Entandrophragma cylindricum (PROTA)

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Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois de feu Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Ornemental Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Statut de conservation Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg


répartition en Afrique (sauvage)
1, base du fût ; 2, rameau en fleurs ; 3, fruit ; 4, graine. Redessiné et adapté par Iskak Syamsudin
base du fût
cime
tranche
plantation
semis
grume
diverses parties de l'arbre (W.D. Hawthorne)
bois (face tangentielle)
bois (face radiale)
coupe transversale du bois
coupe tangentielle du bois
coupe radiale du bois
face transversale du bois

Entandrophragma cylindricum (Sprague) Sprague


Protologue: Bull. Misc. Inform. Kew 1910: 180 (1910).
Famille: Meliaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 36, 72

Noms vernaculaires

  • Sapelli, cédrat d’Afrique (Fr).
  • Sapelli mahogany, sapele mahogany, West African cedar, scented mahogany (En).
  • Sapelli (Po).

Origine et répartition géographique

Entandrophragma cylindricum est répandu et se rencontre depuis la Sierra Leone jusqu’en Ouganda, et vers le sud jusqu’en R.D. du Congo et à Cabinda (Angola).

Usages

Le bois, généralement commercialisé sous les noms de “sapelli”, “sapele”, “aboudikro” ou “assié”, est particulièrement prisé pour la parqueterie, les menuiseries intérieures, les boiseries intérieures, les lambris, les escaliers, le mobilier, l’ébénisterie, les instruments de musique, la sculpture, la construction navale, les placages et le contreplaqué. Il convient pour la construction, la charronnerie, les jouets et les articles de fantaisie, la caisserie et le tournage. Le fût sert depuis toujours à la fabrication de pirogues monoxyles. Le bois qui ne peut être valorisé comme bois d’œuvre sert de bois de feu et dans la production de charbon de bois.

En Afrique centrale, l’écorce est utilisée en médecine traditionnelle. Les décoctions ou les macérations d’écorce se prennent en cas de bronchite, d’affections pulmonaires, de rhumes, d’œdèmes et comme antalgique, tandis que la pulpe d’écorce est employée en usage externe sur les furoncles et les plaies. Des extraits d’écorce servaient jadis d’agent protecteur du maïs stocké. L’arbre est planté comme arbre d’alignement, d’ornement et d’ombrage. On trouve souvent des chenilles du papillon Imbrasia oyemensis sur les feuilles ; comestibles, elles sont très recherchées en Afrique de l’Est pour la consommation humaine.

Production et commerce international

Le sapelli est l’un des premiers bois d’œuvre d’Afrique tropicale destiné à l’exportation. Durant les années 1960, les principaux exportateurs étaient la Côte d’Ivoire et le Ghana. Entre 1963–1974, la moyenne des exportations annuelles de Côte d’Ivoire était de 122 000 m³ de grumes et de 15 700 m³ de sciages. Celle du Ghana, entre 1963–1967, s’élevait à 48 000 m³ de grumes et à 39 000 m³ de sciages. En 1969–1970, le Cameroun a exporté environ 52 000 m³ de grumes par an, le Nigeria, le Congo et la Centrafrique réunis près de 60 000 m³ par an.

De nos jours, le bois est principalement récolté en Afrique centrale, la valeur des exportations atteignant au bas mot US$ 165 millions en 2003, avec des exportations en provenance essentiellement du Cameroun, de la Centrafrique et du Congo. La Centrafrique a exporté 41 000 m³ de grumes d’Entandrophragma cylindricum en 2003 au prix moyen de US$ 391/m³, et 29 000 m³ de sciages au prix moyen de US$ 473/m³. Le Congo a exporté 211 000 m³ de grumes en 2003 à un prix moyen de US$ 224/m³, 221 000 m³ en 2004 à US$ 219/m³, et 150 000 m³ en 2005 à US$ 194/m³. Le Cameroun a exporté 108 000 m³ de sciages de sapelli en 2003 au prix moyen de US$ 806/m³, 120 000 m³ en 2005 à US$ 350/m³, et 89 000 m³ en 2006 à US$ 422/m³. En 2004, les exportations de placages s’élevaient à 3000 m³ pour le Ghana à un prix moyen de US$ 870/m³ et à 9000 m³ pour le Congo à un prix moyen de US$ 334/m³. De plus petites quantités de contreplaqué ont été exportées par le Ghana (1000 m³ en 2004) et par la Centrafrique, à un prix moyen de US$ 347/m³ et de US$ 372/m³, respectivement.

Propriétés

Le bois de cœur est brun rosé sur une coupe fraîche, fonçant une fois exposé à l’air au brun rougeâtre ou au brun pourpre, et il se distingue nettement de l’aubier, ivoire à gris rosé, qui peut atteindre 10 cm d’épaisseur. Il est contrefil ou à fil ondulé, le grain est assez fin. Les surfaces sciées sur quartier ont des rayures régulières ou une figure en spirale. Le bois dégage une nette odeur de cèdre.

Le bois est moyennement lourd, avec une densité de 560–750 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche à l’air relativement vite, mais a tendance au gauchissement et à la déformation. Il est recommandé de le scier sur quartier avant de le sécher et de l’empiler avec soin. Il faut utiliser des programmes doux pour le séchage en séchoir. Les taux de retrait sont moyens à moyennement élevés, de l’état vert à anhydre ils sont de 3,5–7,6% dans le sens radial et de 4,3–9,8% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est moyennement stable en service.

A 12% d’humidité, le module de rupture est de (66–)95–184 N/mm², le module d’élasticité de 8900–13 800 N/mm², la compression axiale de 40–75 N/mm², la compression transversale d’environ 8 N/mm², le cisaillement de 7–18 N/mm², le fendage de 15–20 N/mm, la dureté Janka de flanc de 4180–6730 N et la dureté Janka en bout de 5650–7450 N.

Le bois se scie et se travaille bien tant à la main qu’à la machine, en ne provoquant qu’un léger désaffûtage des lames de coupe. Lors du rabotage et du moulurage, un angle de coupe de 15–20° est préconisé afin d’éviter le peluchage. Le finissage donne habituellement de bons résultats et on obtient un joli poli. Le bois n’est pas sujet aux fentes lors du clouage et du vissage, et les caractéristiques de tenue sont bonnes. Celles de collage, de teinture et de polissage le sont également, contrairement à celles de cintrage à la vapeur qui sont médiocres. Le bois convient à la production de placage tranché et déroulé ; le traitement à la vapeur pendant 48–72 heures à 85°C donne de bons résultats. Il est moyennement durable, car il est sensible aux vrillettes, aux scolytes et aux térébrants marins et modérément résistant aux termites. Le bois de cœur est rebelle à l’imprégnation avec des produits de préservation, l’aubier l’est moyennement.

Une lactone, l’entandrophragmine, a été isolée du bois de cœur et de l’écorce. Elle a démontré une forte toxicité pour les têtards. L’écorce contient également plusieurs triterpénoïdes acycliques, appelés sapélénines. Des extraits d’écorce ont fait ressortir des effets inhibiteurs sur la reproduction du charançon du maïs Sitophilus zeamais. Le tanin présent dans l’écorce a servi, à titre expérimental, à produire une résine de tanin formaldéhyde, que l’on peut utiliser comme une laque, malgré un temps de séchage relativement long, entre 5–7 heures.

L’huile essentielle extraite de l’écorce a été analysée sur des échantillons prélevés sur des arbres originaires du Cameroun et de la Centrafrique. Les principaux composants étaient le γ-cadinène (9–23%), l’α-copaène (7–22%) et le T-cadinol (18–28%). La teneur en huile des graines est d’environ 45%. La composition en acides gras de l’huile se caractérise par la présence de près de 50% d’acide cis-vaccénique, un isomère rare de l’acide oléique qui peut être employé pour la production industrielle du nylon-11. Parmi les autres principaux acides gras, on trouve l’acide stéarique (16%), l’acide oléique (7%), l’acide linoléique (5%) et l’acide linolénique (6%).

Falsifications et succédanés

Le bois d’Entandrophragma candollei Harms, souvent commercialisé en tant que “kosipo”, ressemble à celui d’Entandrophragma cylindricum, sans pour autant être aussi prisé car il est légèrement plus dense, a une moins jolie couleur et une moins belle figure.

Description

  • Grand arbre caducifolié, dioïque, atteignant 55(–65) m de haut ; fût dépourvu de branches jusqu’à une hauteur pouvant atteindre 40 m, rectiligne et cylindrique, jusqu’à 200 (–280) cm de diamètre, à contreforts bas, obtus, pouvant atteindre 2 m de haut, rarement 4 m ; surface de l’écorce gris argenté à brun grisâtre ou brun jaunâtre, devenant irrégulièrement écaillée, avec des écailles laissant des ponctuations superficielles à nombreuses lenticelles, écorce interne rosée, virant rapidement au brun une fois exposée à l’air, fibreuse, à forte odeur de cèdre ; cime arrondie ; jeunes rameaux brunâtres, à pubescence courte, marqués de lenticelles.
  • Feuilles alternes, groupées à l’extrémité des rameaux, composées paripennées à 10–19 folioles ; stipules absentes ; pétiole de 5–13 cm de long, aplati ou légèrement sillonné, souvent légèrement ailé à la base, rachis de 7–17 cm de long ; pétiolules de 1–6 mm de long ; folioles opposées à alternes, oblongues-elliptiques à oblongues-lancéolées ou oblongues-ovales, de 4–15 cm × 2–5 cm, cunéiformes à arrondies et légèrement asymétriques à la base, habituellement courtement acuminées à l’apex, papyracées à finement coriaces, presque glabres, pennatinervées à 6–12 paires de nervures latérales.
  • Inflorescence : panicule axillaire ou terminale atteignant 25 cm de long, à pubescence courte.
  • Fleurs unisexuées, régulières, 5-mères ; pédicelle de 1–2,5 mm de long ; calice en coupe, lobé jusqu’à près de la moitié, de 0,5–1 mm de long, à pubescence courte et clairsemée à l’extérieur ; pétales libres, ovales, de 3–4 mm de long, à pubescence courte et clairsemée à l’extérieur, blanc verdâtre ; étamines soudées en un tube urcéolé d’environ 2 mm de long, à 10 anthères sur l’apex légèrement denté ; disque aplati en coussin, à 20 côtes indistinctes ; ovaire supère, conique, 5-loculaire, style très court, stigmate discoïde, à 5 lobes ; fleurs mâles à ovaire rudimentaire, fleurs femelles à anthères plus petites, indéhiscentes.
  • Fruit : capsule retombante, cylindrique de 6–14(–22) cm × 2,5–4 cm, brune à noir pourpre, déhiscente à partir de l’apex et base à 5 valves ligneuses, contenant jusqu’à 20 graines, rattachées à la partie supérieure de la colonne centrale.
  • Graines de 6–11 cm de long, y compris la grande aile apicale, brun pâle.
  • Plantule à germination épigée, mais cotylédons restant souvent à l’intérieur du tégument ; hypocotyle de 2–4 cm de long, épicotyle de 6–9 cm de long ; 2 premières feuilles opposées, simples.

Autres données botaniques

Le genre Entandrophragma compte une dizaine d’espèces confinées à l’Afrique tropicale. Il appartient à la tribu des Swietenieae et est apparenté aux genres Lovoa, Khaya et Pseudocedrela.

Anatomie

Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :

  • Cernes de croissance : (1 : limites de cernes distinctes) ; (2 : limites de cernes indistinctes ou absentes).
  • Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23? : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 24 : ponctuations intervasculaires minuscules (très fines) ( 4μm) ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
  • Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; (65 : présence de fibres cloisonnées) ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
  • Parenchyme axial : 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; (81 : parenchyme axial en losange) ; (82 : parenchyme axial aliforme) ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; 85 : parenchyme axial en bandes larges de plus de trois cellules ; (86 : parenchyme axial en lignes minces, au maximum larges de trois cellules) ; 89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale.
  • Rayons : (97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules)) ; (98 : rayons couramment 4–10-sériés) ; (104 : rayons composés uniquement de cellules couchées) ; 106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
  • Structure étagée : (118 : tous les rayons étagés) ; 122 : rayons et/ou éléments axiaux irrégulièrement étagés (échelonnés).
  • Eléments sécrétoires et variantes cambiales : 131 : canaux intercellulaires d’origine traumatique.
  • Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 137 : cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons ; 141 : cristaux prismatiques dans les cellules non cloisonnées du parenchyme axial ; (142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial).
(L.N. Banak, H. Beeckman & P.E. Gasson)

Croissance et développement

En conditions naturelles, les graines germent abondamment, mais la mortalité des semis est élevée, moins de 1% atteignant 10 cm de diamètre de tige. Les semis ont une croissance lente, de 20–40 cm/an. Le développement racinaire demande énormément de temps. Jusqu’à l’âge de 2 ans, les jeunes plants ont besoin d’un léger ombrage, après quoi il faut progressivement leur procurer davantage de lumière. Ils peuvent certes survivre plusieurs années à l’ombre sans croître particulièrement, mais dès qu’une clairière se forme dans la forêt apportant assez de lumière, leur croissance démarre vraiment. L’accroissement annuel moyen en diamètre a été évalué en Centrafrique à 3,9 mm, mais la variabilité est importante. S’agissant d’arbres plantés en lignes dans les forêts du Cameroun, la croissance annuelle moyenne en hauteur pendant 40 ans a été de 30–50 cm avec une augmentation annuelle moyenne de diamètre de 4–8 mm. Des arbres plantés en Côte d’Ivoire en milieu ouvert ont atteint une hauteur moyenne de 5,4 m et un diamètre moyen de tronc de 10 cm au bout de 7 ans, avec un taux de survie de 74%.

Les arbres commencent à fleurir vers l’âge de 35–45 ans. La production de fruits débute lorsque leur diamètre de fût a dépassé 50 cm. Ce qui n’est pas sans avoir des répercussions en sylviculture : en effet, les diamètres minimaux d’abattage doivent se situer nettement au-dessus de 50 cm de façon à permettre la régénération naturelle. D’après des chercheurs camerounais, c’est bien la réduction du nombre des arbres capables de produire des graines qui est le principal facteur limitatif de la régénération après la coupe, et non les faiblesses de la dispersion du pollen ; il y a, semble-t-il, un important flux de pollen sur de grandes distances. Les arbres peuvent atteindre 500 ans, voire plus.

Les sujets d’Entandrophragma cylindricum perdent leurs feuilles pendant 0,5–1 mois, ou bien en changent progressivement en l’espace de 2–3 mois. Au Liberia et en Côte d’Ivoire, les arbres perdent leurs feuilles pendant une courte période en octobre–novembre, la floraison ayant lieu vers le milieu de la saison sèche, en février–mars. En Centrafrique, ils perdent leurs feuilles de novembre à janvier. Les fruits mûrs se forment environ 5 mois après la floraison. Ils s’ouvrent généralement sur l’arbre et les graines sont dispersées par le vent, même si la plupart semble tomber à proximité de l’arbre-mère. La production de graines est capricieuse. Bien que la floraison soit commune, la production de fruits est souvent irrégulière ; en effet, si 90% des arbres ayant un diamètre de fût supérieur à 50 cm fleurissent chaque année au Cameroun, seuls 50% d’entre eux donnent des fruits. En Centrafrique, 79% des sujets observés, qui avaient un diamètre de fût au-dessus de 50 cm, ont fleuri sur une période de 2 ans, et 76% ont donné des fruits.

Ecologie

Entandrophragma cylindricum est très commun en forêt semi-décidue, notamment dans les régions où la pluviométrie annuelle avoisine les 1750 mm, où la saison sèche dure de 2–4 mois et où les températures annuelles moyennes sont de 24–26°C. Il tolère mieux les forêts sèches que les autres Entandrophragma spp. Néanmoins, on peut aussi le rencontrer en forêt sempervirente. En Ouganda, il est présent en forêt pluviale à 1100–1500 m d’altitude, parfois dans les fourrés et dans les forêts-galeries. Il préfère les endroits bien drainés.

Entandrophragma cylindricum est classé comme essence de lumière non pionnière, même si, après des études menées en R.D. du Congo, on a dit qu’elle tolérait exceptionnellement bien l’ombre. Certes, la régénération naturelle est souvent rare en forêt naturelle, mais les trouées laissées par l’abattage peuvent la favoriser, des trouées plus importantes la stimulant d’autant plus. Dans les forêts du Nigeria et du Congo, la régénération naturelle a été très médiocre dans les clairières créées par l’exploitation sélective. Celle signalée dans les forêts de la Centrafrique, 18 ans après la coupe, était négligeable, alors que, selon une étude réalisée en R.D. du Congo, la forêt secondaire qui s’établit à la suite de l’abandon de l’agriculture sur brûlis offre des conditions favorables à la régénération.

Multiplication et plantation

Le poids de 1000 graines est d’environ 330 g. Fraîches, les graines ont un taux de germination élevé de 80–95%. Cependant, elles perdent leur viabilité très vite, souvent en l’espace de 3 semaines. La germination démarre 14–26 jours après le semis. Le trempage des graines pendant une nuit l’accélèrerait. Les semis ont besoin d’un léger ombrage, inversement ils ne se développent pas bien en plein soleil. Les graines peuvent être conservées quelque temps dans des récipients hermétiquement fermés à l’abri de la chaleur et de la lumière, mais il faut aussi veiller à éviter les dégâts causés par les insectes, auxquels elles sont très sensibles, en y ajoutant par exemple de la cendre. Des boutures de 90–110 cm de long ont été utilisées avec succès pour la multiplication.

Gestion

Les forêts de Centrafrique peuvent abriter 7 arbres d’Entandrophragma cylindricum ayant un diamètre de fût supérieur à 10 cm par ha, pour un volume en bois de 25 m³/ha. Dans le sud du Cameroun, la densité moyenne peut atteindre 1 arbre ayant un diamètre de fût supérieur à 60 cm par ha, et le volume moyen en bois peut aller jusqu’à 11,5 m³/ha. En Côte d’Ivoire et au Cameroun, des plantations d’Entandrophragma cylindricum pour le bois d’œuvre ont été mises en place, mais uniquement à petite échelle, avec respectivement moins de 10 ha et 425 ha. Des plantations en lignes sont mises en place en forêt au Cameroun.

Maladies et ravageurs

Hypsipyla robusta, le foreur des pousses, peut endommager gravement les jeunes arbres, ce qui se produit souvent lorsqu’ils ont deux ou trois ans et qu’ils sont plantés en plein soleil. Les troncs atteints ont souvent une croissance médiocre et sont mal formés. Hypsipyla robusta peut aussi infester les graines. Plusieurs lépidoptères s’attaquent aux feuilles, aux fruits et aux graines.

Récolte

Au Ghana, le diamètre minimal d’abattage pour des fûts d’Entandrophragma cylindricum a été fixé à 110 cm, au Cameroun à 100 cm, au Liberia à 90 cm, en Centrafrique, au Gabon et au Congo à 80 cm, et en Côte d’Ivoire à 60 cm.

Rendement

Au début des années 1990, dans les forêts du Congo, Entandrophragma cylindricum était exploité sélectivement avec Entandrophragma utile (Dawe & Sprague) Sprague et Triplochiton scleroxylon K.Schum., selon une révolution de 30–40 ans et l’abattage de 1–2 individus/ha, correspondant à un volume en bois de 10–15 m³.

Traitement après récolte

A peine récoltées, les grumes flottent sur l’eau et peuvent ainsi être transportées par flottage. Un essai mené au Cameroun a démontré que 2% des grumes avaient coulé au bout de 14 mois passés dans l’eau. Au cours de la transformation, il ne faut pas négliger les roulures, défauts fréquents chez les grumes.

Ressources génétiques

Entandrophragma cylindricum est l’espèce d’Entandrophragma la plus répandue sur la plus grande partie de son aire de répartition. En 1973, le volume total de bois d’œuvre exploitable en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Centrafrique et au Congo réunis a été estimé à plus de 50 millions de m³. Toutefois, l’intérêt commercial que suscite cette précieuse essence à bois d’œuvre a provoqué l’extraction des sujets de grande taille dans les forêts de nombreuses régions. Elle est classée comme vulnérable dans la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

Au Cameroun, la diversité génétique de peuplements présents en forêt exploitée et en forêt non perturbée a été établie par caractérisation de locus microsatellites. Il s’est avéré que les peuplements avaient le même niveau élevé de diversité génétique ainsi qu’une faible différenciation génétique, ce qui tend à prouver que la diversité génétique se situe plutôt intrapopulations que interpopulations.

Perspectives

Entandrophragma cylindricum fournit l’un des bois d’œuvre africains les plus importants commercialement, tant du point de vue quantitatif que qualitatif. D’où la pression considérable que subissent ces peuplements, d’autant que dans de nombreuses régions l’exploitation d’Entandrophragma cylindricum n’est toujours pas pratiquée dans un souci de durabilité. Des taux de croissance faibles en conditions naturelles, un long laps de temps nécessaire avant d’atteindre la maturité indispensable à la production de fruits et la faible aptitude des graines à se disperser sont autant d’inconvénients rédhibitoires. On a avancé l’idée qu’une sylviculture intensive, qui ferait éventuellement appel à la culture itinérante dans un système proche de la taungya, est indispensable à l’instauration d’un aménagement durable. Entandrophragma cylindricum ne semble pas correspondre à un choix logique pour qui souhaiterait l’introduire en plantations agroforestières, car sa croissance est trop lente.

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Sources de l'illustration

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Auteur(s)

  • V.A. Kémeuzé, Millennium Ecologic Museum, BP 8038, Yaoundé, Cameroon

Citation correcte de cet article

Kémeuzé, V.A., 2008. Entandrophragma cylindricum (Sprague) Sprague. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 22 décembre 2024.


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