Brachystegia cynometroides (PROTA)
Introduction |
Brachystegia cynometroides Harms
- Protologue: Bot. Jahrb. Syst. 26: 267 (1899).
- Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Origine et répartition géographique
Brachystegia cynometroides a une petite aire de répartition, qui s’étend dans l’ouest du Cameroun, en Guinée équatoriale (Bioko), peut-être aussi dans le sud-ouest de la Centrafrique et au nord du Gabon.
Usages
Le bois de Brachystegia cynometroides, appellé “naga” ou “okwen” dans le commerce, s’utilise pour la parqueterie, la charpenterie intérieure, la menuiserie, les lambris, les escaliers, les encadrements, le mobilier, l’ébénistérie, les placages et le contreplaqué. Il se prête à la construction, aux boiseries intérieures, à la construction nautique, la charronnerie, les caisses, les cageots et les panneaux de fibres.
Production et commerce international
Au Cameroun, où la production de bois de Brachystegia cynometroides est officiellement soutenue, la production en 1995 s’élevait à 1,9% de la production totale de bois d’œuvre, soit environ 51 300 m³. La plus grande partie est utilisée à l’intérieur du pays ; entre 1998 et 1999, environ 7500 m³ ont été exportés du Cameroun vers l’Europe et les Etats-Unis. Aucune statistique sur le commerce n’est disponible du fait que le bois de Brachystegia cynometroides est souvent commercialisé en lots mélangés avec d’autres espèces de Brachystegia et de plusieurs autres genres comme Aphanocalyx et Bikinia.
Propriétés
Le bois de cœur de Brachystegia cynometroides est brun jaunâtre ou brun rougeâtre, souvent avec une teinte violette ou cuivrée ; il se distingue nettement de l’aubier qui est blanc, brun très pâle ou jaunâtre et jusqu’à 15 cm de large. Le fil est droit à contrefil, le grain est moyen à grossier. Le bois est souvent finement strié sur les surfaces sciées sur quartier.
Le bois est moyennement lourd, avec une densité de (530–)600–730 kg/m³ à 12% d’humidité, et moyennement dur. Il sèche bien à l’air et assez rapidement, mais selon certaines sources sa vitesse de séchage serait lente à normale avec une tendance aux déformations et aux gerces. Les taux de retrait sont modérés, de l’état vert à anhydre ils sont de 4,2–5,4% dans le sens radial et de 6,5–7,9% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est moyennement stable en service.
A 12% d’humidité, le module de rupture est de 98–144 N/mm², le module d’élasticité de 8920–11 860 N/mm², la compression axiale de 43–63 N/mm², le cisaillement de 7–8,5 N/mm², le fendage de 10–18 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de (1,7–)2,4–5,1.
Le bois est assez facile à scier et à travailler tant à la main qu’à la machine. Bien que la teneur en silice soit basse (moins de 0,05%), le bois peut désaffûter les dents de scie et les lames de coupe à cause de la présence de cristaux. Il est recommandé de scier les fûts aussi vite que possible après l’abattage, car le bois vert est beaucoup moins abrasif et a une moindre tendance à se carboniser au sciage. Pour le rabotage, un angle de coupe réduit (15°) est nécessaire. L’utilisation d’un apprêt est indiquée pour obtenir un fini lisse. Le clouage et le vissage tendent à causer des fentes, et des avant-trous sont recommandés. Le bois se colle bien, bien que la présence de poches humides puisse parfois causer des problèmes. Il se peint et se vernit bien. Les propriétés de déroulage et de tranchage sont satisfaisantes, bien que la présence commune du contrefil et du grain grossier puisse causer des surfaces rugueuses ou laineuses. Les propriétés de tournage et de sculpture sont variables. Le bois est non durable à moyennement durable, étant sensible aux attaques de champignons, de termites, de scolytes et de térébrants marins. Le bois de cœur est rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation, l’aubier quant à lui se laisse imprégner facilement.
Le bois contient 39,5–45% de cellulose, 32–35% de lignine, 15,5–18% de pentosanes, 0,7–1,2% de cendres et très peu de silice. La solubilité est de 1,7–2,5% dans l’alcool-benzène, 1,5–3,0% dans l’eau chaude et 13,7–17,6% dans une solution à 1% de NaOH.
Falsifications et succédanés
Le bois de Brachystegia cynometroides peut être substitué par ceux de Brachystegia eurycoma Harms ou Brachystegia leonensis Burtt Davy & Hutch., qui ont des propriétés similaires et sont également commercialisés sous les noms de “naga” ou “okwen”.
Description
- Arbre de taille moyenne à assez grande, atteignant 35(–40) m de haut, caducifolié ; fût dépourvu de branches sur 15 m, souvent courbé, tordu ou sinueux, mais parfois droit et cylindrique, jusqu’à 180 cm de diamètre, à contreforts atteignant 4(–5) m de haut ou à épaississements arrondis à la base ; surface de l’écorce lisse à rugueuse, se desquamant par écailles en laissant des sillons sinueux notamment vers la base du fût, orange-rouge ou brunâtre, écorce interne d’environ 1,5 cm de large, fibreuse, rougeâtre, virant au brun à l’exposition, exsudant une gomme blanche poisseuse ; cime largement étalée, ouverte, à grosses branches tordues ; rameaux glabres.
- Feuilles alternes, composées paripennées à (2–)3 paires de folioles ; stipules persistantes sous forme d’écailles dures ; pétiole renflé à la base, rachis de 10–15 cm de long ; pétiolules d’environ 5 mm de long ; folioles opposées, obliquement oblongues à elliptiques, de 6–8 cm × 3–4 cm, cunéiformes à obtuses à la base, courtement acuminées à l’apex, coriaces, glabres, pennatinervées à 6–9 paires de nervures latérales.
- Inflorescence : panicule courte, terminale ou axillaire, de 3–4 cm de long, à branches poilues.
- Fleurs bisexuées, régulières, petites, à la base avec 2 bractéoles obovales d’environ 5 mm × 3 mm ; pédicelle de 2–3 mm de long, poilu ; sépales 5, de 1–1,5 mm long, à bords poilus ; pétales absents ; étamines 10, libres, d’environ 7 mm de long ; ovaire supère, ellipsoïde, à stipe court, poilu, style élancé, spiralé.
- Fruit : gousse oblancéolée à obovale, aplatie, de 20–25 cm × 8–10 cm, à angle droit avec le stipe, lisse mais légèrement ridée, déhiscente par 2 valves ligneuses, contenant 2–4 graines.
- Graines grandes, discoïdes.
Autres données botaniques
Le genre Brachystegia, qu’il est difficile de classer d’un point de vue taxinomique, comprend près de 30 espèces réparties en Afrique tropicale continentale et en Afrique du Sud, la majorité des espèces étant présentes en Afrique tropicale australe où elles sont caractéristiques de la forêt de miombo.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 1 : limites de cernes distinctes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 29 : ponctuations ornées ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; (42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm) ; 43 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux ≥ 200 μm ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; (47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré) ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 81 : parenchyme axial en losange ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale.
- Rayons : 96 : rayons exclusivement unisériés ; (97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules)) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 116 : ≥ 12 rayons par mm.
- Structure étagée : 118 : tous les rayons étagés ; 121 : fibres étagées.
- Eléments sécrétoires et variantes cambiales : (131 : canaux intercellulaires d’origine traumatique).
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
Croissance et développement
Brachystegia cynometroides fleurit en avril et les fruits sont mûrs en juillet. Les racines sont associées à des ectomycorhizes. On n’a pas observé de nodules fixateurs d’azote.
Ecologie
Brachystegia cynometroides pousse habituellement en groupes dans la forêt sempervirente humide primaire aussi bien que secondaire ancienne, et dans la ripisylve, jusqu’à 200 m d’altitude, dans les régions à pluviométrie annuelle de 1500–3000 mm, à des températures moyennes de 23,5–25°C, et à 1–2 mois secs. Il est moins commun dans la forêt semi-sempervirente. On peut le trouver sur plusieurs types de sols ferralitiques et sur des sols sédimentaires sableux ou sablo-argileux.
Gestion
En forêt dans le sud-ouest du Cameroun, on a trouvé des arbres ayant un diamètre de fût de plus de 60 cm à une densité moyenne de 0,13 arbres/ha, et des arbres avec un diamètre de fût de plus de 15 cm à 0,33 arbres/ha.
Récolte
Le diamètre de fût minimal pour la coupe au Cameroun est de 60 cm.
Ressources génétiques
Au Cameroun, Brachystegia cynometroides est classé comme une essence à bois d’œuvre d’importance secondaire, mais son utilisation est soutenue. Le volume exporté est limité et ne semble pas causer de menace d’érosion génétique, mais Brachystegia cynometroides a une aire de répartition restreinte et la suivi des peuplements est donc recommandé.
Perspectives
Le bois de Brachystegia cynometroides restera avant tout d’importance locale pour la construction et la menuiserie intérieures. Il a été exporté du Cameroun pendant quelques années, mais les volumes ont rapidement diminué, et ses perspectives sur le marché international des bois d’œuvre sont donc moins évidentes. Il nous faut de l’information sur ses taux de croissance, sa régénération naturelle, sa gestion judicieuse et son rendement potentiel.
Références principales
- Aubréville, A., 1970. Légumineuses - Césalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Cameroun. Volume 9. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 339 pp.
- Bolza, E. & Keating, W.G., 1972. African timbers: the properties, uses and characteristics of 700 species. Division of Building Research, CSIRO, Melbourne, Australia. 710 pp.
- CTFT (Centre Technique Forestier Tropical), 1953. Naga. Bois et Forêts des Tropiques 31: 27–30.
- Gérard, J., Edi Kouassi, A., Daigremont, C., Détienne, P., Fouquet, D. & Vernay, M., 1998. Synthèse sur les caractéristiques technologiques de référence des principaux bois commerciaux africains. Série FORAFRI. CIRAD-Forêt, France. 185 pp.
- Letouzey, R. & Mouranche, R., 1952. Ekop du Cameroun. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 81 pp. + 20 plates.
- Sallenave, P., 1964. Propriétés physiques et mécaniques des bois tropicaux. Premier supplément. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 79 pp.
- Savard, J., Besson, A. & Morize, S., 1954. Analyse chimique des bois tropicaux. Publication No 5, Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 191 pp.
- Takahashi, A., 1978. Compilation of data on the mechanical properties of foreign woods (part 3) Africa. Shimane University, Matsue, Japan. 248 pp.
- Thirakul, S., 1983. Manuel de dendrologie. Centre National de Développement des Forêts (CENADEFOR), Yaoundé, Cameroun. 640 pp.
- Vivien, J. & Faure, J.J., 1985. Arbres des forêts denses d’Afrique Centrale. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 565 pp.
Autres références
- Bisby, F.A., Roskov, Y.R., Ruggiero, M.A., Orrell, T.M., Paglinawan, L.E., Brewer, P.W., Bailly, N. & van Hertum, J. (Editors), 2007. Species 2000 & ITIS Catalogue of Life: 2007 Annual Checklist. [Internet] Species 2000, Reading, United Kingdom. http://www.catalogueoflife.org/ annual-checklist/2011/info/cite. 2011.
- CIRAD Forestry Department, 2008. Naga. [Internet] Tropix 6.0. http://tropix.cirad.fr/ africa/ naga.pdf. November 2011.
- Karsenty, A., Roda, J.-M., Milol, A. & Fochivé, E., 2006. Audit économique et financier du secteur forestier au Cameroun. [Internet] Département Forêts, CIRAD. 151 pp. http://data.cameroun-foret.com/ system/files/ 18_63_41.pdf. November 2011.
- Letouzey, R., 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au 1/50000 : Domaine de la forêt dense humide toujours verte. Institut de la Carte Internationale de la Végétation, Toulouse, France. pp. 95–144.
- ONADEF, 1991. Stratification forestière du territoire pour une cartographie au 1/50000. Ministère de l’Agriculture, Cameroun. 65 pp.
- Onguene, N.A. & Kuyper, T.W., 2002. Importance of the ectomycorrhizal network for seedling survival and ectomycorrhiza formation in rain forests of south Cameroon. Mycorrhiza 12(1): 13–17.
- Verbelen, F., 1999. L’exploitation abusive des forêts équatoriales du Cameroun. Greenpeace Belgique. 49 pp.
Sources de l'illustration
- Aubréville, A., 1970. Légumineuses - Césalpinioidées (Leguminosae - Caesalpinioideae). Flore du Cameroun. Volume 9. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France. 339 pp.
* Letouzey, R. & Mouranche, R., 1952. Ekop du Cameroun. Centre Technique Forestier Tropical, Nogent-sur-Marne, France. 81 pp. + 20 plates.
* Vivien, J. & Faure, J.J., 1985. Arbres des forêts denses d’Afrique Centrale. Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris, France. 565 pp.
Auteur(s)
- V.A. Kémeuzé, Millennium Ecologic Museum, B.P. 8038, Yaoundé, Cameroon
- M.G. Meikeu Kamdem, Musée Ecologique du Millénaire, B.P. 8030, Yaoundé, Cameroun
Citation correcte de cet article
Kémeuzé, V.A. & Meikeu Kamdem, M.G., 2012. Brachystegia cynometroides Harms. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.
Consulté le 17 décembre 2024.
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