Berce (Cazin 1868)
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Berce
Nom accepté : Heracleum sphondylium
Sphondylium vulgare hirsutum. C. Bauh., T. — Branca ursina germanica. J. B. — Branca ursina spuria. Off.
Fausse branc-ursine, — branc-ursine des Allemands.
Ombellifères. — Peucedanées. Fam. nat. — Pentandrie digynie.
Cette plante (Pl. VIII), qui aime les pays froids, croît en abondance dans nos bois, dans nos champs et dans nos prés, dont elle détériore les foins. Les vaches, les chèvres, les moutons, les lapins et les ânes la broutent ; les chevaux la négligent. Les plus savants agronomes l’indiquent comme une plante à fourrage des plus précieuses : sa racine, ses feuilles et ses tiges, comme celles du panais, sont pour les vaches à lait une excellente nourriture. Il y a lieu de s’étonner qu'elle n'ait point été cultivée depuis longtemps.
Description. — Racine fusiforme, charnue, blanchâtre, imprégnée d’un suc jaunâtre. — Tige parvenant sur un sol favorable à hauteur d’homme, mais ordinairement de 10 à 20 décimètres ; robuste, droite, fortement sillonnée, creuse, velue, rameuse supérieurement. — Feuilles alternes, grandes, amplexicaules, ailées, à foliotes lobées et crénelées, vertes en dessus, d’un vert pâle en dessous. — Fleurs blanches, quelquefois rougeâtres, en larges ombelles planes et terminales de dix à vingt rayons. — Involucre nul ou formé de une à deux foliotes, involucelles de quatre à dix-sept foliotes (juin-septembre). — Calice à limbe 5-denté ou entier velu. — Corolle de cinq pétales échancrés. — Cinq étamines. — Deux styles plus courts. — Fruit formé de deux akènes ovoïdes on ovoïdes oblongues, comprimés, striés.
Parties usitées. — La racine, les feuilles et les fruits.
Culture. — [La berce n’est cultivée que dans les jardins botaniques ; on la sème en pépinière et en pots, depuis avril jusqu’en juillet, ou en place, aussitôt après la nialurité ; on peut encore la propager par éclats des pieds.]
Récolte. — L’herboristerie en néglige la récolte, qui, d’ailleurs, ne demande aucun soin particulier.
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — L'écorce et la racine de berce sont d'une âcreté rubéfiante et même vésicante. L'interieur de la tige, au contraire, offre une saveur douce, et procure un aliment très-recherché des habitants du Kamtschatka. Ces peuples mangent la berce récente écorcée, laquelle fournit, en outre, par la dessiccation, une farine sucrée. En Sibérie, on fait sécher au soleil, sur des claies, les tiges et les pétioles ratissés ; elles se couvrent d’un suc mucilagineux et sucré que l’on recueille avec soin, et qui passe pour une friandise très-délicate. « Accumulez ces tiges et ces pétioles dans un tonneau ; versez-y une quantité d’eau suffisante
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pour recouvrir le tout ; après un mois, vous retirerez une masse d’une saveur acidulé agréable. Si vous soumettez ce marc à la distillation au moment de la fermentation vineuse, il vous donnera un esprit ardent plus actif que celui de grain (Gilibert). » Les Russes font usage de cette eau-de-vie. La décoction fermentée des feuilles tient lieu de bière aux pauvres gens en Pologne, en Lithuanie et au Kamtschatka.
Fraîche, cette plante contient environ 10 pour 100, et son foin 72 pour 100 de parties nutritives. Les Suisses l'estiment beaucoup pour leur bétail. Cultivée comme le panais, avec lequel elle a quelque analogie, la racine de berce, pourrait fournir à l’homme un aliment sain[1]. Ses fruits ont une saveur acre et aromatique qui décèle la présence d’une huile volatile ou essentielle.
Les propriétés thérapeutiques de la berce sont mal déterminées. Cette plante a été très-peu employée en France. Elle est regardée dans quelques parties de la Suède comme un remède familier contre la dysenterie. On a employé sa décoction en bains, en lavements, comme carminatif, apéritif, antispasmodique, etc. On applique les feuilles et les racines sur les callosités ; elles sont résolutives et peuvent convenir, en cataplasme, sur les abcès froids, les engorgements lymphatiques, l’œdème, etc. On dit que le suc détruit la vermine, et que la décoction de la racine et des semences a été employée avec succès en lotion contre la gale. Plusieurs médecins prétendent que la berce est un des plus puissants moyens curatifs de la plaque polonaise ; d'autres soutiennent, au contraire, qu'elle doit être rangée parmi les causes productrices de cette maladie : Succus capiti inunctus crispos capillos facit, dit Ray. — Erndtel[2], médecin polonais, dit que plusieurs médecins, qui ont fait l'énumération des remèdes employés pour la cure de la plique ont été trompés, par la ressemblance des mots, et qu'ils ont pris le lycopode pour la fausse branc-ursine.
Le fruit, qui est stimulant, pourrait être employé utilement. Ray le recommande dans les attaques d'hystérie. Dioscoride le vantait contre l'asthme. La berce n’est point une plante inerte ; elle mérite d'être étudiée dans ses effets thérapeutiques.
(Un médecin allemand, dont le nom m’échappe, a récemment proposé de substituer le fruit de cette plante au cubèbe ; il l'administre à la même dose et avec succès contre la blennorrhagie.)
Autres berces
Noms acceptés : Heracleum alpinum, Heracleum pyrenaicum
[La berce des Alpes (H. Alpinum, L.), à feuilles simples (H. Amplifolium, L.) jouissent des mêmes propriétés que la précédente. La berce gommifère (H. Gummiferum, L.) est aujourd'hui rangée dans les dorèmes.]
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