Aâthirîlâl (Ibn al-Baytar)

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Aaloussen
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Aacoutsâr


2 اًاطِرِيلال - aāṭirīlāl – Aâthirîlâl – Ptychotis verticillata[1]

Nom accepté : Ammoides pusilla

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C’est un nom berbère qui signifie pied d’oiseau. Il commence par deux alifs, l’un hamzé et l’autre meddé ; vient ensuite un thâ sans point et souscrit d’un kesra, puis un ra souscrit aussi d’un kesra, puis un ia souscrit de deux points et quiescent, puis un lam-alif et enfin un lam. Cette plante est connue en Egypte sous le nom de pied de corbeau رجل الغراب - riǧl al-ġurāb. Quelques-uns l’appellent aussi carotte du diable جزر الشيطان - ǧazar al-šīṭān. C’est une plante qui ressemble à l’aneth sous le rapport de la tige, de l’inflorescence et de la racine, à cela près que l’ombelle de l’aneth donne des fleurs jaunes, et l’autre des fleurs blanches. Aux fleurs succèdent des graines ayant la forme de petites graines de persil, ou même plus grandes. On peut aussi comparer ces graines à celles de la plante connue en Egypte sous le nom d’akhalla اخلة - āḫallat (Ammi majus de Forskal), sinon qu’elles sont un peu plus longues, chaudes, âcres, légèrement amères, et que, mises dans la bouche, elles mordent la langue. Cette plante est chaude et sèche à la fin du second degré. Sa graine est la partie particulièrement employée en médecine. Son emploi à l’intérieur est très utile contre le mêlas et l’alphos. C’est dans une tribu du Maghreb moyen que l’on découvrit ses propriétés et qu’elle acquit une grande vogue. Cette tribu berbère est celle des Béni bou Ch’aïb des Oudjehân des dépendances de Bougie. On allait chez eux pour faire traiter ces maladies; les gens de la tribu cachaient leur secret avec soin, le transmettaient de père en fils, et ne délivraient le médicament que contre un prix convenu à l’avance. Enfin Dieu permit que des personnes, l’ayant reconnue, la firent connaître à d’autres. Sa réputation se répandit ainsi que la connaissance de ses propriétés merveilleuses. On l’administre de plusieurs manières : les uns la donnent seule à l’intérieur; d’autres la donnent à la dose d’une drachme avec un quart de pyrèthre : on triture le tout et on en prépare un éclegme avec du miel. Le sujet se tient à un soleil chaud, les parties affectées de la lèpre découvertes pendant une heure ou deux, jusqu’à ce qu’il entre en sueur. Alors la nature, par la permission de son Auteur, fait arriver le principe actif à la surface du corps dans les endroits atteints de lèpre, qui se phlyctènent et s’ulcèrent sans que rien de pareil arrive aux endroits sains. Une fois ces phlyctènes rompues, il s’en écoule un liquide blanchâtre tirant sur le jaune; alors on cesse l’administration du remède, et la coloration blanche de la lèpre fait bientôt place à la coloration naturelle de la peau. Les régions fournies de chair qui sont affectées de cette maladie se guérissent plus facilement que celles qui en sont dépourvues. Je l’ai employé plusieurs fois et je me suis applaudi de l’avoir fait. C’est un remède héroïque. J’ai vu son action se traduire diversement : chez quelques-uns elle se manifeste rapidement dès la première ou la seconde prise; chez d’autres, il en faut davantage. Le malade prolonge l’usage du médicament, ainsi que nous venons de le dire, et s’expose au soleil, une, deux ou trois fois, jusqu’à ce que l’action se manifeste. Il est convenable, avant de commencer le traitement, d’administrer un purgatif en rapport avec l’humeur morbide, et cela en été, quand le soleil est chaud. — LE CHERIF. Quant à la graine de la plante appelée aathîrilâl, on en prend une partie et demie, plus une partie tant de dépouille de serpent que de feuilles de rue : on triture le tout, on le laisse dessécher pendant cinq jours, et l’on administre en poudre, à la dose de trois drachmes dans du sirop de raisin, pendant trois jours consécutifs, et le malade guérit. C’est un remède éprouvé contre la lèpre, surtout si le sujet s’expose au soleil jusqu’à sudation. On peut encore triturer cette graine, tamiser, associer à du miel épuré et administrer sous forme d’éclegme, tous les jours, à la dose de deux mithkals avec de l’eau tiède, pendant quinze jours consécutifs. C’est un spécifique sûr contre la lèpre. Cette graine, pulvérisée et insufflée dans le nez, fait avorter. — EZ-ZEHRAOUY. La graine de cette plante, administrée à l’intérieur, est efficace contre les coliques. — L’AUTEUR. Le Chérif prétend que l’Aathîrilâl est une plante du genre de celles que les Grecs appellent Daucus, mais il n’en est rien. La généralité des gens de notre art prétendent aussi que c’est la graine de la plante appelée Elaphoboscon رعى الايل - rcā alāīl, ce qui me paraît douteux, attendu que Dioscorides donne à l’élaphoboscon une tige anguleuse, tandis que l’athîrilâl en a une arrondie.

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  1. Le mot Aathîrilâl ne parait plus employé, et l’on dit aujourd’hui Trillâl, expression bien connue à Constantine. Le Maroc avait de la graine à l’Exposition de 1867, sous le nom d’Athrilân. Quant à la provenance, la tribu des Bou-Chaïb fait partie des Zouaoua et habite le haut Sébaou, qui porte en cet endroit le nom de Bou-Béhir. On trouve aussi des Béni Oudjehân sur la route de Sétif à Bougie. Plusieurs mss. donnent simplement les B. Oudjehân sans mentionner les Bou-Chaïb. Dietz a hasardé la synonymie de Daucus crinitus. On donne aussi à cette plante le nom de hachîchat el-barass حشيشة البرص - ḥašīšat al-baraṣ « plante à la lèpre, » ainsi que nous le verrons au n° 678.