Chenopodium album (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Légume Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Ornemental Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


1, partie inférieure de la plante ; 2, partie supérieure de la plante ; 3, fleur ; 4, fleur avec 2 tépales enlevés ; 5, fruit ; 6, graine. Source: PROSEA

Chenopodium album L.


Protologue: Sp. pl. 1 : 219 (1753).
Famille: Chenopodiaceae (APG: Amaranthaceae)
Nombre de chromosomes: 2n = 36, 54

Noms vernaculaires

  • Chénopode blanc, ansérine blanche (Fr).
  • White goosefoot, pigweed, lamb’s quarters, lambsquarters (En).
  • Catassol (Po).

Origine et répartition géographique

Chenopodium album est principalement connu comme une adventice nuisible de répartition mondiale, allant de 70°N à 50°S, et incluant tous les pays africains ; sous les tropiques, on la trouve surtout en altitude. Déjà aux temps préhistoriques, les graines étaient récoltées pour la consommation humaine tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Monde. Chenopodium album a été domestiqué dans la région de l’Himalaya, où il est cultivé comme pseudo-céréale au Népal et au nord de l’Inde. En Inde, il est également cultivé comme légume-feuilles traditionnel.

Usages

Les jeunes pousses et les feuilles de Chenopodium album sont parfois utilisées comme légume, parfois avec le statut d’aliment de famine. En Afrique australe, on le considère comme un légume sauvage apprécié. Les jeunes pousses sont cuites à l’eau et consommées seules ou mélangées avec d’autres légumes. Elles peuvent également être séchées et conservées en vue d’un usage ultérieur.

Chez des communautés montagnardes isolées, habitant les zones montagneuses au centre de l’Himalaya, Chenopodium album est une plante vivrière de subsistance. Avec les graines, on fait de la farine à crèpes et à pain. Les graines sont bouillies et mélangées à d’autres ingrédients pour faire une sorte de gruau, ou bien elles sont grillées et moulues pour faire de la bouillie. Elles sont également utilisées pour préparer des boissons fermentées et alcoolisées. Les graines sont aussi employées comme aliment pour la volaille et le bétail. En médecine, les graines de Chenopodium album ont été utilisées traditionnellement pour améliorer l’appétit et comme vermifuge, laxatif, aphrodisiaque et tonifiant ; on pense également qu’elles sont utiles pour les affections hépatiques, les douleurs abdominales, les maladies oculaires, les troubles de la gorge, les hémorroïdes et les maladies du sang, du cœur et de la rate.

Propriétés

La composition nutritionnelle des feuilles de Chenopodium album par 100 g de partie comestible est de : eau 84 g, énergie 184 kJ (44 kcal), protéines 4,3 g, lipides 0,8 g, glucides 7,3 g, fibres 2,1 g, Ca 280 mg, P 81 mg, vitamine A 11 300 UI, thiamine 0,15 mg, riboflavine 0,4 mg, niacine 1,3 mg, acide ascorbique 90 mg (Rubatzky, V.E. & Yamaguchi, M., 1997).

La composition nutritionnelle des graines des cultivars de l’Himalaya par 100 g est de : énergie 1654 kJ (395 kcal), protéines 16 g, lipides 7 g, glucides 66 g (Partap, T., Joshi, B.D. & Galwey, N., 1998). Les graines des types adventices de Chenopodium album (en Afrique et ailleurs) sont toutefois probablement de qualité inférieure et moins nutritives. Un extrait à l’éthanol des fruits a montré une activité antiprurigineuse et antinociceptive dans des essais sur des souris.

Description

  • Plante herbacée annuelle érigée atteignant 1,5(–4) m de haut ; jeunes parties végétatives densément revêtues de vésicules blanc farineux ou rouge violet ; tige anguleuse, côtelée, à stries longitudales vert foncé ou rouges.
  • Feuilles alternes, simples ; stipules absentes ; feuilles inférieures à pétioles longs, ovales-rhomboïdes, dentées ou incisées de façon irrégulière et grossière, celles du haut ayant graduellement des pétioles plus courts, elliptiques-oblongues-lancéolées, moins profondément incisées ou entières ; limbe de 1,5–18 cm × 0,5–18 cm.
  • Inflorescence : grande panicule feuillée, axillaire et terminale, constituée de glomérules de fleurs.
  • Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères ; tépales connés à la base ; étamines opposées aux tépales ; ovaire supère, déprimé globuleux, 1-loculaire, style court, stigmates 2.
  • Fruit : nucule entièrement enveloppée par les tépales incurvés, à paroi fine, indéhiscente, contenant 1 graine.
  • Graine presque lisse, lenticulaire, de 1–2 mm de diamètre, tégument finement coriace, brun noirâtre ; embryon annulaire, entourant l’albumen.
  • Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 2–7 cm de long ; cotylédons foliacés, pédonculés ; première paire de feuilles opposées, feuilles suivantes alternes.

Autres données botaniques

Chenopodium est un genre important (100–150 espèces) que l’on trouve principalement dans les zones tempérées du monde entier. Certaines espèces se sont naturalisées dans les régions montagneuses des tropiques. Chenopodium album est constitué d’un complexe d’adventices polyploïde très variable. Dans la zone montagneuse du centre de l’Himalaya, des types sélectionnés dans ce complexe sont désormais cultivés pour leurs graines et pour leurs feuilles. Les cultivars à grains peuvent être distingués des plantes sauvages par leur port habituellement plus grand (atteignant 4 m), leur grande inflorescence sans feuilles, saillante, compacte et retombante à fleurs bisexuées et à fleurs femelles et leurs graines plus grandes et non-égrenantes.

Chenopodium giganteum

En Afrique, certaines autres espèces sauvages de Chenopodium sont utilisées comme légume de la même façon que Chenopodium album. A Madagascar et en Zambie, on considère que Chenopodium giganteum D.Don (synonyme : Chenopodium amaranticolor (Coste & Reyn.) Coste) (chénopode géant) est un excellent légume cuit. Il est proche de Chenopodium album, mais également de Chenopodium quinoa Willd. (quinoa), cultivé comme pseudo-céréale en Amérique du Sud, et sa taxinomie n’est pas encore clairement établie.

Chenopodium murale

En Afrique australe, les parties jeunes de Chenopodium murale L. (chénopode des murs) sont utilisées comme légume cuit et en Afrique de l’Ouest, elles sont parfois utilisées dans les sauces. On dit que c’est une bonne plante fourragère bien qu’en Australie des cas d’empoisonnement du bétail ont été signalés. Au Maroc, les graines sont consommées comme aliment de famine. Chenopodium murale ressemble beaucoup à Chenopodium album, mais il diffère de celui-ci par ses feuilles rhomboïdes-ovales à nombreuses dents, ses inflorescences nettement cymeuses et ses graines brusquement carénées et très alvéolées.

Chenopodium opulifolium

Les feuilles de Chenopodium opulifolium Schrad. ex Koch & Ziz (chénopode à feuilles d’obier) sont consommées comme légume cuit en Tanzanie. On considère également que c’est une bonne plante fourragère et elle est parfois cultivée comme plante ornementale. Elle ressemble beaucoup à Chenopodium album, mais diffère de celui-ci par ses feuilles plus larges et une inflorescence habituellement plus glauque-farineuse.

Ecologie

Comme Chenopodium album est une adventice largement répartie, on soupçonne qu’il tolère bien les climats avec des températures moyennes de 5–30°C. Il tolère le gel nocturne. En Afrique et ailleurs, c’est une adventice des endroits cultivés et perturbés, que l’on trouve habituellement au-dessus de 1000 m d’altitude. Lors des jours longs des zones tempérées et subtropicales, il atteint une grande taille et c’est là qu’il concurrence le plus gravement les plantes cultivées.

Gestion

En Afrique, les jeunes pousses et les feuilles de Chenopodium album sont récoltées dans la nature. Sa culture et son usage comme plante à graines de subsistance se limite à environ 1500 ha dans l’Himalaya. Les chénopodes à graines sont généralement semés à 1–2 cm de profondeur en lignes écartées de 25–50 cm selon l’humidité du sol et la pluviométrie prévue. Le poids de 1000 graines est d’environ 1,4 g. La densité de semis est de 6–10 kg/ha, donnant 100–150 plantes par m2. Le lit de semences doit être bien préparé. Les graines peuvent également être semées à la volée, mais il est plus facile de désherber lorsqu’on a planté en lignes. Pour un semis à la volée, il faut environ 20 kg de graines par ha. Les plantules lèvent au bout d’environ une semaine dans un sol suffisamment humide avec une température moyenne au-dessus de 10°C. Le temps qui s’écoule entre le semis et la floraison et de la floraison jusqu’à la maturité des graines est très variable. Des cultivars précoces et neutres à la photopériode peuvent mettre 50–60 jours pour fleurir et 90–110 jours pour que les graines arrivent à maturité, alors que les cultivars tardifs et de jours courts mettent 4–5 semaines de plus. Les chénopodes à graines sont principalement autogames ; l’allogamie représente moins de 10%. A Himachal Pradesh (Inde), Chenopodium album est souvent cultivé en culture associée, par ex. avec l’éleusine, la pomme de terre, le maïs, le riz, l’amarante, le panis, le sésame, le soja, le taro, le niébé ou le haricot commun. La maladie la plus importante est le mildiou (Peronospora farinosa f.sp. chenopodii), qui provoque beaucoup de dégâts dans les cultures de chénopodes du monde entier. La maladie est favorisée par un temps chaud et humide. Certains cultivars sont partiellement résistants. D’autres maladies fongiques peuvent également provoquer de sérieux dégâts, ainsi que des insectes, dont la mineuse des feuilles Eurisaca melanocompta est la plus importante. Les oiseaux qui attaquent la culture avant la récolte ou lors du séchage au champ provoquent probablement les plus grosses pertes de rendement. Les cultivars amers sont moins susceptibles à de telles attaques que les doux. On peut utiliser les mêmes méthodes de récolte pour les chénopodes à graines que pour les céréales. On coupe les plantes, on les attache, on les sèche et on les bat, après quoi les graines sont vannées. Des rendements de 0,2–0,6 t/ha sont signalés au champ en Inde. Les faibles rendements des chénopodes à graines s’expliquent en partie du fait que cette plante n’est pas souvent cultivée seule mais habituellement en association. Les inflorescences ne sèchent pas facilement. A la récolte, la teneur en eau des graines peut tourner autour de 20%, et un séchage artificiel à 14% d’humidité peut s’avérer nécessaire.

Ressources génétiques

Le Chenopodium album sauvage est répandu et n’est pas menacé d’érosion génétique. Il faut rapidement prospecter les ressources génétiques des cultivars, car leur culture dans l’Himalaya diminue par manque d’amélioration génétique, et les paysans se tournent vers d’autres cultures plus rentables.

Perspectives

En Afrique, Chenopodium album restera un légume-feuilles secondaire, et dans de nombreuses régions il est considéré comme une adventice plutôt que comme une plante utile. Il serait intéressant d’étudier la possibilité de cultiver des cultivars à graines à des altitudes élevées.

Références principales

  • Brenan, J.P.M., 1988. Chenopodiaceae. In: Launert, E. (Editor). Flora Zambesiaca. Volume 9, part 1. Flora Zambesiaca Managing Committee, London, United Kingdom. pp. 133–161.
  • Decary, R., 1946. Plantes et animaux utiles de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 54e année, 6e série, 4e volume, 1er et dernier fascicule. 234 pp.
  • Mastebroek, H.D., van Soest, L.J.M. & Siemonsma, J.S., 1996. Chenopodium L. (grain chenopod). In: Grubben, G.J.H. & Partohardjono, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 10. Cereals. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 79–83.
  • Ruffo, C.K., Birnie, A. & Tengnäs, B., 2002. Edible wild plants of Tanzania. Technical Handbook No 27. Regional Land Management Unit/ SIDA, Nairobi, Kenya. 766 pp.
  • van Wyk, B.E. & Gericke, N., 2000. People’s plants: a guide to useful plants of southern Africa. Briza Publications, Pretoria, South Africa. 351 pp.

Autres références

  • Aellen, P., 1959–1979. Chenopodiaceae. In: Rechinger, K.H. (Editor). Hegi, G. Illustrierte Flora von Mitteleuropa. 2nd Edition. Pteridophyta, Spermatophyta. Band 3. Angiospermae, Dicotyledones 1. Teil 2. Verlag Paul Parey, Berlin, Germany. pp. 533–747.
  • Brenan, J.P.M., 1954. Chenopodiaceae. In: Keay, R.W.J. (Editor). Flora of West Tropical Africa. Volume 1, part 1. 2nd Edition. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 143–145.
  • Brenan, J.P.M., 1964. Chenopodiaceae. In: Turrill, W.B. & Milne-Redhead, E. (Editors). Flora of Tropical East Africa. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. 26 pp.
  • Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
  • Jansen, P.C.M., 1981. Spices, condiments and medicinal plants in Ethiopia, their taxonomy and agricultural significance. Agricultural Research Reports 906. Centre for Agricultural Publishing and Documentation, Wageningen, Netherlands. 327 pp.
  • Partap, T., Joshi, B.D. & Galwey, N., 1998. Chenopods, Chenopodium spp. Promoting the conservation and use of underutilized and neglected crops 22. International Plant Genetic Resources Institute (IPGRI), Rome, Italy. 67 pp.
  • Rubatzky, V.E. & Yamaguchi, M., 1997. World vegetables: principles, production and nutritive values. 2nd Edition. Chapman & Hall, New York, United States. 843 pp.

Sources de l'illustration

  • Mastebroek, H.D., van Soest, L.J.M. & Siemonsma, J.S., 1996. Chenopodium L. (grain chenopod). In: Grubben, G.J.H. & Partohardjono, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 10. Cereals. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 79–83.

Auteur(s)

  • P.C.M. Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Consulté le 23 décembre 2024.