Capsicum frutescens (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Noms vernaculaires
- Créole : piment [piman] [1].
- Wayãpi : k ɨ’ɨy [Le deuxième ɨ barré surmonté d'un tilde].
- Palikur : atit.
- Français : piment, poivre de Cayenne.
- Portugais : pimenta.
Écologie, morphologie
Arbuste cultivé, commun partout en Guyane.
Collections de référence
Prévost 1348, 4157 ; avec en outre de nombreux herbiers des différentes variétés.
Emplois
Plante américaine mondialement connue comme condiment pour son goût qualifié de fort et de brûlant, le piment, comme le manioc, le roucou, le coton ou le tabac, est profondément lié aux cultures amérindiennes. Son rôle dans le folklore est également important et de nombreux auteurs (dont nous ne ferons pas ici la revue) ont insisté sur son rôle magique ou plus simplement rituel. On notera simplement que sa consommation est souvent interdite en cas de maladie ou lors de l’accouchement.
Chez les Créoles, le fruit sert à soigner la maladie du porc domestique appelée zampan cochon, caractérisée par un envahissement de la gorge par des filaments blancs. Pour la soigner, on badigeonne le fond de la gorge avec une tige de maïs sur laquelle on a frotté des piments.
Chez les Wayãpi, nous avons trouvé cette plante associée à la préparation du curare (cf. Strychnos guianensis, Loganiacées), à celle d’un remède pour tuer les Larvae migrans ou microfilaires (cf. Begonia glabra, Bégoniacées) et enfin pour soigner les furoncles (cf. Bellucia grossularioides, Mélastomatacées).
Chez les Palikur, les feuilles préparées en décoction salée sont utilisées en gouttes pour soigner les conjonctivites ou en cataplasme pour cicatriser les plaies [2] ou l’herpès.
Chimie et pharmacologie
Le fruit est riche en vitamine C et caroténoïdes colorants. La saveur piquante est due à un amide, la capsaïcine ; ce composé possède des propriétés antibactériennes et hypocholestérolémiantes et potentialise l’action des barbituriques (ROBINEAU et al., 1999).
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- ↑ Les usages concernant Capsicum frutescens s’appliquent aussi à Capsicum annuum L. et Capsicum chinense Jacq., ces trois espèces formant un complexe botanique (PICKERSGILL, 1984). Les variétés de piment se rattachant à ces trois espèces semblent innombrables ; rien qu'en Guyane, on n'en compte pas moins d’une centaine (Godon, Cirad, comm. pers.).
- ↑ Ce dernier usage est aussi signalé chez les Caboclos du Para (FURTADO et al., 1978) et les Caraïbes de la Dominique (HODGE et TAYLOR, 1957) pour soigner blessures, plaies et tumeurs. Cette indication est à rapprocher de l'effet révulsif de la capsaïcine (PARIS et MOYSE, 1971). Enfin la décoction des feuilles est utilisée comme antivomitif chez les Kali'na (AHLBRINCK, [1931] 1956).