Cephalosphaera usambarensis (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Colorant / tanin | |
Médicinal | |
Bois d'œuvre | |
Auxiliaire | |
Changement climatique | |
Statut de conservation | |
Cephalosphaera usambarensis (Warb.) Warb.
- Protologue: Bot. Jahrb. Syst. 33: 383 (1904).
- Famille: Myristicaceae
Noms vernaculaires
- Mtambao, mtambara (Sw).
Origine et répartition géographique
Cephalosphaera usambarensis est limité à l’est du Kenya et à la Tanzanie.
Usages
Le bois est utilisé en général pour les placages et le contreplaqué, mais il convient également pour la construction légère, la parqueterie légère, les menuiseries, les boiseries intérieures, le mobilier, les jouets et les articles de fantaisie, les instruments agricoles, les caisses et les cageots, la sculpture, le tournage, les allumettes, les panneaux de fibres, les panneaux de particules et la pâte à papier.
L’écorce produit un colorant brun dont on se sert pour teindre les tissus. L’arbre, dont la cime donne une ombre relativement peu épaisse, est planté dans les plantations agroforestières et en bord de rivières pour limiter l’érosion. Les racines servent en médecine locale en Tanzanie pour soigner la hernie.
Production et commerce international
En 1960, Cephalosphaera usambarensis passait pour être l’un des bois d’œuvre les plus utiles et les plus polyvalents de Tanzanie. Au début des années 1970, c’était l’une des principales sources de contreplaqué. En 1985, il figurait à la huitième place sur la liste des bois d’œuvre les plus importants (en volume) des monts Usambara orientaux en Tanzanie, et à la dixième place en 2001. En 1990, le prix d’un madrier était de US$ 2,40, et de US$ 2,90 en 2001. Cephalosphaera usambarensis ne semble plus exploité à des fins commerciales à cause du déclin des peuplements causé par la surexploitation.
Propriétés
Le bois de cœur, brun rougeâtre pâle, ne se distingue pas nettement de l’aubier. Le fil est généralement droit, le grain moyen.
C’est un bois de poids moyen, avec une densité de 510–650 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche à l’air assez lentement, et se détériore peu au séchage même lorsqu’il est séché au four rapidement. Les taux de retrait sont moyennement élevés, de l’état vert à 12% d’humidité ils sont de 3,0% dans le sens radial et de 6,5% dans le sens tangentiel. Il faut compter 5–6 semaines pour sécher à l’air des planches de 2,5 cm d’épaisseur de 65% à 14% d’humidité, et 4 mois pour des planches de 5 cm d’épaisseur. Une fois sec, il peut arriver que le bois soit instable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 93 N/mm², le module d’élasticité de 16 900 N/mm², la compression axiale de 44 N/mm², le cisaillement de 12,5 N/mm² et la dureté Janka de flanc de 2670–3290 N.
Le bois se scie et se travaille facilement tant à la main qu’à la machine, en dépit d’une gomme rougeâtre qui risque de poser des problèmes. Il se rabote bien, mais un angle de coupe de 30° est recommandé. Il se moulure et se mortaise bien, prend un fini lisse et se polit bien. Les caractéristiques de clouage et de collage sont bonnes. Il se déroule bien, même s’il est possible que les placages se fendent au séchage. Les caractéristiques de tournage sont satisfaisantes. Ce n’est pas un bois durable, car il est sensible aux attaques des champignons et des insectes. Il est moyennement rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation, mais il peut être traité correctement sous pression.
La gomme exsudée par l’écorce est soluble dans l’eau à environ 73% et elle contient des tanins. On a observé que la matière grasse semi-solide présente dans les graines provoquait une dermatite chez les sujets sensibles.
Falsifications et succédanés
Le bois de Cephalosphaera usambarensis ressemble à celui de Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb., qui sert aux mêmes usages.
Description
- Arbre de taille moyenne à grande atteignant 50(–60) m de haut, sempervirent, dioïque ; fût dépourvu de branches sur 25(–30) m, droit et cylindrique, jusqu’à 90(–160) cm de diamètre, parfois pourvu de petits contreforts ; surface de l’écorce lisse, blanchâtre à brun pâle ou gris foncé, écorce interne granuleuse, orange-brun pâle à taches plus pâles, exsudant une abondante gomme rouge ; cime de petite taille, arrondie, plutôt ouverte ; jeunes rameaux garnis de poils courts brun rougeâtre, devenant rapidement glabres.
- Feuilles alternes, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole d’environ 1 cm de long ; limbe oblong à oblong-lancéolé, de 8,5–29 cm × 3–7,5 cm, cunéiforme à la base, aigu à courtement acuminé à l’apex, glabre, pennatinervé à 13–20 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : panicule axillaire atteignant 7 cm de long, à poils brun rougeâtre, à fleurs en capitules portant de nombreuses fleurs.
- Fleurs unisexuées, régulières, atteignant 3 mm de long, jaunâtres, sessiles, périanthe en coupe, 3–4(–5)-lobé, muni de poils courts brun rougeâtre ; fleurs mâles à 3–4(–5) étamines soudées, filets soudés en colonne ; fleurs femelles à ovaire supère 1-loculaire.
- Fruit : drupe ellipsoïde à oblongue-ellipsoïde de 5,5–6,5 cm × 3–4 cm, jaune-vert, déhiscente par 2 valves en cuiller, contenant 1 seule graine.
- Graines ellipsoïdes à oblongues-ellipsoïdes, de 4–5 cm de long, crème à brun pâle, munies d’un arille jaune à brun pâle, ponctué de points glandulaires, lacinié.
- Plantule à germination hypogée.
Autres données botaniques
Le genre Cephalosphaera est monotypique. Il semble très proche du petit genre Brochoneura originaire de Madagascar.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (12 : contour des vaisseaux isolés anguleux) ; 13 : perforations simples ; 14 : perforations scalariformes ; 15 : perforations scalariformes avec ≤ 10 barreaux ; 21 : ponctuations intervasculaires opposées ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; (23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale) ; 27 : ponctuations intervasculaires grandes (≥ 10 μm) ; 31 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations rondes ou anguleuses ; 32 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations horizontales (scalariformes) à verticales (en balafres) ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 63 : ponctuations des fibres fréquentes sur les parois radiales et tangentielles ; 65 : présence de fibres cloisonnées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 68 : fibres à parois très fines ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; (92 : quatre (3–4) cellules par file verticale) ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale ; (94 : plus de huit cellules par file verticale).
- Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées ; 107 : rayons composés de cellules couchées avec 2 à 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; (108 : rayons composés de cellules couchées avec plus de 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées) ; 115 : 4–12 rayons par mm.
- Eléments sécrétoires et variantes cambiales : 132 : laticifères ou tubes à tanins.
- Inclusions minérales : 152 : cristaux d’autres formes (généralement petits) ; 154 : plus d’un cristal approximativement de même taille par cellule ou par loge (dans les cellules cloisonnées).
Croissance et développement
Les semis tolèrent l’ombre et on les trouve au pied de l’arbre-mère dans la forêt. Cependant, la régénération naturelle est souvent médiocre. Une fois qu’ils sont enracinés, les jeunes individus peuvent avoir une croissance assez rapide. Dans une plantation de 54 ans d’âge, la variation de la taille des fûts a été considérable, avec un diamètre de fût maximal de 68 cm.
Ecologie
Cephalosphaera usambarensis se rencontre dans la forêt pluviale sempervirente à 200–1500 m d’altitude, souvent sur des versants abrupts et en bord de rivières.
Multiplication et plantation
Les graines de Cephalosphaera usambarensis sont récalcitrantes. Elles sont lourdes, puisqu’on compte environ 35 graines par kg, présentent un fin tégument et un petit embryon enveloppé dans un albumen volumineux. Une fois ramassées, elles doivent être emballées dans des sacs en coton en quantités de moins de 10 kg. Comme elles perdent rapidement leur viabilité, il faut les planter dans les 6 semaines qui suivent leur ramassage. Le taux de germination des graines fraîches non préalablement traitées est élevé, puisqu’il atteint 97% 6–7 semaines après le semis. La scarification des graines peut accélérer leur germination, et lorsque l’on sème des graines scarifiées sur une litière chaude et bien humidifiée à l’ombre, elles germent en l’espace de 3 semaines. Elles ne tolèrent pas un dessèchement inférieur à 25% d’humidité, mais peuvent très bien être conservées à des températures négatives. Les semis mettent habituellement très longtemps à s’enraciner lorsque les graines sont semées directement au champ, car elles sont souvent abîmées par les rongeurs. Il vaut mieux les semer dans des sacs en polyéthylène et les transplanter au début de la saison des pluies une fois qu’ils ont atteint entre 30–50 cm de haut.
Gestion
Cephalosphaera usambarensis est généralement disséminé et pousse en faibles densités dans la forêt naturelle. Il a été planté en plantations. Dans les monts Usambara orientaux de la Tanzanie, Maesopsis eminii Engl. a été planté comme arbre d’abri dans les plantations de jeunes Cephalosphaera usambarensis.
Récolte
En règle générale, le fût ne se fend pas pendant l’abattage et il est relativement facile à couper avec des outils manuels tels que la scie passe-partout, la scie à archet et la hache.
Traitement après récolte
Les grumes fraîchement abattues sont sensibles au bleuissement et aux attaques des insectes xylophages ; elles doivent donc être transformées sans tarder ou bien traitées avec des produits de conservation. Il est recommandé de traiter le bois avec un traitement anti-coloration avant de l’empiler pour le faire sécher à l’air. Toutefois, lors de l’abattage de grands arbres, des fentes peuvent apparaître ainsi que des ruptures à la compression dans les billes de pied.
Ressources génétiques
Cephalosphaera usambarensis est menacé tant par la surexploitation que par ses faibles taux de régénération. Il est endémique d’une zone relativement réduite de l’est du Kenya et de la Tanzanie, où il subit une grave destruction de son milieu, et il figure sur la Liste rouge de l’UICN en tant qu’espèce vulnérable.
Perspectives
Cephaloshaera usambarensis est particulièrement prisé en tant que source d’essence à bois d’œuvre polyvalente, notamment pour la production de contreplaqué. De plus, un bel avenir s’ouvre devant lui dans les plantations agroforestières et dans les plantations commerciales de bois d’œuvre. La recherche doit se pencher sur ses taux de croissance, sa multiplication et sur des modes de conduite judicieux. Il y a lieu d’intégrer Cephalosphaera usambarensis dans des programmes de domestication puisque la production durable et économiquement viable de bois d’œuvre issu de forêts naturelles ne semble plus possible désormais au sein de son aire de répartition limitée.
Références principales
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- Msanga, H.P., 1998. Seed germination of indigenous trees in Tanzania: including notes on seed processing, storage and plant uses. Canadian Forest Service, Edmonton, Canada. 292 pp.
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- Mugasha, A.G., 1978. The growth of Cephaloshaera usambarensis at Amani and Kwamkoro, Tanzania. Tanzania Silviculture Technical Note 36. 6 pp.
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Autres références
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- Greenway, P.J., 1941. Dyeing and tanning plants in East Africa. Bulletin of the Imperial Institute 39: 222–245.
- Lovett, J. & Clarke, G.P., 1998. Cephalosphaera usambarensis. In: IUCN. Red list of threatened species. Version 2010.4. [Internet] http://www.iucnredlist.org January 2011.
- Lovett, J.C., Ruffo, C.K., Gereau, R.E. & Taplin, J.R.D., 2006. Field guide to the moist forest trees of Tanzania. [Internet] Centre for Ecology Law and Policy, Environment Department, University of York, York, United Kingdom. http://celp.org.uk/ projects/ tzforeco/. January 2011.
- Malde, K., 1972. Design stresses for seasoned Cephalosphaera usambarensis (mtambara). Tanzania Forest Division, Utilisation Section, Moshi, Tanzania. 4 pp.
- Watt, J.M. & Breyer-Brandwijk, M.G., 1962. The medicinal and poisonous plants of southern and eastern Africa. 2nd Edition. E. and S. Livingstone, London, United Kingdom. 1457 pp.
Sources de l'illustration
- Verdcourt, B., 1997. Myristicaceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 10 pp.
Auteur(s)
- W. Mojeremane, Department of Crop Science and Production, Botswana College of Agriculture, Private Bag 0027, Gaborone, Botswana
Citation correcte de cet article
Mojeremane, W., 2011. Cephalosphaera usambarensis (Warb.) Warb. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas.
Consulté le 6 mars 2025.
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