et se déroule et se tranche de manière satisfaisante. Ce n’est pas un bois durable, et il est sujet aux attaques de champignons et de termites. Cependant, il n’est pas très sensible aux attaques de Lyctus. Il peut être traité avec des produits d’imprégnation en employant des procédés sous pression.

Description

• Arbre de taille moyenne à assez grande atteignant 35 m de haut ; fût jusqu’à 90 cm de diamètre, rectiligne, parfois cannelé, atteignant une hauteur de 20 m jusqu’aux premières branches, avec des contreforts abrupts à la base ; écorce épaisse, surface blanc grisâtre, fissurée longitudinalement, exsudant un latex visqueux lorsqu’on la coupe ; cime dense ; jeunes rameaux à poils apprimés brun grisâtre à brun rougeâtre.
• Feuilles disposées en spirale, en bouquets à l’extrémité des rameaux, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole d’environ 1 cm de long ; limbe obovale-oblong, de 8–20 cm × 3–7 cm, cunéiforme à la base, courtement acuminé à l’apex, coriace, à poils apprimés argentés à brun rougeâtre sur la face inférieure, à petits points translucides sur la face supérieure, pennatinervé à 7–10 paires de nervures latérales. Inflorescence : fausse grappe axillaire d’environ 3 cm de long, densément poilu.
• Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères ; pédicelle de 3–4 mm de long ; sépales libres, d’environ 1,5 mm de long, pubescents à l’extérieur ; corolle d’environ 2 mm de long, à lobes courts, glabre, blanc cassé ; étamines insérées dans le tube de la corolle, à l’opposé des lobes ; ovaire supère, conique, à longs poils, 5-loculaire, style court.
• Fruit : baie globuleuse jusqu’à 5,5 cm de diamètre, devenant jaune orangé et glabre à maturité, renfermant jusqu’à 5 graines.
• Graines ellipsoïdes, aplaties, jusqu’à 3 cm × 2 cm × 1 cm, brunes, à grande cicatrice.
• Plantule à germination épigée.

Autres données botaniques

Les fruits se forment durant les mois secs de l’année ; les graines sont dispersées par les singes et autres animaux, qui sont friands des fruits.

Le genre Chrysophyllum comprend quelque 70 espèces, et se rencontre dans toutes les régions tropicales. L’Amérique tropicale est la plus riche en espèces (environ 45), suivie par l’Afrique continentale (environ 15), Madagascar (environ 10), et l’Asie tropicale et l’Australie (2 au total). Le genre a été divisé en 6 sections, dont 2 (section Aneuchrysophyllum et section Donella) comprennent les espèces africaines. Chrysophyllum giganteum appartient à la section Aneuchrysophyllum. Il ressemble à Chrysophyllum albidum G.Don, qui a un bois similaire, mais est plus important comme arbre fruitier et en diffère par ses fleurs fasciculées.

Ecologie

En Côte d’Ivoire et au Ghana, Chrysophyllum giganteum se rencontre dans la forêt semi-décidue, où il est commun. Au Cameroun et au Gabon, il semble être beaucoup moins commun.

Gestion

Le poids de 1000 graines est d’environ 1 kg.

Ressources génétiques

En Afrique de l’Ouest, Chrysophyllum giganteum est commun dans la forêt semi-décidue, et bien que couramment exploité pour son bois il ne semble pas encore menacé d’érosion génétique.

Perspectives

L’exploitation de Chrysophyllum giganteum semble être pratiquée à une assez grande échelle ; il est probablement abattu sans discrimination en même temps que Pouteria spp. Il faudrait étudier sa croissance et sa régénération naturelle afin de mettre au point des méthodes d’aménagement rationnel des forêts où on le rencontre.

Références principales

• Aubréville, A., 1959. La flore forestière de la Côte d’Ivoire. Deuxième édition révisée. Tome troisième. Publication No 15. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 334 pp.

• Aubréville, A., 1972. Gambeyobotrys, genre nouveau de Sapotacées. Adansonia, séries 2, 12(2): 187–189.

• Normand, D., 1970. Les aniégré, Sapotacées de Côte d’Ivoire et leurs bois. Bois et Forêts des Tropiques 134: 3–13.

• Takahashi, A., 1978. Compilation of data on the mechanical properties of foreign woods (part 3) Africa. Shimane University, Matsue, Japan, 248 pp.

Autres références

• ATIBT (Association Technique Internationale des Bois Tropicaux), 1986. Tropical timber atlas: Part 1 – Africa. ATIBT, Paris, France. 208 pp.

• Aubréville, A., 1964. Sapotacées. Flore du Cameroun. Volume 2. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 143 pp.

• Burkill, H.M., 2000. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 5, Families S–Z, Addenda. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 686 pp.

• de la Mensbruge, G., 1966. La germination et les plantules des essences arborées de la forêt dense humide de la Côte d’Ivoire. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 389 pp.

• Durand, P., 1983. Aniégrés et longhis: étude comparative de leurs propriétés technologiques. Centre Technique Forestier Tropical, Abidjan, Côte d’Ivoire. 29 pp.

• Hawthorne, W.D., 1995. Ecological profiles of Ghanaian forest trees. Tropical Forestry Papers 29. Oxford Forestry Institute, Department of Plant Sciences, University of Oxford, United Kingdom. 345 pp.

• Hawthorne, W., 1990. Field guide to the forest trees of Ghana. Natural Resources Institute, for the Overseas Development Administration, London, United Kingdom. 275 pp.

• Savill, P.S. & Fox, J.E.D., 1967. Trees of Sierra Leone. Forest Department, Freetown, Sierra Leone. 316 pp.

• Siepel, A., Poorter, L. & Hawthorne, W.D., 2004. Ecological profiles of large timber species. In: Poorter, L., Bongers, F., Kouamé, F.N. & Hawthorne, W.D. (Editors). Biodiversity of West African forests. An ecological atlas of woody plant species. CABI Publishing, CAB International, Wallingford, United Kingdom. pp. 391–445.

Auteur(s)

• R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Lemmens, R.H.M.J., 2007. Chrysophyllum giganteum A.Chev. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 1 avril 2025.

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