Blé de l'île de Noé
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D'hiver et de printemps.
Paille blanche, courte et raide, grosse, bien creuse.
Épi plat, élargi, assez lâche, dressé; glumelles longues et aiguës, pourvues d'arêtes assez développées; tout l’ensemble garde même à la maturité une certaine teinte glauque.
Grain jaune, gros, court, renflé, bien plein, remarquablement obtus aux deux extrémités.
Avant la maturité et surtout vers le moment de la floraison, l'épi, la tige et même les feuilles de ce blé présentent une teinte glauque très frappante qui lui a fait donner le nom de blé bleu. Inconnue en France il y a moins d'un demi-siècle, cette variété est aujourd'hui l'une des plus répandues et des plus appréciées. Et pourtant malgré la date récente de son introduction, différentes versions circulent sur son origine. La plus exacte nous paraît être celle que M. Darblay a fait connaître dans une notice présentée en 1860 à la Société centrale d'Agriculture. D'après lui, ce blé a été trié dans un lot venant d' Odessa par M. Planté, meunier à Nérac. M. Pérès, fermier de M. le marquis de Noé, à l'Ile de Noé, près Mirande (Gers), l'a cultivé un des premiers, et de chez lui la nouvelle variété a été introduite par M. de Noé dans sa terre de Bréau, en Beauce, d'où elle s'est rapidement répandue dans toute la contrée. C'était en effet la partie de la France à laquelle le blé de Noé convenait le mieux. Dans les grandes plaines sèches et chaudes ses qualités se développent à merveille et ses inconvénients sont peu sensibles. Dans le reste de la France, il a pris également faveur sur un grand nombre de points, mais son succès a été plus balancé. C'est qu'il a ses défauts à côté de ses avantages. Presque seul de tous les blés cultivés en France, il prend aisément le charbon; en outre, dans les terres froides ou les climats humides il est assez sujet à la rouille; enfin il donne peu de paille et s'égrène facilement à la maturité. Mais, par contre, aucune variété n'est plus hâtive, plus vigoureuse, moins exposée à la verse, plus accommodante sur l’époque du semis. Son grand rendement en grain compense la faiblesse de son produit en paille, et l'avantage qu'il a de mûrir parfaitement en moyettes permet de le couper avant qu'il risque de s'égrener. Le blé de Noé convient à toutes les bonnes terres et à toutes les terres moyennes ou même médiocres, à condition qu'elles soient saines, pourvues de calcaire et en climat plutôt sec qu'humide. On peut le semer depuis le mois d'octobre jusqu'au 1er avril. Quand pendant plusieurs années de suite on le cultive comme blé de mars, le grain devient plus petit et un peu plus rouge.