Badzeher (Ibn al-Baytar)

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Bâmya
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Batacîtîs


230 - Badzeher, Bézoard.


Nom accepté : [[]]

[1-196]

Plusieurs de nos médecins donnent au mot badzeher un double sens. D’abord, ils expriment par là toute chose qui réagit contre une autre, en déprime l’action, en neutralise les mauvais effets en vertu d’une propriété spéciale. Ensuite, ils donnent ce nom à une pierre bien connue, marquée de taches en forme d’yeux, et qui, par l’ensemble de ses éléments, est utile contre les poisons chauds et froids, soit prise à l’intérieur, soit simplement portée.

  • Aristote. Cette pierre a des couleurs variées. Il en est de jaunes, de cendrées, d’autres qui sont titrées, tachetées de vert ou de blanc. La meilleure est la jaune, puis la cendrée et celles qui viennent du Khorassan. (Elles y sont appelées badzeher, ce qui signifie pierre à poison.) On en trouve dans l’Inde, la Chine et l’Orient. Beaucoup de pierres lui ressemblent, mais elles n’en ont pas les vertus et n’en approchent aucunement sous ce rapport; ainsi les pierres dites koboury <<y>»3, et marmary ,£j*y>. C’est une pierre infaillible, au sujet de laquelle beaucoup se sont trompés, une pierre recherchée et précieuse, douce au toueber mais sans excès, d’une chaleur tempérée et d’une évaporation facile. Elle a la propriété d’être un antidote contre les poisons animaux, et végétaux, les morsures et les piqûres (venimeuses); prise en poudre ou en solution à la dose de douze grains, elle assure contre la mort et fait sortir le poison par les sueurs. Préparée sous forme de collier ou de chaton de bague et mise dans la bouche d’un sujet qui a pris du poison, il s’en trouvera bien à la mâcher. On obtient aussi un succès marqué si l’on applique ce chaton sur la piqûre des scorpions, des serpents et des volatiles venimeux, tels que les cantharides et les guêpes. Réduite en poudre et appliquée sur la morsure des reptiles au moment de l’accident, elle attire le poison par la sueur; si l’endroit s’est putréfié avant que l’on ait pu appliquer le médicament et qu’on le répande par-dessus à l’état pulvérulent, il le rend à l’état sain. Si l’on touche avec cette pierre l’aiguillon d’un scorpion, on lui enlève la puissance de nuire. Triturée à la dose de deux grains, dissoute dans de l’eau et versée dans la bouche des vipères et des serpents, elle les suffoque et les tue. — Razès. Le bézoard est une pierre jaune , molle , sans saveur, employée contre, les poisons. Je l’ai vue agir merveilleusement contre le napel. Cette pierre était d’un blanc jaunâtre, molle et brillante à l’instar des fragments de l’alun de l’Yémen. Ce que je lui ai vu faire contre le napel, je ne l’ai observé d’aucun autre médicament ni d’aucun antidote composé.
  • Ahmed iun Yodssof. La pierre de badzelier est utile contre le poison du scorpion. A cet effet on la renferme dans un chaton d’or sur lequel on a gravé la ligure d’un scorpion, la lune étant dans ce signe.
  • ‘Othàred ibs Mohammed el-Haceb. La pierre de bézoard, exposée au soleil, transsude et perd son eau, et cette eau, sucée, est salutaire contre les accès de lièvre intense et les obstructions.
  • Autre. La pierre de bézoard est très chaude. Administrée dans les cas de faiblesse du cœur par suite d’affection morale, à la dose d’un sixième de mithkal, elle fortifie merveilleusement le cœur. —Ibn Djajpi. L’espèce animale, c’est-à-dire celle que l’on trouve dans le cœur des cerfs, est préférable à toutes les autres sortes. Si on la frotte avec de l’eau sur une pierre à aiguiser et que l’on en donne tous les jours la valeur d’un demi-danek à un homme sain, à titre d’habitude et de préservation, elle neutralise les poisons mortels et protège contre leur action. Son usage n’a aucun inconvénient et l’on n’a pas à craindre l’influence des humeurs crues, ainsi qu’il arrive avec le mithridate. Elle ne nuit pas aux sujets à tempérament chaud ni aux. phtisiques, et cela tient à une propriété inhérente à sa nature.

Après l’entrée en matière, qui est apparemment d’Ibn el-Beithâr, nous trouvons ici une citation qui est donnée dans les manuscrits sous le nom d’Aristote. Nous la trouvons encore, mais en abrégé, dans Kâzouini (éd. Wùstenfeld, I, 231), sous la rubrique Arislou (Aristote), avec la mention de la Chine, de l’Inde et du Khorassan comme pays de provenance. Sérapion donne aussi ce même paragraphe, mais sous la rubrique alias. D’ailleurs, il y a dans ce passage, des noms géographiques et un mot persan qui nous font repousser l’attribution de cet article à Aristote. Ajoutons que le mot badzeher ou padzeber signifie non pas pierre de poison, mais qui chasse le poison. Selon El-Beîrouni, le bézoard animal ne se trouve que dans le foie du chamois (J^Sj ).