Anandaingo (Pharmacopée malagasy)
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Sommaire
Nom malagasy généralement donné aux diverses espèces du genre Lobelia (famille des Lobéliacées).
Ce sont des herbes annuelles ou vivaces, à port rampant ou plus ou moins ascendant, des lieux humides ou marécageux. Caractérisées par leurs fleurs irrégulières, isolées et axillaires ou en grappes terminales ; à calice 5-fide ; à corolle gamopétale, bilabiée, avec un tube fendu jusqu'à la base à la partie supérieure de la fleur ; lèvre supérieure bipartie, à segments plus petits que ceux de la lèvre inférieure, dressés ou réfléchis vers l'arrière ; lèvre inférieure trifide, à segments plus grands ; 5 étamines cohérentes avec le tube corollaire, à anthères barbues au sommet ; ovaire toujours infère, biloculaire, couronné par les segments du calice et surmonté d'un style filiforme ; le fruit est une petite capsule conservant la forme de l'ovaire, mais devenant plus gros, s'ouvrant au sommet et jusque vers le milieu en deux valves septifères, renfermant de très nombreuses petites graines.
Le genre Lobelia compte 13 ou 14 espèces et de nombreuses sous-espèces et variétés à Madagascar. Pour son étude détaillée on pourra consulter les travaux de F.E. Wimmer in Mémoires Institut Scientifique Madagascar, Série B, Tome V (1953), et la Flore de Madagascar de H. Humbert, famille des Lobéliacées par E. Wimmer (1953), p. 4-28.
Nous ne citons ci-dessous que les 4 espèces qui nous paraissent le plus susceptibles d'utilisations médicales.
Lobelia agrestis
Lobelia agrestis E. Wimmer In Pflanzenreich, Lobeliaceae, IV, 276-b (1953), p. 510.
- Nom accepté : Lobelia agrestis
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Noms malagasy : le nom de Tsinainondrikely, attribué par Heckel in Plantes Utiles de Madagascar (1910), p. 229 à Lobelia serpens Lamarck, s'applique en réalité à cette espèce ; L. serpens type n'existe, en effet, qu'à l'île Maurice et à la Réunion et sa variété Sieberi E. Wimmer in Mém. Inst. Scient. Madag., série B, Tome V, 1953, n'a été récoltée que sur la côte Est de Madagascar, jamais autour de Tananarive. L. agrestis est également appelée Anadaingo.
Description
Herbe annuelle, à tiges souvent rampantes à la base, puis dressées, atteignant 20 à 40 centimètres de haut. Tiges grêles, anguleuses, plus ou moins ramifiées, portant des poils hérissés dans leur partie inférieure ainsi que les pétioles des feuilles basses. Feuilles alternes, les inférieures ovales ou elliptiques de 8 millimètres de long et 5 millimètres de large jusqu'à 20 millimètres de long et 8 millimètres de large, les moyennes oblongues ou rhomboïdales (en forme de losange), atteignant 20 × 4 millimètres, les supérieures presque linéaires de 15 à 20 millimètres de long et 2 millimètres de large, atténuées en pétiole de 3 à 7 millimètres de long, portant des dents plus ou moins marquées sur les bords du limbe, à nervation peu visible, parfois hérissées de poils à la face supérieure, toujours glabres en dessous. Fleurs solitaires, à l'aisselle des feuilles supérieures, portées par des pédicelles grêles à peu près aussi longs que les feuilles axillantes (15 à 20 millimètres), pubérulents, portant souvent deux très petites bractées. Calice obconique à segments de 2 à 3 millimètres de long, souvent pourvus d'une dent sur chaque bord. Corolle de 10 millimètres de long, bleue ou violette, à gorge blanche ou tachetée de bleu foncé, à tube blanchâtre portant deux raies vertes (de 4 millimètres de long). Capsule obconique, conservant la forme de l'ovaire infère, s'ouvrant par deux valves au sommet et renfermant de nombreuses graines ellipsoïdales, brunes, de 0,4 millimètre de long environ.
Espèce très commune dans les rizières, après la moisson du riz, sur les digues, les bords de fossés, ainsi que dans les sols cultivés frais, dans tout le centre : Imerina, Betsileo et pays Bara, descendant presque jusqu'à la mer en direction du Sud-Est, aux environs de Fort-Dauphin. Spéciale à Madagascar.
Lobelia anceps
Lobelia anceps Linné Fils In Supplementum (1781), p. 395 (Thunberg in Prodromus Flora Capensis 1790-1800, p. 40, et plus tard dans Flora Capensis, II (1807), p. 41, a décrit sous le même nom une plante qu'il ne faut pas confondre avec celle de Linné fils ; elle a été identifiée ultérieurement à L. alata Labillardière (1804), espèce également présente à Madagascar, mais plus rare).
Synonymes : Lobelia fervens Thunberg in Flora Capensis, II (1807), p. 46 ; L. madagascariensis Roemer et Schultes in Systema, V (1819), p. 67 ; Rapuntium fervens Presl in Prodr. Monogr. Lobeliac. (1836), p. 30.
- Nom accepté : Lobelia anceps
Noms malagasy : Anambosaka à Soanierana-Ivongo d'après Lam et Meeuse (1938), échantillon sans numéro (d'après Heckel, Plantes Utiles
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de Madagascar (1910), p. 29, ce nom s'appliquerait aussi à L. serpens Lamk. var. Sieberi E. Wimmer, sur la côte Est).
Description
Herbe annuelle de 20 à 40 centimètres, à tiges ascendantes ou plus ou moins retombantes, glabre dans toutes ses parties. Rameaux à coupe triangulaire, ailés (l'aile correspondant à la nervure centrale d'une des feuilles, décurrente sur le rameau). Feuilles alternes, de couleur différente dessous et dessus, obscurément pétiolées, les inférieures suborbiculaires ou ovales-elliptiques, les moyennes plus étroites, les supérieures lancéolées ou linéaires-lancéolées, crénelées ou dentées sur les bords (atteignant 15 × 14 millimètres pour les feuilles les plus basses, 30 × 10 millimètres pour les feuilles moyennes et 20 × 3 millimètres pour les supérieures). Fleurs solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures ; calice obconique à 5 segments entiers, largement écartés du tube corollaire, atteignant 2 millimètres de long ; corolle bleu clair ou bleu foncé, à gorge blanche ponctuée de bleu ou entièrement blanche, la lèvre inférieure à 3 lobes subovales, mucronulés, la lèvre supérieure à deux lobes plus petits, étroits ; 5 étamines glabres, de 4 à 6 millimètres de long, à anthères soudées en un tube cylindrique unique. Style filiforme, bilobé au sommet. Le fruit est une capsule à 2 loges, obovoïde (de 6 millimètres de haut et 3 millimètres de diamètre), renfermant de nombreuses graines globuleuses, petites (0,4 millimètre de diamètre).
Espèce très commune le long de la côte Est, de Vohémar jusqu'à Fort-Dauphin, dans la zone littorale, sur les sables, mais toujours dans les dépressions humides, plus ou moins marécageuses, en bordure des Pangalanes, etc. Elle a été récoltée anciennement par Chapelier, Bojer, Boivin, etc., mais aucun de ces auteurs anciens ne semble avoir mentionné ses usages médicinaux.
On la trouve aussi en Afrique Orientale, de la Somalie jusqu'à l'Afrique du Sud, à la Réunion, Maurice, aux Comores, etc.
Lobelia filiformis
Lobelia filiformis Lamarck In Dictionn. Bot, III (1791), p. 588.
Synonymes : Lobelia polymorpha Bory de Saint Vincent in Voyages aux Quatre Principales Iles d'Afrique Australe, II (1804), p. 138, pro parte ; une partie de ses échantillons se réfèrent à une autre espèce ; L. natalensis A. de Candolle in Prodromus Syst. Veg., VII (1839), p. 369 (à ne pas confondre avec l'espèce décrite sous le même nom par Hemsley) ; L. serpens Bouton in Bojer, Hortus Mauritianus (1837), p. 193 (à ne pas confondre avec L. serpens Lamarck).
- Nom accepté : Lobelia erinus
Noms malagasy : Anandaingo d'après Heckel in Plantes Utiles de Madagascar (1910), p. 31 ; Traonamonto dans l'Androy d'après Decorse (1901), échantillon sans numéro in Herb. Mus. Paris.
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Description
Herbe vivace de 10 à 40 centimètres de haut, glabre ou pubérulente pour certaines formes, à tiges grêles, de coupe circulaire, peu ramifiées. Feuilles sessiles, alternes, à limbe lancéolé pour les feuilles inférieures, linéaire pour les feuilles supérieures, toujours aigu au sommet, présentant quelques dents éparses peu marquées, parfois à peine visibles, sur les bords (atteignant 30 × 4 millimètres pour les feuilles inférieures et 20 × 1 millimètres pour les supérieures). Fleurs solitaires, à l'aisselle des feuilles supérieures ou en grappe terminale pauciflore, portées par de longs pédicelles grêles plus courts ou aussi longs que les feuilles axillantes pour les fleurs solitaires ; ou beaucoup plus longs que les bractées axillantes dans les grappes terminales. Calice obconique, à segments nettement écartés du tube corollaire, linéaires, atteignant de 1 à 4 millimètres de long. Corolle bleuâtre avec des taches plus foncées à la gorge, ou violette, ou blanche maculée de bleu, atteignant 12 millimètres de long, à lèvre supérieure réduite à deux petites découpures très étroites, à lèvre inférieure présentant 3 lobes ovales-oblongs mucronulés. Capsule rappelant l'ovaire infère, de 4 à 5 millimètres de haut, renfermant de nombreuses graines ovoïdes, de 0,5 millimètre dans leur grand diamètre.
Espèce commune dans toute l'Ile, y compris le Sud-Ouest, du bord de la mer à 1400 mètres d'altitude environ, dans les endroits découverts, les terrains marécageux, les rizières après la moisson du riz, les tourbières, sur certains rochers suintants, etc. Elle est assez commune autour de Tananarive.
Elle existe aussi en Afrique tropicale et subtropicale, jusque dans la province du Cap, aux Comores, à la Réunion, Maurice, etc.
Lobelia Hartlaubii
Lobelia Hartlaubii Buchenau In Abhandlungen Naturwissenschaft. Ver. Bremen, VII (1881), p. 201.
- Nom accepté : Lobelia hartlaubii
Noms malagasy : Ahidresy à Sendrisoa (Ambalavao) d'après Rakotovao, échantillon R.N. 9864 (1958) ; Anandaingo à la Mandraka d'après Boiteau, in Herb. Jard. Bot. Tananarive n° 2555 (1937) ; Velamavo au Mont Tsitondroina (sud Betsileo) d'après Boiteau in Herb. Jard. Bot. Tananarive n° 4760 (1941).
Description
Herbe rampante ou ascendante dépassant rarement 20 centimètres de haut, à tige rameuse, de coupe triangulaire, parsemée de poils crépus — mais il existe des formes presque glabres. Feuilles couvertes d'un enduit cireux abondant, pétiolées (pétiole de 3 à 10 millimètres de long), à limbe ovale présentant sa plus grande largeur vers le tiers inférieur, aigu au sommet, cordé, tronqué ou réduit en coin à la base, à nervure centrale décurrente sur le pétiole et la tige, avec 3 à 7 paires de nervures secondaires visibles, denté sur les bords, portant quelques poils hyalins sur les nervures. Fleurs solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures, peu nombreuses (3 ou 4), portées par des pédicelles de 5 à 10 millimètres de
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long, plus ou moins pubescents. Calice obconique, glabrescent, à segments linéaires, s'écartant nettement du tube corollaire, parfois ciliés sur les bords, corolle de 10 à 13 millimètres de long, rose, violacée ou violet pâle, à gorge blanche, présentant une lèvre supérieure à 2 lobes lancéolés étroits et une lèvre inférieure à 3 lobes obovales beaucoup plus grands. Capsule obovoïde de 5 à 6 millimètres de haut et 3 millimètres de diamètre ; graines nombreuses, ellipsoïdales, d'un brun clair à maturité, de 0,5 millimètre de long.
Espèce des forêts humides dans tout l'Est et sur les pentes orientales jusque vers 1800 mètres d'altitude, dans les endroits humides, parmi les mousses, sur les rochers suintants, etc. Elle est commune dans la Mandraka.
Spéciale à Madagascar.
Composition chimique
Les principes actifs des Lobelia sont des alcaloïdes. C'est surtout ceux de L. inflata Linné, plante utilisée en Europe dans la thérapeutique dès la Renaissance, qui ont fait l'objet des plus nombreux travaux. Mais M. Caron in Bull. Sciences Pharmacol., 43 (1936), p. 193-204, constatant que toutes les espèces étudiées renfermaient des alcaloïdes, estimait que : « le problème reste ouvert du choix de l'espèce qui peut être la plus avantageuse par sa commodité de culture ou par sa richesse en principes actifs ». On peut en dire autant aujourd'hui en ce qui concerne les espèces malagasy.
La chromatographie sur papier et en couche mince a, en effet, confirmé la présence d'alcaloïdes dans les quatre espèces que nous mentionnons ci-dessus, mais aussi dans les autres Lobelia de Madagascar, si bien que ce sont surtout les facilités de récolte de la plante, en attendant des travaux plus détaillés, qui ont guidé notre choix. Nous avons utilisé pour cette recherche les procédés décrits par D.D. Dutta, H.L. Bami et D. Ghosh : Chromatographic analysis of alkaloids in pharmaceutical preparations, in Indian Journ. Pharm., 24 (1962), p. 215-217, procédés qu'ils avaient appliqués eux-mêmes à la recherche des alcaloïdes dans les espèces indiennes du genre Lobelia.
Plusieurs auteurs avaient utilisé antérieurement des méthodes analogues pour l'étude d'autres espèces du genre Lobelia. On peut citer notamment :
- A. Hakim et A. Mirimanoff in Arch. Sciences (Genève), 4 (1951), p. 335-340 ;
- E. Steinegger et F. Ochsner : Séparation des alcaloïdes des Lobelia par chromatographie sur papier in Schweiz. Apothek. Zeitung, 93 (1955), p. 395-396 ;
- J. Reichelt et M. Sarsunova, in Pharmazie, 13 (1958), p. 21-24.
- F. Kaczmarek in Bulletin Institut Roslin Leczniczych, 7 (1961) p. 89 à 156 (en polonais avec résumé anglais ; 86 références de travaux antérieurs).
L'alcaloïde principal (et le plus important jusqu'ici sur le plan thérapeutique) est la d-lobéline. Mais il existe de nombreux autres alcaloïdes
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dans les diverses espèces de Lobelia étudiées jusqu'ici : 1-lobéline, lobélanine, nor-lobélanidine, lobélanidine, nor-lobélanidine, lélobanine, lélobanidine, nor-lélobanidine, lobinine, isolobinine, lobinanidine, isolobinanidine, etc. Tout cet ensemble étant caractérisé par des structures chimiques étroitement apparentées. Nous donnons ci-joint les formules des principaux alcaloïdes de ce groupe, ainsi qu'un tableau des caractéristiques des bases libres et de leurs principaux dérivés.
Une étude détaillée des espèces malagasy de ce genre mériterait d'être entreprise pour préciser la nature des alcaloïdes qu'elles renferment. Le Codex français (1949) exige un taux minimum d'alcaloïdes de 0,375 p. 100 pour que la plante sèche puisse être réputée officinale. Pour le dosage de ces alcaloïdes, outre les données du Codex français, on pourra consulter les travaux de H. Vogt, K. Feldmann et H.H. Grandjean in Pharm. Zentralhalle, 91 (1952), p. 113-117, et de E. Steinegger et F. Ochsner in Pharm. Acta Helvetica, 31 (1956), p. 65-72.
Propriétés pharmacologiques
Toute la plante est généralement active, y compris les racines, mais les parties les plus riches sont les sommités fleuries récoltées un peu après la floraison, dans la période où les capsules commencent à se former.
La poudre de la plante sèche est susceptible, à la dose de 0,6 à 1 gramme, de déclencher des vomissements abondants. Une dose de 4 grammes peut provoquer la mort 5 à 6 heures après l'absorption. On enregistre successivement des vomissements et désordres de l'appareil digestif, une accélération du pouls, puis celui-ci devient au contraire trop lent, tandis que survient une brusque chute de la pression artérielle accompagnée d'une intense sensation d'angoisse, de vertiges, de mydriase, de difficultés respiratoires et de convulsions épileptiformes. La mort survient par paralysie des centres respiratoires de l'encéphale. L'action sur le système nerveux central est de type analeptique (rappelant celle de la nicotine). On constate en outre une grande activité vis-à-vis des ganglions sympathiques et des jonctions myoneurales des muscles striés.
En cas d'intoxication par ces plantes, il faut procéder aussitôt que possible à de grands lavages d'estomac, à l'administration de stimulants (café ou thé), à l'application de compresses froides sur la tête ; dans les cas graves, diriger immédiatement le malade vers un centre de soins et de réanimation.
A faible dose, au contraire, la poudre de Lobelia est un excitant du système nerveux central et, en particulier, des centres respiratoires : son administration augmente la fréquence et l'amplitude de la respiration, d'où son efficacité dans le traitement de l'asthme. Elle présente une action hypertensive assez fugace, rappelant celle du tabac. Il semble que ce phénomène soit dû à une décharge d'adrénaline, et par conséquent soit indirect ; en effet, l'action est inversée par les sympatholytiques majeurs, comme c'est le cas pour l'adrénaline.
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La poudre de Lobelia exerce encore, lorsqu'elle est déposée sur la langue, une légère sensation d'engourdissement due à une certaine action anesthésique locale.
Indications thérapeutiques ; posologie
La poudre d’Anandaingo peut réduire les difficultés respiratoires, qu'elles soient dues à l'asthme, à l'emphysème ou à diverses affections bronchiques et pulmonaires. Elle a de plus une action expectorante. On la prescrit par petites doses de 0,05 à 0,30 gramme (5 à 30 centigrammes), qui peuvent être renouvelées trois ou quatre fois par jour si besoin est ; enfants : 0,02 à 0,19 grammes par année.
La teinture au dixième se prépare en procédant à la lixiviation de la plante sèche (voir Lixiviation) réduite en poudre grossière, par dix fois son poids d'alcool à 70°. On la prescrit dans les mêmes indications, à la dose maximum de 1,5 gramme, renouvelable quatre fois en vingt-quatre heures. Pour le traitement de l'asthme, cette teinture peut également être administrée en fumigations et, dans ce dernier cas, on l'associe alors utilement à la teinture de Datura (en malagasy : Voandramiary) — voir les notices ultérieures concernant le Datura et la teinture de Datura : enfants : ne pas dépasser XV gouttes.
La lobéline et divers autres alcaloïdes des Lobelia sont également employés en thérapeutique, surtout sous forme de chlorhydrates. Ce sont des eupnéiques, spécifiques des défaillances respiratoires : apnée des nouveaux-nés, intoxications aiguës par la morphine et l'héroïne, arrêts respiratoires dus aux gaz de combat ou à des poisons respiratoires accidentels, etc. (la principale contre-indication de ces eupnéiques étant l'asphyxie d'origine anesthésique, notamment par le chloroforme).
L'action, surtout par voie intraveineuse, est à la fois rapide et énergique, mais de courte durée. Le chlorhydrate de lobéline s'administre à la dose d'un centigramme par voie sous-cutanée, ou de trois à six milligrammes par voie intraveineuse, chez l'adulte ; chez le nouveau-né, de trois milligrammes au maximum, par voie sous-cutanée.
Bibliographie générale
L'ouvrage le plus complet publié sur les Lobelia est actuellement celui de W. Graubner et G. Peters : Lobelia und Lobeliaalkaloide, Berlin, 1955 (Springer Verlag), 74 pages (en allemand).
Une bonne révision (en anglais) se trouve aussi dans l'ouvrage d'ensemble de R.H.F. Manska et H.L. Holmas : The Alkaloids, Chemistry and Physiology, vol. I, New York, 1950, Academic Press Inc., p. 189-206.
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NOMS | FORMULES brutes | BASE LIBRE | CHLORHYDRATE | |||
Point de fusion | (α)D | Point de fusion | (α)D | |||
d-Lobéline | C22 H27 O2 N | 130-131° | -42°,85 | 182° | ? | |
Lobélanine | C22 H25 O2 N | 99° | inactif | 188° | inactif | |
Nor-Lobélanine | C21 H23 O2 N | 117-118° | inactif | |||
Lobélanidine | C22 H29 O2 N | 150° | inactif | 138° | inactif | |
nor-Lobélanidine | C21 H27 O2 N | 120° | inactif | 244° | inactif | |
l-Lélobanidine-I | C18 H29 O2 N | 86° | -41,5 | |||
l-Lélobanidine-II | C18 H29 O2 N | 102-105° | -41,7 | |||
d-Lélobanidine | C18 H29 O2 N | 86° | + 40,7 | |||
d-nor-Lélobanidine | C17 H27 O2 N | 90° | +62,8 | 193° | ? | |
Lobinine | C18 H25 O2 N | 144° | -106,1 | |||
iso-Lobinine | C18 H25 O2 N | 78° | ? | 154° | -76,0 | |
Lobinanidine | C18 H27 O2 N | 95° | -120 | 169° | ? | |
iso-Lobinanidine | C18 H27 O2 N | 111° | -28,3 |