Burasaia madagascariensis (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Fruit | |
Colorant / tanin | |
Médicinal | |
Sécurité alimentaire |
- Protologue: Syst. nat. 1: 514 (1818).
- Famille: Menispermaceae
Origine et répartition géographique
Burasaia madagascariensis est présent dans tout l’est de Madagascar, depuis Antsiranana au nord jusqu’à Toliara au sud. Il se rencontre également dans les Comores, à la Réunion et à Maurice.
Usages
L’infusion de racine de Burasaia madagascariensis est l’un des plus anciens médicaments contre le paludisme à Madagascar ; elle sert également à traiter la dilatation de la rate et les affections hépatiques. La décoction d’écorce de racine se prend comme cholagogue contre les nausées et les haut-le-cœur. La décoction de feuilles se boit contre la fièvre et la gonorrhée.
Les feuilles amères et l’écorce de tige s’ajoutent à des boissons alcoolisées pendant les cérémonies de circoncision. Le fruit est comestible. La racine produit un colorant jaune vif.
Propriétés
D’un extrait alcoolisé de la tige, on a isolé de la N-acétylnornuciférine, ainsi que des diterpènes du type clérodane (l’épicordatine et le méthylester de l’acide pénianthique). D’un extrait alcoolisé du bois, on a isolé des alcaloïdes quaternaires du type protoberbérine, la palmatine (burasaïne), la columbamine et la jatrorrhizine. De la palmatine a aussi été isolée de la racine. La décoction de racine a des effets antipaludéens à action lente chez les humains. Elle provoque une contraction de la rate et aurait la capacité d’obliger les parasites de Plasmodium à rester dans le sang, d’où ils peuvent être éliminés par des doses plus faibles de chloroquine ou de quinine. La palmatine a des propriétés modérées de fixation de l’ADN. A fortes concentrations, elle a un très faible effet sur la progression du cycle cellulaire, mais elle ne favorise pas la division de l’ADN par les topoïsomérases.
Le jus du bois est irritant pour la peau.
Description
Arbuste dioïque atteignant 4 m de haut. Feuilles alternes, 3-foliolées mais habituellement simples à l’apex de la tige ; pétiole de 7–14 cm de long, renflé et courbé à l’apex ; pétiolule atteignant 1 cm de long ; folioles elliptiques, atteignant 10 cm de long, base cunéiforme, apex acuminé, pennatinervé. Inflorescence : panicule à l’aisselle des feuilles ou sur les tiges âgées. Fleurs unisexuées, petites, pédicellées ; sépales habituellement 9 en 3 verticilles, vert pâle, charnus ; fleurs mâles d’environ 4 mm de long, étamines 6, filets élargis, triangulaires à la base, charnus ; fleurs femelles à étamines rudimentaires, ovaire supère, composé de 3 carpelles libres d’environ 2,5 mm de long. Fruit : drupe généralement unique, ovoïde, charnue, d’environ 2 cm de long, à 1 graine, jaune pâle à rose ou orange ; noyau dur et fragile. Plantule à germination épigée ; cotylédons foliacés et étalés.
Autres données botaniques
Le genre Burasaia comprend environ 5 espèces, toutes endémiques de Madagascar et des îles voisines. Une révision du genre pourrait amener à distinguer de nouvelles espèces. Burasaia madagascariensis est une espèce variable et facilement confondue avec les autres Burasaia spp. Burasaia congesta Decne. est présent dans l’est de Madagascar jusqu’à 1000 m d’altitude, Burasaia gracilis Decne. est endémique du nord de Madagascar jusqu’à 1200 m d’altitude, et Burasaia australis Scott-Elliot est endémique du sud-est de Madagascar jusqu’à 700 m d’altitude. Burasaia nigrescens Capuron est également endémique de Madagascar. Les racines de ces Burasaia spp. ont les mêmes usages médicinaux que celles de Burasaia madagascariensis. Elles produisent un colorant jaune vif. De l’écorce de tige, on a isolé des alcaloïdes quaternaires du type protoberbérine (la palmatine, la jatrorrhizine et la columbamine), ainsi que des diterpènes du type clérodane.
Ecologie
Burasaia madagascariensis est une espèce adaptable présente dans les forêts humides, intermédiaires et sèches, depuis les dunes côtières jusqu’à 1600 m d’altitude.
Ressources génétiques
Burasaia madagascariensis est commun et répandu. Rien n’indique qu’il soit menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Les propriétés antipaludéennes des espèces de Burasaia ont été étudiées et des composés actifs ont été identifiés. Par la suite, la recherche a été interrompue, probablement parce que d’autres sources étaient disponibles pour ces composés. Cependant, l’interaction des alcaloïdes de Burasaia et de la quinine ou la chloroquine mérite une poursuite de ces études.
Références principales
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- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
- Rasoanaivo, P., Ratsimamanga-Urverg, S., Rakoto-Ratsimamanga, A. & Raharisololalao, A., 1991. Chemical constituents of three Burasaia spp. (Menispermaceae) from Madagascar. Biochemical Systematics and Ecology 19(5): 433–437.
Autres références
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- Rasoanaivo, P., Ratsimamanga-Urverg, S., Ramanitrahasimbolo, D., Rafatro, H. & Rakoto-Ratsimamanga, A., 1999. Criblage d’extraits de plantes de Madagascar pour recherche d’activité antipaludique et d’effet potentialisateur de la chloroquine. Journal of Ethnopharmacology 64: 117–126.
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- Schatz, G.E., 2001. Generic tree flora of Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 477 pp.
Auteur(s)
- L.P.A. Oyen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Oyen, L.P.A., 2008. Burasaia madagascariensis DC. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 16 décembre 2024.
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