Chou (Cazin 1868)

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Chiendent
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Ciguë


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Nom accepté : Brassica oleracea


CHOU. Brassica oleracea. L.

Brassica capitata alba, — Brassica capitata rubra. Bauh., Tourn.

Chou rouge.

CRUCIFÈRES. — BRASSICÉES. Fam. nat. — TÉTRADYNAMIE SILIQUEUSE. L.


Le chou, dont l'origine est peu connue, est cultivé en grand dans tous les jardins. Les bestiaux broutent ses feuilles avec avidité.

Je crois inutile d'en donner la description. Les variétés obtenues par la culture sont très-nombreuses. Il ne sera ici question que du chou vert et du chou rouge.

[Parties usitées.— Les feuilles.

Culture. — On a obtenu par la culture un nombre infini de choux ; on les reproduit par semis et on les repique en place.]

Propriétés physiques et chimiques. — D'une odeur fade, le chou a une saveur herbacée, douceâtre et légèrement âcre. Par la coction, il communique à l'eau une odeur forte et repoussante. Abandonné à lui-même, il se putréfie promptement, en répandant une fétidité insupportable. D'après Berzélius[1] le chou n'a pas été analysé complètement : on n'en a examiné que le suc. Schrader a trouvé dans le suc de 100 parties de choux frais 0.65 de fécule verte, 0.29 d'albumine végétale, 0.05 de résine, 2.89 d'extrait gommeux, 2.84 d'extractif soluble dans l'eau et dans l'alcool. En outre, ce suc contient du sulfate, du nitrate et du chlorure potassiques, du nitrate et du phosphate calciques, du phosphate magnésique, de l'oxyde ferreux et de l'oxyde manganeux. D'autres analyses ont démontré dans le chou la présence du soufre et d'un principe animal plus abondant encore que dans aucune autre plante crucifère. [Le chou rouge sert à préparer un sirop d'un beau rouge pourpre, qui est le réactif le plus sensible des acides.]

Indépendamment de ses usages culinaires, le chou était considéré, dès la plus haute antiquité, comme un remède précieux. Hippocrate prescrivait le chou cuit avec du miel dans la colique et la dysenterie. Les Athéniennes mangeaient du chou pendant qu'elles étaient en couches[2]. Les philosophes, les naturalistes et les médecins de l'antiquité ont attribué au chou la singulière propriété de prévenir et de combattre l'ivresse. Tous affirment qu'on peut boire à l'excès sans être enivré quand on a mangé des choux. Personne, suivant la remarque de Montègre (3)[3], n'a encore constaté, par des expériences, la vérité ou la fausseté d'une opinion aussi remarquable et qu'on retrouve encore de nos jours parmi le peuple. Enfin, l'enthousiasme pour le chou a été porté si loin qu'on a été jusqu'à attribuer à l'urine des personnes qui s'en nourrissaient, la vertu de guérir les dartres, les ulcères, les fistules, les cancers, etc. Cette croyance existe encore chez les habitants des campagnes. « Du moment que l'erreur est en possession des esprits, dit Fontenelle, c'est une merveille si elle ne s'y maintient toujours. »

Le chou, déchu de son antique réputation, est presque tout à fait relégué dans les cuisines, où il tient un rang distingué comme aliment substantiel, bien qu'on l'accuse d'être parfois difficile à digérer. La choucroute (chou aigri par la fermentation), fort en usage dans le Nord, devient très-salubre et plus facile à digérer. On en fait des approvisionnements pour les voyages de long cours ; on le considère comme un excellent antiscorbutique.

Réduit de nos jours à sa juste valeur comme médicament, le chou est considéré comme légèrement excitant, antiscorbutique, pectoral. Le chou rouge surtout est souvent employé comme béchique, et le nouveau Codex indique deux préparations de cette plante, le sue exprimé et le sirop. On prépare

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  1. Traité de chimie, t. VI, 1832, p. 251.
  2. Athenenæi, lib. IX.
  3. Dictionnaire des sciences médicales, t. V, p. 167.


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aussi une gelée de chou rouge qui s'emploie comme le suc et le sirop dans le rhume, la bronchite aiguë ou chronique, la phthisie, etc.

Suivant Desbois, de Rochefort, le chou et le navet doivent composer la principale nourriture des scorbutiques. En y ajoutant l'usage de la salade de cresson et des pommes de terre, on pourra se dispenser d'un traitement pharmaceutique. Chelius conseille contre la croûte laiteuse la décoction de 16 gr. de chou vert dans du lait, que l'on administre matin et soir, ou 30 gr. de cette plante, desséchée et réduite en poudre, que l'on donne chaque jour dans du lait ou dans de la bouillie. La décoction de chou a été employée avec quelque succès dans le traitement des catarrhes pulmonaires, contre l'enrouement, les toux diverses et la phthisie pulmonaire. On le joint alors au bouillon de veau, de poulet, de limaçons, de tortue, d'écrevisses, de grenouilles, ou au sucre, au miel, à la gomme, etc. ; on le donne en sirop, en marmelade. (Le sirop de choux rouges a été pendant le siècle dernier préconisé comme remède secret dans la phthisie pulmonaire, sous le nom de sirop de Boerhaave.) Une dame, âgée de quarante-sept ans, était atteinte d'une bronchite chronique contre laquelle j'avais inutilement employé sans succès pendant plusieurs mois les traitements les plus rationnels ; on dui conseilla de prendre matin et soir une jatte de soupe aux choux verts et de manger en même temps ceux-ci : elle guérit en moins de deux mois. Si l'on en croit Lobb, la décoction du chou aurait quelquefois réussi à dissoudre les calculs urinaires dans la vessie ! Je l'ai vu apporter du soulagement dans la gravelle.

Lorsqu'on fait en automne des incisions longitudinales à la tige du chou, il en découle un suc mielleux qui, au rapport d'Hoffmann, agit comme un doux laxatif. Suivant Pauli, ce suc a une si grande activité, qu'il suffit d'en frotter les verrues pour les guérir radicalement. Geoffroy rapporte à ce sujet l'histoire d'une servante qui, par ce seul moyen, fit complètement disparaître en quatorze jours cette sorte d'excroissance dont elle avait les mains couvertes. Appliquées chaudes sur la poitrine, les feuilles de chou ont quelquefois diminué ou dissipé des points de côté. Leur application sur les plaies des vésicatoires excite une exhalation séreuse abondante; sur les ulcères, elle les déterge ; sur la tête, elle rappelle la croûte laiteuse. En cataplasme sur les mamelles, ces feuilles préviennent ou diminuent l'inflammation de ces organes, dissipent les engorgements qui surviennent à la suite des couches, et s'opposent à l'accumulation du lait chez les femmes qui n'allaitent pas. Dans la teigne rebelle, dit Hufeland, on se trouve bien d'appliquer trois fois par jour des feuilles de chou dont on superpose trois l'une à l'autre, et qui détachent peu à peu toutes les croûtes, après la chute desquelles on termine le traitement par des frictions huileuses.

J. Macé a publié[1] quelques observations constatant le bon effet de l'application de feuilles de chou dans diverses affections douloureuses, et notamment dans la goutte, les affections arthritiques, le rhumatisme. On a même conseillé d'en couvrir tout le corps, afin d'exciter une abondante transpiration. Ce moyen, préconisé par Récamier, doit être employé de la manière suivante : on prend les feuilles les plus externes d'un chou ; on retranche avec des ciseaux la partie saillante de la grosse nervure qui occupe la partie médiane ; on écrase les petites nervures collatérales. On superpose ensuite l'une sur l'autre, trois, quatre et jusqu'à cinq de ces feuilles ; puis on les faufile ensemble, afin qu'elles ne puissent pas se séparer. On les présente au feu pour les flétrir un peu : si le chou est un peu frisé, et si les feuilles réunies forment un volume embarrassant, on les place sous le pli d'une serviette et l'on passe sur celle-ci, à plusieurs reprises, un fer à repasser suffisamment

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  1. Journal des connaissances médico-chirurgicales, 1848, p. 177.


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chauffé. Il suffit que le cataplasme soit tiède, appliqué à nu sur la partie malade ; on l'y retient avec des bandes, des mouchoirs ou des serviettes. Il faut le tenir en place pendant dix à douze heures, en le remplaçant ensuite par une nouvelle application du même topique. On doit préférer le chou rouge quand on peut se le procurer.