Belle-de-nuit (Cazin 1868)

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Beccabunga
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Benoite


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Belle-de-nuit

Nom accepté : Mirabilis jalapa


BELLE-DE-NUIT. Mirabilis jalapa. L.

Jalapa flore purpureo. T. — Nictago hortensis. Juss.

Jalap à fleurs pourpres, — jalap aux belles fleurs, — faux jalap, — jalap d’Europe, — jalap indigène, — merveille du Pérou, — nyctage du Pérou, — nyctage des jardins.

Nyctaginées. Fam. nat. — Pentandrie monogynie. L.


Cette plante vivace, spontanée en Amérique, au Pérou, cultivée dans nos jardins pour la beauté de ses fleurs, est connue de tout le monde.

Description. — Racine grosse, allongée, d’un brun noirâtre en dehors, blanche à l’intérieur. — Tige de 60 centimètres environ, herbacée, géniculée, rameuse. — Feuilles d’un beau vert, grandes, cordiformes, opposées, les inférieures pétiolées, les supérieures et les florales sessiles. — Fleurs rouges, jaunes, blanches ou marbrées, en bouquets axillaires et terminaux (juin à octobre). — Corolle infundibuliforme, cinq découpures échancrées, plissées ; de cinq à dix étamines ; style simple ; stigmate globuleux ; calice entier ; fruit dur, ovoïde, 5 angles.

Parties usitées. — La racine.

Culture. — [La belle-de-nuit se multiplie par semis sur couche au printemps ; le plant, mis en place en mai dans une terre légère et substantielle, fleurit en juillet jusqu’aux gelées ; les racines peuvent être conservées en cave l’hiver, comme celles des dahlias.]

Récolte. — Cette racine se récolte en automne. Celle récoltée dans le Nord est moins active que celle qui croit dans le Midi. Gilibert a observé qu’elle purgeait fort bien à Lyon, tandis qu'en Lithuanie elle purgeait fort peu. En général, les plantes originaires des pays chauds perdent de leur énergie dans les pays froids.

Propriétés physiques et chimiques. — La racine de belle-de-nuit, d’une odeur nauséeuse, d’une saveur acre, contient beaucoup de principes gommeux et résineux. Coste et Wilmet ont obtenu, de 120 gr. de cette racine recoltée en octobre, et médiocrement séchée, 28 gr. d’extrait aqueux. — 60 gr. traités par l’alcool ont produit près de 12 gr. d'extrait résineux.

[Les fleurs exhalent le soir une odeur suave.]


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L’INTERIEUR. — Racine en poudre, 2 à 4 gr. dans un verre d'eau ou de tisane.
Racine concassée en décoction, 4 à 8 gr. dans 150 gr. de bouillon de veau ou de poulet.

Extrait aqueux, de 1 à 3 gr., en pilules, potion électuaire.
Extrait alcoolique, 60 centigr. à 1 gr. 25 cent, en pilules.


La racine de belle-de-nuit est purgative. Coste et Wilmet l’ont proposée comme succédanée du jalap. L’extrait aqueux, à la dose de 1 gr. 20 centigr., donné à des personnes de constitution médiocre, a produit deux selles sans coliques et sans douleur. Cet extrait, à la dose de 2 gr. a provoqué cinq ou six évacuations alvines. Porté à 3 gr. partagés en deux prises, administrées à une heure de distance l’une de l’autre, il a produit dix à douze selles assez copieuses..

En ajoutant. 60 centigr. d’extrait résineux ou alcoolique de cette racine à l’extrait aqueux, on obtient un purgatif qui peut convenir dans tous les cas où le jalap et la scammonée sont indiqués. Nous devons dire, toutefois, que cet extrait alcoolique est très-actif et qu’il doit être administré avec circonspection. La racine en poudre, à la dose de 2 à 4 gr. dans un verre d’eau sucrée, est beaucoup plus sûre, et m’a parfaitement réussi ; elle a produit quatre à six selles chez trois adultes auxquels je l’ai administrée à la dose de 4 gr. ; à doses proportionnées à l’âge, elle a agi à la fois comme purgatif et vermifuge chez des enfants lymphatiques, lourds, à gros ventre[1].

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  1. La racine que j’ai employée avait été récoltée dans mon jardin.


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Gilibert est parvenu à chasser le ver solitaire en donnant cette racine à la dose de 8 gr. Il l'a employée aussi avec un plein succès dans plusieurs maladies chroniques où la purgation était indiquée. On en a retiré de grands avantages dans l’hydropisie, l’œdème, dans les rhumatismes chroniques, dans plusieurs maladies de la peau, dont le principe existait dans le mauvais état des viscères abdominaux, soit comme altérant, dans ces derniers cas, soit comme purgatif, à la dose de 25 centigr. à 8 gr. Deux ou trois purgations composées de 1 gr. 50 centigr. de ce médicament, secondées par l’usage de la fleur de soufre et de la racine de patience, ont guéri, suivant Bodart, une foule de maladies cutanées. Tout ici se réduit à l’effet purgatif de la belle-de-nuit.

Roques prescrit une poudre purgative composée de 1 gr. 50 centigr. de racine de belle-de-nuit et de 15 gr. de sucre blanc, triturés dans un mortier. On prend cette poudre, le matin à jeun, dans une tasse d’émulsion ou de thé léger. Elle convient, dit ce médecin, aux personnes délicates et aux enfants qui ont besoin d’être purgés. C'est un bon vermifuge.

La belle-de-nuit, naturalisée dans nos climats, peut nous dispenser de faire venir le jalap du Mexique. On objectera peut-être que le jalap est d’un prix si peu élevé que tout le monde peut se le procurer facilement ; oui, tout le monde, excepté le pauvre ouvrier des campagnes pour qui tout est cher, surtout quand il doit encore ajouter au prix du médicament la perte du temps employé à l’aller cherchera la ville ou au chef-lieu de canton plus ou moins éloigné de son village.


Belle-de-nuit dichotome

Nom accepté : Mirabilis longiflora


BELLE-DE-NUIT DICHOTOME. Jalap indigène. Mirabilis dichotoma. L. — Plante du Mexique, acclimatée en Europe ; diffère peu du Mirabilis jalapa.

Description. — Feuilles cordiformes, plus petites. — Tige moins élevée, rameaux plus étalés. — Corolle ayant le tube tomenteux, et les cinq segments du bord plus ouverts — Pistil plus long que les étamines. — Odeur très-suave.

Les espèces suivantes jouissent des mêmes propriétés.


Belle-de-nuit à longues fleurs

Nom accepté : Mirabilis longiflora


BELLE-DE-NUIT A LONGUES FLEURS. Nictago longiflora. L. — Originaire des hautes montages du Mexique, cette espèce est cultivée dans les jardins sons le nom de Belle-de-nuit du Pérou.

Description. — Tiges se divisant en rameaux très-longs, fragiles. — Feuilles cordiformes, un peu velues, molles, odorantes, glutineuses, légèrement ciliées sur les bords, ainsi que les pétioles, d’un beau vert des deux côtés. — Fleurs blanches, sessiles, pubescentes à la base, réunies plusieurs ensemble à l'extrémité des rameaux, et remarquables par la longueur extrême de leur tube. — Etamines et pistils couleur pourpre. — Anthères jaunes.