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Ail (Cazin 1868)

21 octets ajoutés, 22 janvier 2013 à 19:02
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Les anciens employaient l'ail comme atténuant et discussif contre « la pituite accumulée et épaissie dans l'organe de la respiration ». Dans ces cas son action est analogue à celle de la scille. Dioscoride en préconise l'usage « quand la toux est vieille ». Mead a confirmé cette opinion. Rosenstein administrait l'ail cuit dans du lait comme expectorant. Miller l'employait dans le catarrhe pulmonaire, l'asthme, la dyspnée. J'ai souvent retiré de grands avantages, dans ma pratique rurale, de l'oxymel et du sirop alliacés contre ces affections, surtout chez les sujets lymphatiques, lorsque l'expectoration était abondante et qu'il n'y avait ni irritation vive des bronches, ni fièvre. Dans un cas d'abcès du poumon, suite d'une pneumonie négligée, chez un cultivateur âgé de 26 ans, arrivé au dernier degré d'épuisement, expectorant un pus fétide en abondance et comme par régurgitation, ayant des sueurs nocturnes, etc., l'emploi simultané du sirop d'ail (six à dix cuillerées à bouche par jour), de la poudre de charbon à grande dose (quatre à
(1) ''Journal de médecine de Gand'', janvier 1863.
W. Turnbull, au rapport de Buchan, employait avec avantage dans le croup la décoction suivante : ail et vinaigre, de chaque 20 gr.; eau d'hyssope, un double décilitre. Broyez l'ail dans le vinaigre, versez peu à peu l'eau d'hyssope, et ajoutez : miel 90 gr. ; faites bouillir sur un feu doux ; passez. A prendre par cuillerées plus ou moins répétées suivant l'âge et les forces du malade. Le croup n'était pas alors considéré en Ecosse comme franchement inflammatoire. Les travaux de Bretonneau sur la diphtérite ont confirmé cette opinion après un demi-siècle d'incertitude et de tâtonnement.
Dans une lettre adressée par Michel, médecin à Avignon, au ''Bulletin de thérapeutique '' (année 1849), nous trouvons les passages suivants relatifs à l'emploi de l'ail dans le choléra épidémique : « Assurément, ce n'est point par amour d'innovation que nous exhumons de l'oubli un médicament aussi prosaïque que l'ail, mais parce que, en vérité, nous lui avons reconnu des propriétés que nul remède ne possède à un plus haut degré que lui. C'est ainsi que dans plusieurs affections adynamiques, léthargiques, dans la paralysie, l'atrophie des membres, divers cas cacochimiques et comateux, il relève les forces contractiles, met en jeu la circulation, et excite cette fièvre salutaire qui est souvent le sûr garant et le triomphe de la nature dans les crises qui vont s'effectuer.
« Dans la période algide du choléra, alors que tout l'organisme est stupéfié, et que la vie anéantie va s'éteindre, maintes fois, à notre grand étonnement, nous avons vu la réaction s'opérer, et le malade marcher sans entrave vers la guérison. Malgré la figure décomposée et livide, le pouls insensible, les ongles violets, les extrémités froides, le hoquet, les crampes, la stupeur et l'asphyxie cholérique, présages d'une mort certaine, nous avons vu, sous l'influence de l'ail, les ressorts de la vie se mettre en mouvement sur des cholériques pour ainsi dire agonisants.
(1) ''A trealise treatise on the phys. and med. treat. of children. '' London, 1826.
« Pour produire cet heureux phénomène, il ne faut que piler quelques bulbes d'ail dans un mortier, avec addition de 50 à 75 cent, d'encens, qui se réduisent facilement en pommade, et l'employer en frictions et en cataplasmes sur plusieurs parties du corps, principalement sur les régions thoracique et abdominale, pendant que d'un autre, côté on administre quelques tasses d'une infusion chaude préparée avec quelques gousses de cet asphodèle. Bientôt un sentiment de chaleur, suivi de sueur, se déclare avec une forte odeur alliacée. C'est le prélude de la réaction qui doit sauver le malade.
«Certainement nous ne voulons point signaler Vallium l’allium sativum comme un spécifique contre le choléra ; mais à l'aide de cet agent nous avons obtenu, nous le répétons, de si beaux résultats, que nous croyons utile de l'indiquer à nos confrères, faute jusqu'ici de médicament plus énergique contre cette maladie régnante. » -
Lange, de Porancy (Marne) (1), se fondant sur les propriétés fébrigènes de l'ail, a aussi employé ce bulbe contre le choléra. Plusieurs de ses malades moururent; quelques-uns qui semblaient très - gravement atteints résistèrent, et Lange crut pouvoir attribuer la guérison à la réaction déterminée par l'emploi de l'ail. Comme cette réaction peut arriver spontanément, ainsi qu'on| l'a observé chez des cholériques qui n'avaient été soumis à aucun traitement, des faits répétés et bien appréciés peuvent seuls donner une certitude thérapeutique. Voici, du reste, le mode administratif employé par Lange : en boisson, 3 ou 4 gousses d'ail crues, écrasées et lavées dans un verre d'eau froide. En topique, l'ail cru, écrasé et réduit en pulpe, appliqué par plaques sur la peau, et contenu par une compresse de papier grossier, la matière gluante de l'ail le faisant d'ailleurs adhérer à la peau : ces topiques restent en place 12 heures et plus, et, en général, on ne les relève que lorsque la réaction est déclarée. En lavement, eau tiède et même froide provenant du lavage des gousses écrasées ; enfin, en suppositoire, une gousse d'ail d'un volume approprié, légèrement entamée.-
(D'après Landerer, d'Athènes, l'huile essentielle d'ail est employée en Orient par le peuple en frictions contre les rhumatismes. Son action est très-rubéfiante : elle détermine souvent la production d'ampoules (2).)
(1) ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'', 1853.
(2) ''Écho médical'', 1860.
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