Brachystegia laurentii (PROTA)
Introduction |
Brachystegia laurentii (De Wild.) Louis ex Hoyle
- Protologue: Fl. Congo Belge 3: 461 (1952).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Synonymes
- Brachystegia zenkeri Harms (1910).
Origine et répartition géographique
L’aire de répartition de Brachystegia laurentii s’étend de l’ouest du Cameroun jusqu’au Gabon et vers l’est jusqu’en R.D. du Congo.
Usages
Le bois, connu sous l’appellation “bomanga” ou “léké”, est employé localement, surtout en construction et pour la confection de mobilier. Il convient pour la menuiserie, les boiseries intérieures, les lambris, la construction navale, la charronnerie, les jouets et les articles de fantaisie, les caisses et les cageots, les cuves, la sculpture, le tournage, le placage et le contreplaqué. Il sert aussi à produire du charbon de bois.
En R.D. du Congo, l’écorce, d’abord arrachée puis battue, sert à fabriquer des vêtements, des paniers, des cordages, des sacs à grains et des filets pour le gibier. L’écorce fait également office de savon. Chez les Ngandus du centre de la R.D. du Congo, on souffle de la poudre d’écorce dans le nez pour soigner une toux rebelle, notamment chez les enfants. La décoction d’écorce traite la gonorrhée. On frictionne des scarifications situées autour du museau des chiens de chasse d’écorce trempée pour développer leur agressivité.
Production et commerce international
Si le bois de Brachystegia laurentii est avant tout employé et commercialisé localement, il lui arrive de faire partie de lots de bois d’œuvre mélangés destinés à l’exportation.
Propriétés
Le bois de cœur, brun pâle à brun jaunâtre, parfois strié de bandes cuivrées, ne se distingue pas nettement de l’aubier blanchâtre ou jaunâtre et de 20 cm de large. Le fil est droit ou contrefil, le grain moyen.
C’est un bois de poids moyen, avec une densité de 520–610 kg/m³ à 12% d’humidité. Il doit être séché à l’air avec précaution car il a tendance au gauchissement et aux gerces. Les taux de retrait sont modérés, de l’état vert à anhydre ils sont de 3,0–4,4% dans le sens radial et de 5,0–7,0% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est modérément stable à stable en service.
A 12% d’humidité, le module de rupture est de (89–)111–143 N/mm², le module d’élasticité de 9020–13 530 N/mm², la compression axiale de 41–54 N/mm², le cisaillement de 5,5–7,5 N/mm², le fendage de 10,5–21,5 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 2,1–3,3.
Le bois est assez facile à scier et à travailler tant à la main qu’à la machine. Il se polit bien et on obtient une belle finition. Il tient bien les clous et les vis. Les caractéristiques de collage et de déroulage sont bonnes. Les propriétés de cintrage sont modérées. Le bois a une durabilité faible, car il est sujet aux attaques des termites et des térébrants marins. Le bois de cœur est rebelle aux traitements de conservation, contrairement à l’aubier qui est perméable à modérément rebelle.
Le bois contient 40–43% de cellulose, 26,5–33,5% de lignine, 15,5–16,5% de pentosanes, 0,5–1,2% de cendres et un peu de silice. La solubilité est de 3,3–10,5% dans l’alcool-benzène, de 0,8–5,1% dans l’eau chaude et de 15, 5–17,6% dans une solution à 1% de NaOH.
Description
- Arbre de taille moyenne à grande atteignant 45 m de haut, caducifolié ou presque sempervirent ; fût dépourvu de branches sur 25 m, droit et cylindrique, jusqu’à 150(–200) cm de diamètre, dépourvu de contreforts, parfois légèrement épaissi et cannelé à la base ; écorce lisse, devenant rugueuse et s’écaillant en plaques irrégulières, gris jaunâtre argenté à gris foncé, écorce interne épaisse, dure, fibreuse, orange-rouge, virant au brun à l’exposition ; cime en ombelle, dense, à branches ascendantes ; rameaux retombants, glabres à faiblement poilus, à nombreuses lenticelles.
- Feuilles alternes, composées paripennées à 3–7 paires de folioles ; stipules deltoïdes, rapidement caduques ; pétiole de 0,5–1 cm de long, épaissi à la base, rachis de (3–)8–15 cm de long, anguleux, sillonné ; folioles opposées, presque sessiles, obliquement oblongues-lancéolées à obovales, de 3–10(–15) cm × 1–5 cm, mais paire de folioles basale très petite et souvent précocement caduque, cunéiformes à plus ou moins arrondies à la base, obtuses à faiblement émarginées ou courtement acuminées à l’apex, papyracées à légèrement coriaces, glabres, pennatinervées avec jusqu’à 14 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : panicule terminale ou axillaire arrondie, fortement ramifiée ; pédoncule épais, atteignant 2 cm de long, densément poilu, à nombreuses fleurs.
- Fleurs bisexuées, presque régulières, petites, parfumées, présentant à la base 2 bractéoles ovales d’environ 9 mm de long ; pédicelle de 1–2,5 mm de long ; sépales (3–)5, elliptiques à ovales, de 2–3(–4) mm de long, presque glabres ; pétales 2–5, filiformes, de 1–4 mm de long ; étamines 10, libres, d’environ 1,5 cm de long ; ovaire supère, ellipsoïde, d’environ 4 mm de long, à stipe d’environ 4 mm de long, presque glabre, style mince, spiralé.
- Fruit : gousse oblongue à oblancéolée ou obovale, aplatie, de 15–25(–30) cm × 5–10 cm, à angle droit avec le stipe, lisse quoique légèrement ridée, brun rougeâtre à presque noire à maturité, déhiscente par 2 valves ligneuses, contenant 2–3 graines.
- Graines discoïdes, d’environ 3,5 cm de diamètre, brun foncé.
Autres données botaniques
Le genre Brachystegia, qu’il est difficile de classer d’un point de vue taxinomique, comprend près de 30 espèces réparties en Afrique continentale tropicale et en Afrique du Sud, la majorité des espèces étant présentes en Afrique tropicale australe où elles sont caractéristiques de la forêt de miombo.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 1 : limites de cernes distinctes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 27 : ponctuations intervasculaires grandes (≥ 10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 43 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux ≥ 200 μm ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; (47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré) ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 81 : parenchyme axial en losange ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; (93 : huit (5–8) cellules par file verticale).
- Rayons : 96 : rayons exclusivement unisériés ; (97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules)) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; (106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées) ; 116 : ≥ 12 rayons par mm. Structure étagée : (120 : parenchyme axial et/ou éléments de vaisseaux étagés) ; (121 : fibres étagées) ; 122 : rayons et/ou éléments axiaux irrégulièrement étagés (échelonnés).
- Eléments sécrétoires et variantes cambiales : (131 : canaux intercellulaires d’origine traumatique).
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
Croissance et développement
Brachystegia laurentii perd habituellement ses feuilles pendant une courte période. Les jeunes feuilles sont rouge vif. A l’apparition des nouvelles feuilles, la cime est d’un rouge brunâtre caractéristique : ce sont les vieilles feuilles encore sur l’arbre qui brillent et qui tombent. En R.D. du Congo, on a remarqué que les arbres fleurissaient en février–mars. Les fruits mûrissent 4 mois plus tard environ. Ils s’ouvrent de manière explosive, en expulsant les graines.
Ecologie
Brachystegia laurentii est fréquent dans la forêt pluviale sempervirente dense et dans la forêt semi-décidue, où on le trouve souvent en bordure de rivières. En forêt, il pousse souvent de façon grégaire, et il est parfois dominant. C’est une essence d’ombre, représentée dans toutes les catégories de taille et formant souvent une partie importante de l’étage supérieur de la forêt. En R.D. du Congo, on le trouve fréquemment associé à Gilbertiodendron dewevrei (De Wild.) J.Léonard, Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb. et Fagara macrophylla (Oliv.) Engl.
Multiplication et plantation
Les semis et les gaules de Brachystegia laurentii sont habituellement abondants à proximité de l’arbre-mère.
Gestion
Au Cameroun, Brachystegia laurentii est localement commun et grégaire. Dans la forêt du sud-ouest du Cameroun, la densité moyenne d’arbres ayant un diamètre de fût supérieur à 60 cm est de 0,3 arbre/ha, avec un volume moyen en bois de 3,2 m³/ha. Au Gabon, Brachystegia laurentii est moins commun, bien qu’il soit localement dominant puisqu’on trouve jusqu’à 20 arbres par ha dont le diamètre de fût dépasse les 35 cm. Le volume en bois moyen au Gabon est de 0,7 m³/ha. En R.D. du Congo, Brachystegia laurentii pousse habituellement soit individuellement soit en petits groupes qui n’occupent pas plus de quelques hectares, mais là aussi il est dominant par endroits. C’est l’une des espèces dominantes de la forêt climacique de la Réserve de biosphère de Yangambi.
Récolte
La limite minimale de diamètre de fût autorisée pour l’abattage est de 70 cm au Gabon et de 60 cm au Cameroun.
Ressources génétiques
Brachystegia zenkeri figure comme vulnérable sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées à la suite du déclin de son milieu et de sa présence dispersée au Cameroun, mais ce nom est considéré comme un synonyme de Brachystegia laurentii. Il semble peu probable que Brachystegia laurentii souffre d’érosion génétique car il est localement commun et assez répandu. Cependant, les peuplements du Cameroun et du Gabon semblent n’avoir que des perspectives limitées et locales, et pourraient même être facilement menacés sous l’effet de la destruction de leur milieu et des coupes sélectives.
Perspectives
Brachystegia laurentii conservera son rôle utile de source de bois d’œuvre et de fibres. Si son fût droit, cylindrique et de belles dimensions est intéressant en vue d’une commercialisation ultérieure, en revanche sa présence dispersée met un frein à l’éventualité d’une exploitation commerciale. Il conviendrait de mener des recherches complémentaires sur des modes de conduite judicieux de la forêt naturelle qui permettraient de garantir son exploitation durable.
Références principales
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- CIRAD Forestry Department, 2009. Bomanga. [Internet] Tropix 6.0. http://tropix.cirad.fr/ africa/ bomanga.pdf’. March 2010.
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- Letouzey, R. & Mouranche, R., 1952. Ekop du Cameroun. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 81 pp. + 20 plates.
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Autres références
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- Fouarge, J., Quoilin, J. & Roosen, P., 1970. Essais physiques, mécaniques et de durabilité de bois de la République Démocratique du Congo. Série technique No 76. Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo (INEAC), Brussels, Belgium. 40 pp.
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- Normand, D. & Paquis, J., 1976. Manuel d’identification des bois commerciaux. Tome 2. Afrique guinéo-congolaise. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 335 pp.
- Sallenave, P., 1955. Propriétés physiques et mécaniques des bois tropicaux de l’Union française. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 129 pp.
- Sallenave, P., 1964. Propriétés physiques et mécaniques des bois tropicaux. Premier supplément. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 79 pp.
- Sallenave, P., 1971. Propriétés physiques et mécaniques des bois tropicaux. Deuxième supplément. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 128 pp.
- Savard, J., Besson, A. & Morize, S., 1954. Analyse chimique des bois tropicaux. Publication No 5, Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 191 pp.
- World Conservation Monitoring Centre, 1998. Brachystegia zenkeri. In: IUCN 2010. Red list of threatened species. [Internet] http://www.iucnredlist.org. March 2010.
Sources de l'illustration
- Aubréville, A., 1968. Légumineuses - Caesalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Gabon. Volume 15. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 362 pp.
- de Saint-Aubin, G., 1963. La forêt du Gabon. Publication No 21 du Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 208 pp.
Auteur(s)
- E.A. Obeng, Forestry Research Institute of Ghana (FORIG), University P.O. Box 63, KNUST, Kumasi, Ghana
Citation correcte de cet article
Obeng, E.A., 2012. Brachystegia laurentii (De Wild.) Louis ex Hoyle. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 18 décembre 2024.
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