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*''peigne-cheveux'', m., Orchamps (Jura), r. p.
« Le ''chardon à bonnetier'' est une plante qui produit, à l'extrémité de ses tiges, un petit globule un peu long et épineux, que l'on appelle ''bosse'' ou ''tête de chardon'', dont on se sert pour ''laner'' ou tirer la laine du fond des étoffes ou des ouvrages de bonneterie, pour les garnir et les couvrir de poils sur la superficie, afin de les rendre plus chauds, plus mollets... Cette plante se cultive particulièrement en Normandie, aux environs de Lery, Louviers, Elbeuf, du Portigeois et du Pont-de-l'Arche ; en Picardie, vers Fresnoy ; et en Languedoc, autour de Gignac. Les bosses ou têtes de ''chardons picards'' (<sup>1</sup>), sont les meilleures et les plus estimées, parce que leurs pointes sont d'une force qui les fait durer davantage que celles de Normandie et du Languedoc... On appelle ''chardon vif'' ou ''chardon neuf'' les bosses qui n'ont point encore servi ; et celles qui ont déjà servi sont nommées ''chardon mort''. Les ouvriers se servent du dernier pour commencer l'ouvrage, et du premier pour l'achever et le perfectionner. Les plus grosses bosses ou têtes de chardon, et dont les pointes sont les plus fortes, sont estimées les meilleures ; elles sont appelées ''chardon mâle'' ou ''chardon bonnetier'', parce que ce sont ordinairement les bonnetiers qui employent le plus de cette espèce, pour l'apprêt de leurs bas et autres ouvrages drapés ; les couverturiers s'en servent aussi pour laner leurs couvertures. Les bosses qui sont un peu moindres en grosseur, sont nommées ''chardon drapier'', ''chardon foulon'', et quelquefois, mais rarement, ''chardon femelle '' : elles servent aux laineurs ou applaigneurs, à laner les étoffes de haut prix comme draps, ratines, espagnolettes, etc. Les bosses les plus petites, qui sont les moins estimées de toutes, sont appelées ''rondelles '' ou ''camions '' ; quelquefois, mais par dérision, les manufacturiers les
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(1) « On appelle encore aujourd'hui ''chardon picard '' ou simplement ''picard '' la variété cultivée pour le cardage des laines. » Reims et environs, c. p. M. A. Guillaume.
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nomment ''têtes de linottes'', à cause de leur extraordinaire petitesse, qui approche de la grosseur de la tête de l'oiseau qui porte ce nom. » Savary, 1741. Tous les matins la rosée de la nuit s,'accumule entre les feuilles et la tige de cette plante d'où son nom de ''bénitier, a ''. « Les enfants en prenant l'eau dans le ''bénitier '' font le signe de la croix. » Gubry Cubry (Doubs), r. p. — « Cette eau est efficace contre les maux d'yeux. » Belg. wall., Bev, ''Rev. d. irtr. p.'', 1902, p. 601. — « L'eau qui séjourne dans les feuilles du ''bénitier '' a les mêmes propriétés que Teau l'eau bénite de Pâques et elle fait devenir beaux les jeunes et rajeunit les vieux qui s'en servent pour se laver la figure.» Bournois (Doubs), RodsseyRoussey, p. 381. — « La rosée qu'on tire, le jour de Saint-Jean (24 juin), de cette plante est bonne pour les yeux. » Gers, ''Rev. d. trad. pop.'', 1895, p. 531 ; T.-et-G., c. p. M. G. LâlanneLalanne. « Les enfants se construisent un moulin qui fait ''tic-tac'' avec une triple tige ou fourche de la plante à travers laquelle ils passent une épine. Quand on fait tourner cette tige, elle imite le bruit d'un moulin. » Manche et Calvados, r. p.
« Un bouquet de cette plante mis extérieurement à la fenêtre d'une jeune fille indique symboliquement qu'elle est trop coquette, qu'elle passe son temps ''à se peigner'', à s'arranger les cheveux. » Ruffey, près Dijon, r. p.
[[Catégorie:Rolland (Flore populaire)]]