Ass (Ibn al-Baytar)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Astraghâlos
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Ass berry


69 - Ass, Myrte, Mupo-i’v>j.


Nom accepté : Myrtus communis

[69]

Abou Hanîfa. Il est très-commun en Arabie, tant sur le littoral que dans les montagnes. Sa verdure est permanente, et il continue de croître jusqu’à devenir un grand arbre. Il a une fleur blanche et aromatique, un fruit qui devient noir quand il est mûr; il a de la douceur mêlée d’amertume et s’appelle faths ^Jai.

Galien, livre VII. Cette plante réunit également des propriétés contraires. Ce qui domine chez elle, ce sont les éléments terreux et froids. Cependant, elle en possède de chauds et subtils. C’est pourquoi elle est fortement dessiccative. La feuille, les rameaux, le fruit et le suc exprimé de la plante ne diffèrent pas beaucoup au point de vue de l’astringence.

Dioscorides, I, 156. Le moursinê hèmeros, c’est-à-dire le myrte cultivé, est astringent ainsi que son fruit. Ce fruit est mangé vert ou séché, contre les crachements de sang et les ardeurs à la vessie. Le suc du fruit encore frais jouit des mêmes propriétés. Il convient à l’estomac et provoque l’écoulement de l’urine. Il est également salutaire contre les piqûres de phalangium et de scorpion, pris avec du vin. Sa décoction s’emploie pour teindre les cheveux. Bouilli avec du vin et employé en décoction, il guérit les ulcères des mains et des pieds. Appliqué localement avec de la farine d’orge, il calme les inflammations de l’œil. On l’applique aussi contre l’égilops. Le vin préparé avec le suc du fruit doit être soumis à une légère cuisson, car autrement il s’aigrit. Pris avant le vin ordinaire, il empêche l’ivresse. Il a du reste les mêmes propriétés que le fruit. Introduit dans les bains de siège, il est salutaire contre la procidence de l’anus et de la matrice et les flux chroniques. Il déterge les furfures de la tête, les ulcères humides et les pustules. Il empêche la chute des cheveux. Il entre dans les emplâtres mous, tout comme y entre l’huile préparée avec la feuille. La décoction de la feuille, employée en bains de siège, est utile contre le ramollissement des articulations. On en fait des aspersions salutaires sur les fractures qui ne se garnissent pas de chairs. Il déterge le vitiligo. On en instille dans les oreilles contre l’écoulement du pus. Il noircit les cheveux. L’extrait de la feuille agit pareillement.

Galien. La feuille séchée est plus dessiccative que la feuille fraîche, celle-ci conservant encore de l’humidité. Le rob de myrte se prépare non pas avec le suc de la feuille, mais avec celui de la graine. Toutes ces préparations sont astringentes et salutaires employées comme topiques, ainsi qu’à l’intérieur, n’ayant aucun élément purgatif ni détersif.

Dioscorides. Si l’on triture la feuille, qu’on verse de l’eau par-dessus et qu’on y ajoute un peu d’huile d’omphacium ou d’huile de rose et du vin, on en fait avec succès des applications locales sur les ulcères mous, les parties qui donnent un écoulement d’humeur, les écoulements chroniques, les myrmécies, l’érysipèle, les abcès chauds des testicules, les épinyctides, les hémorrhoïdes. Triturée sèche, on la répand avec avantage sur les panaris. On l’applique sur les aisselles et les aines fétides. Elle suspend les sueurs des sujets qui ont des palpitations, et les fortifie. Brûlée ou non et associée à de la cire et de l’huile, elle guérit les brûlures et les panaris. Voici comment s’exprime le suc de ses feuilles : on triture, puis on verse dessus du vin vieux ou de l’eau de pluie, et l’on exprime. Ce suc doit être employé à l’état récent, car, une fois desséché, il se rétracte et perd ses forces. Quant au myrtidanon, c’est quelque chose d’inégal qui pousse sur la tige du myrte et ressemble à une main. Son astringenec est plus forte que celle du myrte. Pour le conserver, on le triture, on le mêle avec du vin acerbe, on en fait des pastilles et on les sèche à l’ombre. Ces pastilles sont plus astringentes que la feuille et le fruit du myrte. Quand on a besoin d’exercer une action astringente et qu’il est nécessaire d’employer du cérat, on lui associe de ces pastilles. On agit de même pour les ulcères avec les emplâtres et les bains de siège.

Galien. Cette substance étant d’une nature plus sèche que la feuille, le fruit et le suc, elle est également plus astringente et plus dessiccative.

Ibn Massah. Le myrte est froid au premier degré et sec au second.

Ibn Massouîh. Le myrte est utile contre la chaleur humide. Il arrête les écoulements causés par la bile. Flairé, il est utile contre les vapeurs chaudes et humides; on peut aussi faire usage des fruits à l’intérieur. Le fruit convient contre la toux, en raison de sa douceur naturelle, et contre le flux de ventre provoqué par la bile. Il n’a aucun effet fâcheux pour la poitrine ni le poumon.

Ishâk ibn Amrân. La feuille sèche pulvérisée est répandue avantageusement sur les ulcères humides et rongés, les excoriations des membres. Si l’on fait sur la tête des applications de myrte frais battu avec du vinaigre, on arrête l’épistaxis. La graine coupe la soif et arrête les vomissements.

Ishâk ibn Soleimân. Les fumigations faites avec du myrte sont utiles aux femmes contre les écoulements utérins. Il en est de même des fumigations pratiquées avec la décoction chaude. Si l’on y associe de la décoction de bette, elle est salutaire contre les ulcères faveux de la tête. Triturée et associée à de la décoction de fève, elle est salutaire contre les lentilles de la face. Le fruit tonifie les gencives et la bouche. Il est peu nourrissant et désagréable. Pris à l’intérieur, il fortifie l’estomac, les intestins et la vessie.

Avicenne, Livre des Médicaments cordiaux. La constitution du myrte, à ce qu’il parait, n’est pas une de ces constitutions fixes dont le caractère s’accuse par une propriété unique et dominante. Il semble au contraire qu’il soit composé de deux éléments, l’un où domine le froid et l’autre où domine la chaleur. Leur association n’est pas bien établie de telle sorte que les propriétés et les actions soient nettement tranchées. Il est donc assez difficile de juger le myrte. Il semble que les éléments subtils dans lesquels domine la chaleur sont en minorité, et que les éléments grossiers où domine le froid sont en majorité. Leur union n’est pas tellement, étroite que la chaleur naturelle de nos corps ne puisse les séparer. Elle les isole donc, et nos corps sont pénétrés d’abord par les éléments chauds qui réchauffent. Viennent ensuite les éléments froids qui fortifient et resserrent, d’où sa grande efficacité pour la pousse des cheveux. En effet les éléments chauds attirent d’abord la matière et dilatent les pores, et une fois la matière attirée, les éléments froids la fixent sur les cheveux. Ses propriétés aromatiques tiennent à ses éléments chauds, et son acerbité à ses éléments froids. Si l’on juge le myrte d’après sa complexion dominante, il est froid au premier degré et sec au second. Il jouit de plus de propriétés subtilisantes. Par ses propriétés aromatiques, il convient aux esprits animaux, en raison de ses vertus astringentes et subtilisantes, les fortifiant, les épurant, les dilatant. En raison de toutes ces propriétés, c’est un des médicaments les plus salutaires contre les palpitations et la faiblesse du cœur.

Avicenne, IIe livre du Canon. Sous forme de boisson, il n’est pas constipant, et il n’est salutaire dans les affections du poumon et contre la toux qu’en sirop. La feuille est utile contre la dysenterie légère, soit sous forme de poudre, soit sous forme de cataplasme. La décoction de la feuille dans du vin calme la céphalalgie violente, appliquée topiquement. La fleur prévient les afflux d’humeurs à l’estomac. Elle est salutaire contre l’âcreté de l’urine. Elle est excellente pour arrêter les écoulements des règles. La décoction de la feuille resserre le ventre et arrête le dévoiement biliaire, tant sous forme de fomentation que prise à l’intérieur. Prise avec de l’huile et du vinaigre, elle exprime et expulse la pituite. Elle contient l’exophthalmie, et ses cendres entrent dans les préparations employées contre l’onglée.

Razès. Si un homme affecté de tumeurs à l’aine introduit son petit doigt dans un anneau fait de la tige, il en est soulagé,

Livre des Expériences. La généralité de ses parties est utile en fomentations contre les entorses récentes. Il arrête l’afflux des humeurs. Le fruit encore frais est plus calmant dans les entorses. Avant sa maturité, il est préférable contre la chute des cheveux.

Dioscorides, livre V. On prépare ainsi le vin de myrte : on prend les extrémités noires du myrte, les feuilles avec le fruit, et on les triture. On en prend dix mines et on les mélange avec trois congés de vin doux. On fait cuire jusqu’à perte d’un tiers et qu’il reste deux tiers. On décante et on enlève. Ce vin est salutaire contre les ulcères mous de la tête, les furfures, les pustules, le ramollissement des gencives, la tumeur des amygdales, l’écoulement purulent des oreilles, les sueurs excessives. Quant au vin de baie de myrte, telle est la manière de le préparer : on prend les baies noires et mûres, on les triture et on les exprime au pressoir, on enlève le suc et on le conserve. Il y a des personnes qui font sécher le fruit du myrte au soleil. Elles le triturent ensuite, puis elles y ajoutent, pour chaque mesure appelée chœnice, trois cotyles ^VJjbjï d’eau et de vin vieux. On exprime ensuite et l’on conserve le jus. Le vin de baie de myrte est fortement astringent. Il convient à l’estomac, il arrête les écoulements d’humeurs vers cet organe et vers les intestins. Il convient contre les ulcères internes et les écoulements chroniques de la matrice. Enfin, il teint les cheveux en noir.

Le myrte, dit le cheikh Dawoud, porte en arabe le nom de rihân yVa?j : c’est en effet le nom sous lequel il est connu en Algérie, et son fruit y est connu sous le nom de halmouch (j£j_^. On connaît aussi le mot kheizerân, que nous allons voir au n° suivant, mais appliqué particulièrement au bois.