Capirona decorticans (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Capirona decorticans Spruce
- Nom accepté : Capirona macrophylla
Synonymies
- Capirona surinamensis Bremek.,
- Capirona leiophloea Benoist [1].
Noms vernaculaires
- Créole : bois palika [bwa-palika].
- Wayãpi : ayãpilɨ.
- Palikur : wadidga.
- Portugais : mulatorana, pau-mulato.
- Saramaka : mutende, lisapau.
Écologie, morphologie
Grand arbre peu commun de la forêt primaire et plus rarement encore des forêts secondaires.
Collections de référence
De Granville 516 ; Grenand 1463 ; Moretti 1145, 1061 ; Prévost et Grenand 1019.
Emplois
Ce genre botanique, très caractéristique, semble constituer pour les communautés forestières des Guyanes un petit complexe magico-médicinal [2] qui n’avait pas encore attiré l’attention des scientifiques.
Chez les Wayãpi, cette espèce est appropriée par les esprits de la forêt. L’écorce grattée est préparée en macération longue puis frottée avec un coton sur les furoncles et les éruptions cutanées.
Les Palikur préparent avec l’écorce un remède contre les céphalées et les maux de tête dus à un choc : on gratte celle-ci et on en fait deux parts ; l’une sert à préparer un cataplasme appliqué loco dolenti, l’autre, une décoction qui permet de l’humecter périodiquement.
Par ailleurs, ils considèrent que cet arbre, hébergeant des esprits spécifiques associés au tarpon (suwiki), participe de l’initiation des chamanes comme Brosimum acutifolium (Moracées), bien que possédant des vertus plus modestes (BERTON, 1997).
Une préparation est utilisée par les chamanes palikur pour déloger un esprit d’une quelconque partie du corps d’un malade : la décoction longue de l’écorce, additionnée de latex de Bonafousia angulata ou de Bonafousia macrocalyx (Apocynacées), est frottée localement. Ce traitement est accompagné d’un interdit alimentaire sur tous les poissons. Ils utilisent également des bains chauds préparés avec les écorces de Capirona decorticans, de Bonafousia angulata et de Bonafousia disticha (Apocynacées) pour obtenir le don de divination ou de vision (mais pas de guérison) ; par exemple, on repère plus aisément les animaux à la chasse (BERTON. ibid). Ces bains doivent être utilisés dans le cadre d’une retraite en forêt.
Étymologie
- Créole : de bois, « arbre » et palika, « poisson tarpon » (Tarpon atlanticus), ainsi nommé en raison de l’odeur de poisson dégagée par le bois.
- Wayãpi : ayãpilɨ, de ayã, « mauvais esprit » et pilɨ, « glisser » ; « la glissade des esprits ». Les Wayãpi disent que le Créateur a échaudé jadis l’écorce des Capirona, la rendant ainsi très lisse ; depuis, les esprits de la forêt s’en servent comme toboggan.
- Palikur : wadidga est aussi le nom d’un gros serpent de savane.
Chimie et pharmacologie
Le genre Capirona appartient à la tribu des Cinchonées ; la présence d’alcaloïdes, fréquents dans cette tribu, n’est pas clairement établie, bien que signalée dans la littérature (RAFFAUF, 1970). Le criblage chimique réalisé montre que les alcaloïdes, de nature indolique, sont présents dans les racines mais absents des écorces de tige et des feuilles.
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- ↑ Le genre Capirona, bien caractérisé par ses infrutescences aux capsules oblongues et surtout son écorce lisse et verte tirant sur le doré et son rhytidome en papier à cigarette, a longtemps été considéré comme représenté par trois espèces dans les Guyanes. Les spécialistes pensent aujourd'hui qu'elles doivent être regroupées sous l'espèce Capirona decorticans. On notera parallèlement que les Palikur en distinguent une espèce priye à écorce « foncée » et une nommée wahuyu à écorce « dorée ».
- ↑ Les Saramaka considèrent également cette espèce comme magique. L’écorce est utilisée au Pérou contre le psoriasis (DUKE et VASQUEZ, 1994). De l’écorce tendre, on exprime facilement un jus cristallin considéré comme un excellent alexitère par les Chacobo de Bolivie (Bergeron, IFEA, comm. pers.).