Bourdaine (Cazin 1868)

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Bouleau
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Bourrache


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Nom accepté : Frangula alnus


BOURGÈNE. Rhamnus frangula. L.

Alnus nigra baccifera. Bauh. — Frangula dodonei seu integrifolia. T.

Nerprun-bourdaine, — aune noir, — nerprun bourdainier.

Rhamnacées. — Ziziphées. fam. nat. — Pentandrie monogynie.


Cet arbrisseau vient abondamment dans les taillis, les haies et les terrains frais.

Description. — Tige et branches très-rameuses, non épineuses, ayant l'écorce noirâtre tachetée de blanc. — Feuilles obovales, entières, glabres, alternes, pétiolées, lisses, surtout en dessous, d'un vert clair, marquées de dix à douze nervures. — Fleurs d'un blanc jaunâtre ou verdâtre, petites, pédonculées, hermaphrodites, axillaires et moins ramassées que celles du nerprun cathartique (août-septembre). — Calice tubuleux, cinq divisions pointues. — Corolle, quatre ou cinq pétales petits, comme écailleux, concaves, alternant avec les sépales et opposés aux étamines qui sont comme logées dans leur concavité, quelquefois nulle par avortement, étamines en même nombre que les pétales. — Style indivis. — Stigmate obtus. — Fruit : baie arrondie, noire à la maturité, renfermant trois noyaux coriaces, cartilagineux, monospermes.

Parties usitées. — L'écorce des branches et de la racine, les baies.

[Culture. — La bourgène des bois et des haies suffit aux besoins de la médecine et de l'industrie ; on la cultive souvent dans les parcs d'agrément, elle préfère une terre humide et ombragée ; on la propage par graines semées immédiatement après la maturité, ou encore par boutures et marcottes.]

Récolte. — On récolte l'écorce moyenne pendant la floraison, pour la faire sécher. Elle conserve longtemps ses propriétés.


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Propriétés physiques et chimiques. — Les feuilles et les fleurs n'ont ni odeur ni saveur. L'écorce moyenne, qui est jaune, inodore, d'une saveur amère, styptique, nauséabonde, fournit à la teinture une couleur jaune, ainsi que les baies ; mais les teinturiers préfèrent les baies du rhamnus infectorius, connues sous le nom de graines d'Avignon, [et celles du rhamnus amygdalinus ou graine de Perse. Nous parlerons de cette matière colorante jaune en traitant du nerprun (voyez ce mot). Herber, qui a analysé la bourdaine, y a trouvé de l'huile volatile, de la cire, de l'extractif, de la gomme, de l'albumine, un principe colorant et des sels.]


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion ou déooction de l'écorce sèche, 15 à 30 gr. pour 500 gr. d'eau.
Décoction composée (Gumpreeth). — Ecorce sèche et vieille, 45 gr. ; écorce d'orange coupée menu, 8 gr. ; eau commune, 2 litres. Faites bouillir pendant deux heures, ou, mieux, jusqu’à réduction de moitié ; vers la fin de la décoction, ajoutez : écorce d’orange, 12 à 15 gr., semences de cumin concassées, 12 gr., à prendre 60 gr. de cette

décoction le soir en se couchant, pour obtenir deux ou trois évacuations alvines le lendemain matin. Si l'on veut obtenir une action purgative très-intense, il faut en donner trois doses semblables dans la journée ou rendre la décoction plus forte en portant, par exemple, la dose de l'écorce à 60 gr. au lieu de 45.
En substance, triturée avec un mucilage, 1 à 2 gr.
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, en lotions.


L'écorce moyenne, éméto-cathartique quand elle est fraîche, purgative quand elle est sèche, peut être employée avec avantage dans quelques cas, surtout chez les indigents, à cause de la facilité que l'on a de se la procurer.

Les propriétés purgatives de l'écorce de bourgène étaient connues des anciens. Matthiole en fait mention. Dodoens dit que les paysans la mettaient en usage pour se purger. Linné[1] en faisait grand cas. Cependant ce médicament était presque oublié, lorsque Gumpreeth[2] vint prouver par un grand nombre d'essais que sa vertu purgative, analogue à celle de la rhubarbe, n'avait pas la violence des drastiques, ainsi qu'on l'avait cru jusqu'alors. Dubois, de Tournai, a recueilli plusieurs faits qui confirment les observations de Gumpreeth sur ses propriétés purgatives.

J'ai donné plusieurs fois l'écorce de bourgène à la dose de 2 gr., triturée longtemps avec le mucilage de guimauve ou de graine de lin, et réduite en pilules. Elle a toujours produit un effet purgatif régulier. Un garçon de douze ans a rendu par ce remède, pris à la dose de 1 gr., une grande quantité de vers lombrics. Gilibert rapporte qu'il a vu rendre un ver solitaire par l'action de cette écorce. Roques indique depuis 2 gros jusqu'à demi-once (8 à 16 gr.) de l'écorce de bourgène sèche et concassée, bouillie dans quantité d'eau suffisante pour obtenir 20 onces (620 gr.) de decoctum édulcoré avec un sirop agréable ; on en donne 4 onces (120 gr.), répétées plusieurs fois par jour. Je l'ai administrée de cette manière chez un cultivateur atteint d'anasarque par suite de fièvre intermittente négligée. Elle a produit des évacuations répétées qui ont diminué promptement l'infiltration cellulaire. A cause de l'état de débilité du sujet, j'ai discontinué l'usage de ce purgatif pour achever la guérison au moyen d'un vin diurétique amer, que je prépare avec l'absinthe, la cendre de genêt et le vin blanc.

On l'a conseillé, dit Loiseleur-Deslongchamps, comme fébrifuge et anthelminthique. Sa propriété purgative, sa saveur amère et astringente, en lui donnant quelque droit à ce dernier titre, paraît, comme purgatif, exclure le premier.

Les baies, que l'on regarde aussi comme purgatives, sans doute à cause de leur analogie avec celle du nerprun, n'ont point cette propriété. J'en ai vu manger par des enfants, en assez grande quantité, sans qu'aucun effet ait été produit. Cette remarque avait déjà été faite par quelques auteurs. « Il

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  1. Amœn. acad., t. VII, p. 300.
  2. Bouchardat, Annuaire cité, 1846.


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résulte de nos expériences, dit Dubois, de Tournai, que ces baies ne sont rien moins que purgatives ; j'en ai avalé jusqu'à cent ; j'en ai fait prendre de grandes quantités à d'autres personnes, sans observer la moindre apparence de purgation. »

L'écorce de bourgène bouillie dans une très-petite quantité d'eau, ou pilée avec du vinaigre, a été employée extérieurement avec avantage contre la gale et certaines affections dartreuses invétérées.