Mikania guaco (Pharmacopées en Guyane)

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Mikania cordifolia
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Mikania micrantha
Mikania guaco. Radié grage en fleurs



Mikania guaco Humb. et Bonpl. [1]

Synonymie

  • Mikania aspera Miq.

Noms vernaculaires

  • Créole : zerb grage, radié grage [radjé-graj], radié serpent [radjé-serpan],
  • Wayãpi : yamaka kunami.
  • Palikur : —
  • Portugais : cipó-catinga.
  • Aluku : bilo uma e nyan kien.
  • Wayana : lëwë epit [2].

Écologie, morphologie

Liane fine et volubile commune en lisière de forêt et en végétation ripicole.

Collections de référence

Grenand 1402 ; Jacquemin 2212, 2404 ; Prévost 1351.

Emplois

Cette plante bien connue en Amérique tropicale est assez clairement séparée des autres Mikania par les Créoles guyanais, les Saramaka, les Aluku et les Caboclos d’Amazonie. En revanche, elle semble confondue avec les autres espèces par les Palikur et les Wayãpi. Chez les Créoles, cette espèce est avant tout utilisée pour soigner les morsures de serpent venimeux. Nous avons obtenu diverses variantes de préparation et d’application : l’une consiste en cas de morsure à broyer neuf feuilles dans l’alcool (principalement du rhum) ; une partie du liquide est bue, le reste est appliqué sur la plaie après incision ; une autre consiste à faire macérer longuement des feuilles dans du rhum ou dans de l’huile d’olive et à boire une petite quantité de ce breuvage pour éviter une éventuelle morsure [3].

Par ailleurs, la décoction des feuilles émincées est utilisée en application locale pour soigner les piqûres de raie.

Les Aluku (cet usage est connu de quelques Créoles) ramollissent les feuilles à la flamme, les broient et les frottent localement pour soigner la démangeaison occasionnée par les éruptions cutanées [4].

Étymologie

  • Créole : zerb grage. radié grage, « la plante du Bothrops atrox » renvoie clairement à l’usage médicinal.

Chimie et pharmacologie

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

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  1. Dans les pays hispanophones d'Amérique, on désigne sous le nom de guaco diverses espèces réputées alexitères parmi lesquelles des Mikania ainsi que des Aristolochia (Aristolochiacées). Un usage aussi répandu mérite que l'on s'y intéresse de plus près.
  2. Signalons que chez les Wayana, la même espèce est sembie-t-il un remède contre la folie provoquée par les esprits. La tête du patient est lavée avec la décoction.
  3. Les vertus préventives que l'on attribue à cette plante nous ont été expliquées de la façon suivante : lorsque l'on absorbe le breuvage préparé avec les feuilles dont certaines taches colorées ressemblent beaucoup à celles de la robe du Bothrops, on introduit le serpent à l'intérieur du corps qui ainsi se trouve immunisé. La théorie de la signature est ici manifestement présente.
  4. Outre l'usage alexitère, ils s'en servent également pour soigner la conjonctivite, la vaginite et combattre la faiblesse due à la malnutrition (FLEURY, 1991). D'après BALBACH (1973), la plante est utilisée au Brésil contre l'albuminurie, les fièvres palustres, la goutte, les rhumatismes, la syphilis, les piqûres d'insecte. Elle serait également diurétique. La sève exercerait une action bénéfique contre la bronchite, la coqueluche et les toux rebelles.