Bruguiera gymnorhiza (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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répartition en Afrique (sauvage)
1, port de l'arbre ; 2, rameau en fleurs ; 3, pétale avec paire d'étamines enfermée ; 4, fruit et hypocotyle. Source: PROSEA
branche en fleurs
branche en fruits (Conspectus of the Vascular Plants of Madagascar)
fruits vivipares
bois en section transversale
bois en section radiale
bois en section tangentielle

Bruguiera gymnorhiza (L.) Savigny


Protologue: Lam., Encycl. 4 : 696 (1798).
Famille: Rhizophoraceae
Nombre de chromosomes: 2n = 36

Noms vernaculaires

  • Palétuvier noir, manglier noir (Fr).
  • Black mangrove, Burma mangrove (En).
  • Mangue encarnado, pau salgado macho (Po).
  • Mshinzi, muia, mkoko wimbi (Sw).

Origine et répartition géographique

Bruguiera gymnorhiza se rencontre le long des côtes d’Afrique tropicale orientale et australe, de Madagascar et d’autres îles de l’océan Indien, en passant par l’Asie tropicale jusqu’au nord-est de l’Australie, la Micronésie et la Polynésie. L’Asie tropicale constitue probablement le centre d’origine.

Usages

L’écorce de Bruguiera gymnorhiza est riche en tanin et permet de tanner le cuir et de traiter les voiles de bateaux ainsi que les filets de pêche en vue d’une meilleure conservation. L’écorce donne d’une part des tons orangés à marron rougeâtre sans mordançage, et d’autre part des marron violacé, des gris et des noirs si les fibres ou les textiles sont traités à la boue ferrugineuse ou aux sels de fer.

On peut extraire du fût des madriers atteignant 7 m de long, dont on fait ensuite des pieux, des piliers de maison, des chevrons, des cannes à pêche, et des poteaux d’électricité ou de téléphone. Le bois est plus souvent employé comme bois de feu et charbon de bois. Il peut également être utilisé en papeterie, même si le papier est de mauvaise qualité. L’écorce sert de condiment (par ex. avec du poisson), d’adhésif et d’astringent pour soigner la diarrhée et parfois la malaria. Les fruits sont quelquefois utilisés comme médicament oculaire. A l’île Maurice, on consomme une décoction de racines, additionnée de feuilles de Piper pyrifolium Vahl, en cas d’hémorragie, de diabète et d’hypertension. Les feuilles et les hypocotyles pelés, macérés dans l’eau et mis à bouillir, peuvent remplacer les légumes en période de disette. Bruguiera gymnorhiza est parfois planté pour prévenir ou combattre l’érosion côtière.

Production et commerce international

Les principaux pays producteurs de tanins de Bruguiera gymnorhiza sont les pays d’Afrique de l’Est, l’Indonésie (Kalimantan), la Papouasie-Nouvelle-Guinée ainsi que les Philippines. Actuellement, Bornéo participe pour une part importante aux échanges mondiaux. Toutefois, aucun chiffre n’est disponible car l’écorce et le tanin de Bruguiera gymnorhiza sont vendus en même temps que l’écorce et le tanin d’autres palétuviers comme des Rhizophora et des Ceriops, collectivement appelées “cachou de palétuvier”. Dans de nombreux pays, la production d’écorce à tanin n’a qu’une importance secondaire derrière l’exploitation du charbon de bois, du bois de feu et du bois d’œuvre. Bakau est le nom commercial international désignant le bois d’œuvre de Bruguiera, Ceriops et Rhizophora. En Afrique orientale, les plus gros poteaux de bois de palétuvier proviennent généralement de Bruguiera gymnorhiza et sont désignés sous le nom de “nguso” ou de “vigingi” en swahili.

Propriétés

La teneur en tanin de l’écorce peut varier entre 20–43% de la matière sèche, en fonction de l’âge, de la saison et du milieu. L’écorce du tronc des spécimens âgés et de grande taille est la plus riche en tanin. Les tanins présents appartiennent au groupe des tanins condensés du type proanthocyanidine, qui ont la capacité de se réarranger en milieu faiblement basique afin de produire des teintures rouges, les phlobatanins. On a également identifié de l’acide ellagique et de l’acide di- et tri-O-méthylellagique dans l’écorce. La matière tannante donne une couleur rougeâtre au cuir, et est souvent mélangée avec d’autres tanins moins colorants en tannerie. Elle convient parfaitement pour tanner de grosses peaux et en faire du cuir pour semelles. D’autres parties de l’arbre contiennent aussi des tanins (par ex. les feuilles en renferment environ 13%). L’écorce renferme à peu près 11% de mucilage, composé essentiellement d’arabinose, de rhamnose et de galactose, ainsi que 0,05% d’un mélange de bruguiérol et isobruguiérol (rapport 5:1).

Le bois de cœur est rouge-brun et se distingue très nettement de l’aubier qui lui est brun pâle. Il présente généralement un contrefil, et un grain fin et régulier. Le bois est lourd avec une densité d’environ 975 kg/ m3 à 15% d’humidité. A 15% d’humidité, le module de rupture est de 123,5 N/mm2, la compression axiale de 68 N/mm2, le cisaillement de 13,5–16 N/mm2, le fendage radial de 45 N/mm et tangentiel de 63,5 N/mm, la dureté Janka de flanc de 10 300 N et la dureté Janka en bout de 7960 N. Le taux de retrait du bois est raisonnable : de vert à 12% d’humidité, on obtient un retrait radial de 2,5% et tangentiel de 5,5%. Les billes se rétractent et gercent énormément lors du séchage. Le bois est solide et dur. Il se travaille et se finit bien. Il est modérément résistant lorsqu’il est exposé aux intempéries ou en contact avec le sol ; les poteaux peuvent avoir une durée de vie de 10 ans. Le bois est facile à traiter avec des produits de préservation dont il absorbe 200 kg/m3. Sa valeur énergétique est de 18 950–20 200 kJ/kg.

Description

  • Arbre sempervirent de taille moyenne, atteignant 36 m de haut ; fût allant jusqu’à 65 cm de diamètre, à contreforts ; écorce grise à presque noire, grossièrement fissurée, généralement avec de grosses lenticelles subéreuses sur les contreforts et à la base du tronc ; racines coudées ou pneumatophores présents.
  • Feuilles opposées décussées, simples, entières ; stipules d’environ 4 cm de long, souvent rougeâtres ; pétiole de 2–4,5 cm de long, souvent rougeâtre ; limbe elliptique à oblong, de 8–22 cm × 5–9 cm, base cunéiforme, apex aigu, coriace, glabre, pennatinervé.
  • Fleurs solitaires, de 3–3,5 cm de long, généralement retombantes ; pédicelle de 1–2,5 cm de long, rouge vif sur la courbe externe ; calice tubulaire sur 1–2 cm, présentant 10–16 lobes étroitement longs-triangulaires et atteignant 2 cm de long, rouge à rouge-rose, tube généralement côtelé sur la partie supérieure ; autant de pétales que de lobes du calice, blancs ou crème, de 13–15 mm de long, 2-lobés, chaque lobe à 3–4 longues soies, bords externes garnis de poils blancs et soyeux surtout à la base ; étamines par paires accolées aux pétales, atteignant 11 mm de long, à anthères linéaires ; ovaire infère, généralement 3-loculaire, style d’environ 15 mm de long à stigmate filiforme.
  • Fruit : baie campanulée renfermée dans le tube du calice, de 2–2,5 cm de long, 1-loculaire et contenant 1(–2) graine(s), vivipare.
  • Plantule à hypocotyle en forme de cigare, légèrement anguleuse, de 15–25 cm × 1,5–2 cm, avec un apex obtus et rétréci, qui perfore le sommet du fruit et tombe avec lui.

Autres données botaniques

Bruguiera comprend 6 espèces, qui sont toutes utilisées en dehors de l’Afrique de la même manière que Bruguiera gymnorhiza. Les autres espèces sont répandues de l’Asie tropicale à l’Australie et à la Polynésie dans les mangroves, et leurs écorces sont en général moins riches en tanin.

Anatomie

Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :

  • Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
  • Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (10 : vaisseaux accolés radialement par 4 ou plus) ; 14 : perforations scalariformes ; 15 : perforations scalariformes avec 10 barreaux ; (16 : perforations scalariformes avec 10–20 barreaux) ; 20 : ponctuations intervasculaires scalariformes ; 31 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations rondes ou anguleuses ; 32 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations horizontales (scalariformes) à verticales (en balafres) ; 34 : ponctuations radiovasculaires unilatéralement groupées et grandes (plus de 10 μm) ; 41 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 50–100 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 48 : 20–40 vaisseaux par millimètre carré ; 56 : thylles fréquents ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
  • Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; (65 : présence de fibres cloisonnées) ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses ; 70 : fibres à parois très épaisses.
  • Parenchyme axial : 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale ; 94 : plus de huit cellules par file verticale.
  • Rayons : 98 : rayons couramment 4–10-sériés ; 102 : hauteur des rayons > 1 mm ; 105 : rayons composés de cellules dressées et/ou carrées ; 108 : rayons composés de cellules couchées avec plus de 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; 109 : rayons composés de cellules couchées, carrées et dressées en mélange ; (110 : présence de cellules bordantes) ; 115 : 4–12 rayons par mm.
  • Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 137 : cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons ; 138 : cristaux prismatiques dans les cellules couchées des rayons.
(L.N. Banak, H. Beeckman, P.E. Gasson & P. Détienne)

Croissance et développement

Bruguiera gymnorhiza est vivipare, c’est-à-dire que ses graines germent alors qu’elles sont encore attachées à l’arbre. Une fois que les plantules se détachent, elles tombent verticalement dans la boue et s’enracinent rapidement. L’arbre se développe suivant le modèle architectural d’Aubréville caractérisé par un tronc monopodial doté d’une croissance rythmique et de branches plagiotropes. Il lui faut 40 ans pour que son fût atteigne 16 cm de diamètre. Bruguiera gymnorhiza est l’un des arbres les plus imposants de la mangrove et probablement celui qui vit le plus longtemps. Plus la salinité baisse, comme lors du processus de sédimentation dans la mangrove, plus la croissance marque le pas. En Afrique de l’Est, Bruguiera gymnorhiza ne dépasse pas en général les 25 m, alors que sur l’île de Chale (au sud du Kenya) certains spécimens atteignent plus de 30 m de haut. La floraison se fait essentiellement de janvier à mars et la fructification d’avril à juillet. Les fleurs sont visitées par des oiseaux tels que les méliphages et par les insectes. Les pétales à sacs “explosent” au toucher, dispersant ainsi le pollen sur le visiteur. Les fruits (plantules) sont dispersés par l’eau. Ils peuvent demeurer vivants, flottant à la surface de l’eau, pendant 5–6 mois, ce qui expliquerait l’étendue de l’aire de répartition.

Ecologie

En Afrique de l’Est, Bruguiera gymnorhiza fait partie de la mangrove, qui comprend 8–9 espèces. Il est caractéristique de l’intérieur de la mangrove et peut être riparien jusqu’à la limite de la marée haute, mais c’est aussi un élément fréquent des associations de mangroves de la zone intertidale moyenne généralement inondée à marée haute (ou quelquefois uniquement lors des marées de vive-eau), où on le trouve souvent associé à Rhizophora mucronata Poir. et Ceriops tagal (Poir.) C.B.Rob. Bien que Bruguiera gymnorhiza ne soit pas reconnu comme une espèce de mangrove pionnière, on trouve fréquemment des propagules de l’arbre sur les plages exposées où la ceinture de mangrove est mince ou appauvrie. Il pousse généralement sur des sols un peu secs, bien aérés, mais également dans la vase, sur du sable et parfois sur des sols noirs et tourbeux. Il tolère un pH de 6–8,5. Bruguiera gymnorhiza caractérise la végétation climacique des mangroves littorales, avant le passage à la forêt propre. Il tolère l’ombre et peut s’implanter même dans des peuplements purs de Rhizophora. La régénération après l’abattage est en général limitée voire inexistante. L’écart de températures pour la croissance est de 15–30°C, l’optimum se situant entre 20–26°C. L’échelle annuelle des précipitations pour la croissance est de 1000–8000 mm, l’optimum tournant autour de 1500–2500 mm. Bruguiera gymnorhiza supporte les inondations d’eau douce aussi bien que d’eau salée (jusqu’à un maximum de 3% NaCl), mais est en général absent de la zone la plus proche de la mer.

Multiplication et plantation

La régénération naturelle de Bruguiera gymnorhiza est d’ordinaire très fréquente. La multiplication par bouture est très difficile et les arbres souffrent lorsqu’on coupe leurs branches. Les plantules peuvent être récoltées soit sur les arbres soit au sol et tant les unes que les autres sont viables. Elles peuvent être plantées en pépinière et repiquées au champ 3–4 mois plus tard, en respectant un espacement de 3 m × 1 m. Les pépinières situées hors de la mangrove doivent être constituées en plantant les fruits dans des sacs en polyéthylène remplis d’argile saumâtre baignant continuellement dans l’eau de mer ou dans une solution d’environ 30 g NaCl par l d’eau. Les plantules se développent mieux aux endroits où l’oscillation de la marée est d’à peu près 35 cm seulement et la salinité de 1–2,5%.

Gestion

On sait très peu de choses sur la sylviculture des mangroves de même que peu de travaux expérimentaux ont été menés sur la régénération naturelle et artificielle. En règle générale, on peut pratiquer l’abattage complet avec une régénération naturelle sur des bandes perpendiculaires à la côte, en laissant plusieurs arbres-mères. En ce qui concerne Bruguiera gymnorhiza, des cycles de coupe de 10–20 ans ont été proposés, mais c’est une rotation de 30 ans qui est mise en pratique dans les mangroves de Thaïlande. Bruguiera gymnorhiza ne rejette pas. Dans les mangroves, la fougère Acrostichum aureum L. devient une adventice qui doit être régulée après l’abattage. Une fois que les plantules ont pris racine, la fougère fait office d’abri, en forçant la plantule à pousser vers le haut. Les coupes de Bruguiera gymnorhiza destinées à extraire le tanin et à produire du charbon de bois modifient peu à peu la végétation qui devient dominée par Rhizophora. Compte tenu de la lenteur de sa croissance, les plantations de Bruguiera sont plutôt destinées à produire du charbon de bois ou des copeaux que du bois de sciage. Des essais menés en Indonésie ont montré que Bruguiera gymnorhiza peut être facilement planté et cultivé. On pourrait l’utiliser avec succès en cas de reboisement dans des zones où les mangroves ont été détruites.

Maladies et ravageurs

On ne connaît aucune maladie grave ni aucun ravageur dangereux pour Bruguiera gymnorhiza. Les plantules peuvent être attaquées par des crabes de palétuvier comme Scylla serrata, Sesarma meinerti et Sesarma smithii. Les plantations souffrent parfois des chenilles.

Récolte

Bruguiera gymnorhiza est récolté essentiellement sur des peuplements naturels. Il n’y a pas de saison particulière pour la récolte de l’écorce. Une fois que les arbres ont été abattus, le bois est écorcé et l’écorce mise à sécher à l’air.

Rendement

Un bon peuplement de mangrove peut avoir une productivité de bois annuelle de 10–20(–25) m3 par ha toutes espèces confondues. Quant au rendement d’écorce par ha de Bruguiera gymnorhiza, il n’est pas connu.

Traitement après récolte

Les morceaux d’écorce peuvent être utilisés directement en tannerie ou bien on peut extraire le tanin en faisant bouillir l’écorce dans de grands récipients et en faisant évaporer le tout jusqu’à l’obtention d’une masse compacte noir-brun, appelée “cutch” (cachou). L’écorce bouillie ou le “cachou” dissous peuvent être utilisés l’un et l’autre pour teindre les fibres textiles et le cuir et obtenir ainsi divers tons d’orangé à brun rougeâtre (sans mordant ou avec un mordançage à l’alun), et de gris à noir avec un mordançage au fer.

Ressources génétiques

Bruguiera gymnorhiza est répandu et n’est pas encore menacé d’érosion génétique. En Afrique de l’Est tropicale, y compris dans les îles de l’océan Indien, on compte environ 10 000 km2 de mangroves. La Tanzanie, le Mozambique et Madagascar sont les pays où les zones à mangroves sont les plus importantes. Près de 25 régions sont protégées, mais dans de nombreuses zones les mangroves sont menacées. Elles sont surexploitées pour le bois d’œuvre ou bien elles sont supprimées pour faire place aux rizières ou aux fermes productrices de crevettes, aux salins et au développement urbain. Ces milieux écologiquement importants sont aussi menacés par le déversement de déchets non traités dans les rivières, la pollution industrielle, sans oublier les pesticides contenus dans les eaux d’évacuation des fermes. Les barrages construits sur les rivières qui débouchent sur les mangroves ont réduit le flux d’eau, ce qui mène la teneur en sel à un niveau élevé non naturel. Les mangroves sont également sensibles aux stress naturels tels que les inondations des rivières, le dépôt de sable et de sédiments et l’augmentation du niveau de la mer. Le déclin des mangroves le long de la côte de l’Afrique orientale n’est due à rien d’autre qu’à leur surexploitation pour le charbon de bois, le bois de feu, le bois d’œuvre, les colorants et les tanins sans qu’il y ait en contrepartie de replantation. Il faut inclure tous ces problèmes dans les futurs plans de gestion et de reboisement des mangroves.

Perspectives

L’utilisation des écorces de Bruguiera gymnorhiza en tannerie ne peut conserver une certaine importance qu’au niveau local. Il convient d’envisager les possibilités d’utiliser uniquement les feuilles et les rameaux comme sources de tanins et de colorants à usage local sans abîmer ou abattre les arbres. Dans une perspective plus large, la question essentielle est un usage rationnel des mangroves. Ce qui impliquera des changements par rapport aux façons de voir actuelles sur leur gestion. Parmi les problèmes à surmonter, citons l’absence de contribution de la collectivité dans la réflexion sur la gestion, la grande pauvreté au sein des communautés indigènes côtières, une méconnaissance générale de la véritable valeur des mangroves, ainsi que leur utilisation à outrance pour le charbon de bois, le bois de feu, le bois d’œuvre, les tanins et les colorants. Aucun reboisement n’a été entrepris aux endroits où les mangroves ont été exploitées. Si des politiques d’aménagement ont été élaborées afin de réguler et d’interdire la destruction des mangroves, les moyens manquent pour les mettre en œuvre. Il faut améliorer les connaissances concernant de nombreux aspects des écosystèmes de mangroves. Il convient d’élaborer des techniques adaptées à la régénération naturelle et artificielle, et d’acquérir davantage de données sur la croissance et le développement.

Références principales

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Autres références

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  • Chan, H.T. & Boonkerd, T., 1997. Bruguiera sexangula (Lour.) Poiret. In: Faridah Hanum, I. & van der Maesen, L.J.G. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 11. Auxiliary plants. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 78–79.
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  • Williams, R.O., 1949. The useful and ornamental plants in Zanzibar and Pemba. Zanzibar, Tanzania. 497 pp.

Sources de l'illustration

  • Saberi Othman, 1998. Bruguiera Lamk. In: Sosef, M.S.M., Hong, L.T. & Prawirohatmodjo, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 5(3). Timber trees: Lesser-known timbers. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 122–125.

Auteur(s)

  • V.N. Mainga, World Agroforestry Centre (ICRAF), P.O. Box 30677, Nairobi, Kenya

Citation correcte de cet article

Mainga, V.N., 2005. Bruguiera gymnorhiza (L.) Savigny. In: Jansen, P.C.M. & Cardon, D. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 18 décembre 2024.


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