Catha edulis (PROTA)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Prota logo vert.gif
Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svg
Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Stimulant Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Médicinal Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Ornemental Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fibre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Catha edulis (Vahl) Forssk. ex Endl.


Protologue: Ench. bot. : 575 (1841).
Famille: Celastraceae

Synonymes

  • Celastrus edulis Vahl (1790),
  • Catha inermis J.F.Gmel. (1791).

Noms vernaculaires

  • Khat, kat, qat (Fr).
  • Khat, qat, kat, Arabian tea, Abyssinian tea, Bushman’s tea (En).
  • Katyna (Po).
  • Mlonge, miraa, murungu (Sw).

Origine et répartition géographique

Le khat est indigène dans les forêts sempervirentes d’altitude d’Afrique orientale, de l’Erythrée en allant vers le sud jusqu’à l’Afrique du Sud (Province du Cap) et au Swaziland. On suppose que le centre d’origine primaire est situé dans les hauts plateaux du sud-ouest de l’Ethiopie. D’après des chroniqueurs arabes du XIVe siècle, le khat a été cultivé de façon assez extensive dans les montagnes du Yémen et également près de Harer en Ethiopie à cette époque. Il se peut qu’il ait été introduit au Yémen à partir de l’Ethiopie au VIe siècle après J.-C., environ 600 ans plus tôt que le café (Coffea arabica L.), mais il n’était pas connu en Occident avant la fin du XVIIIe siècle. Son utilisation régulière comme stimulant se limite principalement aux communautés musulmanes du sud de l’Arabie et d’Afrique orientale. Les principaux pays où le khat est cultivé sont le Yémen, l’Ethiopie et le Kenya, mais il est aussi récolté dans la nature ou cultivé dans plusieurs autres pays de l’est et du sud de l’Afrique et à Madagascar.

Usages

Le khat est utilisé principalement comme masticatoire. Les jeunes feuilles fraîches, et quelquefois les extrémités de pousses tendres, sont mâchées pour leurs effets stimulants et légèrement intoxicants. Au fur et à mesure que d’autres feuilles sont rajoutées, une chique est formée qui est stockée dans la joue. Cette chique est mâchée lentement jusqu’à ce que tous les sucs en soient extraits et le résidu est expectoré ou avalé. On accompagne la mastication en buvant de grandes quantités d’eau froide et quelquefois aussi en fumant des cigarettes ou le narguilé.

La mastication du khat est une habitude ancienne dans les zones rurales pour alléger la fatigue lors des travaux des champs ou égayer les fêtes religieuses et les réunions de famille. Certaines catégories socioprofessionnelles, telles que les conducteurs de véhicules à moteur, les marchands et les étudiants peuvent l’utiliser pour son effet énergisant et pour rester éveillé. Depuis quelques années, la mastication du khat est devenue un passe-temps majeur lors des longues réunions sociales, en particulier au Yémen, en Ethiopie, à Djibouti et en Somalie, créant une lourde pression sur les revenus familiaux et une perte appréciable de main-d’œuvre productive. Les transports rapides par voie aérienne permettent d’avoir des approvisionnements de khat frais même pour des communautés d’immigrants de ces pays qui résident désormais en Europe et ailleurs dans le monde.

Les grandes feuilles trop dures pour être mâchées et les feuilles qui ont perdu leur fraîcheur peuvent être séchées et broyées en vue de la préparation d’une pâte avec de l’eau, du sucre ou du miel et quelquefois des épices. La pâte est mâchée et avalée de la même manière que celle décrite pour les feuilles fraîches. Les feuilles séchées sont également utilisées pour préparer une infusion comme on le fait pour le thé, par ex. en Afrique du Sud, ou bien elles peuvent être fumées comme du tabac, par ex. dans les pays arabes. En médecine traditionnelle africaine et arabe les feuilles et les racines de khat sont considérées comme une panacée contre toutes sortes de souffrances et de maladies.

Lorsqu’on le laisse pousser pour devenir un grand arbre, Catha edulis fournit un bon bois d’œuvre pour l’ameublement et la construction, dénommé “Chirinda redwood” dans le sud de l’Afrique. La pâte à papier fournit un excellent papier buvard.

Production et commerce international

Il n’existe pas de statistiques récentes sur la culture et la production de khat dans les principaux pays producteurs. Dans le nord du Yémen, le khat a dépassé le café comme culture de rapport la plus importante; on pense que la production de khat représente environ 50% du produit intérieur brut du secteur agricole. Les revenus provenant du khat sont extrêmement élevés; des estimations pour le Yémen varient de 5–10 fois plus que les revenus fournis par les cultures légumières. C’est également une source majeure de recettes fiscales pour le gouvernement. Contrairement au café, il y a très peu d’exportation. Il est cultivé par des milliers de petits agriculteurs. La popularité de la mastication du khat a augmenté énormément depuis les années 1970. Au Yémen, une grande proportion des salaires est consacrée à l’achat de khat.

En Ethiopie, le sud-est est la principale région de production avec environ 10000 ha, mais le khat est également cultivé dans plusieurs autres régions des hauts plateaux. Dans les montagnes proches de Harer, le khat a remplacé en grande partie la culture traditionnelle du café. Le khat représente souvent plus de 50% des revenus financiers des agriculteurs. La production totale annuelle de khat en Ethiopie était estimée à 50000 t en 1980. Une partie significative du khat vendu sur les marchés locaux dans le sud-est de l’Ethiopie est exportée par la route vers les pays voisins comme Djibouti et la Somalie, ou par voie aérienne de Dire Dawa vers différents pays en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe. Le miraa, comme on nomme généralement le khat au Kenya, est cultivé principalement dans le district de Meru sur les pentes nord-est du mont Kenya et sur les collines de Nyambeni. Il est principalement vendu aux habitants musulmans des régions du nord et de la côte, mais des quantités notables sont exportées par voie aérienne vers les principales villes européennes. L’importation et le commerce de khat sont formellement interdits dans certains pays, par ex. Arabie Saoudite, Etats-Unis, Italie, France et Suisse, mais dans beaucoup d’autres ils sont légaux ou tout au moins tolérés, par ex. la plupart des pays africains, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. 2–3 t de bottes de khat arrivent, par exemple, à Londres chaque semaine d’Ethiopie ou du Kenya. Une petite botte de rameaux de khat (200–300 g) peut se vendre 8–20 US$ sur les marchés dans les rues de Londres, de Rome ou d’Amsterdam.

Propriétés

Les jeunes feuilles de khat ont la composition chimique approximative suivante par 100 g de poids frais: 90 g d’eau, 5–6 g de protéines, 2–3 g de fibres, 1,6 g de tanins (polyphénols), 0,3 g de calcium et 0,2 g d’acide ascorbique (vitamine C). Elles contiennent aussi des alcaloïdes du type phénylalkylamine, comprenant la cathinone (= (–)-α-aminopropriophénone), la cathine (= norpseudoéphrédine) et un certain nombre de cathédulines, représentant au total 0,1–0,8% du poids sec. Les concentrations d’alcaloïdes dans les feuilles âgées et les autres parties de la plante sont beaucoup plus faibles. La cathinone est le principal élément déterminant des effets stimulants du khat et est dix fois plus puissante que la cathine. La cathinone est hautement instable et son contenu diminue jusqu’à des niveaux très faibles dans les quelques jours qui suivent la récolte. Ceci explique la préférence qu’ont les chiqueurs de khat pour les jeunes feuilles fraîches, la qualité que les gens perçoivent étant étroitement corrélée au contenu en cathinone. Les cathédulines ne contribuent pas de manière significative aux effets stimulants du khat.

La cathinone stimule le système nerveux central d’une façon similaire aux amphétamines. Les effets initiaux s’expriment par l’exaltation, l’éveil, l’euphorie et l’absence de fatigue. Le grand volume de feuilles nécessaires pour obtenir ne serait-ce que de légers effets stimulants limite l’absorption des substances actives et rend le khat considérablement moins dangereux que les drogues psycho-actives disponibles sous forme chimiquement pure. Généralement, seul un faible degré de dépendance découle de l’usage du khat. La mastication excessive de khat peut causer l’insomnie, le manque d’appétit (anorexie), l’hypertension et la psychose toxique, et peut contribuer à des problèmes socio-économiques. Les tanins astringents présents dans le khat peuvent entraîner la gastrite, la stomatite, l’oesophagite et la périodontite. La forte teneur en vitamine C donne aux feuilles de khat une certaine valeur nutritive. Des essais sur les animaux ont montré des effets antispasmodiques, analgésiques, embryotoxiques et tératogènes du khat. Des essais sur des volontaires qui ont chiqué du khat régulièrement ont montré une augmentation significative et progressive de la pression sanguine et du rythme cardiaque et une chute de l’émission d’urine pendant la période de mastication, et ont également suggéré que la consommation de khat, particulièrement lorsqu’elle est accompagnée de consommation d’alcool ou de tabac, peut être une cause potentielle de malignités orales. Le poids à la naissance de bébés provenant de mères mastiquant du khat était significativement plus bas. Une administration par voie orale de la fraction flavonoïde isolée à partir du khat a montré une efficacité anti-inflammatoire significative contre l’œdème de la patte et le granulome “cotton pellet” induits par le carraghénane chez les rats.

Le bois des grands arbres est doré jaune à brun, brillant, à fil droit, à grain fin et régulier, fort et moyennement dur. Il est facile à scier et à raboter. La densité du bois séché à l’air est d’environ 640 kg/m².

Description

Arbre glabre, érigé, sempervirent, jusqu’à 25 m de haut avec ramification dimorphique et petite cime pointue, mais en culture, arbuste à plusieurs tiges de (0,5–)2,5–6 m de haut; fût droit et mince, jusqu’à 20 cm de diamètre; écorce fine, lisse et gris vert pâle chez les plantes cultivées, rugueuse chez les grands arbres; branches cylindriques, pâles à gris brunâtre; jeunes rameaux généralement aplatis, vert terne ou rouge brunâtre. Feuilles alternes sur branches orthotropes et opposées sur plagiotropes, simples; stipules triangulaires, de 3 cm × 1 mm, vert pâle, caduques, laissant une cicatrice en bourrelet; pétiole cylindrique, de 3–11 mm de long, vert pâle à foncé; limbe oblong à elliptique ou obovale, de (3,5–)5,5–11 cm × (1–)1,5–4,5(–6) cm, cunéiforme à atténué à la base, aigu à acuminé, quelquefois obtus à l’apex, bord glanduleux crénelé à denté en scie, brillant, feuille mûre coriace, à nervation réticulée. Inflorescence: cyme axillaire, régulièrement dichasiale, jusqu’à 2,5(–3,5) cm de long, portant de nombreuses fleurs; pédoncule de 6–12 mm de long; bractées généralement triangulaires, jusqu’à 2,5 mm de long, persistantes. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, de 2–4 mm de diamètre; pédicelle de 1–2,5 mm de long; sépales connés à la base, largement ovales à suborbiculaires, de 0,5–1 mm de long, à bord fimbrié; pétales libres, elliptiques-oblongs, de 1–1,5 mm de long, blancs ou jaune pâle, à bord finement serrulé ou fimbrié; étamines libres, alternant avec les pétales et légèrement plus courtes qu’eux; disque intrastaminal, charnu, légèrement 5-lobé; ovaire supère, largement ovoïde, 3-loculaire, styles 3, courts, à petits stigmates. Fruit: capsule trigone, retombante, étroitement oblongue, de 6–12 mm de long, rouge à brune, déhiscente loculicide à 3 valves, contenant 1–3 graines habituellement. Graines obovoïdes, aplaties d’un côté, de 3–3,5 mm × 1,5 mm, avec une grande aile membraneuse de 5–5,5 mm × 2,5–3 mm; tégument brun foncé, rugueux-papilleux; embryon à deux cotylédons, longs, fins et à petite plumule enfoncée dans l’albumen.

Autres données botaniques

Le genre Catha est constitué d’une seule espèce hautement polymorphique. Il n’y a pas de taxons infra-spécifiques reconnus au sein de Catha edulis, mais plusieurs formes cultivées. En Ethiopie, les agriculteurs distinguent plusieurs cultivars, dont ‘Dallota’ qui a de petites feuilles vert pâle, ‘Dimma’ qui a des feuilles rouges de taille moyenne et ‘Mohedella’ qui a des feuilles vertes à vert olive. Au Yémen, les cultivars de khat portent quelquefois le nom d’une localité, par ex. ‘Sabr’, ‘Reimi’, ‘Taizi’ et ‘Mathani’, ou celui de leur couleur.

Croissance et développement

Les graines fraîches germent en 15–20 jours. Les graines perdent rapidement leur viabilité. Peu d’observations sur la croissance des plants de semis ont été publiées, principalement du fait que pratiquement toute multiplication est effectuée par des boutures prélevées sur des pousses orthotropes (à feuilles alternes). La croissance de boutures racinées débute avec l’émergence de nouvelles pousses orthotropes, à écorce rougeâtre et à feuilles alternes, provenant de bourgeons situés à l’aisselle des feuilles. Ces tiges continuent de s’allonger pendant environ deux ans avant que les premières branches latérales à croissance plagiotrope apparaissent à l’aisselle des feuilles les plus anciennes, portant des feuilles opposées légèrement plus petites. Des branches latérales se forment progressivement à l’aisselle de la plupart des feuilles sur les tiges verticales lorsque celles-ci vieillissent. La coloration rouge initiale des extrémités des pousses et des jeunes feuilles devient verte à maturité et finalement blanc grisâtre. Les branches latérales ne se ramifient guère, mais elles forment des inflorescences à l’aisselle des feuilles jusqu’à l’extrémité de la branche. Le cycle de croissance tout entier est répété lorsque de nouvelles branches orthotropes commencent à bourgeonner sur des sections âgées de 4 ans sur les tiges verticales existantes. Des drageons se développeront également à la base des tiges en réaction à une taille sévère. Les branches plagiotropes vivent relativement peu longtemps et tombent dans les 3–4 ans après leur formation. La floraison a généralement lieu pendant la saison des pluies (juillet–septembre en Ethiopie); les fruits sont mûrs dans les 4 mois suivant l’anthèse. Les arbres issus de boutures ont plusieurs tiges dès le départ. Les arbres de khat sauvages ont un seul tronc se ramifiant plus haut en plusieurs tiges verticales.

Ecologie

Au Yémen, en Ethiopie et au Kenya le khat est cultivé sur les hauts plateaux à 1500–2500 m d’altitude, où les températures journalières moyennes sont de 16–22ºC (écarts de 6–32ºC). Les besoins annuels en précipitation sont de 800–1000 mm pendant une période de 4–6 mois. Le gel et une humidité élevée sont des facteurs de croissance limitants. Le khat peut être cultivé sur toute une variété de sols moyennement acides à alcalins, de limons sableux à des argiles lourdes, suffisamment profonds et bien drainés, avec un contenu élevé en matière organique dans les couches superficielles. Il ne tolère pas la salinité.

Multiplication et plantation

Les boutures de 30–50 cm de long, prélevées sur des branches orthotropes ou des drageons près du niveau du sol, sont la source principale de matériel de plantation. Les boutures issues de branches plagiotropes prennent difficilement racine et ne produisent pas de bonnes plantes. On peut laisser les boutures s’enraciner en pépinière mais elles sont souvent plantées directement au champ pendant la saison des pluies. Une ou deux boutures sont plantées debout dans un trou, quelquefois sur des billons parallèles mis en place préalablement. Les espacements sur des terrains relativement plats ou sur des pentes légères sont de 1,5–2,5 m en lignes espacées de 2–2,5 m. Des espacements plus étroits sont utilisés là où les plantes sont cultivées comme des arbustes de petite taille. Au Yémen et dans le sud-est de l’Ethiopie, le khat est le plus souvent cultivé sur des terrasses de montagne permettant d’avoir seulement une rangée d’arbres par terrasse. En l’absence de pluies régulières, les plantes sont irriguées jusqu’à ce qu’elles soient bien établies. Le khat est principalement une culture de petits agriculteurs; les paysans intercalent les jeunes plantes de khat avec des cultures vivrières pendant les 5–6 premières années, après quoi l’ombrage par les arbres devient trop important pour la culture intercalaire. Un système de culture mixte comprenant quelques rangées de khat alternées avec une ou deux rangées de café (Coffea arabica L.) n’est pas rare en Ethiopie.

Gestion

On laisse le khat se développer sans intervention pendant 3–4 ans, jusqu’à ce qu’il atteigne 0,8–1 m de haut. L’entretien inclut le désherbage et le travail du sol pour garder un sol meuble, tout en aidant à conserver l’humidité du sol. La plupart des feuilles sont alors enlevées de façon à induire le développement de jeunes pousses pour une première récolte légère. Des niveaux de rendement normaux sont atteints 5–8 ans après la plantation. La hauteur des arbres de khat est maintenue aux alentours de 2,5–5 m par des tailles régulières. Les arbres peuvent être rajeunis en coupant toutes les tiges près du niveau du sol et en permettant aux drageons émergents de se développer en nouvelles tiges afin que les plantations puissent être maintenues productives pendant 50–75 ans sans replantation. Une irrigation supplémentaire apportée pendant la saison sèche augmente les rendements de façon considérable et donne une récolte hors saison, lorsque les prix du marché sont plus élevés. Au Yémen, la culture de khat s’est étendue vers des régions ne recevant que 300–400 mm de pluie. A ces endroits, elle est toujours irriguée à partir des puits. Des engrais azotés ou des engrais organiques augmentent les rendements de façon significative, mais les petits agriculteurs ne fertilisent pratiquement jamais le khat.

Dans certaines parties des hauts plateaux centraux du Yémen, telles que par exemple les plaines et les vallées autour de Rada’, le khat est cultivé sous forme d’arbuste d’environ 50 cm de haut soumis à des pratiques agricoles intensives avec irrigation permanente et apports réguliers d’engrais et de pesticides. Il commence à produire environ un an après plantation.

Maladies et ravageurs

Le khat est relativement exempt de maladies sérieuses. Les pathogènes mineurs suivants ont été identifiés sur les arbres de khat autour de Harer en Ethiopie: l’oïdium (Oidium sp.), la maladie des taches noires (Dillsiella pollaccii), Septoria sp., et des galles des tiges et des rameaux provoquées par des infections bactériennes (Diplodia sp. et Pseudomonas savastanoi). Les insectes courants du khat en Ethiopie sont: le bupreste (Chrysobothris dorsata), le charançon des feuilles (Systates sp.), et les chenilles du foreur des gousses de haricot de Lima (Etiella zinckenella) et de Naddiasa concana et Aphilopota panerostigma, qui consomment les jeunes feuilles et les pousses. Les agriculteurs évitent généralement d’utiliser des insecticides par peur de tuer une cicadelle utile (Empoasca sp.), réputée améliorer la qualité du khat en causant la mort des anciennes pousses, encourageant ainsi le développement de nouvelles pousses. Des rats-taupes (Tachyoryctes sp.) provoquent des dégâts occasionnels aux tiges principales de jeunes arbres juste en dessous de la surface du sol.

Récolte

Les jeunes pousses sont récoltées 2–3 fois par semaine pendant la saison. La récolte se fait uniquement tôt le matin afin de préserver la fraîcheur des feuilles. Les jeunes pousses sont cassées et parées à une longueur de 40 cm environ, quelquefois de 80–100 cm, avant d’être liées en bottes de taille suffisante pour deux heures de mastication de khat. Une botte pesant 500 g fournit suffisamment de pousses et de feuilles tendres (150 g) pour une séance de deux heures. Plus les feuilles sont tendres et juteuses, plus la mastication est facile et plus l’effet stimulant est fort. C’est pour cette raison qu’une botte de brindilles de khat ne doit pas avoir plus de 2–3 jours après la récolte. Lorsqu’il est cultivé comme arbuste au Yémen, seul les extrémités des rameaux de 10 cm de long, avec environ 3 feuilles dépliées, sont récoltées et rassemblées en petites bottes.

Rendement

Le khat est souvent cultivé pour la consommation domestique ou locale et récolté seulement au fur et à mesure des besoins. De telles parcelles de khat ne sont pas très productives. Dans les régions du Yémen et de l’Ethiopie où l’on cultive le khat pour le marché, les rendements peuvent atteindre 2 t de pousses fraîches par ha et par an pour des vergers bien tenus. Les rendements annuels moyens en Ethiopie sont de 800–1000 kg/ha.

Traitement après récolte

Les bottes de pousses ou de feuilles sont aspergées d’eau et enveloppées dans des feuilles de bananier, ou celles d’autres plantes, afin de préserver la fraîcheur puis emballées dans des sachets en plastique pour le transport vers le marché. Le khat arrivant tôt le matin atteindra les prix les plus élevés et sera également bon pour l’export. C’est une denrée très périssable; les bottes ayant plus de 24–36 heures perdent leur valeur. Les agriculteurs, les commerçants et les consommateurs distinguent différentes classes de qualité, basées sur l’origine, le moment de la récolte, la couleur et la tendreté des feuilles. Les feuilles blanchâtres sont considérées comme étant de qualité supérieure mais les feuilles rougeâtres donnent un meilleur effet stimulant.

Ressources génétiques

Il n’existe pas de programme de prospection et de conservation systématique de ressources génétiques, mais de petites collections sont présentes dans les jardins botaniques (par ex. à l’Agricultural University of Alemaya, Ethiopie). Le khat est très répandu dans son habitat naturel en Afrique orientale; il n’y a pas de danger immédiat d’érosion génétique.

Sélection

Il n’y a pas de programmes officiels de sélection. Les cultivars sélectionnés par les agriculteurs depuis toujours sont maintenus par multiplication végétative.

Perspectives

Le khat continuera à être le stimulant préféré de grandes parties des populations locales ou émigrantes du sud de l’Arabie et d’Afrique de l’Est à cause des effets euphoriques et de cohésion sociale qu’on lui attribue. La demande pour ce produit n’est, de ce fait, pas prête de diminuer dans un avenir proche. Les revenus élevés procurés par cette culture garantiront également un approvisionnement régulier des marchés locaux et d’outre-mer. Lorsqu’on le consomme avec modération, le khat apparaît assez inoffensif et remplace l’alcool, là où ce dernier est interdit pour des raisons religieuses. Cependant, une étude plus approfondie des risques sur la santé à long terme, surtout lorsqu’il est consommé en quantités excessives, sont nécessaires.

Références principales

  • Al-Bekari, A.M., Abulaban, F.S., Qureshi, S. & Shah, A.H., 1991. The toxicity of Catha edulis (Khat). A review. Fitoterapia 4: 291–300.
  • Geisshüsler, S. & Brenneisen, R., 1987. The content of psychoactive phenylpropyl and phenylpentenyl khatamines in Catha edulis Forssk. Journal of Ethnopharmacology 19: 269–277.
  • Getahun, A. & Krikorian, A.D., 1973. Chat: coffee’s rival from Harar, Ethiopia. 1. Botany, cultivation and use. Economic Botany 27: 353–377.
  • Greenway, P.J., 1947. Khat. The East African Agricultural Journal 13: 98–102.
  • Hill, B.G., 1965. Cat (Catha edulis Forsk). Journal of Ethiopian Studies 3: 18–23.
  • Jansen, P.C.M., 1981. Spices, condiments and medicinal plants in Ethiopia, their taxonomy and agricultural significance. Agricultural Research Reports 906. Centre for Agricultural Publishing and Documentation, Wageningen, Netherlands. 327 pp.
  • Krikorian, A.D., 1985. Growth mode and leaf arrangement in Catha edulis (Kat). Economic Botany 39(4): 514–521.
  • Milich, L. & Al-Sabry, Md., 1995. The case of qat in Yemen. Development 3: 43–46.
  • Nencini, P., 1998. Catha edulis Forsk.: ethnopharmacology of a plant with amphetamine-like properties. Fitoterapia 69(5): 13.
  • WHO, 1956. Khat. Bulletin of Narcotics 8(4): 6–13.

Autres références

  • Alles, G.A., Fairchild, M.D. & Jensen, M., 1961. Chemical pharmacology of Catha edulis. Journal of Medicinal and Pharmaceutical Chemistry 3(2): 323–352.
  • Dhadphale, M. & Omolo, O.E., 1980. Psychiatric morbidity among khat chewers. East African Medical Journal 65(6): 355–359.
  • El Sissi, H.I. & Abd Alla, M.F., 1966. Polyphenolics of the leaves of Catha edulis. Planta Medica 14: 76–83.
  • Halbach, H., 1972. Medical aspects of the chewing of khat leaves. Bulletin of the World Health Organization 47: 21–29.
  • Kennedy, J.G., Teague, J. & Fairbanks, L., 1980. Qat use in North Yemen and the problem of addiction: a study in medical anthropology. Culture, Medicine and Psychiatry 4: 311–344.
  • Kennedy, J.G., Teague, J., Rokaw, W. & Cooney, E., 1983. A medical evaluation of the use of qat in North Yemen. Social Science and Medicine 17(12): 783–793.
  • Krikorian, A.D. & Getahun, A., 1973. Chat: coffee’s rival from Harar, Ethiopia. 2. Chemical composition. Economic Botany 27: 378–389.
  • Margetts, E., 1967. Miraa and myrrh in East Africa – clinical notes about Catha edulis. Economic Botany 21: 358–362.
  • Nencini, P., Grassi, M.C., Botan, A.A., Asseyr, A.F. & Paroli, E., 1989. Khat chewing spread to the Somali community in Rome. Drug and Alcohol Dependence 23: 255–258.
  • Nordal, A., 1980. Khat: pharmacognostical aspects. Bulletin of Narcotics 32(3): 51–64.
  • Paris, R., 1958. Abyssinian tea (Catha edulis Forssk, Celastraceae): a study of some samples of varying geographical origin. Bulletin of Narcotics 10(2): 29–34.
  • Peters, D.W.A., 1952. Khat: its history, botany, chemistry and toxicology. The Pharmaceutical Journal 169: 16–18, 36–37.
  • Radt, C., 1971. Contribution à l’histoire ethonobotanique d’une plante stimulante: le Kat. Le Kat en Ethiopie. Revue Ethnographie 65: 38–65.
  • Ripani, L., Schiavone, S. & Garofano, L., 1996. GC/MS identification of Catha edulis stimulant-active principles. Forensic Science International 78: 39–46.
  • Robson, N.K.B., 1966. Celastraceae (incl. Hippocrateaceae). In: Exell, A.W., Fernandes, A. & Wild, H. (Editors). Flora Zambesiaca. Volume 2, part 2. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. pp. 355–418.
  • Robson, N.K.B., 1989. Celastraceae (incl. Hippocrateaceae). In: Hedberg, I. & Edwards, S. (Editors). Flora of Ethiopia. Volume 3. Pittosporaceae to Araliaceae. The National Herbarium, Addis Ababa University, Addis Ababa, Ethiopia and Department of Systematic Botany, Uppsala University, Uppsala, Sweden. pp. 331–347.
  • Robson, N.K.B., Hallé, N., Mathew, B. & Blakelock, R., 1994. Celastraceae. In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 78 pp.
  • Rushby, K., 1995. The high life. Geographical, January: 14–17.
  • Von Qédan, S., 1972. Catha edulis, eine wenig bekannte Rausch- und Genusdroge. Planta Medica 21: 113–126.
  • Zein, Z.A., 1988. Polydrug abuse among Ethiopian university students with particular reference to khat (Catha edulis). Journal of Tropical Medicine and Hygiene 91: 71–75.

Sources de l'illustration

  • Leloup, C.A., 1890. Le Catha edulis. Thèse pour le doctorat en médecine, Faculté de Médecine de Paris. Henri Jouve, Paris, France. p. 6.
  • Jansen, P.C.M., 1981. Spices, condiments and medicinal plants in Ethiopia, their taxonomy and agricultural significance. Agricultural Research Reports 906. Centre for Agricultural Publishing and Documentation, Wageningen, Netherlands. 327 pp.

Auteur(s)

  • H.A.M. van der Vossen, Steenuil 18, 1606 CA Venhuizen, Netherlands

Consulté le 31 mars 2025.


  • Voir cette page sur la base de données Prota4U.