Botrys (Cazin 1868)
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Nom accepté : Dysphania botrys
Botrys ambrosioïdes vulgaris. Bauh. — Chenopodium ambrosioïdes folio sinuato. Tourn.
Ansérine-botrys, — bourride, — herbe à printemps, — piment.
Chénopodiacées. — Atriplicées. — Cyclolobées. Fam. nat. — Pentandrie digynie. L.
Cette plante annuelle (Pl. IX) croît clans les lieux sablonneux du midi la France ; on la trouve dans les terres incultes aux environs de Perpignan et de Toulouse, dans la Provence, etc. Lejeune, de Verviers (in Dubois), dit l’avoir rencontrée en Belgique, à Ensival, à Verviers, à Liège. On la cultive dans les jardins pour l'odeur balsamique de son feuillage.
Description. — Racine peu volumineuse, charnue, grisâtre à l’extérieur, blanche à l’intérieur, s'enfonçant perpendiculairement dans le sol en s'amincissant par degrés,
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jetant quelques radicules déliées. — Tige droite, de 30 centimètres, ferme, rameuse, légèrement striée de rouge, visqueuse, velue. — Feuilles alternes, oblongues, pétiolées, pubescentes comme la tige et couvertes d'une matière visqueuse, sinuées, semi-pinnatifides ayant quelque ressemblance avec celles du séneçon. — Fleurs verclâtres, très-petites, disposées en grappes axillaires très-nombreuses el formant une longue grappe feuillée terminale (juin-septembre). — Ovaire globuleux, surmonté de deux stigmates linéaires et allongés. — Fruit : akène lenticulaire, placée sur le réceptacle, dans le calice qui s’est renfermé en devenant pentagone.
Parties usitées. — Les feuilles et les sommités.
[Culture. — Rarement cultivée, demande une exposition chaude. On la sème en place en mars et avril ; mais il vaut mieux semer en mars sur couches, pour repiquer en mai. On arrose modérément pendant les chaleurs.]
Récolte. — On doit faire sécher la plante entière avec ses fleurs; elle est alors plus odorante et conserve ses principes résineux. Elle ne perd aucune de ses qualités par la dessiccation.
Propriétés physiques et chimiques. — Le botrys est remarquable par son odeur forte, balsamique, et sa saveur chaude, piquante et un peu amère. Son arôme approche beaucoup cle celui du cyste ladanifère. Frappées des rayons du soleil, ses feuilles sécrètent abondamment le suc balsamique qui les rend visqueuses, brillantes, aromatiques. Il se forme, en outre, à leur surface de petits cristaux blancs comme le nitre, et qui, comme lui, fusent, s'enflamment et détonnent sur les charbons ardents. Eximiæ fragrantia gratià etiam diis expetita fuisse dicitur hæc planta. Boecl.
D'après Cartheuser, cette plante contient une certaine quantité d'huile volatile. — Le botrys préserve les étoffes de la piqûre des teignes.
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, 15 à 30 gr. dans 1 kilogr. d'eau bouillante. |
Vin (1 partie sur 16 de vin), 30 à 100 gr. |
Cette plante, à laquelle un charlatan nommé Printemps a donné son nom (herbe à Printemps), que Matthiole et Geoffroy ont vantée outre mesure, a des propriétés réelles, analogues à celles de l’ambroisie, à laquelle on peut la substituer. Elle est excitante, antispasmodique, expectorante. On l'a recommandée dans le catarrhe pulmonaire chronique, l'asthme humide, la dyspepsie, la dysménorrhée, l'aménorrhée atonique, l'hystérie, etc. Wauters assure avqir guéri des phthisies confirmées par l'usage du botrys, qu'il propose comme succédané des baumes de Tolu, de la Mecque, du Pérou, de copahu, du styrax, du polygala de Virginie, etc. Le praticien de Wetteren, qui n'a eu probablement dans la plupart de ces prétendus cas de guérison de phthisie, que des catarrhes pulmonaires chroniques à traiter, affirme avoir employé cette plante, pendant trente ans, avec un succès marqué dans les affections chroniques de la poitrine.
Dioscoride et Matthiole avaient déjà reconnu l'efficacité du botrys dans les maladies de poitrine, et surtout dans l'orthopnée. Forestus, Hermann, Vogel, Peyrilhe l'ont recommandé comme béchique et antispasmodique. Suivant Gilibert, les hypocondriaques ont trouvé un soulagement à leurs maux en prenant tous les matins une infusion théiforme de cette plante.